8 novembre 2006

Old School !

La question oratoire est : « avez-vous aimé l’école ? ». La réponse coulant tranquillement de source est « non »… Selon une dépêche AFP du jour, ce que les pédopsychiatres et autres pédants psychiatres nomment « phobie scolaire » et les sociologues plutôt « refus scolaire » est un mal qui tend à s’étendre…

Le professeur Marie-Christine Mouren, pédopsychiatre à l’hôpital Robert Debré, dans une communication devant l’Académie Nationale de médecine, tire la sonnette d’alarme épidémiologique : « la prévalence du refus scolaire varie autour de 2% des enfants scolarisés en primaire et au collège ». Quoi 2% ?! Meine Güthe mais c’est tout ? !

"La discipline parfois exige la clôture, la spécification d’un lieu hétérogène à tous les autres et fermé sur lui-même."

Selon le professeur, les pics de fréquence se situent entre 5 et 7 ans, vers 11 ans et à partir de 14 ans. Le professeur Mouren précise que "le refus scolaire se voit plus fréquemment dans la préadolescence que dans l'enfance", ses conséquences étant "d'autant plus délétères que celui-ci survient tardivement".

« Principe de localisation élémentaire ou du quadrillage : à chaque individu, sa place ; et en chaque emplacement, un individu (…) Il s’agit d’établir les présences et les absences, de savoir où et comment retrouver les individus, d’instaurer les communications utiles, d’interrompre les autres, de pouvoir à chaque instant surveiller la conduite de chacun, l’apprécier, la sanctionner, mesurer les qualités ou les mérites. (…) La discipline organise un espace analytique. »

Les victimes sont souvent « des enfants qui ont souffert de troubles de l'apprentissage parfois passés inaperçus" et dont "la scolarité a été marquée par l'échec". Nous étions donc à la station topoï pseudo-diagnosticaux… Les parents n’étant pas les mieux placés en matière de détection des troubles car mauvais critiques pour cause d’investissement narcissique ou constituant à coup sûr la source des troubles (l’un n’excluant surtout pas l’autre), le dépistage est donc l’affaire des professionnels de l’école… Les enseignants ne pourront plus nier leur vocation à être des assistantes sociales (des agents remontant l'info de la phobie sociale, car c'est de cela qu'il s'agit en vérité) : voilà qui est entériné. Les médecins généralistes ont également leur rôle à jouer notamment dans le cas de plaintes somatiques.

« La règle des emplacements fonctionnels code un espace. Des places déterminées se définissent pour répondre non seulement à la nécessité de surveiller, de rompre des communications dangereuses, mais aussi de créer un espace utile. (…) La discipline, art du rang (…) En assignant des places individuelles, il a rendu possible le contrôle de chacun et le travail simultané de tous. Il a fait fonctionner l’espace scolaire comme une machine à apprendre, mais aussi à surveiller, à hiérarchiser, à récompenser. »

L’explication réside pour le professeur, à côté des facteurs intrapsychiques, dans le fait que "L'école n'est plus obligatoirement un lieu de sécurité"… Damn ! Le harcèlement serait un phénomène nouveau ?!… Qui n’a pas vécu de troubles anxieux en allant à l’école, de phobie simple (peur de la brute de la cour de récré) ou sociale (complexes) ? Ça y’est ! A tous vouloir nous faire plonger dans la psychose insécuritaire, on y est avec les femmes et les enfants d’abord.

« L’emploi du temps : on cherche à assurer la qualité du temps employé : contrôle ininterrompu, pression des surveillants, annulation de tout ce qui peut troubler et distraire ; il s’agit de constituer un temps intégralement utile. »

Pour le professeur, les réactions de la victime s’expriment en des troubles du comportement tels le refus des ordres, le vandalisme, les agressions et se couplent souvent à l’absentéisme qui constitue pour le professeur, tout naturellement, bien évidemment, le danger ultime... Merdum ! La cible n’était pas l’agressé mais l’agresseur ?! Ne serait-ce qu’une entreprise de victimisation de masse des petits caïds de cours de récré genre « le caïd est phobique, excusez le ».

« L’utilisation exhaustive : il s’agit d’extraire, du temps, toujours davantage d’instants disponibles et de chaque instant, toujours davantage de forces utiles. Il faut chercher à intensifier l’usage du moindre instant, comme si le temps, dans son fractionnement même, était inépuisable."

Conclusion du professeur après avoir évoqué l’éventuelle complicité des parents (jeux vidéo, télé, enseignement par correspondance) et parlé de ses douces mesures prophylactiques (rescolarisation progressive, passage dans son cabinet) : "L'enfant doit absolument retourner à l'école". No way ! You’re kidding me !
Non : la route est longue les enfants et à la fin, les open space cellulaires...

"Placer les corps dans un petit monde de signaux à chacun desquels est attaché une réponse obligée et une seule : technique du dressage."

La psy vient donc, en l'occurrence, au secours du système dans son ensemble au travers de son premier module, l'école, comme d’habitude, mais nous pouvons éventuellement considérer qu’elle le fait de bonne foi, du moins consciemment. L’école instrument de savoir qui tend apparemment à perdre son pouvoir face au codage retour de flammes, inhérent à la société de consommation, schizo machine objectiviste/droit de l’hommiste : « liberté chérie », « sois toi-même », « tu es quelqu’un », « si tu le veux, prends-le euh fais-le ». Vous êtes quelqu’un, nous sommes Personne : individualisations indifférenciées... Autorité dépassée, reléguée derrière le respect, contradiction quasi naturelle de la culture narcissisme transgénique du self made man en vitesse hyper espace (la vitesse est une vertu cultivée sous serre). Punition en réalité déplacée au stade masochiste… Pouvoir intouchable en opération de recyclage d'envergure...

PS : en gras, Michel Foucault.

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