31 octobre 2008

François Bégaudeau pète un câble en direct !

En exclusivité mondiale, retrouvez le clash entre François Bégaudeau et Pierre Assouline.

Lors de l'émission Café Littéraire du 17 octobre 2008, l'auteur d'Entre les Murs agresse verbalement Pierre Assouline.

Cette séquence nous a été remise par Samuel B. stagiaire à France2 et fan du CGB. Depuis une semaine nous n'avons plus de nouvelles de Samuel B. Nous pensons qu'il a été assassiné par la production.

Pour toi Samuel !

30 octobre 2008

Aux chiottes le CSA !


Aux chiottes le CSA !



J'ai reçu cette vidéo par mail sur Dailymotion.

Exclusivité CGB: le PS se dissout!

Julien D., après avoir lu attentivement les articles de notre Millie nationale, aurait été pris d'une transe soudaine et déclaré:
_ J'ai tout compris!
Selon nos informations, il se dirige à l'heure actuelle vers Benarès, en slip, le corps couvert de cendres et les pieds nus.
Ségolène a profité de ce départ pour prendre sa place, dissoudre le PS, et créer le PPS:



Le programme est ICI (Les mecs, écoutez attentivement ce qui se dit sur la façon de bien manier sa gaule)

29 octobre 2008

Pipo Bimbo

Quelle est la personne imitée dans la vidéo ci-dessous :

1. Antoine Pinay.
2. Emmanuel Todd.
3. Alain Soral.
4. Barack Obama.

Obamanes de tous pays, vos gueules!

Le funk ne sera plus comme avant, c'est sûr!

Avec la vigueur d’un ouragan floridien, la tendance pro Obama déferle sur la France. Il faut bien reconnaître qu’elle ne repose sur rien de très sûr, de très précis ni solide. Mais après tout, si on se résout à vivre sous un régime d’élections, si on pense qu’il est le pis-aller le moins douloureux, on ne peut pas penser que seule la rationalité y aura un rôle.
Quand on vote pour quelqu’un, un être de chair, il y a forcément de la chair qui s’exprime. On choisit un candidat pour ses idées, son programme ET sa capacité à parler (qui n’est garante de rien du tout), son charme, son charisme, son allure et sa façon d’être en général, ou ce qu’il en montre. C’est bête, mais c’est humain. Tant qu’on ne fait pas voter des machines, on aura droit à ça. Dans une joute électorale, un débat quelconque, seuls les très grands imbéciles prétendent qu’il faut lutter contre les idées et non contre ceux qui les portent. Dans l’élection américaine, c’est encore plus vrai : on élit un homme, un père de famille, quelqu’un qui se donne un mal fou pour faire croire qu’il ressemble aux électeurs. Il ne fait pas ça pour rien : ce sont eux qui votent ! Il n’y a donc pas forcément d’absurdité à aimer Obama ou Mc Cain pour ce qu’ils sont, pour l’image qu’ils représentent plutôt que pour les pseudo idées qu’ils portent, et qui d’ailleurs se ressemblent putamment.

On voit donc chez nous des bobos qui aiment Obama, des prolos qui aiment Obama, des vieux, des jeunes, des blancs, des noirs, des intellos, des demeurés, des gauchistes et des droitards, des journalistes, des chauffeurs de bus et des fétichistes du pied qui, pour des raisons souvent irrationnelles, aiment Obama. OK. La question qui me vient à l’esprit n’est pas « pourquoi ? », mais « comment pourrait-on aimer Mc Cain ? ». Dans ce match à deux (plus deux coéquipiers), on est forcément amené à choisir l’un contre l’autre. Qui défend Mc Cain ? Et comment défendrait-on d’ici un type qui aspire à entériner et continuer la politique de George W, qui appartient au même parti ? C’est un peu comme si, après douze années de chiraquisme, les Français n’avaient pas eu envie de sanctionner la droite… heu… ok : mauvais exemple.

Il était écrit qu’un jour ou l’autre, un candidat non blanc 100% pur laine se présente à une élection majeure dans un grand pays. C’est le genre d’événement que redoutent les racistes, et qui ravit les racialistes. En revanche, quand on a intégré l’idée de nation et ses conséquences, quand on a poussé assez loin la considération de l’individu au-delà de sa couleur de peau et des déterminismes sociaux qui s’y attachent souvent, on prend l’état métis d’Obama pour ce qu’il est : un détail. Mais voilà : la plupart des gens ne pensent pas comme ça. La plupart même pensent et agissent en fonction du contraire. Pour la France entière en effet, la chose à retenir d’Obama, celle qui pousse les gens vers lui, c’est sa couleur de peau. On en est là.

Quand un Antillais se félicite qu’Obama soit arrivé où il est, il s’identifie en tant que métis au succès du mec. C’est évidemment un guignol et on peut parier que rien dans sa vie ne changera du fait de l’existence d’Obama. Mais si cet événement contribue à lui donner une meilleure image de lui-même, s’il permet qu’il cesse de se voir comme un ancien esclave victime du monde méchant des blancs, autant s’en féliciter. En effet, que pourront donc bien dire les beaux esprits du « racisme des Américains » si Obama est élu à la présidence ? Pourra-t-on continuer de clamer qu’au centre de tout acte occidental, il y a du racisme ? Rien que pour dire enfin un gros merde à ces gens, il faut souhaiter qu’Obama soit élu.

Les racistes et les racialistes partagent au moins un caractère : ils ne se réclament jamais ouvertement de leur opinions et parfois, ils en sont les dupes. Les racistes s’estiment supérieurs et, à ce titre, prônent la séparation, la pureté. Les racialistes, eux, se disent non racistes mais persistent à ne voir le monde qu’à travers le prisme ethnique : dans Obama, ils voient un noir, dans un prévenu pour vol, il ne voient pas un voleur mais la couleur d’un voleur, dans un député français, il voient un député français blanc, dans un présentateur de journal bidon à la télé, ils voient un Antillais, etc. Bien qu’ils s’en défendent, l’idée de race est la préoccupation principale des racialistes. Oh, on peut les comprendre : expliquer l’état des choses par une formule simplette est tentant, et on peut admettre que certains, épuisés intellectuellement devant la complexité du monde, en viennent à penser que tout vient d’un facteur unique : la méchanceté des blancs. Ils sont mignons tout plein.

Un black, un fils d'immigré: trop cool le changement, cousin!

Evidemment, l’élection d’Obama ne changera rien au monde, pas plus que les quatre années de fonction de Secrétaire d’Etat de Condoleeza Rice n’ont changé la façon de faire des Etats-Unis. Au moment de sa nomination au poste, elle lâchait cette stupéfiante boutade devant le Sénat américain « Et, troisièmement, nous allons répandre la liberté et la démocratie à travers le monde ». Avec le recul, les obsédés de la couleur de peau ont dû être vachement déçus… Un peu comme, avant eux, les fans de Colin Powell, persuadés qu’un noir, fût-il américain, ne bombarderait jamais une population civile (fût-elle irakienne) aussi froidement qu’un blanc… Bande de cons ! Obama président ne va pas se mettre à passer les intérêts des USA au second plan pour plaire aux revanchards frustrés qui peuplent le monde (et surtout Internet). Il ne va pas démanteler l’armée américaine et la CIA pour satisfaire les complotistes. S’il est élu, espérons qu’il fera une autre politique que celle de Bush, ce sera déjà bien joli.

Non, le plus étrange dans ce concert d’âneries, c’est probablement cette exposition de ressentiments de toutes parts, traduits par autant de naïvetés. A moins d’être totalement bouché (et cette hypothèse n’est jamais à exclure), comment peut-on penser un instant que la couleur (noire) ou le sexe (féminin) d’un responsable politique en fera magiquement un représentant des victimes du monde, des damnés de la terre, des noirs ou des femmes? On a oublié Thatcher ou quoi ? On a oublié Bokassa ? Le sort des Arabes de France est-il meilleur depuis l’arrivée de Dati à la Justice? Avec un peu de recul, on s’aperçoit que la chanson est toujours la même : les médias relayent (et animent) un engouement pour une nouvelle personnalité politique en fonction de son « exotisme » (ho ! un noir ! oh ! une femme ! oh ! un jeune ! formidable !) et donnent l’impression que les choses vont changer à cause de ça. Puis la réalité reprend ses droits, les femmes politiques se montrent aussi nuisibles que les hommes, les noirs aussi fourbes que les blancs, et on attend le prochain scoop comme si de rien n’était.

28 octobre 2008

Je vous demande de vous arrêter


Poète... ton troisième Tiers !

Bipède volupteur de lyre
Epoux châtré de Polymnie
Vérolé de lune à confire
Grand-Duc bouillon des librairies
Maroufle à pendre à l'hexamètre
Voyou décliné chez les Grecs
Albatros à chaîne et à guêtres
Cigale qui claque du bec

Poète, vos papiers !
Poète, vos papiers !

Ainsi ils ont osé, ils l'ont fait les dégueulasses. C'est Rimbaud qu'on assassine. Ca ne vous a donc pas suffit Françoise Sagan ? Oui vous, ronds de cuir ! Où elle est la caméra ?

Une fois de plus le CGB, grand défenseur de la veuve contre l'orphelin, s'élève face à l'injustice et prend la défense du faible contre le système égalitaire et solidaire oppresseur.(ici placez effet spécial grondement de tonnerre : Kraboum !)

Bien sur il a fauté et alors ? Toutes les explications du monde ne justifieront pas que l'on ait pu livrer aux chiens l'honneur d'un homme, et finalement sa vie, au prix d'un double manquement de ses accusateurs aux lois fondamentales de notre République, celles qui protègent la dignité et la liberté de chacun d'entre nous. Parfaitement merde quoi !

Voilà Doc Gyneco condamné à 10 mois de prison avec sursis. Voilà le prix de son ignorance. Comment vouliez-vous que cet enfant du soleil, car sa mère est née la-bas, son père est né la-bas. Lui n'a pas eu cette chance. Lui est né ici dans la fureur et les cris, comment vouliez-vous que ce garçon, élevé dans la rue élevé chez les bonnes soeurs, devenu millionnaire en piquant le registre du rappeur lover rigolo à son copain Stomy (ça t'apprendra Stomy a te laisser refourguer des samples tout cramés par Doctor L.), sache que l'on se doit de payer des impôts ? Ne croyiez vous pas que s'il l'avait su, il serait allé s'évader fiscalement en Suisse comme un vulgaire Yannick Noah ou Johnny Halliday ?

Et bien non, Bruno, éternel poète du bitume,les mains dans ses poches crevés, auteur a jamais révéré de "ma salope à moi" ne savait pas. C'est ce qu'il a tenté d'expliquer lentement, avec ses mots à lui, se heurtant à la froideur d'une justice aveugle aux yeux crevés de sa propre suffisance, qui broient les hommes sans se soucier que l'on puisse contribuer à la société par d'autres moyens que la redistribution de son bon argent durement gagné.

Au CGB, on l'aime bien le haschischin érotomane, pas au point d'acheter ses disques, faut pas déconner, surtout Kroulik qui repasse "première consultation" chaque fois que l'occasion se présente dans les immenses bureaux vitrés de la rédaction Culturalgangbangienne à l'heure où les secrétaires s'affairent et où l'inspiration vient à manquer.

Nous avons suivi sa longue descente aux enfers après un premier album qui devait le transformer en poule aux disque d'or cette année où le succès le fuyant il se retrouvait à essayer de vendre le même soir chez Fogiel, un disque "bonne fête maman" pour la fête des mères et un DVD semi porno "in bed with Doc Gyneco", avant d'afficher son soutien à Nicolas Sarkozy, son tout petit maître à penser. Bruno, nous serons là quand tu feras les animations de vente le samedi aprem dans le Carrefour du coin avec Danielle Gilbert.

La solidarité de classe joue en faveur de l'homme qui ne valait pas 10 centimes. Quand ce n'est pas le goût des belles bourgeoises qui sentent bons les crèmes de luxe. Comment ne pas préférer Anne-sophie ou Marie-Charlotte à Farida aux gros sourcils froncés qui traine en bas du bloc, en survêtement jaune? La revanche sociale par les femmes. Thème soralien en diable. S'échapper de sa condition en capturant la femelle du clan opposé afin de faire la nique à tout ce qu'a pu vous refuser la société (ex cette superbe paire d'air max série David Robinson 1992 et cet enfoiré de Kevin qui faisait pas la même pointure que toi). Certes, nous ne serions pas aller jusqu'à nous plonger dans le con aride de Christine Angot. Mais Bruno, lui, l'a fait pour nous venger ou pour bien nous faire marrer au choix.

Mesdames, messieurs, ne nous y trompons pas, c'est bien un enfant du peuple que l'on essaye d'abattre par le glaive vengeur d'une justice immuablement de classe. Un enfant d'un peuple métissé, obligé de jouer dans le Ali Baba de Gerard Jugnot sur TF1 pour boucler ses fins de mois. L'homme qui, il y a encore quelques années, était pressenti pour réecrire les paroles de la Marseillaise.

Liberta !

Le morceau du jour qui te fait préférer le train

La vérité, enfin...

Un lecteur s'interroge:

Comment se fait-il que le CGB soit le seul blog au monde à être à la fois linké chez Birenbaum (qui a récemment repris une de vos vidéos) et chez Soral (E&R).

Qui se cache derrière le CGB? hein?


Si tu tiens vraiment à le savoir jeune inconscient, clique ici:
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26 octobre 2008

CGB Recruiting

De nombreux lecteurs, lectrices (!) nous écrivent régulièrement pour connaitre le mode de recrutement des nouveaux membres du CGB. La réponse est simple : il suffit d'avoir beaucoup de talent et d'un peu de chance !

Exemple avec le recrutement de Herr G. en vidéo ou "comment réussir son entretien d'embauche à tous les coups (en serrant les dents ...)"



NDLA : A l'époque de l'entretien, Gabriel Fouquet était à la tête d'une boite d'import export entre la France et les pays de l'Est.

Good Bye Soeur Emmanuelle

En 30 ans de blogging je n'ai jamais ressenti une telle honte !

Vidéo de Notown31 !

PLUS JAMAIS CA !

25 octobre 2008

JC vs Manu








Pour son second Cultural Clash, le CGB sort l'artillerie lourde...deux idoles, deux gourous de la pensée française, deux main-eventers du monde intellectuel vont s'affronter devant vos yeux ébahis: Jean-Claude Michéa contre Emmanuel Todd.







C'est d'un clavier tremblotant que j'écris ce choc des titans: Emmanuel Todd contre Jean-Claude Michéa...l'apôtre des lumières contre le conservateur néolithique... le scientifique positiviste face au philosophe antimoderne.

Car ce qui sépare avant tout Emmanuel Todd de Jean-Claude Michéa c'est bien la foi dans le progrès.

E. Todd est un enfant des lumières et croit que le progrès demeure une idée neuve pour le monde... l'alphabétisation est sa chapelle, le taux de fécondité son sacerdoce.

Le développement historique doit être en marche et seules des élites aveugles peuvent compromettre cet horizon en dissolvant la démocratie.

J-C Michéa est de ceux qui pensent à l'instar de Julien Gracq que les lumières ont "tout éclairé mais rien deviné"... aveuglantes lumières qui ont créé le libéralisme pour conjurer le traumatisme des guerres de religion.

Le philosophe de Montpellier est l'un des plus féroces contempteur de cet Empire du moindre mal et prône la radicalité, à-mi chemin entre Debord et les décroissants, le Mouvement Anti-Utilitariste en Sciences sociales (MAUSS) et George Orwell... C'est pour cette raison qu'il se méfie des médias (3 passages radio et aucune télé).

Le démographe de l'INED est un peu plus habitué aux plateaux télé et aux studios de radio, son goût de la provocation, la virulence de ses propos et son approche méthodologique ont fait de lui l'un des intellectuels français les plus écoutés de par le monde (même Ben Laden le lit... c'est dire!). Emmanuel Todd a été durant les années 90 l'un des auteurs qui a ramené les thèmes de la nation, de la République et de la fracture sociale au cœur du débat français.

La Nation... voilà un des grands impensé de la doctrine Michéa qui lui préfère plutôt les petites patries pasoliniennes et les communautés autonomes (Catalogne).

Autre motif de friction (on mettra de côté la question de Nicolas sarkozy) entre les deux poids lourds: l'éducation. L'anarchiste conservateur déplore l'"Enseignement de l'ignorance" (Climats, 1999) quand l'oracle des chiffres reprend à son compte les conclusions d'Eric Maurin et insiste sur le bon taux d'alphabétisation en France (on comprendra mieux pourquoi Finkie se sent plus proche de Michéa que de Todd).

Bien sûr, comparer un démographe avec un philosophe est quelque peu hardi... d'autant que Todd donne , chiffres à l'appui, dans la géopolitique avec une acuité rarement démentie (chute de l'URSS, déclin de l'Empire américain) tout en mettant les mains dans le cambouis avec son projet de protectionnisme européen. Pourtant, nul trace de désir de pouvoir chez cet intellectuel.

Michéa ,lui, préfère jouer au football et vivre décemment dans sa communauté d'amis du côté du Languedoc-Roussillon... issu d'une famille communiste, il entrait au Parti à la faucille quand Todd en sortait.

Mais les deux auteurs ont pourtant un gros point commun: Christopher Lasch. C'est Emmanuel Todd qui a introduit un première fois l'œuvre de cet historien américain en France dans les années 80 et son dernier ouvrage "Après la démocratie" peut être vu comme un hommage indirect à l'auteur de la "Révolte des élites" ou la "Culture du Narcissime". JC Michéa s'est, quant à lui, clairement placé sous le patronage de cet auteur atypique au point d'avoir relancé son oeuvre méconnue en France au début des années 2000.

Verdict: Match nul! Si J-C Michéa est plus apprécié de la réacosphère, Emmanuel Todd rayonne sur le monde intellectuel, sans compromissions (il est rarement épinglé par le Plan B)... complémentaires en réalité...

Péché capital


On avait déjà croisé Vincent de Gauléjac (Sociologue, professeur à l'université Paris-VII, directeur du Laboratoire de changement social) avec son fameux concept du "managinaire" (soit l'imaginaire de l'individu devenant lui-même objet de management), le sociologue a également creusé les ressorts d'un péché capital que nous connaissons tous: l'envie.

Voici l'entrevue qu'il avait donnée à la revue Sciences Humaines l'été dernier et qui éclaire également le fameux "désir de pouvoir" décrit par J-C Michéa dans la "Double pensée".




Notre culture de la réussite favorise l'envie

L'envie est un sentiment social qui peut être source de violence. Faut-il la condamner ou la transformer en émulation? Chaque société tente de la réguler. Avec plus ou moins de succès.

L' envie est répréhensible dans toutes les sociétés, pourtant elle est encouragée en tant qu'élément moteur de notre motivation. C'est ce paradoxe qu'interroge Vincent de Gaulejac, figure de proue de la sociologie clinique. Il étudie les relations entre processus psychiques et sociaux à travers les récits de vie. Dans son article «L'envie, un sentiment social» (1), il montre qu'elle ne saurait disparaître. L'envie, au coeur des rapports humains et de la construction psychique des individus, demande avant tout à être canalisée.

Alors que partout l'envie est stigmatisée, ne peut-elle pas aussi être un sentiment positif qui encourage à dépasser ses limites?

Pour les Anglo-Saxons, le terme envy est assez positif: il désigne l'émulation qui met en mouvement. Si l'on veut comprendre la victoire du capitalisme sur le communisme, il faut saisir que le capitalisme libéral anglo-saxon tel qu'on le connaît aux États-Unis a réglé le problème de l'envie en la transformant en émulation, en envie de réussir, en ambition. Il repose sur l'idée inspirée par le protestantisme que ceux qui veulent réussir le peuvent s'ils s'en donnent les moyens. Dans ce contexte, celui qui est pauvre ne devrait pas envier celui qui est riche. L'envie pourrait donc être positive, se transformer en un désir de réussite qui mette en mouvement des individus du côté d'Éros plutôt que de Thanatos. Le communisme au contraire reposait sur l'idée d'une société égalitaire, sans classes. D'où la volonté d'éradiquer les différences sociales, source de conflits et d'envie. Mais loin de minimiser et d'atténuer le sentiment d'envie, cela n'a fait que l'exacerber, sur des petites différences. C'est comme si l'on voulait refouler ce sentiment qui est au coeur des rapports sociaux.

L'envie serait donc une pulsion naturelle?

Je n'aime pas ce terme. Il y a toujours une discussion pour savoir si le développement de l'envie est lié au fonctionnement de la société et aux inégalités, ou si les fondements de l'envie sont au coeur de l'activité psychique. Je pense que c'est dans l'articulation entre les deux que s'enracinent les sources de l'envie. Certaines sociétés et formes d'éducation suscitent plus l'envie que d'autres. L'anthropologue Hsien Chin Hu a montré que dès l'enfance les Chinois doivent apprendre à agir de telle manière qu'ils suscitent le moins d'envie possible chez autrui. Celui qui se survalorise commet un véritable pêché social . C'est-à-dire que si le sentiment d'envie est universel, il existe des sociétés qui savent mieux le réguler que d'autres.

Dans la société française, on parviendrait moins bien à réguler l'envie?

Je ne serai pas aussi tranché. Le « syndrome Sarkozy», « people», qui montre en permanence à la télévision réussite et richesse décomplexée produit de la violence. Il s'agit de promouvoir l'avancement au mérite et de stimuler l'esprit de compétition. Cette forme de compétition que j'appelle la «lutte des places» produit beaucoup de colère et de ressentiment, parce que certaines injustices sociales et inégalités ne sont pas liées au mérite mais aux conditions de vie. Dire aux enfants de la cité Nord de Marseille « vous pouvez vous en sortir, regardez Zidane» crée de la frustration puisqu'ils s'identifient à cet idéal mais, en même temps, n'ont pas les moyens de l'atteindre. C'est une manière de les mettre en échec. Et cette violence larvée peut s'exprimer par des émeutes. L'attitude «m'as-tu vu» de Nicolas Sarkozy renverse «l'interdit» traditionnel de l'envie. Dans les sociétés primitives, comme chez les Indiens hopis, celui qui voulait se mettre au-dessus des autres était remis à sa place. L'envie y est proscrite car les envieux, rongés par des sentiments négatifs et les enviés, dans un désir de toute-puissance, produisent de la violence sociale. Dans les sociétés hypermodernes, c'est l'inverse: la norme est de mettre en avant ses mérites, ses talents et ses exploits. Je pense qu'une des tâches de l'éducation et de la société, c'est justement d'apprendre aux individus, individuellement et collectivement, à canaliser l'envie de telle façon qu'elle ne vienne pas détruire le lien social, pour atténuer ses aspects les plus destructeurs et favoriser ses aspects les plus créatifs.

En fait, pour vous ce serait système social qui favorise l'envie?

Les modèles de réussite sociale fondés sur des signes extérieurs de richesse ne sont pas forcément ceux qui correspondent aux aspirations les plus profondes des individus- Ce culte de la réussite favorise l'envie. Si réussir, c'était être artiste, instituteur, aide-soignante ou chercheur, on serait peut-être dans un modèle qui permettrait de se réaliser de façon plus épanouie en mettant en avant le souci des autres plutôt que l' enrichissement personnel.

Comment se fait-il que dans notre société, l'envie soit considérée comme détestable alors qu'implicitement elle est encouragée?

La contradiction atteint en effet ici son paroxysme. L'envie est facteur d'émulation et, en même temps, mine les relations sociales. Les logiques de distinction sociale, c'est-à-dire la lutte des places, n'ont jamais aussi été aussi exacerbées qu'à l'heure actuelle. Chacun est en lutte permanente avec les autres pour pouvoir se distinguer, se singulariser, trouver sa place. C'est l'une des causes majeures du sentiment de pression que les gens vivent aujourd'hui. Ce n'est jamais assez; il faut toujours en faire plus, être performant sur tous les registres pour ne pas perdre sa place. L'individu hypermoderne est tout à fait paradoxal: il sublime comme jamais le sentiment d'envie et le transforme en désir et, conjointement, est pris dans des forces de destruction que l'envie génère au travail et au sein de la société tout entière. L'envie est une clé explicative de cette tension un peu diffuse que les gens ne comprennent pas bien, mais dans laquelle ils se sentent pris et impuissants à réagir. Comme s'ils étaient condamnés à réussir...

(1)Vincent de Gaulejac, "L'envie. un sentiment Social", Revue française de psychanalyse. vol. LXI,
n° 1, 1997.


Le morceau du jour qui t'extraie les boules de geisha libérales que t'as dans le cul

The Roots - In The Music

24 octobre 2008

Soeur Emmanuelle : “Je veux me dénuder”

_ Euh... Vous êtes sûr? D'habitude on évite de faire ce genre de chose... C'est un peu facile.
_ Si, si, si, je veux me dénuder!!
_ Bon... Ainsi soit-il.

Abracadabra:

23 octobre 2008

Expérience Paranormale Politique

Vous pensez que c'est des conneries ? Écoutez les Grosses Têtes et tentez l'expérience ...

Démocrature


Emmanuel Todd a donné au torchon de droite Le Point une entrevue à Babeth Lévy (qui défend bien son Finkie) au sujet de son ouvrage à paraître" Après La Démocratie".

La lecture de cet entretien nous éclaire sur l'éclatement de la Fondation du 2 mars soit la division entre la fraction antimoderne et patriote contre la fraction républicaine et égalitaire.






Emmanuel Todd : La révolution protectionniste

Après avoir annoncé, en 1976, la « chute finale » de l'URSS et le « déclin de l'empire américain » en 2001, Emmanuel Todd analyse la crise française avec un livre polémique et savant. Pour cet historien des structures familiales, la démocratie est menacée par le choix des élites en faveur du libre-échange. Entrerons-nous dans l'âge d'« Après la démocratie » (Gallimard) ?

Propos recueillis par Elisabeth Lévy


Le Point : Vous avez annoncé la fin de l'URSS, le déclin de l'empire américain, et maintenant vous proclamez la fin de la démocratie ? Vous lisez l'avenir dans les courbes de natalité ?


Emmanuel Todd : Vous exagérez ! Je peux être brutal dans mes appréciations personnelles mais ce livre est beaucoup plus spéculatif que mes précédents. Oui, la fin de la démocratie est une issue possible mais il y en a d'autres et je ne me prononce pas sur celle qui l'emportera.


Incohérent, intellectuellement médiocre, agressif, affectivement instable et animé par l'amour de l'argent : il n'est guère de défaut que vous ne prêtiez au président de la République. Ne verseriez-vous pas dans la recherche de boucs émissaires que vous l'accusez de pratiquer ?


Taper sur Nicolas Sarkozy est une activité saine, morale et satisfaisante, mais il ne faut pas s'arrêter là. Il faut bien comprendre qu'il n'a pas été élu en dépit de ses défauts mais grâce à eux. Et s'il m'intéresse, comme chercheur, c'est parce qu'il est un concentré des tendances mauvaises qui travaillent la société française.


Nicolas Sarkozy n'a pas seulement été élu pour ses défauts : le verbe-talentueux quoi que vous en pensiez-d'Henri Guaino a eu sa part.


Oui, mais ce verbe ne renvoie à rien. Ce qui caractérise Sarkozy, c'est sa capacité à dire tout et son contraire et de vampiriser les héros et les valeurs de la gauche. Cette dilution des concepts de droite et de gauche est typique d'une situation où il n'y a plus de vraie représentation démocratique mais où des gens et des groupes s'affrontent dans une quête machiavélienne de pouvoir pur.

Vous dénoncez la dérive ethniciste incarnée selon vous par certains intellectuels comme Alain Finkielkraut. Et les discours de Dieudonné, de Christiane Taubira ou de Tariq Ramadan, ils n'incarnent rien ?

Concernant Finkielkraut, son concept de « pogrom antirépublicain », à la fois absurde et important, entre en résonance avec certains éléments du sarkozysme. Quant aux discours que vous évoquez, en effet, ils ne retiennent pas mon attention parce que la critique du multiculturalisme, je l'ai faite dans « Le destin des immigrés », il y a quatorze ans. Je m'intéresse à ce qui se passe effectivement, le taux de mariages mixtes, le niveau réel de pratique religieuse. Il est vrai qu'on n'a pas d'enquête bien faite depuis 1992. Mais je sais que le taux de mariages mixtes est une variable à très forte inertie. Et je sais aussi que lorsqu'une bande mêlée, de toutes les couleurs, caillasse la police, c'est que l'assimilation fonctionne, fût-ce sur un mode négatif. Les valeurs égalitaires sont toujours ancrées dans la société.

Donc, « La Marseillaise » sifflée est l'expression d'aspirations égalitaires contrariées, tandis que l'inquiétude que cela suscite traduit le raidissement islamophobe de l'élite ?


La fascination de l'islam, l'obsession de l'islam, la fixation sur l'islam n'ont rien à voir avec la réalité de l'islam ni même avec la crise qu'il traverse en dehors de nos frontières. Elles s'expliquent par le fait que la France, pays de tradition chrétienne, vient de connaître l'ultime disparition du catholicisme. D'où une angoisse liée au vide religieux, que certains intellectuels laïques projettent sur l'islam, comme s'ils avaient besoin de ce repoussoir pour préserver leur sentiment de sécurité athée. J'aimerais que les intellectuels et les politiques français s'intéressent un peu moins à l'islam et au football, un peu plus au libre-échange et aux délocalisations qui détruisent la vie des gamins de banlieue.

Ce ne sont pas des intellectuels laïques qui ont fait le succès électoral du FN. Ni celui de Nicolas Sarkozy, d'ailleurs.

Non, mais dans l'entourage de Sarkozy, on cultive une vision ethnicisée de la vie politique. Cela dit, l'éclatement de l'électorat du Front national indique que la question économique est en train de prendre le dessus sur la thématique identitaire. La « magie du FN », c'était une thématique identitaire anti-immigrés qui soudait une partie du peuple de gauche et une partie du peuple de droite, les ouvriers et les petits commerçants. Or les commerçants ont fichu le camp au premier tour en votant directement Sarkozy et les ouvriers ont voté Royal en dépit de son discours sur « La Marseillaise ».

Ou peut-être grâce à lui.


En tout cas, les différentialistes se trompent de société. Aveuglés par leurs lunettes ethniques, ils ne voient pas que Sarkozy est surtout l'élu des plus de 60 ans. L'anxiété n'est pas le privilège de la seule jeunesse.

Vous opposez des séries statistiques à l'expérience concrète. Prenons votre diagnostic sur l'éducation...

Dans mon modèle éducatif-culturel, l'émergence de la démocratie est associée à l'alphabétisation de masse et l'émergence de tendances oligarchiques à la restratification de la société par autonomisation des diplômés de l'enseignement supérieur. Et non seulement j'observe la stagnation éducative dans laquelle est entrée la France depuis 1995, mais je reconnais que nous ne savons pas s'il s'agit d'une pause ou d'un plancher de très longue durée.

Vous vous imposez pourtant un devoir d'optimisme...

Je crois beaucoup plus aux données qu'aux impressions. Trente ans de fréquentation des courbes me prouvent le caractère massif, universel, de la marche en avant de l'alphabétisation, celle-ci entraînant la révolution démographique, puis, ultimement, le développement économique. En 2030, la planète entière sera alphabétisée. Bref, je vis avec le progrès. C'est ce qui me rend optimiste.

D'où la volée de bois vert que vous passez aux « pessimistes culturels ». Or il y a quelques raisons d'être pessimiste, non ?


Ce qui me frappe, c'est la façon dont un simple arrêt du progrès est interprété comme un déclin. Comparée à l'extraordinaire progression observée depuis la guerre, la stagnation éducative est un choc, pour les profs et pour tout le monde. Mais le pessimisme culturel est une réaction hystérisée à ce choc. Je n'observe nullement l'ignorance universelle et le prétendu illettrisme que Le Point, comme d'autres, dénonce régulièrement. Il est parfaitement vrai que, après les gosses des milieux populaires, ceux des classes moyennes sont touchés par le chômage et les bas salaires, mais le monde abruti que nous décrivent des dépressifs culturels qui idéalisent le passé, je ne le vois pas !

L'appauvrissement du langage, la chute de l'autorité, le délitement de la transmission n'existent pas ?


Votre obsession du déclin culturel vous fait oublier l'emballement des inégalités, le fait nouveau que les diplômés ne profitent plus du changement économique, ainsi que le retour du capital dans la vie politique et l'émergence d'une oligarchie qui ne représente pas 1 % de la société.

Vous faites une critique acerbe du livre de Max Gallo, « Fier d'être français ». Etes-vous devenu insensible à la nation ?


Je n'ai pas attendu Gallo pour être fier d'être français. J'ai relancé l'idée de nation en 1998, dans « L'illusion économique ». Mais si je crois de plus en plus à sa nécessité, j'espère de moins en moins sa résurgence immédiate. La narcissisation des comportements, l'implosion centripète des individus et des groupes vont tellement loin que le mythe national instrumentalisé par le couple Sarkozy/Guaino n'embraye sur aucune réalité. De ce point de vue, le peuple ne vaut pas mieux que l'élite. Et l'Europe ne va pas mieux que la France. Le sens du collectif se dérobe.

En somme, il ne nous reste qu'à assister au naufrage.Heureusement que vous êtes optimiste.

J'essaie d'être rigoureux. Le problème fondamental de la démocratie, c'est que la classe politique refuse de mettre en question le libre-échange, ce qui mène à la baisse des revenus, à la montée des inégalités, bref à une baisse du niveau de vie pour le plus grand nombre. Et désormais à l'insuffisance de la demande, à la crise financière et à la récession. Jusqu'à présent, une démocratie de manipulation a animé, de plus en plus difficilement, un pseudo- débat politique. Maintenant, il va falloir choisir : une ethnicisation de la démocratie française me paraît assez peu probable. La séquence « appauvrissement des jeunes diplômés-luttes de classes immatures-poussée autoritaire et, ultimement, perversion ou suppression du suffrage universel » est déjà plus vraisemblable. Le PC est mort, mais Marx revient. Bonaparte aussi, malheureusement. Toutefois, il existe une chance de sortir par le haut de la course dépressive de la demande et des salaires : cette solution, européenne et non nationale, c'est le protectionnisme. Mais la crise financière rapproche l'heure du choix. Et celle du jugement.

Le protectionnisme est peut-être une solution pertinente, mais on dirait que, pour vous, il est la nouvelle utopie révolutionnaire. L'avenir radieux derrière des frontières ?

C'est tout le contraire. Face à la narcissisation des comportements, l'adoption d'un protectionnisme coopératif, mis en oeuvre au niveau d'un collectif supranational, délivré de tout mythe fondateur ethnique ou étatique, montrerait que nous sommes passés à un état supérieur de la conscience humaine et du développement historique.

« Après la démocratie », d'Emmanuel Todd (Gallimard, 250 pages, 18 E).


La caillera et son intégration par Jean-Claude Michéa

La caillera et son intégration par Jean-Claude Michéa, agrégé de philosophie enseignant à Montpellier, texte paru en 1999 (texte trouvé par emule P2P)

La Caillera n’est pas intégrée à la "société". S’il s’agit, en revanche, de l’intégration au système capitaliste, il est évident que la Caillera est infiniment mieux intégrée à celui-ci que ne le sont les populations, indigènes et immigrées, dont elle assure le contrôle et l’exploitation à l’intérieur de ces quartiers expérimentaux que l’État lui a laissés en gérance.

C’est ce que nous rappelle ici Jean-Claude Michéa, infatiguable propagateur de l’oeuvre de George Orwell. L’Enseignement de l’ignorance de Jean-Claude Michéa, Éditions Climats « Une forme de morale qui serait acceptable par tout le monde - en ce sens que tous devraient s’y soumettre - me paraît catastrophique. » - M. Foucault. « L’école de la réhabilitation nous a amenés à ne voir aucune différence entre un coquin et un honnête homme » - Flaubert.

La distinction entre une société - qui, quelle que soit la variété de ses formes, ne peut abolir le moment du don (1) - et un système capitaliste - hypothèse métaphysique devenue la base d’un projet politique partiellement réalisable - permet de déplacer la position habituelle de nombreux problèmes dits « de société ». Soit à déterminer, par exemple, la signification politique réelle des comportements de la Caillera (2). Doit-on y voir, conformément aux présentations médiatiques et sociologiques habituelles, un signe normal des difficultés liées au « problème de l’intégration » ? Formulée en ces termes, la question est, de toute évidence, mal posée, c’est-à-dire posée de façon ambiguë. Si l’on parle en, effet, de l’intégration à une société, c’est-à-dire de la capacité pour un sujet de s’inscrire aux différentes places que prescrit l’échange symbolique, il est clair que cette fraction modernisée du Lumpen (3) n’est pas, « intégrée », quelles que soient, par ailleurs, les raisons concrètes (familiales et autres) qui expliquent ce défaut d’intégration. S’il s’agit, en revanche, de l’intégration au système capitaliste, il est évident que la Caillera est infiniment mieux intégrée à celui-ci (elle a parfaitement assimilé les éloges que le Spectacle en propose quotidiennement) que ne le sont les populations, indigènes et immigrées, dont elle assure le contrôle et l’exploitation à l’intérieur de ces quartiers expérimentaux que l’État lui a laissés en gérance. En assignant à toute activité humaine un objectif unique (la thune), un modèle unique (la transaction violente ou bizness) et un modèle anthropologique unique (être un vrai chacal), la Caillera se contente, en effet de recycler, à l’usage des périphéries du système, la pratique et l’imaginaire qui en définissent le Centre et le Sommet. L’ambition de ses membres n’a, certes, jamais été d’être la négation en acte de l’Économie régnante. Ils n’aspirent, tout au contraire, qu’à devenir les golden boys des bas-fonds. Calcul qui est tout sauf utopique. Comme l’observe J. de Maillard, « sous nos yeux, l’économie du crime est en train d’accomplir la dernière étape du processus : rendre enfin rentable la délinquance des pauvres et des laissés pour compte, qui jadis était la part d’ombre des sociétés modernes, qu’elles conservaient à leurs marges. La délinquance des pauvres, qu’on croyait improductive, est désormais reliée aux réseaux qui produisent le profit. Du dealer de banlieue jusqu’aux banques de Luxembourg, la boucle est bouclée. L’économie criminelle est devenue un sous-produit de l’économie globale, qui intègre à ses circuits la marginalité sociale (4). »

À la question posée, il convient donc de répondre clairement que si la Caillera est, visiblement, très peu disposée à s’intégrer à la société, c’est dans la mesure exacte où elle est déjà parfaitement intégrée au système qui détruit cette société. C’est évidemment à ce titre qu’elle ne manque pas de fasciner les intellectuels et les cinéastes de la classe dominante, dont la mauvaise conscience constitutive les dispose toujours à espérer qu’il existe une façon romantique d’extorquer la plus-value. Une telle fascination intellectuelle pour la « fièvre généreuse du délinquant » (Foucault) serait, cependant, difficile à légitimer sans le concours bienveillant de la sociologie d’Etat. Cette étrange sociologie, en effet, afin de conférer aux pratiques, légales et illégales, du système qui l’emploie cette couleur « rebelle » qui les rend à la fois politiquement correctes et économiquement rentables, recourt à deux procédés principaux qui, quand on y réfléchit, sont assez peu compatibles.

Tout d’abord, elle s’efforce d’inscrire ce qu’Orwell nommait « le crime moderne » dans la continuité des délits et des crimes d’autrefois. Or ce sont là deux univers très différents. Le bandit d’honneur des sociétés traditionnelles (le cas des pirates est plus complexe) puisait sa force et sa légitimité historique dans son appartenance à une communauté locale déterminée ; et, en général, il s’en prenait d’abord à l’État et aux divers possédants. Le délinquant moderne, au contraire, revendique avec cohérence la froide logique de l’économie pour « dépouiller » et achever de détruire les communautés et les quartiers dont il est issu (5). Définir sa pratique comme « rebelle », ou encore comme une « révolte morale » (Harlem Désir) voire, pour les plus imaginatifs, comme « un réveil, un appel, une réinvention de l’histoire » (Félix Guattari), revient, par conséquent, à parer du prestige de Robin des Bois les exactions commises par les hommes du Sheriff de Nottingham. Cette activité peu honorable définit, en somme, assez bien le champ d’opérations de la sociologie politiquement correcte.

Quand au second procédé, il consiste à présenter l’apparition du paradigme délinquant moderne - et notamment son rapport très spécifique à la violence et au plaisir qu’elle procure - comme l’effet mécanique de la misère et du chômage et donc, à ce titre, comme une réponse légitime des exclus à leur situation. Or s’il est évident que la misère et le chômage ne peuvent qu’accélérer en retour la généralisation du modèle délinquant moderne, aucun observateur sérieux - ou simplement honnête - ne peut ignorer que ce modèle a d’abord été célébré dans l’ordre culturel, en même temps qu’il trouvait ses bases pratiques dans la prospérité économique des « trente Glorieuses ». En France, par exemple, toutes les statistiques établissent que le décollage des pratiques délinquantes modernes (de même que la constitution des mythologies de la drogue) a lieu vers 1970, tandis qu’en Allemagne, au Danemark et aux Pays-Bas il est perceptible dès 1964-1965 (6). Expliquer le développement de la délinquance moderne (développement qui, dans un premier temps - on s’en souvient - avait été tenu par la sociologie officielle pour un pur « fantasme » des classes populaires) comme un effet conjoncturel du chômage est évidemment une procédure gagnante pour le système capitaliste. D’une part, elle conduit à présenter la « reprise économique » - c’est-à-dire l’aide accrue de l’État aux grandes firmes - comme la clé principale du problème ; de l’autre, elle dispense d’interroger ce qui, dans la logique même du capitalisme de consommation, et la culture libérale-libertaire qui lui correspond, détermine les conditions symboliques et imaginaires d’un nouveau rapport des sujets à la Loi (7).


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1). Selon la terminologie d’Alain Caillé, le cycle du don (c’est-à-dire la triple obligation - analysée par Mauss - de donner, recevoir et rendre) est le fondement anthropologique de la socialité primaire. L’échange économique et la relation juridique constituent, de ce point de vue, des structures secondes, dont l’existence n’est pas universelle. Naturellement, ce cycle du don se déploie historiquement en une infinité de modes, dont certains peuvent même fonder du lien négatif ou « agonistique » (c’est le cas, par exemple, de la Vendetta, ou de la guerre primitive telle que l’analyse P. Clastres). Sur ce dernier point, - souvent négligé - on trouvera des informations intéressantes dans deux ouvrages : Conflit et lien social (J.L. Boilleau. La Découverte, Mauss, 1995) et La réciprocité et la naissance des valeurs humaines (D. Temple et M. Chabal, L’Harmattan, 1995.).Sur l’impossibilité d’éliminer la sphère du don, cf. J.C.Michéa, Peut-on ramener la société à la raison ?, revue du M.A.U.S.S. n° 6, 1995.
2). Tel est, on le sait, le nom que se donnent, en France, les bandes violentes, surgies sur la ruine politiquement organisée des cultures populaires, et qui règnent par le trafic et la terreur sur les populations indigènes et immigrées des quartiers que l’État et le capitalisme légal ont désertés. Comme le rappelle le collectif Stop à la Violence, ces bandes « font régner la terreur pour monter leur bizness. Les crapules prennent alors le pouvoir. Sur notre dos. Les crapules, c’est la mort des quartiers. »
3). Rappelons que, pour Marx, le Lumpen (qui, de nos jours, inclut également, à côté de la Caillera, les différentes fractions de la Zone dont l’origine sociale et l’utilisation par l’ordre établi exigent une analyse distincte) est toujours « par ses conditions de vie disposé à se vendre à la Réaction » (cf. Le Manifeste communiste). Dans la préface de 1870 à la Guerre des paysans en Allemagne, Engels est même plus radical : « Le Lumpen-prolétariat, - écrit-il - cette lie d’individus corrompus de toutes les classes, qui a son quartier général dans les grandes villes, est, de tous les alliés possibles, le pire. Cette espèce est absolument vénale et impudente. Quand les ouvriers français mettaient sur les maisons, pendant les révolutions, l’inscription : Mort aux voleurs ! et qu’ils en fusillaient même plus d’un, ce n’était certes pas par enthousiasme pour la propriété, mais bien avec la conscience qu’il fallait, avant tout, se débarrasser de cette bande. Tout chef ouvrier qui emploie ces vagabonds comme défenseurs, ou qui s’appuie sur eux prouve qu’il n’est qu’un traître au mouvement. » Donnez à ces « traîtres » un manuel de statistiques et quelques subventions de l’État et vous obtiendrez ce que les journalistes appellent la sociologie moderne.
4). J. de Maillard : Un monde sans loi, p. 84, Stock, 1998.
5). C’est cette évolution culturelle, lente et complexe, qu’Orwell a essayé de saisir à travers le roman policier, dans Raffles and Miss Blandish. (1944).
6). On trouvera toutes les données statistiques nécessaires dans l’ouvrage de Charles Szlakmann : La Violence urbaine, Robert Laffont, 1992.
7). Il suffit de consulter les dates, pour noter qu’Orange mécanique - devenu, avec More et Easy Rider, l’un des films-culte de la jeunesse des nouvelles classes moyennes de l’époque, parce qu’il achevait, avec un talent évident, de donner ses lettres de noblesse au « crime moderne » - ne peut en aucun cas être interprété comme un effet culturel du « choc pétrolier » et de la « crise économique ». C’est même l’aspect purement « gratuit » de la violence déployée pour transgresser la Loi qui frappa alors la critique, aspect dont H. M. Enzensberger a souligné, dans La Grande Migration (Gallimard, 1995), à quel point il constitue l’autre face du « bizness » délinquant moderne. On trouvera à ce sujet des indications très intéressantes dans la description du ghetto jamaïcain de Londres par Victor Headley (Yardie, Éd. de l’Olivier, 1997). Ce roman militant, d’abord auto-édité, et « vendu dans les salons de coiffure et les épiceries de Brixton », démonte avec brio les mécanismes intellectuels et psychologiques de la Caillera jamaïcaine de Londres et met la jeunesse du ghetto en garde contre le rêve capitaliste et sa rationalisation sociologique. Enfin, concernant la fascination exercée sur les intellectuels bourgeois - depuis George Sand et Victor Hugo - par la figure du « mauvais garçon » (on pourrait appeler « complexe de Lacenaire » cette variante de l’œdipe) on lira avec intérêt les précieuses mises au point de Varlam Chalamov dans le Monde du Crime (Gallimard, 1993). Dix-sept ans de bagne stalinien, parmi les droits communs, ont, en effet, permis à Chalamov d’accumuler une expérience sociologique de la question qui doit bien valoir celle qu’on a le bon goût d’acquérir au Collège de France.

Le conseil du jour de Paul Amar - 4

A vos instruments les enfants, aujourd'hui on va casser du faf! (après nos justes ratonnades euuh revendications sociales du CPE)



Cassons les "toubab" du FN, ils ne sont même pas humains... merci Paupaul.

21 octobre 2008

Féminisme modéré

Sur une idée de Paracelse*




*C'est à lui qu'il faut couper les génitoires mesdames! Je n'ai fait qu'obéir aux ordres!

Y a-t-il un ou des bourges qui se cachent au sein du CGB ?

Y a-t-il un ou des bourges qui se cachent au sein du CGB ? Faites votre choix.
1 - Gabriel Fouquet
2 - René Jacquot
3 - Beboper
4 - Skymann
5 - Zefa
6 - Todomodo
7 - Goering
8 - Kroulik
9 - Potiron
10 - DT
11 - Nightwatch
12 - Clarence
13 - Bayrem
14 - Paracelse

Pub

Cali fait ses grands débuts au cinéma

Dans:



il était humilié d'une constipation malsaine que coupaient des coliques précipitées.
Barrès, Un Homme libre, 1889.

Mais la liberté n'a pas de prix... Caliques dans les prés, fleurissent, fleurissent...

20 octobre 2008

Emmanuelle, ma soeur, nous ne t'oublierons jamais


Quel ne fut pas mon désarroi lorsque cette abominable nouvelle vint déchirer la quiétude de cette journée radieuse.* Emmanuelle, la star de mon enfance qui m'initia à ma première et auguste érection, vient de casser sa pipe.
Le CGB rend donc un hommage mérité à cette icône qui ne manquera pas de siéger sur les genoux à la droite de Dieu.

*Pour moi, une journée radieuse est une journée où je n'ai pas croisé une seule fois mon patron.

19 octobre 2008

L'idole des jeunes... révolutionnaires


Jacques Attali

Aux rêves, citoyens

Tout avait été minutieusement préparé pour cette grande soirée d’amour et de paix : l’entrée des joueurs des deux équipes tous mélangés, tous main dans la main avec des petits enfants de toutes les couleurs ; un stade rempli de drapeaux tunisiens brandis par une foule enthousiaste ; deux grands drapeaux aux couleurs des deux nations, côte à côte, fièrement étendus sur la pelouse ; et les joueurs, et les entraîneurs, les arbitres et les officiels faisant copain-copain dans une fraternité comme on en avait pas vu depuis l’installation des premiers harkis à Roubaix en août 1962.
Cette soirée placée sous l’égide du respect, de la réconciliation et de la tolérance promettait d’être belle. Français et Tunisiens ne formant qu’un, tous mélangés dans la bonté, l’amitié et le don de soi et tous soudés par cet esprit de paix universelle qui, comme on le sait, anime toute compétition sportive de ce genre.
L’organisation n’avait pas lésiné sur les moyens. On pouvait en effet apercevoir dans les tribunes nombre de jeunes et jolies françaises en costumes traditionnels tunisiens et la production avait même trouvé un volontaire pour brandir devant la caméra un maillot français et un maillot tunisien fermement noués l’un avec l’autre, admirable symbole de la sublime harmonie dans lequel baignait tout le stade.
Seulement, l’organisation qui avait dépensé sans compter pour le matériel avait eu visiblement plus de difficultés concernant le recrutement du personnel. On a beau être en temps de crise, il n’est pas évident de trouver du petit personnel pas cher et prêt à tout. Heureusement, l’ANPE de la fédé de foot avait réussi à dégoter in extremis deux boniches pour chanter les hymnes nationaux.
La première de ces dames est une tunisienne prénommée Amina. Les commentateurs du match ont bien rappelé qu’elle était née à Tunis et qu’elle avait grandi et vécu en France, et même un temps prospéré dans le show-biz français (enfin ça ils l’ont pas dit), pour finir par logiquement rendre service à la France en la représentant paraît-il à L’Eurovision. La seconde dame est une artiste française qui malheureusement pour elle n’était ce soir là que « d’origine tunisienne » et qui par ailleurs était visiblement en recherche active d’emploi. On a donc collé à la première l’interprétation de l’hymne tunisien. Faut dire que cette Amina présente bien, qu’elle a du charme et qu’elle fait plus française que sa collègue. L’hymne français est donc logiquement revenu à l’autre qui évidemment présente moins bien et fait beaucoup plus américaine avec son costume de racaille. L’hymne tunisien est joli et à l’air bien interprété (je dis « à l’air » car je ne connais pas cet hymne) et main sur le cœur tout le stade vibre d’émotion. Après c’est le tour de l’autre (Laam qu’elle s’appelle, avec deux ‘a’ comme dans le baba d’Ali Baba). Et là soudain, alors qu’on ne s’y attendait pas, c’est le drame ! Pas que Laam chante mal, non, elle a une jolie voix et elle chante bien la Marseillaise, elle a d’ailleurs des accents de Mireille Mathieu, mais soudain tout le stade siffle et conspue la chanteuse franco-française ou bien l’hymne franco-français ou pt’être les deux, on sait pas bien. La suite vous la connaissez : le tollé, le scandale, la honte, la catastrophe, l’affaire d’Etat…

C’est con. La fête a été gâchée. Les humanistes de la fédé de foot française n’avaient pourtant pas ménagé leurs efforts. Mais ça a foiré. Ils étaient pas content d’ailleurs à la fédé d’avoir bossé comme des nègres pour rien et le président s’est pas privé de le dire aux journalistes : « j’en ai ras-le-bol !» qu’il a dit. On le comprend. Avoir trimé pour trouver des chanteuses aux abois prêtent à reprendre du service sur le trottoir pour au moins un soir alors que la plupart des autres, déjà maquées, avaient flairé le traquenard et s’étaient pas présentées au portillon. Avoir mis le paquet question mise en scène avec du symbole partout en veux-tu en voilà. Et tout ça pour faire un bide. C’est sûr c’est rageant. Mais la fédé devrait tout même tirer des leçons de cet échec. Faut positiver pour essayer de faire mieux la prochaine fois. Evidemment il y a avait des erreurs dans le scénario. Déjà, il n’y avait pas assez de tunisiens dans l’équipe de France. Ca c’est la faute à ce con de Domenech qui a pris le melon et comprend plus rien au foot et qui confond donc algériens, tunisiens, marocains, kabyles, hilaliens, chaouis et berbères (ah oui ! parce que le foot depuis la France "Black, Blanc, Beur" c’est aussi, en plus d’une histoire de ballon et de tactique, une histoire de couleurs...) Et puis, dans la série des boulettes : quelle idée de faire chanter la Marseillaise en français ! Le vrai geste fort et symbolique ça aurait de la faire chanter en tunisien pardi ! Mais évidemment chantée pas par une boniche dont on sait plus très bien si elle est française ou tunisienne. Non. Une sérieuse étude de marché aurait montré que le truc idéal ç’aurait été la Marseillaise chantée en tunisien par Marcel Amont accompagné dYvette Horner à l’accordéon. Ça ! Ça aurait eu de la gueule et ça aurait imposé le respect à tous les tunisiens du stade. Et ça aurait évité les déconvenues.

Mais les mecs de la fédé sont vraiment à l’ouest. Moi je comprends les mecs du stade qui ont sifflé. A leur place, je me demande si effectivement ce soir là je n’aurais pas choisi d’être tunisien plutôt que français. D’abord parce qu’il faut le dire, communautairement, c’est plus porteur d’être tunisien en France que français en France. T’as qu’à voir, les français eux, ils ont fermé leurs gueules ce soir là, aucun esprit de clan ni de solidarité, ils ont même pas été foutus de faire quelques doigts d’honneur sur la Marseillaise. Non, vraiment les tunisiens ne sont pas des fiottes eux. Bon y’a juste un petit bémol : j’aimerais bien qu’ils vivent pleinement leur tunisianité dont ils ont raison d’être fiers et pour cela qu’ils aillent vivre sur la terre qu’ils reconnaissent comme étant la leur. Je trouve scandaleux que tous les sans papiéristes et autres rebelles gauchistes français les en empêchent. C’est vrai, ces braves gens, de gauche paraît-il, sont tous les quatre matins à manifester et à réclamer que les étrangers restent ici et ils vont même jusqu’à faire des esclandres dans les aéroports pour empêcher les tunisiens de prendre l’avion pour rentrer en Tunisie. C’est scandaleux !
Mais je m’éloigne, revenons à ce foutu match (ah oui parce que c’était aussi une rencontre amicale de football !). Ouais. Je disais. Les mecs ont eu raison de siffler même si leur histoire de tunisianité ben justement c’est sûrement une histoire qu’ils se racontent. Nous français, on se raconte même plus d’histoire ! Faut dire aussi que c’est difficile. Regardez les joueurs de l’équipe de France : ils ne vivent ni ne travaillent en France. Et ces cons de joueurs viennent après pleurnicher (enfin ça doit être un peu de cinéma aussi) qu’ils ont pas l’impression de jouer chez eux au stade de France. Les supporters tunisiens ils ont bien pigé le truc eux : ils organisent pour leur équipe leur match à domicile à Paris. Y’a pas de raison qu’ils le fassent pas : les supporteurs tunisiens sont en quelque sorte plus français que les beaux exemples d’intégration que sont les joueurs de l’équipe de France. Seulement, si s’intégrer à la France c’est être millionnaire, rouler en grosse bagnole de sport avec une poufiasse pour décorer le siège passager, avoir comme valeur suprême celle qui consiste à trahir pour le fric et en plus jamais foutre les pieds dans l’Hexagone, on comprend aussi que les tunisiens, ne cumulant pas encore tous ces critères de la pureté de l’âme française, aient quelques difficultés à se sentir français.
Alors en fait, au fond, on ne sait pas bien pourquoi ils sifflaient. Première thèse avancée, thèse ethno-identitaire de droite : c’est leur bougnoulitude islamique charnelle et bornée qui s’exprimait et qui est incompatible avec l’esprit de notre civilisation française, bougnoulitude que les bons élèves de l’équipe de France ont eux en revanche parfaitement francisée pour devenir des exemples accomplis de cet esprit civilisationnel (thèse pouvant être résumée par : « Les bougnoules rejettent la France »). Seconde thèse, thèse racialo-sociale avancée par les gens dit de gauche : ces tunisiens se sentent exclus de la francitude parce que la France est un pays raciste et qui les rejette et les maintient dans la misère ; seconde thèse qui voit donc dans cette affaire une revendication sociale et politique réclamant plus d’intégration à la France (thèse pouvant être résumée par : « La France rejette les bougnoules »). Examinons donc de plus près ces deux explications. La première ne paraît pas tenir la route parce que s’il s’était agi d’une raison civilisationnelle consistant à rejeter la mascarade organisée par les colons droit-de-l’hommistes, c’est-à-dire à faire un doigt d’honneur volontaire au patriotisme de pacotille, aux fausses valeurs, s’il s’était agi de vomir un simulacre de fraternité sponsorisé par les bons samaritains de la Halde ou de SOS Racisme, c’est-à-dire à donc siffler un spectacle jugé lamentable et dégoulinant de bons sentiments avec deux boniches aux ordres et spectacle auquel de surcroît le bougnoule est fortement prié d’adhérer, les tunisiens auraient alors sifflé les deux hymnes pour précisément signifier qu’ils marchaient pas dans la combine et qu’ils voulaient pas de notre merde.* La première thèse est donc un peu foireuse. La seconde thèse semble en revanche plus plausible. Seulement il faut aller jusqu’au bout du raisonnement. S’il s’est agi, par les huées à l’encontre de l’hymne et des joueurs de l’équipe de France, de signifier une souffrance et un désarroi de n’être pas acceptés en tant que français et donc de témoigner d’une volonté d’intégration à la France (on manifeste de la colère et de la haine vis-à-vis de ce qui nous rejette), cela signifierait que dans le cadre de cet évènement footballistique la France qu’ils sifflent parce qu’elle les rejette, c’est la France de l’équipe de France, c’est-à-dire le bling-bling, les putes, le mercenariat cosmopolite, le déracinement, la trahison pour le fric. Et de plus, le fait d’avoir par ailleurs respecté l’hymne et l’équipe tunisienne, manifestation qu’on pourrait qualifier de « patriotico-tunisienne », témoignerait en fait de la frustation de voir cette tunisiarité empêchée d’accéder à ce modèle de francitude incarnée par les joueurs de l’équipe de France. Le deal caché proposé aux tunisiens ce soir là était le suivant : nous francos on a le droit de blingblingiser notre francitude, on a le droit d’en faire du fake, de la carte postale et d’empocher le cash par derrière, donc on a le droit de se la faire siffler notre Marseillaise mais en revanche, vous, tunisios, vous devez continuer à être nos esclaves tout en gardant la consolation d’avoir une tunisiaritude vierge de tout bling-bling, vous pouvez même donc montrer que vous en êtes fiers et la revendiquer haut et fort et vous pouvez même la mâtiner d’islamitude (en faisant la distinction entre musulmans et non musulmans parmi les joueurs de l’Equipe de France) puisque ça nous sert à nous capitalistes francos à vous faire passer auprès du bon peuple français pour des bougnoules terroristes inassimilables et dangereux. Et surtout donc n’hésitez pas à la siffler notre belle Marseille puisque ça fait partie du plan.
C’est comme ça donc que dans cette affaire, les tunisiens qui ont cru montrer leur volonté de pas être pris pour des cons et qui voulaient surtout pas, comme savent bien le faire les français, se faire enfiler sans rien dire, eh ben les tunisiens ils se la sont fait mettre en fait bien en profondeur par les simagrées de pédales que les colons leur ont servi ce soir là. Remarque. Justice immanente ici. Si ces cons de tunisiens ne rêvaient pas d’Amérique et de bling-bling, ils auraient sifflé les deux hymnes et auraient alors clairement affirmer leur identité de tunisiens. Mais là croyant nous montrer qu’ils bandaient plus dur que nous et sans dopage en entendant leur hymne national, que leur patriotisme était de la pure bombe, ils ont en fait révélé leur profonde allégeance à notre civilisation de fiottes qui elle ne bande plus sous l’hymne et le drapeau que sur commande et qu’à coups de viagra spectaculaire et de Marseillaise-Plage. Mais il faut dire qu’exiger une telle probité et une telle intégrité de la part de tunisiens qui vivent dans le 9.2 ou le 9.3 et qui donc en fait n’en sont pas des tunisiens, c’est exiger beaucoup. Mascarade sur toute la ligne donc. Belle mise en scène. Belle opération de propagande pour l’universalisation de la connerie et de la trahison. Le colon capitaliste est fort pour refourguer sa camelote de pédales à de pauvres bougres. Faut le faire : faire gober qu’on fourgue du symbole, du sacré alors que le système sur lequel on prospère repose sur la désymbolisation et la désacralisation de toute chose. Remarquez, le colon capitaliste n’a même pas besoin de l’effacer le symbole. Il lui suffit d’en refourguer une pâle contrefaçon, une copie inoffensive et ça passe puisque le récepteur a été conditionné au faux et qu’il va donc maintenant jusqu’à le réclamer son symbolisme de pacotille.
Et le colon capitaliste est encore plus fort parce qu’après le spectacle, il fait un rappel et en remet une couche par derrière. Il vient à la télé (parfois il s’appelle Fillon, une autre fois Sarkozy ou sous la forme de leur émules de gauche, il s’appelle dictateur du bon sentiment) et il se la joue scandalisé par l’outrage subi par la France. Et en bon exploiteur capitaliste, il va exploiter le truc jusqu’au trognon. Voilà qu’il menace désormais de mettre tout arabe qui siffle la Marseillaise en prison. Il faut bien sûr comprendre : « tout arabe récalcitrant qui siffle la Marseillaise pour de mauvaises raisons ». La mauvaise raison pour le colon capitaliste étant la raison du cœur et de l’esprit, celle qui ne s’achète pas.
L’arabe doit donc obéir. Il doit siffler la Marseillaise comme l’élève qui ratifie l’autorité de son maître en la contestant par le chahut. L’arabe doit être un gentil chahuteur d’hymne national. Mais surtout, il doit désormais se convertir à la religion du faux pendant que le colon capitaliste fait croire au bon peuple qu’il se radicalise dans l’intégrisme du vrai. France-Tunisie ce fut comme France-Algérie ou France-Maroc : une injonction à l’adresse des arabes de vivre dans le faux, avec le faux, pour le faux et à ne pas se radicaliser dans l’intégrité du vrai. A l’époque de l’équipe de France « Black, Blanc, Beur » (concept probablement refourgué par un pubard colonialiste genre Séguéla), on avait déjà foutu un drapeau tricolore entre les mains des français bougnoulisés et des bougnoules francisés et on les avait tous sommés d’aller faire les guignols sur les Champs Elysées et de communier dans une fraternité de pacotille. C’était avant 2001 et avant la crise financière mondiale. Mais aujourd’hui, en ces temps de crise mondiale aggravée, le colon capitaliste doit prendre ses précautions. Certes il doit continuer à promouvoir la communion de tous dans le culte du faux et de la trahison. Mais il doit également veiller à ce que les tensions qui risquent résulter de la crise ne trouvent pas une échappatoire verticale mais horizontale. Le colon capitaliste est donc tiraillé entre la nécessité de continuer à coloniser mentalement l’arabe et de l’intégrer à sa société du faux tout en lui conservant un petit air de vrai, un petit air « alquaïdesque » qui servira, dans l’éventualité d’une agitation populaire par trop prononcée, à lui coller une étoile verte sur la poitrine. La radicalisation simulée de l’arabe est ainsi proportionnelle à l’insécurité du colon capitaliste. L’avantage en l’espèce étant de faire passer cette radicalisation pour une cause de l’insécurité alors qu’elle n’est qu’une conséquence doublée d’un leurre. C’est un double larbinage que doit assumer l’arabe donc. Et pour éviter tout dérapage dans le vrai, le colon a prévenu : oui au chahut, mais que l’arabe ne s’avise pas de rejeter viscéralement l’institution, auquel cas la gégène reprendra du service pour le mater et le dresser !


* Le décalage entre l’esprit que les naïfs de la fédé de foot ont voulu conférer à la soirée et la réalité des paroles de la Marseillaise illustre assez justement la schizophrénie qui était sous-jacente à ce happening pseudo sportif. L’esprit de la soirée est tout contenu dans la version de la Marseillaise qui suit. On a voulu faire du bisounours avec des mots qui ne sont pas du tout des mots de bisounours. Et cette même schizophrénie se retrouvait dans chaque détail du happening : français qui jouent pas en France ; tunisiens qui vivent pas en Tunisie ; hymne national pour une nation qui n’existe plus. Ce qui en gros a peut-être coincé, c’est qu’on a donné à entendre aux tunisiens les paroles originales de la Marseillaise tout en exigeant d’eux qu’ils entendissent celle de la version de Yannick Noah.

Domrémy.
Aux rêves, citoyens
(La Marseillaise version reggae / peace & love - Yannick Noah)
]
Pour les enfants de la patrie,
Le jour d'y croire est arrivé
Entre nous, la tyrannie,
Les bagarres c'est bien terminé
Les bagarres c'est bien terminé...
Efforçons-nous dans nos campagnes
D'ouvrir nos esprits à donner
De la paix, de la tolérance
Retrouver les vertus de la France

Aux rêves, citoyens
Formons enfin l'union
Vivons (vivons), vivons (vivons)
La liberté et la fraternité
Yé yé...

A tous les frères de la patrie,
La répression est terminée
Entre nous toutes ces conneries
On ferait mieux d'apprendre à s'aimer
Sans céder enseigner à s'aimer
De la couleur de nos compagnes
Naîtront des enfants par milliers
Qu'ils s'aiment dans leur diversité
Effaçant les dernières batailles

Aux rêves, citoyens
Formons enfin l'union
Les armes, citoyens
On n'en a pas besoin

Aux rêves, citoyens
Finis finis les bataillons
Mon Dieu (Dieu ?) qu'est-ce qu'on est bien
Et quelle jolie chanson
Yéyé...

Vivons (vivons), vivons (vivons)
La liberté et la fraternité
Et la diversité
Et la liberté
En toute légalité
Et l'égalité...

Vivons vivons vivons...
Vivons vivons vivons...
Aux rêves aux rêves aux rêves...
Aux rêves aux rêves aux rêves...

La liberté et la fraternité
La liberté et l'égalité
La liberté et la fraternité
La liberté et l'égalité
La liberté et la fraternité
La liberté et l'égalité...

Aux rêves...

Simon the sorcerer 2 rattrapé par La Halde



Simon the sorcerer 2 est un jeu culte d'aventure sur PC sorti en 1995.

17 octobre 2008

Psychaos


Enfin une explication globale et totale de la crise qui nous traversons de la part de Dany Robert-Dufour dans Le Monde de ce week-end.


Mutation du psychisme en vue, par Dany-Robert Dufour





Durant cette intense panique boursière dont nul augure économiste ne saurait, à ce jour, prévoir l'issue, on voit se répéter un curieux spectacle : ceux qui étaient, hier encore, les plus ardents défenseurs du libéralisme financier dérégulé ne cessent de faire acte de contrition et de promettre l'entrée dans un cycle vertueux. Mieux vaut tard que jamais, certes.

Mais la question qui se pose est de savoir si l'on peut vraiment s'en remettre, pour sortir de cette crise, à ceux qui ont conduit notre civilisation, avec tant d'efficacité, de cynisme et de suffisance, droit dans le mur. C'est une question importante, car, si elle n'est pas résolue, les opinions publiques risqueraient fort, sitôt le désenchantement et la récession installés et, comme toujours en pareil cas, de se mettre en recherche d'hommes providentiels. Il ne faut jamais oublier qu'après la crise boursière de 1929 sont venus 1933 et la tragique ascension d'un Hitler. Chacun sait qu'en Europe même, certains s'essaient déjà aux gestes expéditifs qui pourraient rassembler les foules déboussolées.

Pour éviter la répétition d'un tel drame, il faut prendre conscience de l'ampleur des dégâts et des diverses tâches de reconstruction qui s'imposent. Car le libéralisme financier dérégulé n'a pas fait que saper les bases de la finance et de l'économie marchande mondiale. Loin s'en faut : ce sont toutes les grandes économies humaines qui sont atteintes.

Elles sont en effet articulées entre elles, de sorte que certains changements essentiels dans l'économie marchande (la dérégulation) entraînent des effets substantiels dans l'économie politique, l'obsolescence du gouvernement et l'apparition de la gouvernance, issue de la corporate gouvernance, aussi appelée "dictature des actionnaires". Mais ce n'est pas tout, puisque ce dernier aspect ne peut que provoquer des mutations dans l'économie symbolique (disparition de l'autorité du pacte social et apparition de nouvelles formes de lien social comme les groupes dits "égo-grégaires", qui se caractérisent par l'exhibition conflictuelle et souvent spectaculaire d'égoïsmes en recherche de satisfactions consommatoires). En outre, ces mutations dans la culture affectent nos façons de parler, autrement dit l'économie sémiotique (par l'apparition d'une novlangue libérale marquée par des transformations de la grammaire et des altérations sémantiques où, par exemple, toute forme d'autorité, même laïque, est bannie).

Enfin, ces transformations peuvent atteindre une économie qui semble a priori rétive à toute soumission aux lois de l'économie marchande : l'économie psychique, avec une sortie du cadre freudien classique de la névrose et une entrée dans un cadre postnévrotique où la perversion, la dépression et l'addiction prédominent.

On dispose d'un concept susceptible de décrire cette propagation d'une économie à l'autre : la transduction, terme issu des travaux produits dans les années 1960 par le philosophe Gilbert Simondon. Lors d'une propagation transductive, chaque région constituée sert à la région suivante de principe, de modèle et d'amorce, si bien qu'une modification peut s'étendre progressivement et qu'une mutation générale peut apparaître après s'être propagée de proche en proche. Aujourd'hui, ce sont donc toutes nos économies, celles dans lesquelles nous vivons, qui sont malades. La conséquence est inéluctable : notre génération a été "salopée" par le marché et celle de nos enfants risque fort de l'être plus encore si nous n'intervenons pas, nous en avons déjà des signes inquiétants.

Le tableau ne sera complet que si l'on ajoute à ces économies celle qui les englobe toutes : l'économie du vivant. Elle est très malade aussi. Elle est en effet victime d'une contradiction majeure entre le capitalisme, qui vise la production infinie de la richesse, et la finitude des ressources vitales qu'offre la Terre. La Terre n'en peut plus, elle ne cesse d'émettre des symptômes d'épuisement : réduction de la diversité des espèces, risque accru de pandémies, épuisement des ressources naturelles, pollutions irréversibles diverses, inexorable réchauffement climatique aux conséquences encore incalculables, surpopulation... On voit donc les plus grands défenseurs du libéralisme dérégulé manger leur chapeau en public : après avoir exigé la privatisation des gains, ils supplient de passer à la socialisation des pertes.

Il est possible, quoiqu'incertain, que ces injections massives de capitaux publics puissent, à terme, stabiliser le système bancaire. Mais ce qui est impossible, c'est qu'elles résolvent les considérables dégâts causés dans les autres grandes économies humaines par l'effet transductif de cette idée folle qui s'est emparée du monde depuis une quarantaine d'années. Nous sommes donc à un seuil : il faut non seulement secourir l'économie marchande, mais aussi et surtout porter remède à toutes les grandes économies humaines menacées de collapsus par un principe toxique qui a été présenté comme panacée universelle. Il faut en finir avec la croyance que les intérêts égoïstes privés s'harmonisent par autorégulation spontanée.

La providence divine qu'on invoque depuis les origines du libéralisme n'existe pas. Les hommes ne peuvent s'en remettre à un supposé mécanisme invisible, qui ferait les choses pour eux et mieux qu'eux. Il ne faut pas "laisser faire". Il faut au contraire que les hommes interviennent. Il faut qu'ils régulent leurs activités par eux-mêmes, sinon la régulation se fera au profit de certains intérêts privés plus forts que d'autres, métamorphosant la cité en une jungle, cependant que ses habitants seront tenus de se transformer en joueurs pervers.

Il ne s'agit sûrement pas de se débarrasser entièrement et sans autre forme de procès du libéralisme. Car il nous a amené de très appréciables bienfaits par rapport aux systèmes antérieurs : libertés individuelles et élévation globale du niveau de vie (en dépit de l'accentuation des inégalités). Il s'agit plutôt de se débarrasser de ses effets pervers qui, en devenant envahissants, ont rendu ce système contre-productif. On souhaiterait donc entendre nos décideurs faire des propositions allant en ce sens. Le retour d'une confiance minimale est à ce prix.

Dany-Robert Dufour, philosophe, université Paris-VIII,
Collège international de philosophie

A méditer..

Je me vois bien payer avec des sesterces en zone Parisii..
Ah, les bienfaits de l'Europe!

USAID et la « nécessité » de la torture Ménardienne

Texte introductif lâchement volé au proprio de la vidéo
Dan Mitrione, policier américain et agent du FBI, a coopéré avec la police de divers pays latino-américains en partageant son expertise dans le domaine de la torture, et a supervisé à l'entraînement de policiers étrangers aux États-Unis, tout cela dans le contexte de la Guerre froide.
De 1960 à 1967 il travaille avec la police brésilienne, à une époque où les emprisonnements sans procès, la torture et les exécutions d'opposants politiques devenaient de plus en plus monnaie courante. Il revient au États-Unis en 1967, à Washington, à l'USAID, pour y partager son expérience et son expertise d'anti-guérilleros. En 1969, il débarque en Uruguay cette fois, toujours, sous l'USAID, afin de superviser l'Office de Sûreté Publique.
Depuis quelques années alors, le gouvernement uruguayen devait faire face à une économie chancellante, à des grèves ouvrières et des mouvements étudiants, ainsi qu'aux Tupamaros, un groupe de guérilla urbaine marxiste hautement sophistiqué et bénéficiant d'une large faveur populaire. L'OPS aidait la police locale depuis 1965, lui offrant entraînement et armes. La torture était selon toutes apparences déjà employée dans les années 60, mais l'arrivée de Dan Mitrione aurait eu pour conséquence son utilisation à grande échelle. On lui attribue d'ailleurs souvent la citation suivante: "The precise pain, in the precise place, in the precise amount, for the desired effect." "La douleur juste, à l'endroit juste, en quantité juste, pour l'effet désirée."
Alors que l'emploi de la torture s'amplifia et les tensions en Uruguay montèrent, les Tupamaros enlevèrent Dan Mitrione en 1970. Il fut interrogé sur ses activités secrètes, puis exécuté après que les rebelles aient essuyé quelques contre-coups. Le film L'etat de Siège (1973) de Costa-Gavras est entièrement basé sur ces faits,

16 octobre 2008

L'Europe ou l'odyssée de la bêtise



Le CGB a bien sûr décidé de participer à ce superbe concours européiste sponsorisé par les fonctionnaires en Scenic de l'Education Nationale, propriétaires depuis l'âge de 25 ans d'un pavillon dans une banlieue cossue.

Lecteur du CGB, toi aussi tu peux envoyer tes vidéos à ces ectoplasmes à cornes... Il faut paralyser ce concours de merde (et pourquoi pas un jeu avec Reich-Orgasme-Rillettes tant qu'on y est...), cet embrigadement de masse fait avec l'argent du contribuable.

Tutoriel pour gagner 1/2 million d'euros publics en période de crise:

Alors d'abord, faire un rectangle blanc :



ensuite, rajoutez la touche qui ferait passer Malevitch pour un artiste psychédélique



Et encaissez... 135.000 euros auquel il faudra rajouter "12 à 13.000 euros par agence pour installer les logos", sans compter les "discussions avec les mairies pour changer les panneaux d'orientation".
Alors pour ce prix, rajoutons ceci...



C'est cadeau.

SOURCE

Et une question: combien a coûté le séjour de Léonard de Vinci à la France en euros, juste pour comparer...