6 mai 2020

Gens qu’on aime : les Inconnus


Je vous entends soupirer. Je vous vois lever les yeux. « Quel intérêt y a-t-il à écrire un hommage à ce trio comique parfaitement connu de tous ? ». Précisément, le propos est de faire observer que malgré toute sa célébrité, la troupe que formèrent Bernard Campan, Didier Bourdon et Pascal Legitimus n’a pas la reconnaissance qu’elle mérite à mon humble et infaillible goût.

On prend bien la peine de déplorer que la Légion d’honneur soit attribuée à M Pokora, Mimi Mathy ou toute autre chiasse dont l’apport à la culture est négligeable voire déficitaire. Alors soyons cohérent : scandalisons-nous qu’une France digne de ce nom n’ait jamais songé à sacrer nos Inconnus Chevaliers des Arts et des Lettres. Car je l’affirme : ils laisseront après eux une œuvre bien plus qu’amusante : conséquente, populaire, et à la fois parfaitement perspicace sur son temps.

Il convient tout d’abord de remarquer comme cette œuvre a résisté au temps. Pour s’en convaincre, il suffit de visionner n’importe lequel de leurs sketchs télé et de le comparer à un Journal des Nuls, leur concurrent et mètre étalon exactement contemporain. D’un côté nous avons une satire finalement assez rare de la vulgarité médiatique et sociétale ambiante, de l’autre une simple débilité joyeuse, délire d’initiés et forts effluves d’années 80-90 dont le mérite qui subsiste est d’inaugurer la longue série d’humoristes dyslexiques que Canal+ saura produire à merveille par la suite. Chez Les Nuls, on cultive la nullité ; chez les Inconnus, on la déplore, on la démasque. Une dénonciation toujours faite avec le sourire, mais belle et bien présente et incisive.

2 mai 2020

Vol et brigandage à travers les âges

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Vol et brigandage au Moyen âge est un livre à recommander aux amateurs de la petite Histoire. Par l’étude d’archives judiciaires de différentes villes françaises, il raconte comment vol et voleurs ont été perçus, considérés, organisés et sanctionnés au long de cette période.

Il est intéressant de voir que la définition sociale du vol évolue au fil des siècles. Au début du féodalisme, le vol est fortement attaché à la nuit et à la notion d’obscurité dans laquelle il est commis. On vole de nuit, et par extension symbolique, on vole dans l’ombre, “dans le dos” de la société. L'acte de trahison et de fourberie est ce qui constitue la gravité fondamentale du crime, plus que la matérialité, l’objet du vol ou la valeur du bien volé. Ce qui est incriminé, c’est avant tout la rupture de confiance, la rupture d’un pacte social établi sur la loyauté au seigneur, et à la communauté.