27 janvier 2012

Exclu CGB : la nouvelle certification qualité pour l’Histoire

Nous avons l’honneur d’annoncer en avant-première l’obtention par le génocide arménien de la toute nouvelle certification qualité mise en place par la France :


Cette nouvelle norme permet de certifier le caractère génocidaire des exactions commises par l’armée turque à l’encontre des populations arméniennes en 1915, et de poursuivre pénalement toute personne ou association de personnes remettant en cause cette Vérité.

Le Génocide arménien©, avec l’Holocauste©, sont pour l’heure les deux seuls massacres ayant rempli les critères qualité imposés par la France. On sait déjà que plusieurs pays se sont montrés intéressés par la démarche et ont soumis leurs atrocités à l’étude. J’ai nominé :
- les Etats-Unis, pour le génocide amérindien,
- le Cambodge, pour le génocide khmer,
- le Rwanda pour le génocide tutsi.

Cette démarche qualité ne devrait pas s’arrêter là : la France prévoit de décliner différentes normes sur le même modèle, afin de certifier :
- les Grands Hommes,
- les Moments de Joie Historiques,
- les Heures les Plus Sombres de l’Histoire,
- les Œuvres Artistiques et Culturelles Relevant du Génie.

« L’idée n’est pas seulement de poursuivre les négationnistes, nous a confié le porte-parole du Ministère des Idées à la Con, « mais également les rabats-joie ».

« Je suis désolé, mais entendre en 2012 que les Beatles ne sont pas le plus grand groupe de rock, que Léon Blum est un escroc, que l’œuvre de l’artiste Ben ne vaut rien, ou encore que la Coupe du Monde de 98 nous a laissé de marbre est proprement intolérable. Une fois ce travail de certification effectué, l’Histoire devrait nettement gagner en clarté ».

26 janvier 2012

Les Liaisons dangereuses Mise en scène John Malkovitch : une pièce pour nous les hommes

Je suis du genre à faire la tronche, quand ma femme me force à aller au théâtre… Je suis du genre à faire la gueule, quand en plus, j’apprends que c’est à l’occasion de l’anniversaire de sa mère. Soirée tenaille en perspective… « On va voir quoi bordel de merde ? Qu’est ce que j’ai fait pour mériter ça ? » Ça y est, elle aussi maintenant, elle fait la gueule… « Les Liaisons dangereuses connard ! Mise en scène de John Malkovitch, je te l’ai déjà dit y’a un mois ! » Direction le théâtre de l’Atelier. Il pleut. Et en plus, faut qu’on prenne ce putain de métro…

Arrivés au théâtre, je me fige devant l’affiche du spectacle : une nana dénudée consulte son smart phone, un mec flou torse poils en jean à l’arrière plan, portable à la main. « Putain, c’est un putain de traquenard ! C'est quoi cette merde où y s'envoient des SMS ! J’espère que c’est pas une saloperie de comédie musicale, ou une version genre nivelée par le bas, un sitcom, une putain d'expérience pédagogique pour les putains de djeuns » Ma meuf répond pas. Elle ne parle déjà plus qu’à sa mère…
On prend place. Le rideau de l’Atelier, c’est trois espèces de planches en bois. Pas totalement baissé, on voit les comédiens se préparer à monter au feu des tirades. Y’a notamment un jeune en costume XVIIIème sur scène, qui joue les rappeurs, mp3 dans les oreilles. « C’est quoi ce connard merde ? Il est tellement complexé d’être en bas qu’il joue les gangsta West Coast style ! » Ma belle mère demande à ma femme ce que je raconte. Elle répond : « Rien, il dit qu’il est opprimé et oppressé, car c’est une œuvre féministe. » L’un des comédiens s’avance ; la laquais de service, qui fera également office de chœur antique à lui tout seul ; il nous rappelle que la troupe souhaiterait l’extinction complète des portables. On y reviendra, mais chut, déjà ça commence…

Sur scène, personne en coulisses ; tous les comédiens sont là, assis sur des chaises, ménageant un demi-cercle pour l’action. Scène d’ouverture, deux femmes, dont l’une porte pantalon. Forcément Merteuil… L’autre, c’est Madame de Volanges, la mère de la jeune Cécile, cette innocente oie blanche qui fera les joies de nos champions de la vengeance sur canapé ; « totalement dénuée de personnalité et de moralité », à ce titre absolument « délicieuse » pour Madame la marquise… Valmont débarque, en jean et redingote. Beau gosse à double mèche, bel âtre pour midinettes, du genre gendre idéal, l’attrape belle mère idéal, et du genre à avoir suivi Mesguich en master classe… Je sens que je vais souffrir la comparaison, je connais même pas Mesguich… Mais je remarque de suite sa voix aux faux airs de Pierre Palmade ; je ne me rendrai pas sans combattre, sans quelque coup d’éclat ni botte secrète.
Coups de regard aux comédiens qui attendent leur tour de rôle. Une rouquine de feu nous explose le fond de l’œil. Habillée légèrement, qui porte lunettes comme une secrétaire, un je ne sais quoi qui vous donne l'intuition que vous l'appelleriez "Maîtresse !" dans l'intimité. Mon cerveau reptilien prend le relai. Après tout, au pied de la Butte, c'est Pigallos. Les comédiens se chauffent. Un peu froids à l’allumage, ça bafouille le texte, ça pose pas forcément bien sa voix. Mais ça passe. Bon. Le temps aussi. Philosophe, je m’y fais…

Dans culture il y a cul
Sur scène, ça sort des tablettes numériques, des smart phones. L’anachronisme jure pas. Nous sommes la société de l'épistolR. Et y'a du corset. Du rythme. Le texte, parfaitement jouissif. Valmont photographie sous les jupes de la Volage, non pas elle, la mère, la Volanges. Voyeur, je ricane dans mon coin, dans la pénombre, à mon siège. La cruauté des maîtres du jeu, Merteuil et Valmont, mélange de raffinement et d’une jubilante légèreté, produit son effet : comique. J’ai une pensée pour Sade, alors que Valmont se met au lit avec la petite rouquine maintenant en déshabillé transparent. La paire est belle, sans P.I.P. ajouté ; des vraies hanches de reproductrice, et une toison qui vous révèle que non, ceci est bien sa couleur naturelle. Elle a eu accès au prés. ça a gambadé dans les prairies. Valmont la taquine en levrette tandis qu’il lui dicte sa première lettre d’amour à l’attention de la jeune Cécile ; la ponctuation à grand renfort de coups de boutoir au sein d'elle… Valmont la met face public ; touché mammaire. Il la flatte, la pelote, la lutine. Elle aime ça. Une récompense. Une soirée délectable, en rythme de croisière. On tourne avec délice les pages de ce livre de cul à ciel ouvert. C’est vraiment chouette la cul-ture. J’ai l’œil qui frise…

Valmont, fléau à gonzesses, frénétique, un forcené, LE queutard. Foutre de Dieu ! Carnage, carnassier, carnivore, faiseur de carcasses prises de passion. Éprises, prises et reprises... Cécile passe pas à l'as. A la casserole. Pas de quartier, l'éducation sentimentale au kama sutra. Plus deux ou trois mots de latin, cum lingus.
Les gambettes des actrices volent de partout. Madame de Tourvel se fait encore prier, agrippée qu'elle est à sa ceinture de chasteté. Elle nous envoie balader en entracte après une belle envolée lyrique. Cette pièce, c’est pas du ciné, mais y’a une BO. Haendel for ever.

Quand j'entends le mot culture, je bande
Reprise. Belles neuves. Non, mais Jina Djemba, russo camerounaise à tomber qui campe notre Madame de Tourterelle, finit par relever ses jupons. La jambe est mate, belle, bien galbée. Valmont au 7ème ciel, nous, on chante dans le chœur des anges… Au moment de la rupture, Valmont la malmène, la violente. Tourvel gise en bustier rose, ses tétons, à moitié de sortie.
Après la nudité, le dénuement ; dénouement. Valmont a juté dans tous les cons présents. A Danceny de céder. La séduction gay, mais virile ; on va croiser le phallus. Après la jute, la joute. Cascade. Théâtre cape et d’épée. Valmont bande mou, puis plus. A vécu par le vît, périt du phallus de fer d’un rival. Justice immanente et épilogue.
Le laquais s’emploie à la tirade de conclusion. On en pleurerait pas, mais, un portable sonne, là, dans le public. Super connasse refuse l’appel, hyper gênée. Le répondeur rappelle. Le cauchemar de connerie remet une minute à retrouver son portable qu’elle venait de mettre une bonne minute à trouver, y’a pas trente secondes… La connerie prend parfois des airs d’absolu.
Fin de la pièce. Salut au public. Malkovitch se joint aux comédiens. La petite troupe toute riquiqui. John c'est du ceinture noire en vicomte de Valmont.

Au resto, ma belle mère me demande si j’ai aimé la pièce. « J’ai adoré. » Les Liaisons dangereuses mises en scène par John Malkovitch, on ne saurait trop conseiller à tous les mecs d'emmener leur femme au théâtre.
Retour maison : « On baise chérie ?

25 janvier 2012

O tempora, O Morin


Il est des jours où toute volonté vous abandonne. Le monde est trop lourd, il résiste trop, vous n'en pouvez plus. Vous avez envie de tout laisser tomber et de devenir sourd, et qu'on vous foute la paix. Mais le découragement vous a déjà trop atteint, vous n'avez même plus l'énergie pour tout envoyer au diable. Alors vous glissez sur le canapé, pétrifié, les bras de plomb, paumes en l'air, dans l'hébétude finale.
Ces grands découragements suivent souvent une révélation, une nouvelle plus affligeante encore, une énième manifestation de l'invincible merde où nous sombrons. Pour moi, ça a été la découverte de CETTE VIDEO. Après ça, que reste-il à démontrer?


24 janvier 2012

Gangsta signs


Le changement, c'est maintenant: le signe de... par francoishollande

Le Haka du Parti socialiste. Parrain represent' à 00.14.
Finalement le ridicule n'est pas réservé aux Jeunes Pop de l'UMP.

23 janvier 2012

Mobilouze déguisements de campagne


Second pan du programme de propositions CGBiennes pour la présidentielle de 2012 : Interdire les déguisements de campagne électorale.


Sans-papiers, Sans-papières, Françaises, Français, Souchiens!

Afin de préserver les nerfs des travailleurs, de ne pas donner un exemple désastreux aux enfants et de faire cesser un foutage de gueule devenu rituel, les candidats à toute fonction élective auront interdiction formelle de visiter une usine, une étable, un hôpital, une salle de gym, un igloo, un asile de nuit pour clodos, une MJC de banlieue, un porte-avions nucléaire, un marché aux fleurs, une boulangerie, un centre d’écoute pour les femmes battues. Les lieux où l’on travaille et les lieux de souffrance seront ainsi préservés du Spectacle et des plans Com.



Le personnel politique devra continuer de vaquer à ses occupations ordinaires et n’apparaître médiatiquement que dans ses atours quotidiens. En campagne électorale, il devra s’ébattre comme à l’accoutumée (restaurants de bonne qualité, bureaux Louis XVI, voitures de haut de gamme, champs de courses huppés, universités prestigieuses, gentilhommières discrètes, résidences princières etc.). Il est temps que le personnel politique assume son identité et qu’il se montre en toutes circonstances dans ses propres habits.


Les images de propagande seront donc strictement encadrées de façon à empêcher que des mensonges grossiers ne fassent une réputation d’homme du peuple à un énarque, une gloire militaire à un ancien aspirant du Train, un renom de rebelle à un apparatchik patenté, maniaque des motions majoritaires et de la discipline de vote. Les officines publicitaires et les conseils en image seront donc tenus à une position révolutionnaire : dire et montrer la vérité.


Si le spectacle des conditions de vie des candidats devait faire tomber le taux de participation des citoyens en dessous de 20%, les candidats concernés seraient immédiatement passés par les armes, afin de garantir un retrait de la vie politique total et sans repentir.


22 janvier 2012

Attention : zone sous le feu des Pseudonymous


Pour Franz-Olivier Giesbert, la fermeture de Megaupload par le FBI est une bonne nouvelle. « C’est de la démagogie de protester contre cette fermeture », s’est-il indigné sur le plateau du Grand Journal. Pour notre encarté de la presse à chevelure d’argent, « c’est du vol », « ça détruit des dizaines de milliers d’emploi », « ça coûte 500 millions de dollars en droits d’auteur ». Et pour un peu, FOG prendrait la roue de l’Elysée, dont le communiqué publié aux alentours de minuit vendredi 20 janvier disposait : « La lutte contre les sites de téléchargement direct ou de streaming illégaux, qui fondent leur modèle commercial sur le piratage des œuvres, constitue une impérieuse nécessité pour la préservation de la diversité culturelle et le renouvellement de la création. » On n’aurait su trouver meilleurs arguments pour encourager le téléchargement illégal…

A un moment, on avait cru l’art en danger. Non, pas de panique, il s’agit de préserver la diversité culturelle et le renouvellement de la création. L’art faisande depuis un siècle dans des mausolées de verre…
Diversité culturelle en danger. Renouvellement de la création menacé.
Où ça ? Quoi ça ? Chez nous ? Depuis l’Hypermarché ? La société Recherche & Développement de l’obsolescence organisée, de l’innovation perpétuelle ? Cette monarchie où la mode règne, reine, nous intimant chaque seconde de manger de la brioche ? Cette matrice qui nous promet le tous artistes et l'argent facile avec ? Cette caisse enregistreuse crée les besoins comme l’artiste contemporain pisse incontinent sur les boîtes de conserve conceptuelles.


Nous sommes les monstres infantiles que vous avez enfantés


Nous avons grandi, nourris au sein des machines : hifi, télé, ciné. Les crocs, rendus accros dès tout petit au divertissement, au loisir, à la consommation culturelle, aux coupures. Bombardés, disloqués. A 3 ans, tu touches à ton premier film d’animations ; à 8 ans, c’est les premiers disques, à 15, c’est la carte UGC ; impossible de décrocher (à résilier). T’es foutu. C’est à vie. Perpette. Camé. Manque permanent. Boulimique. Fétichiste. Quand ça s’arrête, tu t’ennuies, tu déprimes, c’est la mort, bientôt. T’oublies jamais. C’est un ordre ; tous les soirs au JT : ciné, scud, concert, à voir, à entendre, à vivre, absolument ; ça deale ; c’est TF1, M6, Canal qui coproduit, tu comprends ? Mais faut pas confondre, c’est pas de l’autopromo. C’est pas parce que le crime profite. On se fait une toile ? Elle est où l’araignée ? Elle est là, elle a faim. 10 euros la place. Un budget. Et le popcorn putain. Mangez car ceci est ton corps. Jamais repus. Nous sommes les ogres, les gloutons, les carnassiers de l'abondance. Les dévoreurs d'éternité. Le téléchargement est une nécessité.


We see u, we know u


La seule question qui vaille : t’as la maille pour ton fix ? Du lait à traire ? Les moyens ? Comment y va ton pouvoir d’achat ? Les plans sociaux s’amoncellent sous le soleil des majors américaines et des Studios Canal. Le taro de l’énergie flambe (essence, électricité, gaz), les prix des produits alimentaires s’envolent, mais il faudrait qu’on paye jusqu’à la lie, jusqu’au trognon, au sang. Jusqu'à l'os. Les démagogues, c’est nous. 500 millions de dollars dans la nature, rendez-vous compte, rendez-leur compte ; une goutte d’eau dans l’océan des déficits. 500 millions, dont 95 % iraient directement dans les poches des maquereaux/promoteurs de ce néant culturel, pas plus qu’un bourdonnement, dont l’objet est de nourrir la bête, surtout pas votre esprit critique, et dans les fouilles de leurs meilleurs tapins, peoples à l’aise, toujours prêts à s’outrager, à s’outrancier pour de grandes questions de société. Les artistes ne rêvent plus que d’un public de clients. Mercenaires. Collabos. Indics prêts à balancer à la brigade financière, pour un petit billet de plus, une petite pièce envers et contre tout, votre bon coeur surtout. Disques, concerts, DVD des concerts, promo TV, interviews monnayées, pub, on ratisse pourtant large… C'est sûr, ça peut sortir les violons sur les sans-pap, la Palestine, et la disparition du thon rouge en sushi.
Ça leur suffit pas de faire du blé en semant de la merde, de vivre et prospérer, de spéculer sur du caca. C’est pourtant beau déjà non ? Non, y veulent la thune, toute la thune. Xavier Niel, volailler à larmes à l’œil, a eu le cœur de nous le rappeler lors du lancement de Free mobile : « C’est vous les pigeons. » Le téléchargement illégal est une résistance.


Anonymous ou Big Bro


Mais quand tu télécharges Brel, tu voles qui ? Sa maison de disque ? C'est qui ? C'est quoi eux ? Ses ayant-droit ? Peuvent pas tafer ? Si la diversité culturelle est menacée, c’est par les firmes de l’entertainment et leur fordisme appliqué à l’art. La menace vient de la source. Il n’y a qu’à compulser les hits au box office, où le même succède inlassablement au semblable ; blockbuster revu 1 000 fois qui allume comme à la foire. FOG, tu crois qu'on paierait pour ça ? Le prêt à divertir, le produit culturel de masse, prêt à consommer en conversations de salon, de saloon, c’est tout le cœur de métier de notre société. Qualité oublie : une chanson bien sur l'album ; 20 euros la bouse ; cash ou CB. Avant, l’artiste préexistait au marché. T’occupe, occupe-toi, divertis-toi. Dors. Mais insomniaques, on regarde les épiciers de la culture nous marchander en courant continu les mêmes têtes de con de gondole à la critique feutrée, la subversion courtisane. Ils nous dégueulent comme vache qui pisse leur propagande à effets secondaires : égoïsme, indifférence, anxiété ; peut provoquer des troubles de la personnalité. Le téléchargement illégal est un moindre mal.


Masque de clown à visage humain


FOG, putain de brouillard démagogue, et son minable petit chantage à l’emploi. Pour un peu, il nous aurait presque promis la disparition du chômage grâce à la fermeture de Megaupload. Pas étonnant, qu’a contrario de cette démagogie brute, les Anonymous incarnent aujourd'hui une espèce de dernier baroud d’honneur libertaire et anarchique ; enfants gâtés. Mais contre les sheriffs disney-xiques qui somment le Wild Wild Web de se rendre, il faudra plus que du bris ponctuel de vitrines virtuelles. On vous promet la cyberguerre comme un nouveau divertissement ; dommage, elle devrait dégénérer en ultime lutte pour la défense de la liberté. Le droit repousse sa frontière dans le World Wide West. Un domino tombe : exclusion de responsabilité dans les conditions générales d'utilisation de Megaupload, fourniture des fichiers de flux, poursuites pénales contre chaque pirate, puis chaque téléchargeur, on peut rêver les yeux ouverts au premier procès hypermondialisé...
Qu’est-ce que le téléchargement illégal ? Un mode de survie en société d’hyperconsommation ; loin d'un engagement politique. Troc, échange, partage, entraide, joués contre profit et séparation ; pas dénué de morale. Las Zetas, les Anonymous, une tête de pont ? Au Cultural, on est trop nul en informatique pour faire Anonymous dans la vie. Mais rayons Azer en main, nous sommes les Pseudonymous.

20 janvier 2012

Mobilouze la Justice et les Libertés



Premier pan du programme de propositions CGBiennes pour la présidentielle de 2012 : une réforme en 6 points de la Justice et des Libertés individuelles et religieuses.

Assister la Justice par la téléréalité

Réhabiliter les bourreaux

Imposer des quotas ethniques dans les prisons

Responsabiliser les avocats

Créer un permis civique à points

Instaurer la « tournante religieuse »


1. Assister la Justice par la téléréalité
Tout le monde s’accorde à le dire : le système judiciaire français est débordé par la recrudescence des petits et moyens délits. Chaque année, près de 80 000 cas ne sont pas traités faute de moyens. L’idée : confier une partie du pouvoir judiciaire à France Télévisions, à travers une émission de téléréalité diffusée quotidiennement en prime-time.
Le principe : l’émission « J’accuse » invite le téléspectateur à dénoncer un voisin ou un proche parce qu’il pense que ce dernier a commis une infraction. Donner son nom à l’antenne lui rapporte 100 €. Donner son adresse, 100 € supplémentaires. Il n’a pas à prouver ses accusations, en revanche l’Accusé est tenu de prendre son téléphone pour se défendre en direct (0,33 €/min) ; s’il ne réagit pas, un envoyé spécial vient le trouver et lui demande de prouver son innocence.
Lorsque le cas est complexe, Accusé et Accusateur sont invités à s’expliquer dans l’émission du lendemain. Le public et les téléspectateurs votent par SMS surtaxé « coupable » ou « innocent ». S’il est jugé coupable, l’accusé peut faire appel (surtaxé également) et s’expliquer une nouvelle fois la semaine suivante, mais sa photo et les accusations sont diffusées à l’antenne et sur internet. Si l’accusé réussit à s’innocenter, il gagne 10 fois la mise promise à l’accusateur. Les accusations resteront malgré tout en ligne sur Internet, terre de toutes les libertés.
« J’accuse » donnera naissance à un nouveau type de peines dites « de réputation », qui auront pour effet de limiter les cas à traiter par les systèmes judiciaire et pénitentiaire traditionnels. Pour limiter le risque d’erreurs, le jury de l'émission sera composé d’experts tels que Robert Badinter, Maîtres Collard et Vergès, ou encore Marianne James et Manu Katché. Ils approfondiront le débat sur les grandes questions pénales qui passionnent les Français.


2. Réhabiliter les bourreaux
D’où provient la criminalité sinon d’un système pénal insuffisamment dissuasif ? Le CGB propose de simplifier l'échelle de légalité des peines et de revenir aux bonnes vieilles recettes de la loi du Talion. Longtemps décriés, les châtiments corporels, et avec eux les bourreaux préposés à leur exécution, ont pourtant su maintenir une relative discipline pendant des siècles. Alors pourquoi changer une équipe qui gagne ?
D’après nos calculs, réhabiliter les bourreaux générera 40 à 60 000 nouveaux emplois. Les bourreaux bénéficieront d'un statut légal (5 ans non stop et retraite dorée pour service rendu à la Nation). Une section spéciale Recherche & Détection sera créée au sein de Pôle Emploi, et travaillera en coordination avec le réseau Youssouf Fofana pour recruter les meilleurs potentiels. Solide expérience SM exigée. Aussi, une partie des postes sera réservée aux seniors, vétérans de l'Algérie et de l'Indochine, qui ont un véritable savoir-faire à partager et qui trouveront là un complément de retraite intéressant.
Notre bourreau postmoderne et hyperfestif (uniforme en vinyle, menottes, éventuels amendements concernant des plumes dans le cul…) disposera d’une palette variée de châtiments allant des coups et blessures au sexe imposé, qu’il appliquera toujours dans le respect de la personne, concluant systématiquement ses gestes d’un « Je m'excuse ».
Le châtiment corporel sera infligé prioritairement au type de délinquants suivants : tagueurs, magistrats ayant relâché un récidiviste, porteurs de pantacourts, pleureuses professionnelles issues d’associations subventionnées, violeurs ou autres pervers...


3. Imposer des quotas ethniques dans les prisons
L’affaire Zemmour aura mis en relief un véritable problème de la société française : le préjugé selon lequel « la plupart des délinquants sont noirs ou arabes ». Pour extirper ce sentiment des mentalités, nous proposons d'établir le principe d’égalité dans les geôles françaises et de veiller à ce qu’elles accueillent chaque ethnie à part égale.
Pour y parvenir : les forces de l’ordre devront contrôler systématiquement les individus de type caucasien et asiatique et toucheront une prime pour leur incarcération. Parallèlement, plusieurs mesures seront prises pour encourager la délinquance au sein de la population blanche et augmenter sa part dans la population carcérale.
Les criminels de types nord-africain et sub-saharien se verront quant à eux imposer des ateliers d’écriture hip hop ainsi qu'une libération conditionnelle avec obligation d'exercer la profession de chanteur en plus de leurs activités illégales. Ils pourront ainsi sortir des statistiques de la criminalité et être comptabilisés comme « gangsta rappeurs » (statut rattaché à celui d'intermittent du spectacle).


4. Responsabiliser les avocats
Notre constat est simple : le métier d’avocat est vraiment un métier de pute. Une république présidée par l’idée de justice ne saurait tolérer cette profession sans la réglementer sévèrement.
Notre proposition : la mise en place pour les avocats d'un système d'intéressement à la peine prononcée. Lorsqu’ils perdent le procès de leur client et que celui-ci écope d’une amende ou d’une peine de prison, l’avocat devra exécuter une partie de la sentence, à hauteur de sa rémunération. Les clients les plus fortunés pourront, moyennant finance, faire exécuter la totalité de leur peine à l’avocat.
Par décence, le Ministère de la Justice publiera également une liste de biens qui seront interdits à l’acquisition par un avocat : montres de luxe, cigares, appartements de superficie supérieure à 50 m2, Audi TT ou autre coupé, etc.


5. Créer un permis civique à points
Les technologies, trop nombreuses, les biens de consommation, pléthoriques, les styles vestimentaires, bigarrés, les choix de vie, trop variés… entraînent mécaniquement une perte de repères pour le citoyen et multiplient inutilement les occasions d’être un gros con.
Pour redynamiser la responsabilité des individus, nous proposons un procédé de dressage citoyen basé sur la récompense, calqué sur celui dit de Pavlov. Le principe : un ingénieux système d’examens obligatoires biannuels de culture générale et d’épreuves sportives, permet aux citoyens de gagner leurs droits civiques à hauteur du capital de points cumulés. En fonction du score obtenu, on obtient le droit de vote, le droit de regarder la télé, le droit de posséder une voiture, le droit aux boissons alcoolisées, le droit de voyager, d’avoir un enfant, ou encore le droit pour les personnes âgées à repousser la date d’euthanasie programmée par la Sécurité Sociale.
Les points peuvent se cumuler à l’intérieur d’une famille, pour créer une émulation : on espère par exemple que la famille Gromuche pousse ses enfants à étudier pour obtenir le droit de regarder Nikos Aliagas. Les cons ont leurs chances grâce à la prise en compte des performances sportives.
Ce système doit permettre l’établissement d’une société méritocratique et l'assainissement du peuple français par sa compréhension imposée du mot devoir. A terme, la société s’équilibrera et se dégageront : une élite (intellectuels sportifs), deux couches moyennes (les 100% intellectuels et les 100% sportifs), une petite couche de misère (les cons non sportifs).
A noter que le permis civique à points sera une sorte de « monnaie légale » : en fonction de son capital de points, un citoyen pourra obtenir raison contre un autre moins pourvu, ou réclamer des droits sur les biens de celui-ci.


6. Instaurer la « tournante religieuse », ou religion obligatoire alternée
Depuis quelques temps on le voit : la laïcité est dans l'impasse. Une solution simple pour concilier les différences et améliorer le vivre-ensemble : que l’Etat contrôle les cultes et les rende obligatoires à tour de rôle.
Ainsi, tout le monde sera tenu d'être musulman pratiquant l'année française de l'Islam, puis juif orthodoxe l'année française du judaïsme, catholique intégriste l'année suivante, anticlérical viscéral l'année suivante… Puis viendront le tour des principales sectes que compte le territoire français…
Pour les contrevenants à la religion obligatoire alternée, est prévue la création d’une police d’Inquisition dirigée par Caroline Fourest. Lors d’une première infraction constatée, le délinquant sera mis sous tutelle d’un nutritionniste qui lui imposera le cumul des interdits alimentaires de toutes les religions à la fois (jeûne du Ramadan, de Pâques, de Pessah, viande halal obligatoire mais interdite à la vente, porc obligatoire mais interdit à la vente, sacralisation des vaches…). En cas de récidive, la police d’Inquisition se référera au code pénal historique de cette institution millénaire.

Se poursuivre avec un balais entre les jambes

...un nouveau droit de l'homme (enfin, du fan d'Harry Potter).



Non, ce n'est pas un concours de branlette sur gazon synthétique!

17 janvier 2012

Radio CGB Batpat j'écoute


- Radio CGB Batpat j’écoute
- Oui bonsoir Monsieur Batpat. Je m’appelle Robert. J’adore vraiment ce que vous faites, tous les billets là, sur ce site des zeuresléplusombres. J’ai moi-même été élevé au Claude François et à Dalida, deux piliers dont vous conviendrez que…
- Certes.
- Oui, euh, bref.
- Bref. Il me dit bonsoir, je lui dis bonsoir. Le chat lui dit bonsoir. Il dit bonsoir au chat. Il me regarde. Je le regarde. Qu’on m’amène ce putain de Kyan Khojand. Je lui ferai bouffer son putain de système digestif…
- Oui oui, il le mérite, plus personne ne peut plus dire bref, sans qu’un ahuri ne vous fasse la blague. Vous-même vous n’arrêtez plus et…
- Bref.
Batpat t’écoute. Alors tu fermes ta putain de gueule.
- Oui euh… C’est assez contradictoire, me voilà confronter à un dilemme et je ne saurais me résoudre à vous déplaire en rien, donc…

- Robert, Robert, Robert, tu devrais en finir avec ces grands airs… J’ai ma hache fétiche sous la main, je pourrais bien couper la communication Robert. Robert, est-ce que tu comprends ce que je te dis ?
- Oui, euh, bien. Euh, vous paraissiez plus sympa à l’écrit. Bon, bref, bien ! Bien je voulais dire bien ! Bien. Bien, il se trouve que je suis tétraplégique, mon épouse tient pour moi le combiné du téléphone, et…
- Tétraplégique ? Comme dans le film Intouchables Robert ?

- Euh, oui, justement…
- Ah, attention Robert : pas de bras pas de chocolat !
- C’est ça, c’est ça !
- Ah, non, n’insistez pas Robert, pas de bras pas de chocolat ! AAAAAAHAHAHAHHAHAHAHA. Oh la crise de rire Robert. Robert ? Vous êtes toujours là ?

- Déjà 18 millions… Sans compter les copies pirates, le téléchargement illégal…
- Robert, vous n’êtes absolument plus cohérents. Nous qui croyions François Cluzet lorsqu’il déclarait au 20 heures de la flamboyante Claire Chazal, cette superbe blonde qui apprendra peut être un jour à articuler, à coup de barre à mine dans la mâchoire peut-être, que les handicapés avaient un cerveau qui fonctionnait, qu’ils étaient des êtres humains, aussi…

- Pas de bras, pas de chocolat.
- Oui Robert ? Vous faites le perroquet c’est ça ?
- C’EST TOUTE LA JOURNÉE QUE LES GENS ME FONT LA BLAGUE PAUVRE CRÉTIN ! PAS DE BRAS ! PAS DE CHOCOLAT ROBERT OH LA RIGOLADE ! ALLEZ VOUS FAIRE ENCULER ! TOUS PUTAIN DE VOS RACES MAUDITES ! C’est ça votre intégration des handicapés hein ? Vous croyez que ça nous fait marrer nous ? Qu’on se trouve pas salis le soir quand on s’est foutu de votre gueule comme ça toute la saloperie de sainte journée ? Maintenant tout le monde se sent décomplexé : tiens un handicapé, on va l’insulter pour bien lui montrer qu’on est pas du genre de ceux qui discriminent. Oh, un fauteuil roulant : alors ça roule Connard ? Je peux t’appeler Connard hein, t’es un handicapé mais t’es un homme quand même et un homme ça se fait traiter de connard c’est forcé. Et le chocolat, ça me fiche des plaques et ça me fait grossir. J’ai beau être tétraplégique, je surveille ma ligne. J’EN VEUX PAS DE VOTRE PUTAIN DE CHOCOLAT !

- Dans la série les personnes vivant avec un handicap n’ont pas d’humour Robert…
- Tas de cons.
- Robert ? Robert ? C’est compliqué tout de même ces personnes porteuses d’un handicap. Ça veut pas qu’on se moque d’eux, c’est super quand on se moque d’eux, ça veut plus qu’on se moque d’eux...
Bref. Allez, avant le prochain auditeur, laissez-moi vous offrir un petit moment d’éternité avec cette chanson qui ne peut l’attendre. I can’t wait, de Nu Shooz. C’était Batpat, sur Radio CGB.

Le syndrome de la copine chiante bourrée


Monologue extrait du film La maman et la putain. Mis en musique par Michel Cloup et feu le groupe Diabologum.

Bande d'emmerdeuses.

15 janvier 2012

Faites vos courses à poil

Pour le lancement des soldes d'hiver à Lyon, la marque Desigual a mis en place une alléchante opération commerciale. Le concept « venez en sous-vêtements et repartez habillés » consiste à se pointer en sous-vêtements à l'ouverture d'un magasin de la marque et les cent premiers clients repartent gratuitement avec une tenue de leur choix.



Sur le même modèle marketinje, la marque Tampax vient de lancer son concept « laisser aller la chatte au fromage ». Les cent premières vaginales rasées à se rendre complètement à oilpé dans la nouvelle boutique Tampax fraichement ouverte, 18 rue Guy Môquette à Paris, pourront repartir avec un tampax gratuit dans la vulve. L'enseigne précise toutefois « un seul produit Tampax dans le vagin. Notre équipe de vendeurs sénégalais qualifiée vérifiera le contenu de votre sexe ».

13 janvier 2012

Pour 2012, le CGB se mobilouze !


Citoyens, Citoyennes,
Sous-chiens, Sous-chiennes,
Sans-papiers, Sans-papières,

Comme vous le savez, voici plusieurs années maintenant que le CGB prépare, aux côtés de Jack Lang, la présidentielle de 2012. Avec les régions, avec les collectivités, nous imaginons chaque jour les solutions qui pourront faire fonctionner la France de demain. Nous les débattons et les expérimentons sur le terrain.

Parce qu’à l’heure de la crise, le temps n’est plus aux batailles de clochers ni aux clivages. Parce que nous voulons rassembler les Français de toutes origines, de toutes opinions, de toutes couleurs de peau ou presque. Parce qu'ensemble, nous avons le devoir de contribuer au débat citoyen et de faire de cette campagne un véritable espace de dialogue… le CGB ouvrira les portes de son laboratoire politique.


Tout au long de la campagne présidentielle, nous proposerons ici-même des mesures concrètes, d’urgence et de salubrité publique, en vue de construire avec tous les citoyens de bonne volonté et avec le Président-de-tous-les-Français qui sera choisi, une France plus forte, plus juste, plus solidaire et plus gentille.

Vous serez bien sûr invités à contribuer à ces propositions et à partager vos idées, de gré ou de force.

CGB.
Ni de droite, surtout pas de gauche.

Le son du jour qui nique la police

12 janvier 2012

La vie de château

Mardi 10 janvier, déguisée en rose, qu’on aurait dit la reine de cœur d’Alice au pays des merveilles, Martine Aubry a fustigé, à l’occasion de ses vœux 2012, le « quinquennat Fouquet’s » de Nicolas Sarkozy. Pendant qu’on glose sur la définition du mot « populaire » sur Twitter et Rue 89, suite aux propos de Christian Estrosi sur RFI, François Groslande (car il sera toujours gros et gras malgré les régimes, mal dégrossi dans ses prises de position clichées pola de compète, gros pataud de l’oralité gauche molle, compromise), bat la campagne présidentielle depuis un hôtel particulier « populaire » en pierre de taille rénové de plus de 1 000 m2, situé dans le très « populaire » VIIème arrondissement de Paris, au 59 de l’avenue de Ségur… 37 500 euros, HT et hors charges, de loyer très « populaire » par mois que le contribuable français, « populaire » ou non (selon qu’il touche ou non 4 000 euros par mois donc), devra rembourser au PS, car il est impensable que ce cador du bipartisme en France ne rentre pas dans ses frais de campagne en brassant moins de 5% des votes lors des futures élections présidentielles… C’est à dire qu’au CGB, on aimerait bien aimer les socialistes, mais le fait est que nous n’en avons absolument pas les moyens, pour cause de… popularité. Nous avons tout de même la dignité de saluer ce nouveau hold-up démocratique dégueulant d’hypocrisie. Celui qui n’aimait pas les riches, mène la vie de château...

Petits meurtres démocratiques entre amis
Que dire également du faux débat médiatique concernant les 500 signatures de Marine Le Pen (complice complaisante du système), qui éclipse en totalité les petits arrangements entre amis - je te laisse la 4ème circonscription du département, tu me laisses la 5ème – munificente preuve de la bonne santé de notre République corrompue ? Les parrainages doivent-ils être de nouveau anonymes, s’interroge-t-on entre huiles chez Taddei ? Au CGB, on sait pas ; on n’a qu’à tout bonnement, pendant qu’on y est, abolir le vote citoyen à bulletin secret, comme gage absolu du bien voté ? Passons sur cette incongruité hétérogène de notre système, car n’en déplaise aux pourfendeurs républicains de parrainage anonyme et/ou de parachutages électoraux (notre parrain investit les Vosges), il y a bien pire : le deal de liste, le partage gagnant-gagnant de scrutin, la négociation politicienne de l’échelon local ; les EELV ne sont pas prêts à sacrifier un siège parlementaire pour une putain d’éolienne tu vois ?…

Une année allemande, 53 semaines au taf
« Ne nous y trompons pas : si nous ratons ce rendez-vous de la responsabilité et du courage, les conséquences économiques et sociales pourraient être comparables à celles provoquées par une guerre », rassurait hier lors de ses vœux millénaristes pour 2012, le 4ème personnage de l’Etat, le Président de l’Assemblée nationale, Bernard Acoyer, une saillie que nous accolerons volontiers, avec toute la mauvaise foi qui nous caractérise, à cette info entendue hier soir sur Itélé : « Les Français travaillent six semaines de moins que les Allemands. » Faites le compte et good bye Grenelle et fériés.
La crise serait une question de moyens ? Acoyer a fini de nous convaincre qu’en réalité, tout n’est qu’une question d’ambitions. La classe politique, ramassis de boniches ripoux à la solde du maous patronat, n’a que faire du « populaire »… Son seul but : que le barnum répu reste « populaire », histoire de continuer à se gaver des fruits de la tonte, de continuer à s’abreuver direct à la source de sang « populaire » de tous les sacrifiés sur l’autel des contingences, des exigences concurrentielles, qui ont fini depuis belle lurette de niveler par le haut.

Le Culturalgangbang vous souhaite à tous une très bonne année 2012. Elle le sera, nul doute, c’est le retour de l’année du dragon. De feu.

Un dimanche avec Lefebvre


Frédéric Lefebvre s’est fait jadis une réputation de pitbull en tenant un discours « décomplexé » sur un certain nombre de questions. Quand il était porte-parole de l’UMP, il déroulait ses mantras ultralibéraux avec l’assurance des prosélytes, bousculant la parole trompeuse des déreglementeurs de Code du travail ordinaires. Avec lui, au moins, on savait qui encule.
Puis, pour obtenir un poste de secrétaire d’Etat, il dût mettre de l’eau plate dans son Redbull. Il changea son look de voyou en chaussant, on s’en souvient, une rassurante paire de lunettes. Il sacrifia même à un rite bien français : se faire photographier un livre à la main – un vrai livre, de littérature, avec plus de mots que d’images ! Paris vaut bien une messe, disait l’autre.

Evidemment, même un enfant de cinq ans, même un type limité, même un étudiant en publicité sait qu’une peinture neuve ne transforme pas votre camionnette Zastava en cabriolet Porsche, pas plus qu’une paire de lunettes ne change un idéologue fulminant en gestionnaire bonhomme. Nous en avons un nouvel exemple avec l’énième tentative lefebvrienne d’annihilation du repos dominical. Travailler le dimanche, bientôt, faudra payer pour y échapper.

On sait que la guerre est une période favorable aux décisions audacieuses. Quand la victoire et la survie sont en jeu, les programmes industriels prennent du muscle, les recherches sont financées, les moyens sont concentrés sur l’essentiel, tout le monde est sommé de se sortir les doigts du cul. Et l’avantage de la « crise » économique que nous vivons, c’est qu’elle rend encore plus évident l’état de guerre où chaque péquin est plongé jusqu’au cou, son existence durant. Alors, puisque nous sommes en guerre (ou crise), fi des règles et des rythmes pépères de nos aïeux ! Hardi, petits consommateurs, la main à la poche, et vite ! C’est Lefebvre qui le dit ! Comme à Verdun, comme à la Marne, il ne s’agit plus de lambiner ! Le dimanche ? Je te lui explose sa face, moi ! Repos mes couilles !... Quoi… des soldes ? Parfait’ment ! des soldes toute l’année ! même le dimanche ! Faut dépenser, faut les lâcher, tas de pingres ! Le dimanche, en famille, han, dé ! han, dé ! à la caisse !… Bling ! direction les surgelés…han, dé !... et on s’arrête aux écrans plats, bande d’économes ! han, dé ! On rallonge la période des fêtes, oui, je décrète ! J’ordonne, je veux ! La fête du pognon ! C’est moi l’chef, bordel ! Han, dé !... Des affaires à faire… des ristournes, bizness ! des tas de soldes ! Secrétaire des tas, je suis ! le Commerce, c’est moi !... Qué dimanche, tas d’oisifs ? Qué repas à table avec la mémé ? Et pourquoi pas une ballade aux champignons, histoire de bouffer gratis, pendant qu’on y est ? Aux caisses, et qu’ça saute ! Je veux voir palpiter les CB !

Lefebvre comme à ses plus belles heures, comme au temps du pugilat… redevenu le pourfendeur des atermoiements, le sabreur de nuances, l’exécuteur du divin marché. Il en pouvait pu des lunettes… il en pouvait pu des bureaux vernis et du Que sais-je ? sur Voltaire. C’est un sanguin, Lefebvre, il ne cache jamais longtemps sa nature. Là, en pleine guerre, alors que la France coule et que la croissance repart vers l’abîme, alors que le Pèzident patauge et que sans rire, le pays s’apprête à voter François On Glande, il se dit que c’est le moment de l’estocade. Cible : tout ! A commencer par le dimanche, jour inutile et vestige du vieux monde, jour maudit, terne, calme, long, poussif, désert, jour mort et même pire : improductif ! Jour où les bœufs ont l’habitude de ne rien faire, de rester chez eux ou d’aller glander le long des quais, horreur ! Et même pendant les périodes de soldes ? Haaaa, que des magasins ferment alors que les Chinois sont à nos portes, il supporte pas, Lefebvre ! Il pense aux touristes, Lefebvre, qui sont là, sous nos yeux, les poches gonflées de désir, le morlingue prêt à éclater, les yeux plus gros que le bide devant des vitrines éteintes : fermé le dimanche ! Horreur ! Crime de lèse-bénéfice ! Le touriste, ce con, si on lui ouvre pas son Gifi le dimanche, si on lui ferme Ed l’épicier, il prend ses liasses sous le bras et va les semer en Angleterre, en Allemagne, au Benelux ! Encore un coup des étrangers ! Alors il rameute, il attaque, Lefebvre, il reprend l’initiative et remet le couvert. Et si ses arguments d’escroqueur d’enfants séduisaient les saligauds qui trouvent très pratique de faire des courses le dimanche, rien ne dit qu’on n’arriverait pas à l’enterrer définitivement, cette tradition chômée multiséculaire !

Quand ça commence à sentir le sapin pour une majorité, deux solutions : la fainéantise façon Chirac 2.0, ou l’excès de zèle façon Fillon. On réveille Guéant, on ressort Morano, on lâche Lefebvre, en se disant que ce qui sera arraché à la douceur de vivre sera toujours ça que ces cochons de payeurs n’auront plus.

10 janvier 2012

Fromage+


Je ne lis ou ne suis que très peu de blogs, en fait. Disons que je n'ai pas le temps, ou que celui-ci est pris par autre chose. Pourtant je le regrette, et il m'arrive parfois, comme ça doit arriver à beaucoup de gens, de consacrer une soirée à passer d'un blog à l'autre, à mélanger les sujets, à visiter ces chapelles étranges aux portes grandes ouvertes.

Les blogs politiques sont de loin ceux que je fréquente le moins. Quelle que soit la vision centrale et l'orientation d'un blog politique, il a une tendance invincible à l'obsession. J'imagine qu'une lecture trop assidue favoriserait une paranoïa épuisante. Et parmi les blogs politiques, bien sûr, les pires sont les blogs militants. Il n’est sans doute pas nécessaire d’expliquer le mépris que ce dernier mot déclenche chez le gentleman et l’homme d’esprit : aucune chance de trouver de l’élégance ni une bonne blague sur un blog qui sauve le monde trois fois par jour.

Je n’ai jamais fréquenté Fromage Plus. Je serais bien en peine de décrire sa ligne, ne sachant même pas s’il en a une. En revanche, on m’y a orienté sur un article qui m’a bien plu, et que je recommande. Il résume à mon avis très bien ce qui fait l’intérêt de certains blogs (y compris politiques) et d’Internet en lui-même. On y retrouve le soulagement du lecteur tombant enfin sur un texte qui traite un sujet de façon « normale », c'est-à-dire exempte des autocensures médiatiques, directe et sans détour, purgée des mots-valises et des opinions dominantes, libre enfin. La liberté des courageux, des malins, des forts en thèmes ou des grossiers, des outranciers, des dégueulasses et des malades, mais la liberté qui tout simplement s’exprime. La liberté qui n’est plus un mot, une devise, une émission de Canal+ mais un acte, un texte, un gros « merde » jeté sur l’écran.

8 janvier 2012

La culture se soulage les urnes


Pour cette nouvelle année, on se fout pas de votre gueule. Une nouvelle bannière et un nouveau sondage concoctés avec amour pour satisfaire vos penchants antidémocratiques et ce mauvais esprit qui caractérise la communauté des millions (minimum) de lecteurs du CGB.
Alors pour remercier Kroulik pour cette bannière, lui déclarer son admiration ou lui faire des propositions à caractère sexuel ça se passe ici dans les coms et pour mettre en place les première mesures de la dictature de Cégébie c'est au bas de la page.
Bonne année et au boulot les feignasses !

4 janvier 2012

Recettes qui marchent à tous les coups

Il y a quelques années, je m’étais amusé, une après-midi d’ennui, à prendre en photo différentes choses dans la rue que je pointais avec la télécommande de ma télévision. Idée merdique s’il en est. Sauf que, mises bout-à-bout, regardées en série, ces photos finissaient par produire un effet : tout à coup, il y avait concept ; l’idée merdique, appliquée en série, devenait quelque chose d’intéressant en soi comme peuvent l’être ces démarches-artistiques-qui-interpellent-le-spectateur… Tout à coup, v’là t’y-pas que je t’avais produit une critique sans concession de la société du zapping, de la marchandisation du monde, ou de tout ce qu’on veut bien y voir d’autre... Le résultat, s’il n’avait aucune valeur à mes yeux, aurait très bien pu faire effet dans une petite galerie contemporaine.


trouver une idée-concept + la décliner en série
= démarche intellectuelle et artistique



Il y a comme cela, à l’usage de qui veut, des recettes qui marchent à tous les coups :

Pour produire une œuvre chargée de sens et qui invite à la rêverie : faites un tableau relativement vide et ajoutez 2 ou 3 mots inscrits, sans rapport entre eux qui flottent sur la toile.



Pour produire une œuvre qui dérange : faites un tableau naïf et coloré et ajoutez un détail salace ou une croix gammée. Variante pour une œuvre qui questionne la morale judéo-chrétienne : associez une bible ou un Jésus à de l’urine, de la merde, ou de la pornographie.


“cheeseburger+télé+bible+bidon d’essence” :
voilà un sacré coup porté à la société de consommation !


Pour faire un portrait profond : peignez ou photographiez quelqu’un qui fait la gueule.

Pour obtenir la sensation de malaise : faites entrer dans le jeu un enfant bizarre (blême, triste, muet, exceptionnellement intelligent…).

Pour un récit poignant plein d’humanité et de vérité sur la vie : montez une histoire autour d’un débile léger.


>> Simple Jack, la bande-annonce

Pour donner l'illusion que vos petites compos rock ont du relief : intercalez au milieu de votre morceau une pause soudaine où les instruments s’arrêtent 1 ou 2 secondes... puis repartez de plus belle.


Etc.


Les recettes qui marchent à tous les coups, comme leur nom l'indique, marchent à tous les coups : c'est-à-dire que, de la même façon que si quelqu'un se cache derrière vous et vous fait « bouh », vous allez mécaniquement sursauter, ces recettes produisent un effet automatique sans avoir à convoquer le moindre talent de réalisation. Juste « Bouh ».

Ohhh ouiii la chanson du soir qui t'empatronise !

La couverture islamophobe de trop !

Le nouvel obs, repère bien connu de réactionnaires atrabilaires, est-il encore une fois allé trop loin ?

Mieux qu'Amélie Poulain !

2 janvier 2012

La religion du vote


Quand on considère les croyances, les religions et autres superstitions, il est de coutume d’observer un ton neutre et de garder pour soi les éventuelles plaisanteries que les buissons ardents, des tapis volants et autres ressuscitations inspirent. L’homme sérieux est sommé de retenir le fou rire et l’envie de pleurer qui, immanquablement, lui montent aux yeux. Seul l’athée militant peut se permettre de persifler et d'exprimer le mépris qu’il porte aux choses de la foi, et encore, en s'en excusant. L’homme d’études, l’homme pondéré, qui peut être croyant lui-même par ailleurs, doit donc s’en tenir aux faits (tâche impossible en matière de surnaturel, mais passons) ! En revanche, quand il a posé son stylo et qu’il parle librement, le même historien sérieux se laissera volontiers aller à quelques blagues sur les vieilles religions romaine, gauloise, les croyances de l’Océanie ou celles de l’Egypte antique, avec leur fatras d’idées bizarres, leurs mythes si contraires à l’évidence des faits qu’on se demande bien, quelques milliers d’années plus tard, comment les Anciens en arrivèrent là. Pourtant, si ces gens revenaient parmi nous, s’en trouverait-il un seul pour croire, comme nous le faisons, au mythe que représente une élection présidentielle ?

Aux temps heureux de l’avant-chiraquisme, les Présidentielles se succédaient tous les sept ans. Ça nous laissait le temps de souffler et ça permettait une chose que les temps modernes ont aboli : le travail dans la durée. Le zapping ayant gagné tous les aspects de la vie, on s’étonne même qu’on ait octroyé cinq longues années pour un mandat de Président de la République : six mois auraient tout aussi bien fait l’affaire. Enfin, nous voici donc soumis au rythme effréné qu’un pays pantelant s’est choisi pour donner l’illusion de l’énergie. Et « ça marche » ! Sitôt qu’une élection pointe (c'est-à-dire presque tout le temps), les journaux se remettent à vendre leur papier, les émissions bourgeonnent, les commentaires prolifèrent, la machine redémarre. Pour que l’illusion soit complète, en effet, il est nécessaire de ne pas lésiner sur les moyens. Tout est fait pour que chacun croie, contre toute évidence, qu’une ère nouvelle est proche et qu’il suffit d’un papier glissé un dimanche dans une boîte pour la faire advenir. Tu votes, on s’occupe du reste ! C’est simple, c’est pratique, c’est la démocratie. C'est le programme 2012.
Bien sûr, si l’on excepte les très jeunes gens, les débiles profonds et les trous du cul, nous avons tous déjà constaté que cela est faux. C’est que nous n’en sommes plus à notre première élection présidentielle : nous sommes donc en mesure de savoir, aussi sûrement que n’importe quel praticien de la vie, qu’une élection ne change rien au gigantesque bordel qu’est devenu la politique à l’échelle mondiale. Déjà, au niveau d’une municipalité, quand un maire réussit à changer les horaires de ramassage des ordures, qu’il a semé ses trois ronds-points et son lotissement « les Lilas, les Genêts », c’est inespéré. Et encore, les maires ne sortant pas tous des mêmes écoles, n’étant standardisés ni par la com ni par la chirurgie plastique, il y a beaucoup plus de chances de trouver une position originale et une idée neuve chez un maire de village que chez un Président de la République. Malgré cela, on continue de nous vendre l’élection d’un président comme une chose essentielle, un tournant historique, une épiphanie réclamant non seulement notre bulletin mais aussi notre attention, notre temps, notre adhésion, notre enthousiasme et bientôt notre amour. Il se trouve même des gredins pour réclamer un vote obligatoire, comme dans ces pays dégueulasses où un droit synonyme de liberté est maquillé en devoir sous peine de prison !

S’il s’agissait de choisir entre des personnes réellement antagonistes et des programmes opposés, par exemple s’il fallait trancher entre le communisme coréen, la charia et le reaganisme, je comprendrais les passions. S’il y avait donc un réel danger que les choses changent, que les règles soient bouleversées, que des mesures radicales soient prises, on pourrait se chicaner entre partisans. Mais départager des clones énarques entre eux, voyons… Arbitrer entre un candidat qui veut « plus d’Europe », un qui en veut « encore plus », un troisième qui promet « le changement pour tous et l’avenir pour chacun » et celui qui veut « faire du bien à la planète »… Qu’un tel challenge soulève encore l’intérêt du peuple paraîtra aussi baroque aux historiens du XXIII ème siècle que le panthéon maya l’est à nos yeux. Et que ces historiens futurs ne s’y trompent pas : les abstentionnistes expriment plus la passivité des blasés que le refus lucide de ceux qui contestent. Médiatiquement parlant, il n’y a d’ailleurs plus de place pour ceux qui refusent la comédie du vote, nulle part ils ne peuvent faire valoir leurs arguments ni surtout exposer leur exemple. En attendant la criminalisation.

L’exemple du Printemps arabe, après tant d’autres, nous en montre l’exemple : un système qui verrouille trop l’opposition ne laisse pas d’autre alternative que l’émeute, la violence, le coup d’Etat, la révolution. De doctes politologues nous expliquent que ces systèmes sont finalement fragiles et ne peuvent perdurer que par l’augmentation conjuguée du mensonge et de la contrainte. Du haut de notre supériorité démocratique, nous vivons pourtant nous aussi dans un système qui a réduit à presque rien les possibilités de changement radical en son sein, et qui emploie toutes ses ressources de propagande à rendre inaudibles les voix discordantes. Le prochain Printemps sera peut-être plus surprenant encore que le dernier en date...
Au début de la Troisième république, nous n’en n’étions pas encore là, et le texte ci-dessous, paru dans Le Figaro en 1888, pourra permettre de juger quels progrès ont été faits depuis par notre indépassable démocratie.


« Une chose m’étonne prodigieusement, j’oserai dire qu’elle me stupéfie, c’est qu’à l’heure scientifique où j’écris, après les innombrables expériences, après les scandales journaliers, il puisse exister encore dans notre chère France (comme ils disent à la Commission du budget) un électeur, un seul électeur, cet animal irrationnel, inorganique, hallucinant, qui consente à se déranger de ses affaires, de ses rêves ou de ses plaisirs, pour voter en faveur de quelqu’un ou de quelque chose. […] Surtout, souviens-toi que l’homme qui sollicite tes suffrages est, de ce fait, un malhonnête homme, parce qu’en échange de la situation et de la fortune où tu le pousses, il te promet un tas de choses merveilleuses qu’il ne te donnera pas et qu’il n’est d’ailleurs pas en son pouvoir de te donner. [...] Les moutons vont à l’abattoir. Ils ne disent rien, et ils n’espèrent rien. Mais du moins ils ne votent pas pour le boucher qui les tuera et pour le bourgeois qui les mangera. Plus bête que les bêtes, plus moutonnier que les moutons, l’électeur nomme son boucher et choisit son bourgeois. Il a fait des Révolutions pour conquérir ce droit. »

Octave Mirbeau – La grève des électeurs. 1888


Pour le texte complet,

"Une chose m’étonne prodigieusement, j’oserai dire qu’elle me stupéfie, c’est qu’à l’heure scientifique où j’écris, après les innombrables expériences, après les scandales journaliers, il puisse exister encore dans notre chère France (comme ils disent à la Commission du budget) un électeur, un seul électeur, cet animal irrationnel, inorganique, hallucinant, qui consente à se déranger de ses affaires, de ses rêves ou de ses plaisirs, pour voter en faveur de quelqu’un ou de quelque chose.
Quand on réfléchit un seul instant, ce surprenant phénomène n’est-il pas
fait pour dérouter les philosophies les plus subtiles et confondre la raison ?
Où est-il le Balzac qui nous donnera la physiologie de l’électeur moderne ?
Et le Charcot qui nous expliquera l’anatomie et les mentalités de cet
incurable dément ?
Nous l’attendons.
Je comprends qu’un escroc trouve toujours des actionnaires, la Censure des défenseurs, l’Opéra-Comique des dilettanti, le Constitutionnel des abonnés, M. Carnot des peintres qui célèbrent sa triomphale et rigide entrée dans une cité languedocienne; je comprends M. Chantavoine s’obstinant à chercher des rimes; je comprends tout.
Mais qu’un député, ou un sénateur, ou un président de République, ou n’importe lequel parmi tous les étranges farceurs qui réclament une fonction élective, quelle qu’elle soit, trouve un électeur, c’est-à-dire l’être irrêvé, le martyr improbable, qui vous nourrit de son pain, vous vêt de sa laine, vous engraisse de sa chair, vous enrichit de son argent, avec la seule perspective de recevoir, en échange de ces prodigalités, des coups de trique sur la nuque, des coups de pied au derrière, quand ce n’est pas des coups de fusil dans la poitrine, en vérité, cela dépasse les notions déjà pas mal pessimistes que je m’étais faites jusqu’ici de la sottise humaine, en général, et de la sottise française en particulier, notre chère et immortelle sottise, â chauvin !
Il est bien entendu que je parle ici de l’électeur averti, convaincu, de l’électeur théoricien, de celui qui s’imagine, le pauvre diable, faire acte de citoyen libre, étaler sa souveraineté, exprimer ses opinions, imposer — ô folie admirable et déconcertante — des programmes politiques et des revendications sociales ; et non point de l’électeur "« qui la connaît » et qui s’en moque, de celui qui ne voit dans « les résultats de sa toute-puissance » qu’une rigolade à la charcuterie monarchiste, ou une ribote au vin républicain.
Sa souveraineté à celui-là, c’est de se pocharder aux frais du suffrage universel. Il est dans le vrai, car cela seul lui importe, et il n’a cure du reste. Il sait ce qu’il fait.
Mais les autres ?
Ah ! oui, les autres ! Les sérieux, les austères, lespeuple souverain, ceux-là qui sentent une ivresse les gagner lorsqu’ils se regardent et se disent : « Je suis électeur! Rien ne se fait que par moi. Je suis la base de la société moderne. Par ma volonté, Floque fait des lois auxquelles sont astreints trente-six millions d’hommes, et Baudry d’Asson aussi, et Pierre Alype également. » Comment y en a- t-il encore de cet acabit ? Comment, si entêtés, si orgueilleux, si paradoxaux qu’ils soient, n’ont-ils pas été, depuis longtemps, découragés et honteux de leur œuvre ?
Comment peut-il arriver qu’il se rencontre quelque part, même dans le fond des landes perdues de la Bretagne, même dans les inaccessibles cavernes des Cévennes et des Pyrénées, un bonhomme assez stupide, assez déraisonnable, assez aveugle à ce qui se voit, assez sourd à ce qui se dit, pour voter bleu, blanc ou rouge, sans que rien l’y oblige, sans qu’on le paye ou sans qu’on le soûle ?
À quel sentiment baroque, à quelle mystérieuse suggestion peut bien obéir ce bipède pensant, doué d’une volonté, à ce qu’on prétend, et qui s’en va, fier de son droit, assuré qu’il accomplit un devoir, déposer dans une boîte électorale quelconque un quelconque bulletin, peu importe le nom qu’il ait écrit dessus... Qu’est-ce qu’il doit bien se dire, en dedans de soi, qui justifie ou seulement qui explique cet acte extravagant ? Qu’est-ce qu’il espère ?
Car enfin, pour consentir à se donner des maîtres avides qui le grugent et qui l’assomment, il faut qu’il se dise et qu’il espère quelque chose d’extraordinaire que nous ne soupçonnons pas. Il faut que, par de puissantes déviations cérébrales, les idées de député correspondent en lui à des idées de science, de justice, de dévouement, de travail et de probité ; il faut que dans les noms seuls de Barbe et de Baihaut, non moins que dans ceux de Rouvier et de Wilson, il découvre une magie spéciale et qu’il voie, au travers d’un mirage, fleurir et s’épanouir dans Vergoin et dans Hubbard, des promesses de bonheur futur et de soulagement immédiat.
Et c’est cela qui est véritablement effrayant.
Rien ne lui sert de leçon, ni les comédies les plus burlesques, ni les plus sinistres tragédies.
Voilà pourtant de longs siècles que le monde dure, que les sociétés se déroulent et se succèdent, pareilles les unes aux autres, qu’un fait unique domine toutes les histoires : la protection aux grands, l’écrasement aux petits. Il ne peut arriver à comprendre qu’il n’a qu’une raison d’être historique, c’est de payer pour un tas de choses dont il ne jouira jamais, et de mourir pour des combinaisons politiques qui ne le regardent point.
Que lui importe que ce soit Pierre ou Jean qui lui demande son argent et qui lui prenne la vie, puisqu’il est obligé de se dépouiller de l’un, et de donner l’autre ?
Eh bien ! non. Entre ses voleurs et ses bourreaux, il a des préférences, et il vote pour les plus rapaces et les plus féroces.
Il a voté hier, il votera demain, il votera toujours.
Les moutons vont à l’abattoir. Ils ne se disent rien, eux, et ils n’espèrent rien. Mais du moins ils ne votent pas pour le boucher qui les tuera, et pour le bourgeois qui les mangera. Plus bête que les bêtes, plus moutonnier que les moutons, l’électeur nomme son boucher et choisit son bourgeois. Il a fait des Révolutions pour conquérir ce droit.
Ô bon électeur, inexprimable imbécile, pauvre hère, si, au lieu de te laisser prendre aux rengaines absurdes que te débitent chaque matin, pour un sou, les journaux grands ou petits, bleus ou noirs, blancs ou rouges, et qui sont payés pour avoir ta peau; si, au lieu de croire aux chimériques flatteries dont on caresse ta vanité, dont on entoure ta lamentable souveraineté en guenilles, si, au lieu de t’arrêter, éternel badaud, devant les lourdes duperies des programmes; si tu lisais parfois, au coin du feu, Schopenhauer et Max Nordau, deux philosophes qui en savent long sur tes maitres et sur toi, peut-être apprendrais-tu des choses étonnantes et utiles.
Peut-être aussi, après les avoir lus, serais-tu moins empressé à revêtir ton air grave et ta belle redingote, à courir ensuite vers les urnes homicides où, quelque nom que tu mettes, tu mets d’avance le nom de ton plus mortel ennemi. Ils te diraient, en connaisseurs d’humanité, que la politique est un abominable mensonge, que tout y est à l’envers du bon sens, de la justice et du droit, et que tu n’as rien à y voir, toi dont le compte est réglé au grand livre des destinées humaines.
Rêve après cela, si tu veux, des paradis de lumières et de parfums, des fraternités impossibles, des bonheurs irréels. C’est bon de rêver, et cela calme la souffrance. Mais ne mêle jamais l’homme à ton rêve, car là où est l’homme, là est la douleur, la haine et le meurtre. Surtout, souviens-toi que l’homme qui sollicite tes suffrages est, de ce fait, un malhonnête homme, parce qu’en échange de la situation et de la fortune où tu le pousses, il te promet un tas de choses merveilleuses qu’il ne te donnera pas et qu’il n’est pas d’ailleurs, en son pouvoir de te donner. L’homme que tu élèves ne représente ni ta misère, ni tes aspirations, ni rien de toi; il ne représente que ses propres passions et ses propres intérêts, lesquels sont contraires aux tiens. Pour te réconforter et ranimer des espérances qui seraient vite déçues, ne va pas t’imaginer que le spectacle navrant auquel tu assistes aujourd’hui est particulier à une époque ou à un régime, et que cela passera.
Toutes les époques se valent, et aussi tous les régimes, c’est-à-dire qu’ils ne valent rien. Donc, rentre chez toi, bonhomme, et fais la grève du suffrage universel. Tu n’as rien à y perdre, je t’en réponds ; et cela pourra t’amuser quelque temps. Sur le seuil de ta porte, fermée aux quémandeurs d’aumônes politiques, tu regarderas défiler la bagarre, en fumant silencieusement ta pipe.
Et s’il existe, en un endroit ignoré, un honnête homme capable de te gouverner et de t’aimer, ne le regrette pas. Il serait trop jaloux de sa dignité pour se mêler à la lutte fangeuse des partis, trop fier pour tenir de toi un mandat que tu n’accordes jamais qu’à l’audace cynique, à l’insulte et au mensonge.
Je te l’ai dit, bonhomme, rentre chez toi et fais la grève. "

Le Figaro, 28 novembre 1888