19 août 2020

Les MQALADNPEEU

Que voulez-vous, ça arrive à tout le monde. Il n'y a pas à s'en vouloir. Les MQALADNPEEU n'ont rien de honteux. On n'y peut pas grand chose de toute façon. 

Voilà comment ça se passe en général : une chose se présente à vous dans le domaine artistique, intellectuel, humain... Elle vous tombe sous la main, au premier abord elle vous semble de bonne facture. Vous la sous-pesez, elle vous paraît valable et même "géniâle" : le vernis est chouette, ça sonne bien, la finition est chiadée, rien à redire, "y'a du potentiel ou j'm'y connais pas !" songez-vous en esquissant la mine de l'expert à qui on la fait pas.

Mais peu après que votre sympathie pour la chose ait déclose sa robe de pourpre au soleil (une semaine, un an, une décennie...), vous y jettez un oeil de nouveau et l'examen plus approfondi dément votre enthousiasme initial. Le truc qui tenait la route est désormais bancal, l'originalité s'avère trompe-l'oeil, la qualité a passé... Mirage, l'oasis ! L'or s'avère être un fer blanc vilainement ciselé par un artisan sinon malhonnête, trop habile... Vous vous êtes fait couillonner, mon vieux ! 

Oui, vous venez de vous faire avoir par... une Merde Qui Avait L'Air De Ne Pas En Etre Une (MQALADNPEEU). La Merde Qui Avait L'Air De Ne Pas En Etre Une désigne une chose que vous avez aimé démesurément, ou même un peu, par erreur, étourderie ou inexpertise à un moment de votre vie, alors qu'elle n'en vaut pas la peine. Vous vous êtes TROMPE ! 

Afin de vous éviter ce désagrément à l'avenir, le CGB présente ici une liste non limitative de MQALADNPEEU :


1. Les BD 
Les BD sont des MQALADNPEEU la plupart du temps. Qui, en effet, n'a jamais été attiré par une somptueuse couverture d'album, lumineuse, profonde, impressionnante de couleur, plongeant l'imagination dans une ambiance... et aussitôt déçu quand il en a ouvert une page ? Neuf fois sur dix, la couverture est plus belle que le contenu, le niveau ne suit pas, le coloriste n'a pas été payé pour les pages intérieures, c'est tout juste si on ne dirait pas que le dessinateur n'est pas le même... 
La faute revient aux progrès réalisés conjointement par l'édition et les logiciels d'image, qui permettent au premier clampin de pondre une couverture qui en jette, d'intégrer de la photo, de retoucher, d'ajouter des effets, du volume, à moindre effort... 
Oui, les bandes dessinées sont très souvent des merdes qui avaient l'air de ne pas en être une. Le phénomène qui l'atteste est le "roman graphique" : sous cette catégorie qui peut occasionnellement donner du bon, se glissent quantité de merdes qui, sous prétexte de s'émanciper des structures et codes du récit BD, usent de médiocrité de façon désinhibée. "Roman graphique" habilite quiconque a envie de s'exprimer (et ils sont légion) à se répandre en textes-fleuve, récit social ou psychologique à deux sous, et en croquis plus ou moins minables. Vas-y que je t'ose un petit crayonné de merde à peine relevé par un subterfuge coloriel ou une trame de papier façon "journal de bord à petits carreaux" afin de donner un tour intimiste à la daube. Ainsi emballé, le tout a l'air présentable sur étal. Mais c'est de la MQALADNPEEU !

Oeuvre courageuse et sans concession
sur la "charge mentale", un sujet tabou.

2. Kirsten Dunst

7 août 2020

Le souverainisme de Balzac

Dans Le Médecin de campagne, Balzac fait le récit d'un homme bienfaiteur qui par les conseils prodigués à un hameau misérable, le fait prospérer en commune florissante. S'ensuit une réflexion du médecin sur la façon dont une nation devrait être administrée pour connaître le même succès :

Hélas, on n'éclaire pas un gouvernement, et de tous les gouvernements, le moins susceptible d'être éclairé, c'est celui qui croit répandre des lumières. (...) Ce que nous avons fait pour ce canton, chacun devrait le faire dans la sphère d'intérêt où il agit. (...) Là où j'ai encouragé la fabrication de chapeaux de paysan, le ministre soustrairait la France au joug industriel de l'étranger, en encourageant quelques manufactures d'horlogerie, en aidant à perfectionner nos fers, nos aciers, nos limes ou nos creusets (...). En fait de commerce, encouragement ne signifie pas protection. La vraie politique d'un pays doit tendre à l'affranchir de tout tribu envers l'étranger, mais sans le concours honteux des douanes et des prohibitions. L'industrie ne peut être sauvée que par elle-même, la concurrence est sa vie. Protégée, elle s'endort ; elle meurt par le monopole comme sous le tarif. 
Le pays qui rendra tous les autres ses tributaires sera celui qui proclamera la liberté commerciale, il se sentira la puissance manufacturière de tenir ses produits à des prix inférieurs à ceux de ses concurrents. La France peut atteindre à ce but beaucoup mieux que l'Angleterre, car elle seule possède un territoire assez étendu pour maintenir les productions agricoles à des prix qui maintiennent l'abaissement du salaire industriel : là devrait tendre l'administration en France, car là est toute la question moderne. (...) 

5 août 2020

Benoît et Benjamin prennent le train



Il fut un temps où l’on employait l’expression « la vie de tous les jours » pour distinguer d’un côté les jours ordinaires, où la routine règne, et de l’autre les jours exceptionnels, rares, où une aventure arrive, une nouveauté survient, un rouage grippe. Ce temps n’est plus : désormais, chaque jour apporte à l’homme moderne au moins une occasion de s’étonner ou, comme disent les formateurs en management, de « se remettre en question ». Hier, j’ai pris le TGV.