LOL ;)
Notre-Dame part en fumée. Je la regarde se consumer depuis le haut d’un toit, aussi impuissant que le reste de la ville. La flèche s’est déjà abattue. L’édifice crache des flammes de six à sept mètres. Impossible d’y croire : je regarde cela comme si c’était l’incendie d’un dépôt ordinaire. Impossible d’y croire : ce serait trop catastrophique.
Notre-Dame en flammes. Au départ j’ai cru que c’était grave. Et puis très vite, on m'a rassuré : le feu était encore en cours que le responsable du pays (un jeune de 40 ans) demandait de ne pas s’en faire. « Pleure pas, je t’en rachèterai une autre. Une encore plus belle ! ».
Aucun temps de sidération. Pas une minute d'effroi face au désastre. Pas le moindre scrupule à voir ainsi niquée notre Dame de 800 années passées. Pas penaud pour un sou d’avoir laissé évaporer ce que cinquante générations précédentes avaient su maintenir. Nous avions un flambeau à transmettre, nous l’avons jeté dans les combles. On va la reconstruire. Un concours d’architectes international. On va bien se marrer ! Comment exprimer mieux une incompréhension complète de ce que l’on vient de perdre ? Une imperméabilité totale à ce à quoi l’on est en train de rendre prétendument hommage ? La toiture de Notre-Dame de Paris a disparu de ce monde, et avec elle un millénaire de prières humaines et d’espérances qu’elle abritait. Et le Président, grand prince, sort le chéquier tel un plouc se proposant de rembourser la Vénus de Milo qu’il a renversé sur le carrelage par mégarde.