31 décembre 2007

L'année 2007 comme si vous l'aviez vécue.

Cette année se termine dans l’indifférence générale. Il semblerait que rien d’elle ne doive survivre au temps qui passe. C’est dommage, car il n’a pas manqué de personnalités pour ponctuer ses moments intenses de témoignages, de prédictions, de jugements, de prophéties même, qui seront pour les siècles à venir les repères de l’humanité, amen.

Fidèle à mon principe de vérité, d’authenticité et de transparence, je livre ici le meilleur des meilleurs d’entre nous. Tous ces mots sont naturellement des citations vérifiées, recoupées, l’expression exacte de la voix de cette année 2007 qui nous manquera beaucoup, et dont j’espère qu’elle vous permettra de vivre la suivante encore plus peinards.

Fillon : « On en saura beaucoup plus sur la pauvreté quand on y sera tous : une nation d’experts ! »

Besancenot : « Hé ! ho ! j’ai appris un nouveau mot lors du dernier bureau central du Parti : anticonstitionel, heu, anticontutitio, antonsticussionellem, mmerde ! anticonstructionellement, ah, y’ m’ont eu ! m’ont r’filé un mot trop dur ! »

Madelin : « Le libéralisme, c’est comme la Star’ac : tout le monde dit que c’est con, mais ça marche ! »

Le Pen : « j’ai donné un œil à la défense de mes convictions. Je suis prêt à donner le second pour diriger la France. »

Hollande : « Je n’ai jamais fait de chirurgie esthétique, mais j’avoue que j’ai modifié mon blaze : avant, je m’appelais Belgique. »

Fabius : « Si vous continuez à ne pas croire que je suis de gauche, putain, je m’encarte à l’UMP ! »

Benazir Bhutto : « Chauffeur, attention ! Mais, que fait cet homme avec cette mitraillet... argh !… »

Sharon : « Je suis pas mort et j’vous emmerde, bande d’antisémites ! »

Bush : « J’peux pas venir aux obséques de Benazir Bhutto, j’ai guerre c’t’aprèm… »

Christine Lagarde : « L’économie, ce n’est pas difficile pour moi : c’est Juppé qui m’a tout expliqué. » »

Bayrou : « Monsieur Sarkozy gagne les élections sans coup férir : ce n’est pas ma conception de la politique. »

Bartabas : « Des excuses à la direction des affaires culturelles de Paris ? J’en parlerai à mon cheval. »

Raffarin : « C’est toujours quand elle est sur la défensive et qu’elle recule que la France tourne le dos à l’avenir de son histoire. »

Ségolène Royal : « … et je vous le dis, chers amis, le socialisme a besoin d’une bonne maquilleus… mais QUI a écrit cette phrase ? »

Allègre : « J’ai le faciès d’un cochon, les sourcils d’un gorille, des cheveux en balai à chiottes et vous voudriez que je croie au réchauffement climatique, comme tout le monde ? »

Johnny Hallyday : « Heu, je suis plus tout jeune, et pour pas risquer d’affronter la canicule pour ma tournée d’adieu en 2008, la prod a décidé qu’on ferait la tournée d’été en novembre. Ouais, en novembre, l’été est moins chaud. Ça, je le sais, ça ! »

Jospin : « Puisqu’on ne me pose plus de question, je refuse d’y répondre ! »

Jack Lang : « Benazir Bhutto… Benazir Bhutto… en France, il faut se faire assassiner pour que les médias se remettent à parler de vous ! »

Chavez : « Le peuple vénézuélien a décidé par référendum que je ne pourrai pas rester président du pays plus longtemps. Mais rien ne m’interdit de me faire élire en Colombie ! »

Chirac : « Je suis innocent, monsieur le juge !… quoi ? Pourquoi vous vous marrez, tous ? »

Carla Bruni : « Sur mes relations avec Nicolas Sarkozy non plus, vous ne m’entendrez pas. »

Finkielkraut : « Il fut un temps, pas si ancien, où l’on se levait à l’entrée du professeur dans la salle de classe. Aujourd’hui, j’arrive sur un plateau de télé dans l’indifférence générale. C’est odieux. »

Sarkozy : « Pour cette fin d’année, j’ai finalement décidé de ne pas prendre mes vacances dans la maison que me prêtait un bon ami pakistanais. Je vais plutôt partir du côté de Brégançon. »

Balasko : « Quand on parle de Téléthon, c’est pas forcément que je passe à la télé. »

Tapie : « Je suis de gauche et je vous affirme que Sarkozy est un type formidable. Faites-moi confiance. Est-ce que je vous ai déjà menti ? »

Ségolène Royal : « Personne ne me demande où et avec qui je passe mes vacances de fin d’année ? Hum ? »

Mickey : « J’ai rencontré le président Sarkozy. Il est pas si petit que ça ! »

Sardou : « Virer 50% du Botox que j’ai sur le front ?! JAMAIS ! J’en ai rien à fout’ de perdre du poids ! »

Fadela Amara : » Me traiter de grossière parce que j’ai dit « dégueulasse », faut vraiment être un fils de pute ! »

Drucker : « Je préfère finalement que Nicolas soit élu, parce que c’est sûr que j’aurais jamais pu faire de vélo avec la Royal. »

Hillary Clinton : « C’est vrai, j’ai milité pour l’égalité des droits civiques, mais j’étais jeune, je ne pouvais pas prévoir… et, c’est sûr, c’est vraiment irréversible, dîtes-vous ? »

Chirac : « Putain, je suis tombé sur un juge qui a pas dû être en France depuis 1995 : il prétend que j’ai fait ceci, que j’ai fait cela, alors que tout le monde sait que j’ai passé douze ans à l’Elysée sans rien faire du tout, merde !»

BHL : « Je n’ai pas encore lu mon dernier livre, mais je pense qu’il est très bon. »

Poutine : « Je veux bien quitter le pouvoir, mais je reste au Kremlin et c’est moi qui commande ! »

Jack Lang : « Je propose la création d’une fête spéciale pour célébrer la fin de 2007 pendant les décennies à venir : ça serait tous les 31 décembre, au soir. Quoi ?! J’ai dit une connerie ? »

Raffarin : « Les clés du problème des retraites sont dans la boîte à gants du train de réformes engagées, mais c’est à l’aiguilleur de faire pencher la balance du côté de l’allègement. »

Julien Gracq : « Voyez comment sont les médias : je suis mort depuis une semaine et personne n’est encore venu me proposer de passer chez Taddei ! »

Noah : « J’ai dit des conneries sur Sarko, je ne quitterai jamais les Français. Regardez : je chante des conneries, je pose en slobard sur les abribus, et je suis encore leur préféré… »

Bernard Laporte : « Regretter le monde du rugby ? un peu : six mois que je suis au gouvernement et personne ne m’a accompagné sous les douches. »

Danielle Mitterrand : « Un nouvel homme d’envergure pour la France ? J’en vois un : mon premier ministre, Pierre Mauroy ! »

Hillary Clinton : « Ah, cette pipolisation nous tuera. Les rumeurs colportées par une certaine presse sont absolument fausses : je ne vis aucune idylle avec François Hollande. »

Joe Starr : « Allez niqué ta maire, bandeufizdeupute, mais sinon, mes veu pour 2008, c’é simpleman « respect ».

Raffarin : « C’est quand on quitte les sphères de décision qu’on comprend ce qui ne tournait pas rond. »

Cali : « Woah putan, mais merde ! Pourquoi la guerre ? ça s’rait pas plus simple si on s’aimait ? »

Fidel Castro : « Infirmièèèèère !! »


30 décembre 2007

Non revendication


Là, ils ont fait forts...il y avait eu un précédent lors des attentats de Madrid en 2004... Le mouvement terroriste "Al Qaïda" vient de publier deux communiqués de non revendication, l'un pour l'assassinat Benazir Bhutto (malheureusement béhachélisée), l'autre pour le meurtre des 4 français dans ce territoire hospitalier qu'est la Mauritanie (on se croirait dans un des poèmes de Minimum Respect).

On connaissait l'acte de revendication par voie de presse, on devra s'habituer aux messages de non revendication à présent du genre " le CGB n'a rien à voir avec le 11 septembre malgré le fait qu'il puisse représenter la branche humoristique d'Al Qaida sur le ouèbe" (note blanche des RG avant dissolution du 4 avril 2007).

Plus sérieusement au CGB, on doute depuis longtemps de la "véracité" du mouvement Al Qaida à l'instar du chef du service politique de RFI Richard Labévière qui déclarait lors d'un colloque:

" Pour moi, Al Qaida n'existe pas , Al Qaida a cessé d'exister le 12 septembre 2001 pour devenir une idéologie, une référence symbolique dont la structure se rapproche d'un concept, le rhizome, mis à jour par le philosophe Gilles Deleuze. Le rhizome peut prendre des formes extrêmement diverses. Ces formes s'agencent selon des principes de connexion et d'hétérogénéité. A la différence des arbres ou de leurs racines, le rhizome connecte un point quelconque avec un autre point quelconque. Il n'est pas fait d'unités mais de directions mouvantes. Il n'a pas de commencement ni de fin. "

Pour Richard Labévière, le mouvement d'Oussama Ben Laden, est aujourd'hui un " label ", un " référentiel ", une " marque de fabrique ", dont la plupart des groupes intégristes islamistes terroristes pourraient se réclamer par leurs méthodes d'action, leurs cibles ou leur " idéologie ".


Au CGB, on considère juste que les tenants de "la base" ne font qu'appliquer les recettes les plus efficaces du management capitaliste : là où mai 68 finit Al Qaida commence...



27 décembre 2007

The French Dallas

Toujours d'actualité ... la saison 2 a l'air plus palpitante avec des ex top models botoxomisés reconvertis dans la varietoche, Kadhafi, le Falcon 900 de Bolloré !!

Des pensées pour la Patrie !

Luc Chatel: "Bison futé" de l'épargne


Chaque fin d’année est l’occasion, pour les mauvais coucheurs qui font profession de critiquer le monde, de s’étendre sur la veulerie mercantile des fêtes modernes. On insiste sur le paradoxe qui consiste à fêter la naissance du petit Jésus, personne humble et aimant la pauvreté (par ailleurs fondateur méconnu de la Broke Pride, ou « Fierté des Fauchés ») tout en se bourrant de foie gras, de mets délicieux parsemés de paillettes, de caviar, de trucs gras, en gâtant les enfants de jouets de plus en plus nombreux, de plus en plus bruyants, de plus en plus chers. On rappelle que les grands parents de ces nantis obtenaient une orange et une grosse poignée de main pour Noël, et qu’ils n’en sont pas morts. On nous sensibilise au sort des paumés qui dorment dehors, ou de ceux qui sont trop fauchés pour couvrir leurs mômes de jouets. On va jusqu’à rappeler aux chrétiens qu’une tradition pas si ancienne prévoyait qu’on laisse « la place du pauvre » à table, une assiette libre, pour le cas où un pauvre viendrait à passer… Enfin bref, il n’y a plus moyen d’acheter peinard !

Les services du ministère de l’économie se sont occupé de ça. Précisément, le secrétariat d’Etat à la consommation, sous l’autorité de Luc Chatel, bosse en ce moment à l’élaboration d’une nouvelle fête (une commande du Boss, dit-on) sous nom de code provisoire de FENACO (Fête Nationale de la Consommation). L’idée est de donner une fête qui n’aurait pas d’autre justification qu’elle-même, qui pourrait « s’exprimer dans l’acte d’achat » sans qu’un arrière-fond historico religieux interfère, sans qu’une mauvaise conscience d’origine judéo-chrétienne permette une fois encore les critiques systématiques. On veut éviter à la fois le paradoxe de Noël, la paternité vichyste de la fête des mères, l’héritage coco du 1Er mai et la nullité économique du 11 novembre et autre 8 mai.

«La fête nationale de la consommation, puisqu’il faut encore l’appeler comme ça, doit être une fête ouverte à toutes et à tous. Quels que soient votre origine et votre niveau social, quelle que soit votre religion, quel que soit votre âge ou votre état de santé, vous serez appelés à consommer le jour de la FENACO. Le Président de la République en a fait un principe et même une priorité de son mandat : réconcilier le Français avec l’argent. Et rien n’est aussi fédérateur qu’un achat effectué en commun. Savez-vous que les actes d’agression contre les personnes sont sept fois plus rares dans l’enceinte des hypermarchés que dans les gares ? Oui, il semble que les tensions sociales s’apaisent quand on a la possibilité de dépenser son argent, c'est-à-dire tout simplement de subvenir à ses besoins. » (Jean-Raoul Fifron, conseiller technique au cabinet de Luc Chatel. France 3 Champagne-Ardenne. 07/12/2007)

« La France de 2007 connaît encore des barrières, des obstacles à son unité. L’intégration de toutes les communautés à un niveau égal doit être l’objectif de toute politique responsable. Dans ce pays, les fêtes sont trop souvent liées à l’histoire et à la religion. Tous les gens vivants en France ont droit à une fête ! » (Jack Lang. Colloque Nouvelles Frontières. 03/10/2007)

Un correspondant parisien a pu rencontrer un des experts bossant sur le topo. L’idée est d’inviter toute personne à réaliser, même symboliquement, un achat ce jour-là, non seulement pour satisfaire un besoin, un désir, mais aussi par patriotisme, pour participer à la bonne santé générale du pays, étant entendu qu’un « pays qui vend est un pays dans le vent » (idée de slogan en cours de test). Evidemment, les entreprises et les magasins resteront ouverts le jour dit, mais le personnel disposera de facilités (encore à définir) pour pouvoir dépenser à son tour. Pour les ménages vraiment trop pauvres pour participer à la fête, l’idée, jugée hardie par Christine Lagarde elle-même, est de permettre une embauche ponctuelle libre de charges, pour le jour de la FENACO. Ainsi, ceux qui n’ont pas les sous pour acheter un truc pourront toujours se trouver de l’autre côté du comptoir et participer, en travaillant, au mouvement général.

L’ambitieux Luc Chatel, visiblement très fier de sa trouvaille, explique qu’il vise à rendre la consommation « plus naturelle aux habitants de ce pays ». Mon objectif sera atteint lorsque, au-delà de cette fête, les Français ne ressentiront plus aucun scrupule à profiter, chacun à sa mesure, de leur argent, en toute liberté, en toute bonne conscience. Puisqu’on gagne honnêtement, et souvent durement, de l’argent, poursuit-il, il faut arriver à le dépenser sans état d’âme. « Dé-pensez pour dépenser© », voilà la devise que j’aimerais voir inscrite au fronton des grands enseignes.

Une image qu'on aimerait voir plus souvent...


Quelques hypothèses restent sur la table, après un dégrossissage radical : placer la FENACO le 11 novembre, après que les trois derniers Poilus seront morts, « par respect pour leur sacrifice personnel », dit-on au ministère, ou coupler la naissance de cette fête avec l’abrogation de l’interdiction de travail le dimanche, double symbole. En dernier recours, comme toujours, c’est l’Elysée qui décide. Pour l’instant, d’après les rumeurs, le Pèzident en pince pour la dernière solution.

Benazir Bhuttée

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Drame de la démocratie participative, Benazir Bhutto, ex premier ministre corrompue du Pakistan et candidate aux prochaines élections a été assassiné aujourd'hui.

26 décembre 2007

Volte-face



Nouveau!!! Grâce à la clinique du Professeur Mirouboulov Benslimanov, donnez une nouvelle jeunesse à votre croqueuse de diamants en lui conférant une petite touche bobo avec le ravalement de façade (passage de Prada à Zadig et Voltaire).

25 décembre 2007

Oscar Peterson's coda

Oscar Peterson est mort. Un titre de plus dans le flux des « nouvelles », comme si la mort des génies pouvait avoir quelque chose de nouveau.

Nous regardons souvent l’œuvre des titans du passé comme des monstruosités surhumaines, paradoxalement devenues inégalables dans un monde où toutes les techniques nous sont facilitées, et où nous vivons de plus en plus vieux. Balzac, Voltaire, Hugo, Michel-Ange, Bach ou Haydn, parmi tant d’autres, ont certes presque tous atteint un grand âge, mais ils nous ont légué des œuvres si amples, si abondantes et d’un tel niveau qu’on ne comprend pas comment elles furent techniquement possibles. On pourrait rapprocher leurs exemples des œuvres de l’architecture antique, si colossale et si faite pour durer, dans des temps sans engins mécaniques puissants, et où l’homme moyen pouvait espérer vivre trente ans…

Oscar Peterson représente à sa façon une sorte d’étrange résurgence de ce passé titanesque. C’est un contemporain qui, comme d’autres grands du jazz, a enregistré des centaines d’albums et joué des dizaines de milliers d’heures. Si le jazz est un monde radicalement différent de celui du rock ou de la pop, c’est aussi sur ce point-là : les mecs jouent, encore et encore, et par le jeu des participations à différentes formations, ils cumulent sur une carrière l’équivalent de plusieurs vies du travail d’une idole rock moyenne…

A ceux qui connaissent « bien » Peterson et à ceux qui le découvrent plus ou moins à l’occasion de sa mort, je recommande d’aller faire un tour sur Youtube ou Dailymotion : prenez trente minutes pour piocher au hasard, écoutez et regardez les archives disponibles et, même si vous « n’êtes » pas jazz, vous ressentirez certainement ce qu’apporte cette musique faite de rigueur et de fantaisie, de virtuosité et de sentiments, une musique de joie bruyante qui semble témoigner d’un âge d’or heureux, aussi curieux que cela puisse paraître quand on a connu le XXème siècle. Nous avons pris récemment l’habitude de ne plus voir que le côté sombre et douloureux des choses quand nous regardons l’histoire. Nous traquons la faute morale et l’injustice à travers les âges pour mieux jouir, à la comparaison, des perfections contemporaines. Malgré ça, si l’art représente forcément son époque, ceux qui firent le jazz possédaient encore assez d’énergie et de foi en la vie pour nous laisser des témoignages aussi heureux au milieu de tant de drames. Une génération élevée au rap ne pourra bientôt plus comprendre ça, peut-être.

J’ai choisi cette vidéo de Donna Lee, comme morceau emblématique du be-bop, de la joie virtuose qu’il exprime. Cette session rassemblait des as, qui ajoutèrent encore quelques points au tempo fou de la version originale. Le jazz a su utiliser la compétition à des fins artistiques : ici, elle souligne l’impression d’unité dans l’excellence et donne à la jubilation une tension explosive. La dernière note semble libérer cette tension : la joie bondit. La partie d’Oscar Peterson est splendide de riche fluidité, soutenue par la contrebasse invraisemblable de Nils-Henning Orsted Pedersen. Joe Pass rêvassait derrière sa moustache et prit son solo en cours de route, mais Milt Jackson, beau et nerveux comme un danseur, fit parler la poudre. Des musiciens présents, seuls Bobby Durham et le vieux Clark Terry sont encore vivants aujourd’hui tandis que, comme un hasard qui ne signifie rien, le saxophoniste Ronnie Scott partage avec le grand Oscar, en plus de tout ça, d’être mort un 23 décembre.



CT- Donna Lee
envoyé par dow30

UNITED COLORS OF REVOLUTION

democracy_wideweb__430x285_1La période post-soviétique dans les pays d’Europe de l’Est a donné lieu depuis le début du XXI ème siècle à ce qu’on a appelé les révolutions multicolores (révolution de la Rose en Géorgie, révolution orange en Ukraine, « révolution des tulipes » au Kirghizstan, révolution en Serbie et en Azerbaïdjan). Ces révolutions sont à rapprocher des révolutions de velours de 1989 (Bulgarie, Tchécoslovaquie et les Etats Baltes) dans la mesure où elles se sont faites sans effusion de sang et où elles ont visé à défaire un régime oligarchique et autoritaire. Si elles peuvent être qualifiées de révolutions démocratiques, on peut en revanche s’interroger sur leur prétendu caractère populaire. C’est en premier lieu la nature des acteurs de ces révolutions qui amène une telle interrogation : des mouvements de jeunes visiblement dirigés par des élites pro-américaines. Ensuite, le résultat de ces évènements, c’est-à-dire la nature des actuels détenteurs du pouvoir tend à montrer que, comme souvent, une élite a été remplacée par une autre qui perpétue les vices et les travers qu’ils attribuaient à leurs prédécesseurs (corruption, luttes de clans, autoritarisme). A ce titre, le documentaire d’Arte intitulé « Révolutions mode d’emploi » est volontairement ou involontairement très éclairant sur la question (1).
Il va nous aider dans notre tentative de faire, malgré les différences, un tableau général de ces révolutions que nous pouvons qualifier de démocratiques et libérales mais certainement pas de populaires ni de sociales.

Car si on s’intéresse d’abord aux mouvements de jeunes, on s’aperçoit qu’ils sont conduits par des universitaires diplômés (ou en passe de l’être) au mode vie déjà petit-bourgeois et passablement américanisés (ou désireux de l’être (2) – leur anti-nationalisme en étant une des expressions). Des sortes de premiers de la classe section « Sciences, Droit et Marketing International option Philo » qui ont des ambitions politiques et des envies d’émancipation. Cela n’est pas sans rappeler nos petit bourgeois de mai 68 ou nos bobos pseudo révolutionnaires d’aujourd’hui. Leur formation universitaire les aidera d’ailleurs lorsqu’il s’agira de monter des dossiers de demandes de subventions auprès des fondations occidentales. En bons étudiants qui étudient, ils sont rompus à cet exercice.
En face d’eux, ils ont un gouvernement affaibli par son isolement géopolitique (blocus économique) et par des dissensions en son sein. Les étudiants « révolutionnaires » le qualifient d’affreuse dictature qui les opprime. Le documentaire d’Arte nous permet de voir un peu ce qu’il en est et quelle terrible répression est perpétrée par ce régime :

- cette dictature laisse de tels mouvements s’organiser et manifester librement. Ils organisent même des concerts en pleine ville sans être inquiétés
- cette dictature permet que ces mouvements soient constamment suivis par les télévisions et les journalistes et que leurs mises en scène à la sauce révolution de supermarché soient régulièrement relayées dans les journaux télévisés et fassent les unes de la presse.
- cette dictature permet que des policiers soient humiliés et insultés sans les autoriser à réagir
- cette dictature permet que d’immenses affiches frappées des slogans des révolutionnaires soient déployées dans les rues
- Incroyable ! Cette dictature permet qu’ils organisent un grand Congrès à Kiev en 2005 auquel ils invitent tous les représentants des fondations occidentales (German Fund, Fondation Westminster, Fonds Soros, National Democratic Institute)- fondations qui soutiennent , on vous le donne en mille, la démocratie et la liberté. Une sorte de speed dating de la révolution ou de grand casting pour la Revolution Academy ou La Nouvelle Star de la Révolution. Si les petits font bien leurs devoirs la fondation augmentera les crédits. Miser sur le bon bourrin, les américains savent faire. Mais faut que l’investissement rapporte vite et rapporte plus que la situation actuelle. En Azerbaïdjan ça valait pas le coup, les américains ont arrêté la campagne de pub pour la démocratie. Parce que la démocratie ça va mais du moment que ça rapporte. Et puis les jeunes de là-bas n’avaient pas l’air suffisamment fan des néocons. Trop peu gauchistes et trop peu réformistes et trop de gauche probablement. Tant pis ceux-là attendront pour changer leur téléphone portable et pour se meubler Ikéa.
- Incroyable ! cette dictature laisse aussi s’organiser en plein jour des conférences qui visent à former les futurs combattants pour la liberté en costard cravate. Après la classe, ces dangereux comploteurs vont tranquillement boire un verre dans le bar d’en face, vous savez celui situé à côté du commissariat. Fini les caves obscures et les rendez-vous en pleine nuit dans des ruelles sombres.
- Incroyable mais vrai : dans cette dictature, ce sont les révolutionnaires qui manipulent les médias !

www_otpor_net

Les '2 be 3' serbes, boys-band de la Révolution


Et puis écoutons le leader « serbe » à l’allure de jeune cadre de Wall Street qui s’exprime depuis ce qui ressemble à un studio de télé ou une salle de conférence luxueuse :

« L’un des pires bruits du monde, c’est le bruit des matraques de la police sur les boucliers avant leurs interventions ». Effectivement, ça fait froid dans le dos et c’est une horreur absolue ! La révolution sera ludique et financée par Walt Disney, Coca-cola et Penthouse ! L’autre confession d’un leader géorgien cette fois ne laisse aucun doute là-dessus : « C’était important pour nous de montrer que la politique c’était cool, si j’ose dire sexy ». Il verra peut-être un jour qu’un poteau d’exécution peut aussi être très sexy.
Gageons que désormais ces opportunistes sont récompensés de leur collaboration par des postes importants et qu’ils profitent de leur intégration dans la nouvelle oligarchie qui dirige le pays. Ils vont pouvoir changer leur ordinateur portable et acheter des meubles Ikéa pour leur appart en plein centre de Belgrade. Et la petite brune au look de dactylo, cheffeeuu du mouvement Khmara… Cette Louise Michel des Balkans (avec certainement un plus joli cul que notre Louise nationale) est déjà probablement productrice à la télévision pendant que son copain licencie le petit personnel depuis son superbe bureau de ministre.
Bref, une belle opération marketing rondement menée par des mercenaires professionnels. Une révolution de riches faite par les riches pour les riches. Mais le peuple a bien suivi le programme et il a acheté. Car bien entendu les producteurs du spectacle sont en coulisses afin de ne pas effrayer le bon peuple. Ces jeunes sont si adorables qu'on leur donnerait, comme ici à notre petit facteur révolutionnaire, le bon dieu sans confession. Mais ils se contenteront d’être les valets du nouveau pouvoir pendant que leurs compatriotes moins chanceux continueront de crever la dalle.
Concernant les coulisses, le documentaire nous présente par exemple en Serbie, ce Milan St Protic, futur maire de Belgrade : sweat shirt Tachini, allure de vieux beau qui veut faire jeune, appartement décoré façon Jacques Séguéla avec œuvres d’art Coca-cola, s’exprime en anglais, capitaine d’industrie qui se la joue cool. Un américain en quelque sorte.
Parce qu’ils commençaient probablement à subir les fâcheux effets de la faillite de leurs pays, là où d’autres auraient fait preuve d’abnégation et de solidarité envers leur patrie, tous ces bien pensants, des milieux d’affaires aux étudiants embourgeoisés, tous gargarisés de démocratie et de marché, se sont dit qu’il était temps de sauver leur peau et de tirer leur épingle du jeu quitte à ce que nombre de leurs compatriotes restent sur le carreau. Etrange révolution populaire qui méprise le peuple. En temps de guerre on appelle cela trahison et collaboration avec l’ennemi et à la sortie normalement c’est le poteau qui vous attend. Peut-être à la prochaine révolution, cette fois populaire et sociale.


Björk - declare independance
envoyé par zefa

anarchisme individualiste et libertaire ou bien anti-impérialisme identitaire ? (3)



(1) à voir sur Dailymotion : www.dailymotion.com/video/x3udlq_revolution-bobo-mode-demploi-1_politics


(2) Plus de 10 000 cadres de l’association de jeunes Pora et du Committee on Voters of Ukraine perçoivent un salaire à hauteur moyenne de 3 000 dollars par mois, ce qui représente en Ukraine un revenu plus que confortable. Ces émoluements sont financés par les États-Unis, via l’USAID et la NED. Le fait d’engager des milliers de figurants pour jouer une manifestation devant la presse a été expérimenté pour la première fois par le MI6 britannique et la CIA lors de l’Opération Ajax : en 1952, ils recrutèrent 6 000 figurants pour marcher sur le palais royal et renverser Mossadegh. (Source : http://www.reseauvoltaire.net/article15658.html#nb4)

(3) Björk “Declare independance” :

declare independence
don't let them do that to you

- justice-

start your own currency
make your own stamp
protect your language

make your own flag
make your own flag

raise your flag - higher higher
raise your flag -higher higher

damn colonists
ignore their patronizing
tear off their blindfold
open their eyes

declare independence
don't let them do that to you

with a flag and a trumpet
go to the top
of your highest mountain



24 décembre 2007

Fatwa contre Bourgois et Gracq: c'est fait.

Julien Gracq : "Enfin peinard!"

La mort de Christian Bourgois et de Julien Gracq, deux acteurs de premier plan de la littérature française, ne doit pas faire penser qu’il « arrive » quelque chose, en France, à la littérature : ça fait cinquante ans qu’il ne s’y passe plus grand-chose. Non pas que nous manquions d’écrivains, on en compte probablement plus aujourd’hui, des deux sexes, que du temps d’Hugo, de Chateaubriand, de Stendhal et de Baudelaire et chaque amuseur public, devenu sérieux pour parler de son cœur gros comme ça, nous rappelle à intervalles régulier et sur toutes les chaînes qu’il est dans la lignée d’untel, qu’il renouvelle tel ou tel genre ou, bien plus souvent, qu’il a une plume acérée et anticonformiste… Non, la France est manifestement remplie d’écrivains, autant ou presque que de cinéastes, mais on continue à devoir se donner beaucoup de peine pour y trouver un grand livre ou un grand film. Intelligents comme le sont nos écrivains, et riches d’un passé formidable, ils continuent de revendiquer l’excellence au temps de Paul Auster, de T.C. Boyle, d’Hubert Selby Jr, de Philip Roth, de Philip K. Dick, de William Burroughs et de Bukowski, tandis que nos cinéastres font comme si Paul Thomas Anderson, Sam Mendes, Spike Jonze, Larry Clark, les frères Coen, pour ne parler que Yankees, ne contribuaient pas, en plaçant le niveau à une certaine hauteur, à les faire tendre par comparaison vers le zéro absolu.

En 1949, Gracq publie « La littérature à l’estomac », un pamphlet dirigé contre l’édition, la vie littéraire française, et, en filigrane, ce con de Sartre. Il débute ainsi : »La France, qui s’est si longtemps méfié du billet de banque, est en littérature le pays d’élection des valeurs fiduciaires. Le Français, qui se figure malaisément ses leaders politiques sous un autre aspect que la rangée de têtes d’un jeu de massacre, croit les yeux fermés, sur parole, à ses grands écrivains. Il les a peu lus. Mais on lui a dit qu’ils étaient tels, on le lui a enseigné à l’école : il a décidé une fois pour toutes d’aller satisfaire ailleurs ses malignes curiosités. Lisant peu, il sait pourtant que son pays, de fondation, est grand par les ouvrages de l’esprit. Il sait qu’il a toujours eu de grands écrivains, et qu’il en aura toujours, comme il savait jusqu’à 1940 que l’armée française est invincible. » On en est toujours à ce sommeil-là aujourd’hui.

Gracq fut original à bien des égards. Il n’en faisait vraiment qu’à sa tête, pas seulement quand il refusait le prix Goncourt, ni quand il déclinait les invitations de Mitterrand, ni quand il se retirait totalement, et avant même l’introduction de la télé en France, de la vie médiatique, mais aussi quand il continuait, malgré tout, à rendre hommage à Breton et aux productions du surréalisme. Qu’une sincère admiration pour le projet surréaliste et l’ami ( ?) que fut Breton l’ait poussé à une fidélité très longue, on le conçoit. Mais avec le recul, et en jugeant ce qui reste des œuvres produites en littérature, on a quand même beaucoup de mal à comprendre la postérité du surréalisme et son relatif prestige.

Le surréalisme est peut-être un lien qui rapproche Gracq et Christian Bourgois, par l’intermédiaire de William Burroughs, édité en France très tôt par Bourgois. Quand il mettait en place ses techniques de cut-up avec Brion Gysin, entre Tanger et Paris, Burroughs donnait au surréalisme une santé et une ampleur qu’il n’avait jamais eues littérairement. Se foutant parfaitement des écoles, celui qui considérait que la littérature avait alors "cinquante ans de retard sur la peinture" n’aurait probablement pas supporté plus d’un quart d’heure un type comme André Breton. Mais, bien qu’il s’agisse aussi d’une forme d’impasse, ses textes cut-up (dont Tristan Tzara avait eu la prémonition) ont immédiatement atteint et dépassé tout ce que l’écriture automatique avait toujours tenté de faire. Donner à l’inconscient une forme littéraire, idée française, fut réalisée en France, mais par un Ricain pur beurre qui, chose faite, passa ensuite à bien autre chose. Il n’y a plus que quelques franchouillards pour continuer, (esprit de résistance dans le vide bien de chez nous) avec un siècle de retard, à trouver l’idée intéressante, à l’image des peintres de la place du Tertre.

Burroughs, Gysin


Signe des temps, on entend partout que Bourgois fut l’éditeur des Versets Sataniques, de Rushdie, on n’entend même que ça. Il avoua lui-même avoir fait ce geste dangereux sans savoir précisément ce que valait l’œuvre menacée, ni la teneur réelle des menaces (« je ne savais même pas à l’époque ce que signifiait le mot fatwa »). En tout état de cause, à l’heure de sa mort, les médias mettent en avant cet épisode, c'est-à-dire un thriller, pour rappeler au grand public (tout le monde en a entendu parler) qu’il a frissonné devant le danger fascisto-chiite. On favorise encore un moment qui n’est certes pas rien, qui a sans doute valeur de symbole, mais qui n’a pas grand-chose à voir avec la littérature, et on passe très vite sur le reste du catalogue, et ce qu’il signifie : Burroughs, Ginsberg, Brautigan, Fante, Pessoa, Gadda, Jünger, etc, des auteurs qui ont vécu des dangers bien aussi réels que Rushdie, tous seuls, sans le concours de brutes barbues et sans gardes du corps.

23 décembre 2007

La Loi du Marchais

Ce sera peut-être le dernier post du CGB. Celui qui fait la lumière sur tout, celui qui met tout le monde d'accord. Depuis des mois et des mois les branle...euh...les chercheurs du CGB tentent vainement de cerner le problème fondamental de notre société. A coup de posts rageurs et d'analyses forcément approximatives, ils disent ce qu'ils ont sur le coeur essayant au passage d'exprimer ce qu'ils pensent avoir compris des raisons de la crise. Mais avec ce nouveau post, on voit mal ce qui pourrait être ajouté, on voit mal ce qui désormais pourrait advenir du CGB. Car en vérité je vous le dit : avec cette vidéo TOUT EST ACCOMPLI. C'est le post final !



Hommage et respect au camarade Georges Marchais (juin 1920-nov. 1997)


Puzzle Clyro



Le 4e album des écossais de Biffy Clyro "Puzzle" vient d'être élu "album de l'année" par la presse musicale anglaise (Rocksound, Kerrang)... Ok c'est mieux que Muse et moins chiant que Radiohead.

21 décembre 2007

Le salaire de la p..pppeuuur !

Après le passage des sauterelles

Journal de midi sur France Inter. L’invraisemblable Claire Servajean passe la parole à sa correspondante en Drôme pour un reportage sur les vols dans les camions sur les aires de repos de l’A 7, pendant les fêtes de fin d’année. On apprend que les gendarmes patrouillent pour guetter les bandes qui sévissent. Beaucoup de patrouilles, qui suggèrent beaucoup de bandes. On nous explique même le modus operandi : des voleurs armés de cutters se faufilent le long des semi-remorques bâchés, en découpent la bâche, se glissent dedans et s’y servent. A peine croyable d'audace! Un chauffeur nous dit avoir été délesté de « salades vertes », l’an dernier… tandis qu’un gendarme relate le vol, il y a peu, de « quatre écrans plats » ! « La quantité n’est pas énorme, précise la volaille, mais au prix des écrans, ils ont bien gagné leur vie ».

Au moment de clore son court reportage, la journaliste d’investigation nous recommande la vigilance et termine par cette phrase inouïe : « Ce vol reste à ce jour le seul enregistré pour cette année, grâce justement aux patrouilles policières. Rappelons qu’il passe 17 000 poids lourds par jour dans la vallée du Rhône » !

Résumé :

17 000 poids lourds par jour (510 000 par mois !),

1 vol,

4 écrans plats de merde dérobés,

1 reportage à midi sur la seconde radio nationale.

Nouveau: l'INSULTOTRON

Sud-Ouest nous révèle une affaire étonnante : un client d’orange qui utilisait les services de sa hot-line a reçu un courrier lui indiquant ses coordonnées de connexion, dont un mot de passe inédit : « salearabe »! Le client en question, magie de l’informatique, est effectivement un Arabe, et s’est senti légèrement concerné…

(http://www.sudouest.com/191207/france.asp?Article=191207aP1325362.xml)

La mésaventure n’est pas à proprement parler une première : il y a quelques semaines, un courrier du port de Le Guilvinec informait un client potentiel des horaires d’ouverture de la capitainerie. Voici, en exclusivité, la photo qui accompagnait cet innocent courrier, mais que nous avons retouchée pour rendre son destinataire anonyme.

A l’image de HAL, l’ordinateur de 2001 Odyssée de l’espace, les PC qui grouillent dans les bureaux de nos bureaucrates, prenant soudain leur autonomie, sont entrés dans l’âge de l’insulte informatique, donc automatique, probablement inspirés par les mœurs modernes des humains. Encore un progrès que le Sud nous envie.

20 décembre 2007

L'homme de l'année 2007


La propriété du groupe AOL-Time Warner vient de choisir Vladimir Poutine comme personnalité de l'année 2007. Notre chanoine doit en être fort marri.

N'en déplaise à certains, le régime mis en place par Poutine s'appuie sur les principes du réalisme, de l'autoritarisme, du nationalisme, de l'enrichissement de la classe moyenne, seul gage de stabilité à long terme d'un pays, et de l'utilisation de la force alliée à la diplomatie lorsque le rapport en est favorable... "La démocratie" qui a été à l'œuvre durant les années 90 n'a permis que d'enrichir les oligarques au mépris du reste de la population.

Mondialisation heureuse ?

Il y a quelques années, énervé par une double page de mon journal régional faisant la part belle à un faux-journaliste ricain donneur de leçons, j'avais rédigé ce cathartique petit courrier qui a probablement fini dans la première corbeille venue. Le voilà ressuscité.

Réponse à Thomas Friedman et autres chantres du libéralisme mondialisé

Thomas Friedman a manifestement une vision béate et partielle de la mondialisation. Dans l'entretien accordé à Sud Ouest Dimanche et paru le 29 octobre, le journaliste américain s'émerveille devant ce phénomène qu'il considère comme inévitable et civilisateur. Sa conception est béate car elle ne tient pas face à la réalité du monde. Des études, autrement plus rigoureuses, menées par de vrais spécialistes comme Emmanuel Todd, montrent que le libre-échange moderne, mondialisé et dérégulé, s'accompagne d'une formidable montée des inégalités internes à chaque société et que si des richesses sont créées (augmentation du PNB réel), elles profitent à certains groupes sociaux, généralement des élites qui gagnent beaucoup, au détriment d'autres groupes, généralement des travailleurs ordinaires qui perdent d'autant. Vision également partielle du journaliste américain car vision occidentalocentriste. Elle occulte l'incapacité du modèle américain qu'il vénère tant à redistribuer la richesse produite et passe sous silence son incompatibilité souvent délétère avec les modes de vie des populations qu'il tente de convertir. Une manière de colonialisme qui revêt les oripeaux du Développement et de la Démocratie et qui se contente au mieux d'imposer le même modèle inégalitaire à la planète entière. Un colonialisme qui impose ses lois économiques partout et qui au bout du compte se révèle incapable d'éradiquer le sous-développement qu'il prétend pourtant combattre. Ainsi, dans son interview, Thomas Friedman, chantre du néolibéralisme et de la mondialisation, nous livrait quelques perles faites d’optimisme cynique et de positivisme partial. En voici un florilège suivi à chaque fois d’un petit commentaire :

* Friedman : « C’est ainsi que le monde est devenu plat. Je n’entends pas par là qu’il s’est égalisé mais que, sur cette plate-forme technologique, de plus en plus de gens ont d’égales chances de se connecter, d’entrer en compétition et d’échanger » - Mythe de l’égalité des chances et apologie de la compétition.

* Friedman : « Si vous tenez un blog et que vous êtes bon, vous pouvez me concurrencer au New York Times » - Croyance naïve en l’existence d’une méritocratie fondée sur les compétences humaines et la probité intellectuelle (si cette méritocratie était avérée, Friedman, au lieu d’officier au New York Times, gratterait quelques papiers fumeux dans un hebdomadaire de seconde zone au fin fond du Nebraska)

* Friedman : « L’idée de vous battre contre quelqu’un en Chine ou en Inde peut-être excitante si vous aimez le challenge, mais terrifiante si vous ne vous sentez pas armé » - Philosophie belliciste

* Friedman : « Le politique peut abattre les cloisons entre les deux Corées ou l’Iran et Israël, mais il ne peut pas interrompre l’aplatissement de la Terre* » - *comprendre ici : la globalisation. (Le titre de l’article était : « La Terre est de plus en plus plate ». On pourrait ajouter : « à l’image des valeurs défendues par le capitalisme mondialisé »). Propagande et mauvaise foi d’un membre de la classe supérieure américaine qui bénéficie directement du caractère inégalitaire de la mondialisation capitaliste et qui la présente donc comme un phénomène naturel et heureux, phénomène contre lequel on ne peut rien et contre lequel il est vain de vouloir résister.

* Friedman : « L’Europe peut-être très compétitive, mais elle n’a pas comme mon pays le sens inné du risque et de l’innovation. Elle est dans la préservation de ses acquis. Elle n’a pas besoin d’une mutation politique mais d’une ample révolution culturelle » - Impérialisme qui donne des leçons et qui veut imposer ses valeurs totalement creuses et inégalitaires à des cultures riches de vingt siècles d’histoire. Ici le vernis craque car dans l’euphémique expression « révolution culturelle », il faut évidemment entendre la destruction des formes économiques et culturelles antérieures à l’expansion du capitalisme moderne mondialisé. Il faut comprendre destruction des manières de vivre et des rapports sociaux qui font obstacle à la réalisation et l’expansion de ce même capitalisme. Mais l’idéologue reste très discret sur tous ces points. Il considère probablement ces sujets comme mineurs et les dommages dont ils témoignent comme « collatéraux ». La monstruosité de cette conception rappelle un film de science-fiction, le bien nommé Alien, dans lequel les choses avaient mal tourné. En effet, l'ordinateur central du vaisseau spatial (baptisé assez judicieusement « Maman ») avait été reprogrammé pour favoriser la Mission au détriment ...je vous le donne en mille : au détriment de l'équipage ! Pour Friedman, la Mission est en cours. Elle s’intitule : Mondialisation, Dérégulation, Uniformisation.

Pour achever la réplique, voici quelques extraits des travaux d’ Emmanuel Todd auxquels j’ai fait référence plus haut et qui sont des modèles de probité intellectuelle et de rigueur scientifique :
« L'ouverture commerciale absolue est, sur une longue période, néfaste à l'ensemble de la société, mais elle profite à certains groupes et secteurs. Le libre-échange, s'il étouffe la croissance et tasse les salaires des travailleurs ordinaires, avantage extraordinairement certaines catégories sociales supérieures ».
« Le résultat global en termes de bien être des populations, du libre-échange moderne : l'abaissement des barrières douanières dans la majeure partie du monde occidental s'est accompagné d'une chute du taux de croissance de l'économie mondiale et d'une formidable montée des inégalités internes à chaque société »
« Sur les campus universitaires, les étudiants continuent d'apprendre que le libre-échange, s'il pose des problèmes à certaines catégories de travailleurs, est bon pour la société dans son ensemble, pour le consommateur, ce petit roi théorique du capitalisme anglo-saxon. Comment une telle croyance peut-elle tenir contre la réalité du monde. L'explication doit faire intervenir trois niveaux entremêlés : idéologique, sociologique, économique »

Bolufer : saint et martyr.

"Je sais de quoi j'parle...(hin hin)"

Quand Eugène-François Vidocq fut nommé à la direction de la Brigade de sûreté de Paris, il était connu comme ancien malfrat, ancien bagnard, ancien indic. Il avait, aux yeux de chacun, tout du parfait salopard. Il innova quelque peu en engageant lui-même d’anciennes canailles chargées d’infiltrer le milieu, et fit entrer ainsi la police française dans une phase d’efficacité nouvelle. Malgré ses états de service, il ne manqua jamais d’ennemis parmi ceux qui se rangeaient du côté de l’ordre et de la morale.

Son exemple est aujourd’hui multiplié à l’infini, et on ne se formalise plus que les services secrets infiltrent les milieux islamistes, par exemple, en y envoyant des types se convertir pour de faux. Efficacité, un point c’est tout. C’est la raison pour laquelle IL FAUT NOUS RENDRE JEAN PAUL BOLUFER !

On le sait désormais, une des missions de Bolufer (anagramme de Le Fourb’) auprès de Boutin était de traquer les gens qui, logés en HLM à une époque où ils étaient fauchés, continuaient de l’être bien que leur situation soit améliorée, parfois même splendidement. Ces nantis, une fois démasqués, auraient eu à payer une surprime (ce qui existe déjà, mais faisons comme si ce gouvernement innovait) ou peut-être à trouver à se loger ailleurs.

Ce juste expliqua même sa position sur France Culture, de façon formidable (http://www.france-info.com/spip.php?article54007&theme=9&sous_theme=12).

Or, on apprend qu’il était lui-même logé complaisamment par la ville de Paris dans un vaste appartement quatre fois moins cher que les prix du marché. C’est justement ce qui devait lui donner une sorte d’expertise pour piéger le saligaud, et, n’en doutons pas, c’est la raison principale qui le fit nommer à la tête de cette importante et morale mission. Etant lui-même au courant des manœuvres souterraines qu’il faut faire pour garder indûment un putain d’appart dans un quartier rupin pour que dalle, il était incontestablement l’homme qu’il faut à la France pour épurer efficacement les dossiers HLM des anciens crevards qui y pullulent !

Une pétition sera bientôt lancée sur le CGB pour réclamer son retour (et un petit 150 m2 dans le Vème à moins de 300 euros) !

19 décembre 2007

Mon dieu, protégez-nous des économistes!

Pigé?

On entend parler de nouveau de protectionnisme depuis quelque temps, depuis que la pensée critique sur la mondialisation se multiplie. Il y a une dizaine d’années encore, le simple mot de protectionnisme faisait sourire et déclenchait presque la pitié : il est maintenant brandi comme une solution, voire la solution, face à l’incompréhensible bordel au milieu duquel nous sommes en train de couler.

Remarque liminaire : ceux qui sont supposés nous éclairer sur les avantages et inconvénients de telle ou telle mesure économique, dont le protectionnisme, ne sont finalement d’aucune utilité. Parmi les économistes, il est tout aussi facile de trouver des partisans que des adversaires du protectionnisme, pour ne parler que des économistes prestigieux : Le prix Nobel Maurice Allais, dont René Jacquot évoquait le nom hier, est un protectionniste convaincu, comme Paul Samuelson, tandis que d’autres Nobel, Milton Friedman ou Freidrich von Hayek s’y opposent résolument. Il reste donc aux non économistes que nous sommes à se faire une opinion, c'est-à-dire à trouver un discours théorique suffisamment construit pour appuyer ce qu’on pensait déjà confusément, sans souci de justesse, de justice, ni d’esprit réellement scientifique…

Pas plus que les grosses têtes nobélisées, je ne suis capable de trancher quoi que ce soit dans ce débat technique. J’observe simplement qu’il est plus facile de protéger son économie quand on est puissant que quand on est faible, probablement parce qu’on est moins sensible aux mesures de riposte qui s’ensuivent généralement. Le protectionnisme est donc paradoxalement utilisé par des pays assez puissants pour se foutre de l’avis des autres, et il est pratiquement interdit aux pays faibles, que le mot protection semblait pourtant désigner en priorité. Mieux : le contexte actuel est celui d’un protectionnisme qui viserait à nous protéger, nous, pays puissants, des attaques dégueulasses des pays de crève la dalle ! Quand on écrit « protectionnisme contre la mondialisation », il faut traduire par protectionnisme contre les produits chinois, indiens ou autres, c'est-à-dire contre des produits réalisés à bas coûts, dans des conditions sociales très exotiques, dans des pays moins développés que les nôtres, et sur une échelle qui nous dépasse.

Deuxième observation : la critique de la mondialisation est une discipline occidentale qui naît et se développe au moment même où la mondialisation commence à produire des effets défavorables aux économies et aux sociétés occidentales. Quand il s’agissait de produire des usines clés en mains et de les fourguer au Maghreb, à l’Argentine ou en Extrême-Orient, la mondialisation était tout simplement formidable, comme notre savoir-faire, nos ouvriers, nos capitaines d’industrie et le drapeau tricolore. Quand le marché mondial des produits agricoles est réglé par les puissances occidentales grâce à des positions dominantes et des mécanismes d’aides qui mettent les agricultures du sud en faillite, tout le monde, ou presque, s’en accommode. Quand Bouygues va construire une université à Riyad ou un barrage sur le Yang-Tsé-Kiang, on se félicite (je me demande bien pourquoi, d’ailleurs), mais si un obscur village d’Inde se met à produire nos godasses douze fois moins cher que nous, il faut d’urgence s’en protéger !

De deux choses, l’une : soit l’économie, fût-elle mondiale, est la lutte de tous contre tous et n’est régie que par des intérêts à court terme, alors protégeons-nous comme des bêtes ; soit l’économie vise à équilibrer des échanges entre des acteurs de façon qu’ils puissent tous vivre de leur travail, et dans ce cas, posons-nous la question de savoir ce qui arrivera aux villageois indiens quand on aura fermé le marché que nous représentons pour eux.

Sur un autre plan, tout le monde a bien compris que les peuples des pays pauvres ont tendance à émigrer dans les pays riches, surtout s’ils n’ont aucun espoir de voir changer leur pays d’origine. Quand on aide une industrie à naître dans un pays d’Afrique, quand on commence à y créer des emplois et des conditions de vie acceptables, on se garantie aussi contre des vagues d’émigration de la misère. Personne, que je sache, ne conteste ce principe simple. Mais on fait pourtant comme si ces industries naissantes ne devaient pas avoir de débouchés, comme si une usine dans le sud n’avait pas vocation à exporter aussi dans le nord, et donc, comme si le développement économique du sud devait servir à reproduire éternellement les rapports de puissance existant au niveau mondial. Quand on voit comment les pays riches s’affolent face aux pauvres qui sortent la tête de l’eau, on se demande si l’aide qu’ils leur apportaient n’avait pas pour fonction principale de leur donner bonne conscience, et si ils n’avaient pas cru qu’un rapport de don (ou d’aide) pouvait se reproduire sans fin, chacun jouant le même rôle pendant que rien ne change. Quand on apprend à un enfant à faire de la bicyclette, on ne doit pas s’étonner ni trouver injuste qu’il nous mette un jour vingt minutes dans la vue sur notre parcours habituel !

La question est complexe. La mondialisation des échanges produit des traumatismes chez nous, c’est incontestable. La tentation de se protéger est légitime et logique. Par ailleurs, la mondialisation permet à des pays de se développer, et leur fermer la porte au nez aura des conséquences gigantesques chez eux, donc à terme chez nous. Certains prétendent qu’il est légitime de se protéger contre des pays qui n’ont pas de législation du travail comparable aux nôtres, ce à quoi on pourrait répondre qu’ils ne risquent pas d’avoir une super législation du travail s’ils n’ont pas, d’abord, du travail… En Europe, les Allemands sont les moins chauds pour le protectionnisme. Pourquoi ? Parce qu’ils sont sympas avec le reste du monde ? Non, parce qu’ils ont su conserver une industrie à forte valeur ajoutée qui n’est pas hyper concentrée, qu’ils ne dépendent pas uniquement de la fusée Ariane, du TGV et d’Airbus, et qu’ils savent produire mieux que les autres des machines-outils et des biens intermédiaires. Tant que les pays émergents concurrencent l’Europe sur la fabrication des T.shirts, des serviettes de table et des pantoufles, les Allemands s’en foutent. Quand ils seront dangereux sur les points forts de l’économie allemande, on reparlera de protectionnisme communautaire en Europe. Généreux, hein ?

Carli Bruni

Arlette tiens bon !!

18 décembre 2007

Collection Noël 2008 (bis)

De la bonne gouvernance



Bon sang... mais c'est bien sûr!!! Si l'Europe est rejetée par les peuples c'est parce qu'il n'y a pas assez de bonne gouvernance qui prône le dialogue avec "la société civile"!!

Au CGBi, on se pose la question de savoir pourquoi l'art d'administrer sa maison est devenu l'alpha et l'oméga de tous nos politiques adeptes du consensus flanby.



Le moderne conchie ce verbe ringard qu'est "gouverner"... Non, pour aller dans le sens de la posthistoire il faut désormais parler de "gouvernance".

Gouvernance, ce vieux mot domestique du XIIIe siècle qui illustrait l'art de bien administrer sa maison a été remis au goût du jour en France principalement par l'action de la Commission européenne, du MEDEF et de quelques politiques (dont Jean-Pierre Raffarin). En vérité, notre "gouvernance" n'est juste que le copié-collé de l'anglais d'entreprise Corporate governance qui illustrait au tournant des années 70, une nouvelle façon d'envisager le management directement issue de la critique artiste des soixantehuitards (lire Le nouvel esprit du capitalisme, de Luc Boltanski et d'Eve Chiapello).

FMI, Banque Mondiale, Commission européenne, Etat, tous ne jurent que par la "gouvernance"... pour une raison simple: celle de pouvoir parvenir à ce vieux rêve des oligarques qui consiste à vouloir se débarrasser une bonne fois pour toutes du Peuple. C'est ce que montrent dans un ouvrage roboratif, Philippe Arondel et Madeleine Arondel- Rohaut , Gouvernance: une démocratie sans le Peuple? (Ellipses).

En effet, les concepts de gouvernance et de souveraineté du peuple sont plus qu'antinomiques: grâce à un consensus mou bâti sur un prétendu dialogue avec la société civile (le remplaçant légitime et propret du Peuple pour les oligarques), la gouvernance tend à vouloir en finir avec le démos.

Mieux, la gouvernance choyée par nos amis cybernéticiens n'est que le faux-nez d'une idéologie d'un totalitarisme qui tend à vouloir faire sortir les nations de l'histoire et de toute sa dimension tragique au profit d'une nouvelle économie de l'intime, ou le management envahirait non seulement la Politique (avec un grand P) via sa cohorte de sophistes mais aussi l'Homme:

"L'homme nouveau, la salarié idéal rêvé par les grands prêtres de la religion postfordiste, c'est celui qui, s'étant délesté de sa prétention absurdement prométhéenne à transformer le monde, n'aurait plus d'autre ambition que d'actualiser sans cesse sous désir de durer, dans le champ étroitement balisé de l'entreprenariat de soi-même, de l'auto exploitation de son capital humain (NDA: Merci Bourdieu!)"

Les fadaises sur la flexicurité vont dans ce sens comme si le travailleur n'était qu'un ordinateur dont on devait reformater le logiciel...

La gouvernance est partout et a atteint toutes les sphères de la vie publique ET privée.A vrai dire, la gouvernance est l'outil antirépublicain par excellence puisqu'il dépossède le peuple de ses droits au profit d'instances non représentatives auto proclamées et avec lesquelles le pouvoir oligarchique trace le sillon de ces réformes mortifères qui assoiront définitivement le règne du pancapitalisme total, schizophrène et horizontal.

C'est clairement la philosophie qui préside l'Europe en ce moment car derrière le citoyennisme se cache la hantise de la chose publique au profit d'un face à face entre experts et intérêts particuliers (lobbies).

Collection Noël 2008


Toi, le jeune qui aime le rock et la drogue... Tu veux être habillé avec de beaux pull-overs comme tes idoles les Queens of The Stone Age? Rien de plus simple, il suffit d'aller dans la boutique du bon goût made in Quackers.

Allais le protectionnisme!!!



La France n'a jamais été un bon élève question économie... C'est quand elle n'est pas alignée qu'elle témoigne de son génie à l'instar de son dernier Prix Nobel d'économie Maurice Allais.
Maurice Allais , jadis libéral avec ses potes de la société du Mont-Pèlerin, est devenu aujourd'hui un inlassable pourfendeur du libre-échange....

Extrait tiré du site contreinfo.





Maurice Allais : Les effets destructeurs de la Mondialisation
17 décembre 2007

« Le véritable fondement du protectionnisme, sa justification essentielle et sa nécessité, c’est la protection nécessaire contre les désordres et les difficultés de toutes sortes engendrées par l’absence de toute régulation réelle à l’échelle mondiale. »

Par Maurice Allais, Prix Nobel d’économie

Extrait d’une lettre ouverte adressée à Monsieur Jacques Myard, Député des Yvelines, 2005

L’Europe a favorisé l’émergence d’une mondialisation sans barrière. N’a-telle pas aussi concouru à l’accroissement de ses difficultés économiques ?
Les effets de la Mondialisation

En fait, à partir de 1974 on constate pour la France une croissance massive du chômage, une réduction drastique des effectifs de l’industrie et une réduction très marquée de la croissance.

Le taux de chômage au sens du BIT

De 1950 à 1974, pendant vingt-quatre ans le taux de chômage au sens du BIT est resté constamment inférieur à 3 %. De 1975 à 2005, pendant les trente années suivantes, il s’est progressivement élevé pour attendre 12,5 % en 1997 et 10 % en 2005.

Emplois dans l’industrie

Alors que de 1955 à 1974 les effectifs dans l’industrie s’étaient accrus d’environ 50.000 par an, ils ont décru de 1974 à 2005 d’environ 50.000 par an. Les effectifs de l’industrie ont atteint leur maximum d’environ 6 millions en 1974.

Produit intérieur brut réel par habitant

De 1950 à 1974 le taux de croissance moyen du PIB réel par habitant a été de 4 %. De 1974 à 2000 le taux moyen de croissance a été de 1,6 % avec une baisse de 2,4 % , soit une diminution de 60 %.


1950-1974 et 1974-2005. Deux contextes très différents

En fait, une seule cause peut et doit être considérée comme le facteur majeur et déterminant des différences constatées entre les deux périodes 1950-1974 et 1974- 2005 : la politique à partir de 1974 de libéralisation mondialiste des échanges extérieurs du GATT et de l’Organisation de Bruxelles et de la libéralisation des mouvements de capitaux dont les effets ont été aggravés par la dislocation du système monétaire international et l’instauration généralisée du système des taux de change flottants.

Incontestablement l’évolution très différente de l’économie française à partir de 1974 résulte de la disparition progressive de toute protection du Marché Communautaire Européen, de l’instauration continue d’un libre-échange mondialiste, de la délocalisation des activités industrielles, et de la délocalisation des investissements financiers [1] .

En tout cas, au regard de l’accroissement massif du chômage, de la très forte diminution des emplois dans l’industrie, et de la baisse considérable du taux d’accroissement du produit national brut réel par habitant à partir de 1974, il est tout à fait impossible de soutenir que la politique de libre-échange mondialiste mise en oeuvre par l’Organisation de Bruxelles a favorisé la croissance et développé l’emploi.

En fait, ce que l’on a constaté, c’est que la politique de libre-échange mondialiste poursuivie par l’Organisation de Bruxelles a entraîné à partir de 1974 la destruction des emplois, la destruction de l’industrie, la destruction de l’agriculture, et la destruction de la croissance [2].

Si la politique libre échangiste de l’Organisation de Bruxelles n’avait pas été appliquée, le PIB réel par habitant en France serait aujourd’hui d’au moins 30 % plus élevé qu’il ne l’est actuellement, et il serait certainement au moins égal au PIB réel par habitant aux Etats-Unis 4. Qui ne voit que les difficultés majeures auxquelles nous sommes confrontés aujourd’hui résultent pour l’essentiel de la diminution considérable du produit intérieur brut réel qu’a entraînée pour nous la politique libre échangiste de l’Organisation de Bruxelles.
La politique mondialiste de l’OMC et de l’Organisation de Bruxelles

Toute cette analyse montre que la libéralisation totale des mouvements de biens, de services et de capitaux à l’échelle mondiale, objectif affirmé de l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC) à la suite du GATT, doit être considérée à la fois comme irréalisable, comme nuisible, et comme non souhaitable.

Elle n’est possible, elle n’est avantageuse, elle n’est souhaitable que dans le cadre d’ensembles régionaux économiquement et politiquement associés, groupant des pays de développement économique comparable, chaque Association régionale se protégeant raisonnablement vis-à-vis des autres.

En fait, une analyse correcte de la théorie du commerce international ne conduit en aucune façon à la conclusion que l’application à l’échelle mondiale d’une politique généralisée de libre-échange pourrait correspondre à l’intérêt réel de chaque pays, que ce soient les pays développés de l’Europe occidentale et de l’Amérique du Nord ou le Japon, ou que ce soient les pays en voie de développement de l’Europe de l’Est, de l’ex-URSS, de l’Afrique, de l’Amérique Latine, ou de l’Asie.

Je ne saurais trop l’affirmer : la théorie naïve et indûment simplificatrice du commerce international que nous brandissent les thuriféraires de la libéralisation mondiale des échanges est totalement erronée. Il n’y a là que postulats sans fondements.

En réalité, ceux qui, à Bruxelles et ailleurs, au nom des prétendues nécessités d’un prétendu progrès, au nom d’un libéralisme mal compris, et au nom de l’Europe, veulent ouvrir l’Union Européenne à tous les vents d’une économie mondialiste dépourvue de tout cadre institutionnel réellement approprié et dominée par la loi de la jungle, et la laisser désarmée sans aucune protection raisonnable ; ceux qui, par là même, sont d’ores et déjà personnellement et directement responsables d’innombrables misères et de la perte de leur emploi par des millions de chômeurs, ne sont en réalité que les défenseurs d’une idéologie abusivement simplificatrice et destructrice, les hérauts d’une gigantesque mystification.

L’hostilité dominante contre toute forme de protectionnisme

L’hostilité dominante d’aujourd’hui contre toute forme de protectionnisme se fonde depuis soixante ans sur une interprétation erronée des causes fondamentales de la Grande Dépression.

En fait, la Grande Dépression de 1929-1934, qui à partir des Etats-Unis s’est étendue au monde entier, a eu une origine purement monétaire et elle a résulté de la structure et des excès du mécanisme du crédit. Le protectionnisme en chaîne des années trente n’a été qu’une conséquence et non une cause de la Grande Dépression. Il n’a constitué partout que des tentatives des économies nationales pour se protéger des conséquences déstabilisatrices de la Grande Dépression d’origine monétaire.

- Les adversaires obstinés de tout protectionnisme, quel qu’il soit, commettent une seconde erreur : ne pas voir qu’une économie de marchés ne peut fonctionner correctement que dans un cadre institutionnel et politique qui en assure la stabilité et la régulation.

- Comme l’économie mondiale est actuellement dépourvue de tout système réel de régulation et qu’elle se développe dans un cadre anarchique, l’ouverture mondialiste à tous vents des économies nationales ou des associations régionales est non seulement dépourvue de toute justification réelle, mais elle ne peut que les conduire à des difficultés majeures.

Le véritable fondement du protectionnisme, sa justification essentielle et sa nécessité, c’est la protection nécessaire contre les désordres et les difficultés de toutes sortes engendrées par l’absence de toute régulation réelle à l’échelle mondiale.

Il est tout à fait inexact de soutenir qu’une régulation appropriée puisse être réalisée par le fonctionnement des marchés tel qu’il se constate actuellement.

Si on considère, par exemple, le cas de l’agriculture communautaire européenne, l’alignement de ses prix sur des prix mondiaux qui peuvent rapidement varier de un à deux en raison d’une situation toujours instable n ’a aucune justification.
La doctrine laissez-fairiste mondialiste

Depuis deux décennies une nouvelle doctrine s’est peu à peu imposée, la doctrine du libre-échange mondialiste impliquant la disparition de tout obstacle aux libres mouvements des marchandises, des services et des capitaux.

Cette doctrine a été littéralement imposée aux gouvernements américains successifs, puis au monde entier, par les multinationales américaines, et à leur suite par les multinationales dans toutes les parties du monde, qui en fait détiennent partout en raison de leur considérable pouvoir financier et par personnes interposées la plus grande partie du pouvoir politique.

La mondialisation, on ne saurait trop le souligner, ne profite qu’aux multinationales. Elles en tirent d’énormes profits.
Le nouveau Credo

Suivant cette doctrine la disparition de tous les obstacles aux changements est une condition à la fois nécessaire et suffisante d’une allocation optimale des ressources à l’échelle mondiale. Tous les pays et dans chaque pays tous les groupes sociaux doivent voir leur situation améliorée.

Les partisans de cette doctrine sont devenus aussi dogmatiques que les partisans du communisme avant son effondrement avec la chute du mur de Berlin en 1989. Pour eux la mise en oeuvre d’un libre-échange mondial des biens, des services, et des capitaux s’impose à tous les pays et si des difficultés se présentent dans sa mise en oeuvre elles ne peuvent être que temporaires et transitoires.

En réalité, les affirmations de la nouvelle doctrine n’ont cessé d’être infirmées aussi bien par l’analyse économique que par les données de l’observation. En fait, une mondialisation généralisée n’est ni inévitable, ni nécessaire, ni souhaitable.
Quatre conclusions fondamentales

De l’analyse des faits constatés résultent quatre conclusions tout à fait fondamentales :

- Une mondialisation généralisée des échanges entre des pays caractérisés par des niveaux de salaires très différents aux cours des changes ne peut qu ’entraîner finalement partout dans les pays développés : chômage, réduction de la croissance, inégalités, misères de toutes sortes. Elle n’est ni inévitable, ni nécessaire, ni souhaitable.

- Une libéralisation totale des échanges et des mouvements de capitaux n’est possible, et elle n’est souhaitable que dans le cadre d’ensembles régionaux groupant des pays économiquement et politiquement associés et de développement économique et social comparable.

- Il est nécessaire de réviser sans délai les Traités fondateurs de l’Union Européenne, tout particulièrement quant à l’instauration indispensable d’une préférence communautaire.

- Il faut de toute nécessité remettre en cause et repenser les principes des politiques mondialistes mises en oeuvre par les institutions internationales, tout particulièrement par l’Organisation mondiale du commerce (OMC).
L’aveuglement de nos dirigeants politiques

Au regard de l’ensemble de l’évolution constatée de 1974 à 2004, soit pendant trente ans, on peut affirmer aujourd’hui que cette évolution se poursuivra si la politique de libre-échange mondialiste de l’Organisation de Bruxelles est maintenue.

En fait, toutes les difficultés pratiquement insurmontables dans lesquelles nous nous débattons aujourd’hui résultent de la réduction d’au moins 30 % du Produit national brut réel par habitant d’aujourd’hui. La prospérité de quelques groupes très minoritaires ne doit pas nous masquer une évolution qui ne cesse de nous mener au désastre.

L’aveuglement de nos dirigeants politiques, de droite et de gauche, depuis 1974 est entièrement responsable de la situation dramatique où nous nous trouvons aujourd’hui. Comme le soulignait autrefois Jacques Rueff : « Ce qui doit arriver arrive. »

Toute l’évolution qui s’est constatée depuis 1974 résulte de l’application inconsidérée et aveugle de l’Article 110 du Traité de Rome du 25 mars 1957 constamment repris dans tous les traités ultérieurs :

Article 110

« En établissant une union douanière entre eux les Etats membres entendent contribuer conformément à l’intérêt commun au développement harmonieux du commerce mondial, à la suppression progressive des restrictions aux échanges internationaux et à la réduction des barrières douanières. »

En fait, pour être justifié l’Article 110 du Traité de Rome devrait être remplacé par l’article suivant :

« Pour préserver le développement harmonieux du commerce mondial une protection communautaire raisonnable doit être assurée à l’encontre des importations des pays tiers dont les niveaux des salaires au cours des changes s’établissent à des niveaux incompatibles avec une suppression de toute protection douanière. »

Ce texte est extrait de :

L’EUROPE EN CRISE QUE FAIRE ? Réponses à quelques questions

dont nous reproduisons ci-dessous le sommaire :

I.- La création de l’Euro est-elle justifiée ?
II.- L’Organisation politique de l’Europe
III.- Les effets destructeurs de la Mondialisation
IV.- La nécessaire Préférence Communautaire
V.- De profondes réformes
Publication originale Maurice Allais (pdf)

[1] Voir Allais, 1999, La Mondialisation. La Destruction des Emplois et de la Croissance. L’Evidence Empirique, p. 142-146 et 451-455.

[2] Voir Maurice Allais 1999, La Destruction des Emplois et de la Croissance. L’Evidence Empirique

40 heures: le retour.

Le travail est populaire. Quand les 35 heures ont été mises en place, on a entendu ici ou là que les salariés étaient d’accord pour « partager le travail », c'est-à-dire travailler individuellement moins pour permettre l’embauche de chômeurs. Après bien des péripéties, on en arrive à ce que les employés de l’usine Continental, à Sarreguemines, votent eux-mêmes une disposition permettant le retour des 40 heures de travail hebdomadaires. 75% des votants sont pour travailler 40 heures (et augmenter la paye), après un vote dans le même sens d’une autre usine du même groupe en septembre dernier, à Clairvoix. Ces deux exemples sont montrés dans la presse comme de probables précédents, appelés à donner bientôt l’exemple. C’est le moins qu’on puisse dire.

Dans cette euphorie turbinophile orchestrée par le chef de l’Etat et son équipe, des salariés de l’usine Olida de Grenoble sont à l’origine (vous avez bien lu) d’une disposition faisant passer la durée du travail à 48 heures par semaine, qui devra être soumise au vote début janvier prochain. A un journaliste de La Tribune leur faisant remarquer que cette mesure les ramenaient avant 1936, les dirigeants syndicaux du TAF (Travail à Fond) ont répondu : « Et vous croyez que les Chinois, eux, vont pas nous ramener à 1936 à coups de pompes dans l’train ? », réplique sans réponse que le journaliste ne commente pas.

L'usine qui modernise le droit du travail.

Mais ce n’est pas tout : des ouvriers d’une cimenterie d’Ardèche, dont nous n’avons pas encore le nom exact, viennent de conclure une négociation avec leur direction par une surprenante proposition : faire travailler leurs enfants à partir de l’âge de douze ans. « Attention, ne commençons pas à crier au retour de l’esclavage ! prévient Gilbert, leader syndical de la boîte. On va pas faire travailler les mômes sur les lignes dans la cimenterie elle-même. D’abord, il s’agit de nos propres enfants, et non d’enfants livrés à eux-mêmes au milieu d’adultes. Nos propres enfants, encadrés par leurs parents, qui continueront de suivre des cours dans l'école de l'usine, et uniquement utilisés à des tâches légères, comme les bordereaux d’envoi, les appels téléphoniques, voire le nettoyage de la cafétéria (en cours de négo) ».

"On attend la fin des négos"

Il reste, bien sûr, à soumettre ces nouveautés au vote du personnel, pour qu’elles gardent le caractère volontaire qui les mettent à l’abri des accusations d’obscurantisme. « Avec ça, confie Gilbert à voix basse en clignant de l’oeil, on est assurés de garder nos emplois face à la concurrence de ces salopards de Chinetoques ! »

"J'vous quitte, j'ai cours de français!"