28 mai 2009

Musulman Idol



Clique salope pour agrandir la photo !!

Le conseil du jour de Paul Amar - 5

Le conseil du jour de Paulo est assez ébouriffant:

il veut envoyer le métis Dieudonné apprendre du métis Obama les bienfaits du métissage... Paulo devrait songer à prendre du repos,avant qu'on le retrouve avec un entonnoir sur la tête en train d'écrire au plafond:
La diversitude diversifiante diversifiée m'a tuer

Tandis que dans la cours de récré...

Pour faire plaisir à JLH et parce que Yahia vient de faire tomber son masque de papa Noël.

Il y a de la tripaille de LDJistes dans l'air, Mossad vs Mollah, Gaza à Paris c'est pour demain grâce au miracle de "l'anticommunautarisme" sauce PAS!

27 mai 2009

Charlotte Gainsbourg : fille à papa impénétrable

"Charlotte Gainsbourg a été doublée pour les scènes de pénétration, notamment, mais sa performance a été saluée par les critiques. "


Usurpatrice de foufounette

Cette fille à papa moche comme un cul, que les meilleurs photographes/coiffeuses/maquilleuses n'arrivent pas à arranger, va thésauriser la gloire de montrer le sien alors que se sont des filles du porn plus jolies qu'elle mais moins bien nées qui ont donné les leurs... Et seront payées cent sous.

Fini les Bardot, Claudia Cardinale, Adjani parties de rien ; leur beauté pour seule viatique... Leurs culs splendides, leurs visages d'anges et leurs poitrines arrogantes... Ouelcome Laura Smet, Charlotte Gainsbourg et Clara Minestronie. Entrez là laiderons pistonnées impistonnables à fesse raplapla, tronches d'épouvante et talent ad hoc. Le cinêmâ Frânçâis vous tend les bras.

Pour voir des jolies filles, une seule adresse: zizipanpan.com


Montre ta carte d'identité toi. Brymova?
Connais pas, direction le porno et plus vite que ça!


Droits sociaux : Modus Enculandi©


On nous l’a annoncé, la question du travail le dimanche va revenir devant les députés, probablement au mois de juillet, pendant qu’une partie de la France se fait chier au boulot, et que l’autre se fait chier sur les plages. Par le passé, j’ai déjà expliqué ce que je pense de cette Authentique Enculerie©, et n’étant pas membre d’un gouvernement démagogue, je n’ai aucune raison de changer d’avis. Dans l’ensemble des arguments présentés pour justifier cette mesure et la présenter comme un progrès (fuuuumiers !), le thème du volontariat est à la fois le plus grossier, le plus minable, le plus stupide et, comme de bien entendu, celui que les gens aiment le plus. Notons qu’après le travail le dimanche, la travail possible au delà de 65 ans et maintenant le travail pendant l’agonie, le volontariat semble être la seule idée de la droite pour changer le monde. Dans l’état d’errance intellectuelle et morale où se trouve la population active dans ce pays, certains voient dans le volontariat au boulot une promesse valable, un avenir possible, une hypothèse honnête (je sais, c’est dur à croire). Heureusement, pour ouvrir les yeux à ces naïfs infantilisés, un homme se dresse et s’impose : Frédéric Lefebvre !
Vous l’avez tous vu, entendu, écouté et détesté. Il est comme ça, il ne cherche pas à se faire des amis : il en a déjà un. Il dit les choses comme il les pense, et ce qui serait une qualité dans un monde idéal devient avec lui une abomination comico dantesque. Faire le tour de ses défauts nous entraînerait trop loin, et vu le prix des transports, nous coûterait la peau du front. Contentons-nous donc de sa dernière idée, directement en rapport avec le sujet évoqué ci-dessus. Sa dernière idée, c’est l’amorce de la généralisation du principe du volontariat dans le code du travail, ni plus, ni moins. Il propose en effet que les gens qui le souhaitent puissent continuer de travailler (chez eux) quand ils sont en congé maternité et/ou en congé de maladie. Quand des imbéciles pensent que le volontariat peut être jouable pour travailler le dimanche, et que nul patron ne forcera jamais un salarié à s’y mettre, ils doivent logiquement appliquer cet angélisme à la question de travailler pendant qu’on est en congé maladie. Or là, ça semble plus délicat … Même le gouvernement de Fillon trouve ça plus délicat. Pourquoi ?


On a prétendu que le volontariat de quelques uns (les fameux Français qui souhaitent travailler le dimanche) ne ferait aucune concurrence à l’abstention des autres (ceux qui veulent continuer à disposer d’un temps commun pour la Glande) et ne mettrait pas ces derniers dans l’obligation de suivre le mouvement. On nous a donc promis plus de liberté, comme toujours. Là, c’est pareil : si on est malade mais volontaire pour bosser, on aurait le droit de le faire. Parfait, moderne, efficace, pragmatique. Mais alors, pourquoi le gouvernement condamne-t-il ce projet ? Pourquoi Lefebvre se fait-il rembarrer par son propre camp ? Parce que tout le monde sait que ce genre de volontariat peut devenir un moyen de pression énorme sur les salariés, et qu’une fois l’habitude prise, il deviendra très difficile de refuser d’être volontaire. Et personne n’a encore assez de culot pour fusiller les droits aux congés maladie /maternité en pleine lumière, à part l'Attila du Code du Travail.
Jusqu’à preuve du contraire, la France demeure le pays de Descartes. Il est donc à prévoir que le gouvernement qui condamne le volontariat pour les congés maladie / maternité, condamnera logiquement le même principe, quand il est appliqué au travail dominical. Victoire !

26 mai 2009

CGB Dimanche 24/05/09

Version allégée suite à une grève surprise des auteurs (qui se prennent pour des américains)

25 mai 2009

Les cons passent à table.


La fête des voisins (opération « immeubles en fête ») est ce qui se fait de plus réac en matière de fête. Réac au mauvais sens du terme (car je prétend que ce terme a au moins deux sens), c'est-à-dire réac tendance pétainiste. Le réac de tendance pétainiste, ce n'est plus la collaboration avec l’envahisseur ni le statut des Juifs,. Non, nous sommes en 2009 et tout change, même le pétainisme !
Immeubles en fête, c’est l’opération qui consiste à inciter « les gens » à organiser des repas ou des apéros avec leurs voisins, dont le connard du dessus et la bourgeoise à Smart qui n’a pas dit une seule fois bonjour à un voisin depuis les grèves pour l’école libre, en 1984. Vaste et ambitieux programme. Lecteur urbain et misanthrope, imagine que tu aies à partager de la mortadelle avec la grosse conne qui laisse son chien aboyer à deux heures du mat, que tu doives servir le verre de l’amitié au maniaque qui envoie douze lettres de récrimination par mois au syndic de copropriété : immeubles en fête, c’est ça. Bien entendu, ça ne suffit pas pour qualifier de pétainiste une opération, fût-elle festive.
Quand on eu la chance d’habiter dans des quartiers très différents les uns des autres, on se rend compte de quelques constantes valables sous toutes les latitudes, à toutes les époques et de toute éternité. Premièrement, plus le niveau de revenus des habitants d’un quartier s’élève, moins ils sont sympathiques. Polis, oui, quelquefois, mais sympathiques, jamais ! Dans un quartier embourgeoisé (ou pire : rupin), il faut s’arranger pour ne jamais avoir besoin de ses voisins, ce qui revient à dire qu’il ne faut pas les déranger. Que ce soit pour une garde d’enfant impromptue, une panne de bagnole, un tire-bouchon cassé, un canapé convertible à descendre par l’escalier ou tout autre petit embarras de la vie quotidienne, il n’est pas question de demander à ses voisins de compatir, de supporter du bruit, et je te parle même pas d’un coup de main ! Il semble que l’Humanité se soit donné un mal fou pour arriver à ce stade ultime de développement où le confort personnel et la quiétude totale sont les deux règles d’airain qu’on ne transige sous aucun prétexte. Dans un quartier bourgeois, les archaïques Dix commandements sont remplacés par un seul : « Tu ne dérangeras jamais tes voisins ». Immeubles en fête dans ce contexte, c’est comme saupoudrer un catafalque de confettis.
Dans un quartier fauché (ne parlons pas de quartier « ouvrier », la fermeture accélérée des usines tendant à faire disparaître cette catégorie professionnelle comme neige en Floride), c’est l’inverse qui prévaut. Si l’on n’y est pas totalement hostile à l’idée de confort personnel, tout indique que ce confort doit obligatoirement être ostensible et, quand c’est un confort vraiment moderne, bruyant. Bien sûr, il y a ce con qui utilise chaque jour de l’année sa perceuse, quelque part dans les étages supérieurs (à moins que ce soit les étages inférieurs, on ne sait), ou qui semble taper sur les tuyauteries avec un petit marteau, exprès pour que le bruit se propage… Bien sûr, il y a ce couple affreux qui se traite de tous les noms chaque matin et chaque soir (la journée, on n’est pas là) et dont les mômes sont de parfaites têtes à claques. Bien sûr, il y a cette poissonnière qui conversationne à minuit avec ses copines depuis la fenêtre du sixième, et qui se plaint auprès d’elles de ses déboires sexuels de boîte de nuit, c’est clair j’veux dire. Evidemment, il y a ces dix imbéciles qui magouillent comme des porcs pour s’acheter des BMW décapotables avec lesquelles ils font le tour du pâté de maisons huit heures par jour. On connaît tout ça, mais le caractère prioritaire de l’habitant de ces quartiers, qui unifie tous les comportements, c’est avant tout qu’il doit être bruyant. Une télévision géante fonctionne toute la journée, fort, et une bonne partie de la nuit (surtout quand on s’endort devant). Une réunion de famille se ponctue d’une volée de décibels, aidée par le molosse qui aboie chaque fois que personne ne passe devant la porte du palier. Un match de foot (ou un Tour de France, c’est pareil, mais avec des vélos) s’écoute fenêtre ouvertes. Par la grâce des cloisons hyperminces, une chasse d’eau devient un niagara, à peine couvert par le bruit de l’ascenseur qui s’arrête à l’étage. Sont-ce ces bruits omniprésents qui arrosent égalitairement les habitants de leur impérieuse voix ? Toujours est-il qu’on assiste à un nivellement des conditions et, partant, à une plus grande proximité humaine. Un peu comme la solidarité des tranchées rapprochait les Poilus entre eux, celle des conduits auditifs soude les voisins autour d’une souffrance commune. De là les signes de solidarité qu’on y rencontre encore, et qu’un changement de statut social rendraient impossibles.


Ce n’est pas pour cela que la fête des voisins est fondamentalement réac (option Pétain), mais c’est dans ce contexte qu’elle sévit. L’idée de départ est de renouer du lien social, de promouvoir le vivre ensemble ou d’adopter une démarche citoyenne dans un contexte urbain (ou une autre formule obscène de la même farine). L’idée est, en somme, le temps d’une journée, de revivre la vie d’avant, celle des films populaires des années quarante, avec son brassage des conditions et des âges, de retransformer les villes en villages et de faire comme s’il était possible que des gens d’un même quartier se sentent d’un même quartier. Or les villes n’ont pas été construites par des urbanistes soucieux de revivre le passé artificiellement. Elles ont été bâties autour de l’activité humaine : le travail. C’est parce que les gens travaillaient et habitaient au même endroit qu’ils pouvaient se connaître, s’apprécier ou se détester, s’aimer, se fréquenter, s’épouser. La structure de la société, celle de l’économie et celle des villes permettaient que des gens partagent un territoire géographique. C’est dans ce cadre, et uniquement dans ce cadre, que des échanges peuvent s’opérer (nous les appelons « humains » avec un respect superstitieux, comme des collectionneurs fascinés contemplent un vieux travail d’orfèvrerie) et que des notions de solidarité prennent un sens. On vit ensemble, on travaille ensemble, on souffre ensemble, on forme un groupe, on peut donc être solidaires des autres, etc. Notre époque a permis que chaque habitant d’un quartier, ou presque, passe deux heures dans les transports en commun pour aller travailler à dache : les conséquences sont logiques, impitoyables et parfaitement universelles. Quand on prend son RER et qu’on va travailler à soixante bornes de son quartier, il est IMPOSSIBLE de rien lier avec qui que ce soit. On en arrive à mieux connaître les collègues de bureau que ses propres voisins du dessus, et c’est bien naturel. L’intégration dans une communauté, qu’elle soit de quartier ou nationale, ça passe par le boulot, et c’est marre. Tout le reste, absolument tout le reste n’est que bavardage. Rien ne peut se faire sans ça, et tout en découle. Le travail ne pourvoit sans doute pas à tout, mais c’est un préalable incontournable. Si l’on travaille dans son quartier, on arrivera à connaître tout le monde, y compris les concurrents, on y trouvera sa place et sa vie.
Le pétainisme ici, ça consiste à se faire une image idyllique du passé, avec ses bonnes odeurs et ses voisins toujours prêts à l’entraide, à nier le monde dans lequel nous vivons (et qui engendre la dureté des rapports entre les gens, voire la totale indifférence, voire la haine, dans la plus grande logique) et à tenter de faire comme si, se contenter d’une mascarade. Dans la France de 2009, participer à « immeubles en fête », d’un point de vue intellectuel, c’est comme espérer le retour de la monarchie ou l’unité de l’Eglise.
La réaction se porte bien, elle fait la fête dans la cage d’escaliers.

Le Zoophile Sadique

Une chose est sûre, c'est qu'avec un titre pareil on va faire exploser les compteurs du CGB en s'ramassant tous les plus gros détraqués du web 2.0.

T'en as marre des reportages à l'eau de rose du torche-cul Chocs ??? Tu veux du gore ? Des séquences hardcores filmées à coups de larme, de sang et de sperme ?

Bienvenue au CGB, seul blog à avoir assez de corones pour diffuser le reportage sur le zoophile sadique !! (même L'Organe a fait dans son froque !)

22 mai 2009

Salut au Kentucky



Le secret, qui domine aujourd'hui si visiblement la société capitaliste, est un moyen de faire croire qu'il n'y a pas de responsable à l'état actuel du monde, ou qu'il s'agit d'un système dont il est bien difficile de trouver les coupables. Et donc, qu'il est inutile de se révolter, puisqu'un patron délocaliseur ou un financier escroc qui fait s'effondrer des économies entières ne sont que des rouages d'une machine qui fonctionne toute seule. Les tuer, les étriper ou les enfermer pourrait éventuellement soulager quelques énervements légitimes. Mais bon, tout continuerait comme avant, de toute façon.


Jérôme Leroy
A vos Marx, prêts, partez !

La lèpre de Schwob



Marcel Schwob mourut les yeux mangés par l'opium et les veines enflées par la morphine. Il s'éteignit dans un tohu-bohu de livres, l'esprit affalé sur des lassitudes, la chair percluse d'érudition.

Il aima les écureuils, les gnoses et l'argot. Il sut le grec, le latin, le sanskrit. Il se passionna pour la nuit du crime. On accueillit ses conférences sur François Villon et les compagnons de la Coquille. Il chroniqua les mystères des petites prostituées. Il médita la différence et la ressemblance, et fut avide de se disjoindre, de s'aliéner à lui-même; ses amis, qui admirèrent son intelligence exégétique, son âme inquiète et raffinée, apprirent qu'il voulait être l'alchimiste de lui-même, pour se dissoudre, se perdre dans la multiplicité et mettre le monde en croix - pour faire mourir la mort, parce qu'elle nous rend semblables à tous, à nous-mêmes. Il disait souvent : "A quoi bon ?" Il disait aussi, comme Baudelaire : "Ça sent la destruction". Ses préférences allaient aux masques. Il rêva les utopies pirates, il fit le voyage aux fantasmagories, il s'aventura avec Stevenson dans le pays des dynamiteurs... Sa vie fut endolorie par des brûlures de ventre et il implorait sa femme de l'écraser sous ses pieds. Il raffola des mots amorgine, écorcheur, narthécophore, pourpoint, guisarme, égorger, blanche... Il avait des cauchemars, les yeux brillants, et sa tête ronde et pâle s'empalait sur un corps mince à peine voûté.


Arnaud Bordes
Le Plomb

C'est con... mais ça soulage

Voir ici

21 mai 2009

Les ombres de la mort


Canto primo
1932

O sorella dell'ombra
Notturna quanto più la luce ha forza,
M'insegui, morte.

O toi soeur de l'ombre,
Nocturne, d'autant plus que le jour a de force,
Tu me poursuis, ô mort.

Ainsi commence le Chant premier de la série de six consacrés par Ungaretti à la mort.

Mort taquine, légère, enfantine et rieuse.

Dans un texte aux résonnances léopardiennes (on pense au poème inclus dans le "Dialogue de Frédérick Ruysch et des ses momies") c'est ainsi une toute autre image de la mort qu'Ungaretti nous donne.

Et pourtant le poète n'inverse-t-il pas la perspective?

Ne sommes-nous pas plutôt nous-mêmes les ombres de la mort, n'existant que par elle, pâles reflets de l'universelle et éternelle camarde?

Mai 68 et la guerre psychologique de basse intensité

Remplacez marxiste-léninistes par Libéraux et USA par France. Ici les idiots utiles sont les Trotskystes et les Maïostes.


20 mai 2009

Mai 2009 : la révolution introuvable


Les étudiants de la Sorbonne, dépositaires de la responsabilité d’avoir à réanimer chaque année la figure de proue fossilisée de la contestation estudiantine, ont rendu les clefs des amphis. Les étudiants reprennent le chemin de leurs pupitres. Les rêves de révolution, c’est fini pour cette année. On verra l’année prochaine, faudrait quand même pas que nos petits mignons se retrouvent à devoir bûcher pendant leurs vacances d’été en perdant au passage le filet de sécurité des rattrapages de septembre… Tout un symbole, au moment où les producteurs de lait repeignent le laid urbain en blanc, à grand coup d’acide lactique : « la vie en beau » n’est pas pour demain et les lendemains s’ils se décident à chanter un jour, sonneront faux…




Musée : entrée gratuite pour les professeurs


Le combat ne résiste pas aux impératifs individuels. L’union, tant mise en avant par les porte-parole des différents syndicats lors des manifestations de janvier ou de début mai, pas furtive pour un sou, est bien fictive, factice, fictionnelle. Les « événements de la crise financière » le démontrent de manière magistrale. La contestation est atomisée. La solidarité est sublimée. Sublimée, au sens du solide se transformant en volutes de gaz volatiles… Enculé de Démocrite !


Les produits laitiers : des sensations pures


Bien sûr, le chômeur, nécessaire au bon fonctionnement du « système » en sa qualité de figure repoussoir, fait bien encore le lien entre les différents actifs véritablement actifs. Elle les soude en négatif, mais dans un contexte où l’isolation est toujours poussée plus avant et de manière toujours plus sophistiquée, l’effet est détestablement optimal. Même le temps de la solidarité par tranche socioprofessionnelle est aujourd’hui révolu : le combat se mène à l’échelle de chaque entreprise. Un vrai saucissonnage… Avons-nous des ouvriers venant épauler leurs petits camarades de chez Caterpillar ou Continental ? Là n’est pas la question, non : y a-t-il encore des ouvriers employés en France ? Zat is ze quechtionne…

Cette question se pose d’autant plus qu’une information capitale est tombée aujourd’hui : les ouvriers de Bata ont "gagné" leur procès contre leurs licencieux licencieurs devant les prud’hommes. Le motif ? Le moyen qui a fait mouche, qui à la fin de l’envoi a touché ? Leurs employeurs ne leur avaient pas proposé de solution de reclassement en Roumanie, destination choisie pour la délocalisation des usines de machines outils Bata, lors de la mise en branle de leur plan social... Et boum !


Reclassement en Roumanie : avec logement de fonction


2 millions d’euros de dommages et intérêts pour les heureux vainqueurs… 2 millions pour entériner des licenciements en bonne et due forme, avec proposition de reclassement en Inde à 60 euros nets le mois. Nous ne jetterons pas la pierre aux ex-employés de Batta, d’autant que lorsqu’on travaille dans la chaussure, on doit savoir y faire en bas de laine… Non. Nous rappellerons juste à nos fidèles lecteurs que le « détricotage » du Code du travail est aujourd’hui consacré par nos tribunaux.


Le Code du travail ? Il monte les marches à Cannes...


Jurisprudentiellement vôtre.

LOPPSI la LOPSA

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Les soirées du Great Boddicker

A tous ceux qui se demandent ce que fait notre inestimable Clarence-san de ses soirées (et accessoirement une explication à son absence), voici la réponse:


19 mai 2009

CGB vous connaissez ?

60 ans de réussite socialiste

60 ans que la RDA nargue effrontément les impérialistes de l'OTAN de l'autre coté du rideau de fer. Le CGB a reçu une invitation officielle de Berlin-Est et vous ramène les images de cet anniversaire historique:

18 mai 2009

Pour le droit à mourir dans la dignité

Les ricains, blasés de publier des photos de starlettes en train d'exhiber (in)volontairement aux paparazzi ce qu'elles cachent sous leurs jupes-sans-culotte, comptent maintenant sur l'agonie et la mort pour raviver les sens éteints des voyeurs décadents:

Et voilà que cette mode hideuse arrive en France!
Une radio très connue pour son goût du people et du racoleur (France Culture) est en train d'enregistrer complaisamment chaque semaine l'agonie d'un malheureux vieillard pour qu'un public de vautours puisse s'en repaître!

Il faut faire cesser ce scandale!
C'est insoutenable!





Dick in a Box

Fini la branlette sur ILYS, au CGB on passe direct aux travaux pratiques !! Tonton Sky vous donne une méthode infaillible pour lever toutes les petites minettes bien vulgos de votre entourage !!

Encore un black barbare?

Partez pas, ce coup-ci, il est super sympa:

17 mai 2009

Arrêt sur image

Au CGB, on ne nous la fait pas. Nous avons parmi nous des spécialistes formés à la méthode ASI-Scheißermann.
Nous savons décrypter les images, alors lorsqu'un magazine trash prétend nous informer, nous disons Halde-là!

Et nous vous dévoilons en exclusivité la dernière provocation de la bête immonde:


Vous ne comprenez toujours pas?


Hé oui.. Encore un coup médiatique de l'humoriste favori de Ben-Laden.

Ruquier est Sarkoziste



Scoops CGB :

1. Laurent Ruquier a déjà été "à fond" derrière une femme (en l'occurrence Ségolène Royal) !!
2. Laurent Ruquier voudrait que son passé "trouble" pré-2007 soit effacé afin de préparer sereinement sa rentrée sur France2 en septembre 2009 !!
3. Cette vidéo est d'une totale mauvaise foi !!

Don Sarko Pantalone


Hassein Amara, 23 ans, le frère aîné de Fadela Hamara, meurtrier d'André Baster, propriétaire d'une bijouterie... Des malfaisants entendaient ne pas renouveler la carte de séjour du brillant jeune homme... C'était sans compter sur le Don!



"Je ne sais pas si le Don a donné des ordres, mais mon frère a eu enfin ses papiers"

_ Hé! Yé leur ai jouste fait oune propositione qu'ils n'ont pas pou réfouser.

16 mai 2009

La vérité sur l'Abbé Pierre


Nostalgie Martinique








La Martinique d'avant la "défisc" et sans les" katkat".

Les femmes ne sont pas encore couvertes de bijoux achetés à des marchands levantins et payables sur 24 mois à 17% grâce aux alloc.

Les hommes habillés à la coloniale marchent élégamment rue Victor Hugo et le long du canal Levassor.

Les jeunes filles du couvent de Cluny passent en rang devant la cathédrale Saint-Louis.

Joséphine avait encore la tête sur les épaules.

Ô Martinique qu'as-tu fait de ton passé?



15 mai 2009

O my Michelle, tu nous excites!

...il ne suffisait pas de la trouver"belle" , il faut encore qu'on la trouve "sexy"...
Messieurs, le priapisme vous guette si vous cliquez ici:





Barbibama (aussi réaliste qu'un portrait officiel de Kim Jong Il)

Vous en voulez encore?


Ah non, merde, c'est James Brown!

Stéphane Richard, copain d'Orange

Pour ceux qui ne suivent pas. La commission de déontologie s'est prononcée: RAS.

14 mai 2009

Le chaud lapin bande mou

En ce moment, ce chaud lapin de Hugh Hefner, père spirituel de Kroulik et illuminati dégénéré selon lelibrepenseur, bande mou et ce n’est pas une pilule de viagra qui le sauvera.
Playboy, le magazine culte de l’éjaculation combustion spontanée, vient d’annoncer un déficit de 13,7 millions de dollars pour l’exercice du premier trimestre 2009. Un chiffre a ajouté aux 156 millions de pertes en 2008 pour cause de dépréciation de produits et de couts de restructurations nécessaires face à la crise libidinale. L’entreprise a réduit de 25 % ses effectifs en 2008 et a cédé ses bureaux de Big Apple. En 5 ans, le chiffre d'affaires a baissé de 11 % à 292,1 millions de dollars et le résultat brut d'exploitation a chuté de 52 % à 37 millions de dollars. Jerome Kern, le PDG par intérim, prévoit encore un recul de 39 % pour le second trimestre.
Hugh Hefner, ce pape mondial du bling-bling acclamé par 50 cents et toute une ribambelle de Wesh Wesh Yo Yo mongoloïde, a de quoi faire la gueule et virer quelques putes de son harem. Cet octogénaire ultralibéral va devoir redoubler d’effort pour redonner la trique aux mâles dominés qui depuis la crise compensent dans la hargne, l’alcool, les joies du lit conjugal et You Porn pour les plus malchanceux. Car là est son métier (si on peut parler d’un métier). Hugo est un alchimiste de la quéquette. Alors que les occultistes moyenâgeux s’efforçaient de créer la recette de l’élixir de vie et de transformer le plomb en or, Hugh, lui, a trouvé un moyen de transformer le sperme en dollars (et après ça, on ose prétendre que l’argent n’a pas d’odeur !). La planche à billets de Hugh est la pulsion libidinale avec du foutre en guise d'encre. En outre, il est certainement celui qui a le plus contribué à la naissance du mythe de la « personnalité sexuelle », cette dictature moderne du sexy qui fait même des ravages sur un certain blog, soi-disant réac, qui exhibe régulièrement quelques jouvencelles dénudées pour pas un kopeck… pour des libéraux, ça la fout mal.
Monsieur Hefner, le CGB a la solution à tous vos problèmes ! Profitez de la vague Obama en saturant votre magazine de pétasses métissées. C’est le moment ! Yes you can !


Nadine Canné : Ex-playmate, Miss Juillet 1957

Frédo le Magnifique

Le fort avantageux gentlemen's agreement qui me lie à un certain Cégébiste (dont le bureau et la figurine de Nezumi Sembai sont, soit dit en passant, en train de prendre la poussière, surtout depuis que Diego, notre stagiaire n'est plus là) m'empêche de dire tout le bien que je pense de Jeff Coppé.
Aussi, mettons le feu sur un tout autant sympathique individu en la personne de Frédéric Lefebvre, talentueux porte-parole de l'UMP, qui ne saurait bouder sa paternité, tout au moins spirituelle, avec Jean Lefebvre.



Pour les raisons suivantes, Frédo est grand:

- parce qu'il est client de la Société Générale et que si ses dirigeants n'avaient pas renoncé à leurs stock-options, il aurait clôturé son compte. Si ça, c'est pas de l'engagement.

- parce qu'il ferait un couple du feu de Dieu avec Nadine Morano. Ne doutons pas que leur progéniture ferait un malheur contre l'Internet 2.0, refuge de pédophiles, de dealers de streaming...

-parce qu'en bon moderne, il a crée sa société de lobbying, société liée aux industries du tabac, de l'alcool et des casinos. Une société qu'il a eu le bon goût de nommer "Perroquet institutionnel communication". De là à faire le lien entre sa personne et la voix de son Maître, il n'y a qu'un pas.

- parce qu'il "pense" que la Royale, sorte de Jeanne d'Arc des Temps Modernes, a besoin d'une aide psychologique.

- parce que selon lui, pêle-mêle, "la poupée vaudou est une arme" (surtout celle de Ségolène R.), "le bouclier fiscal, un élément de justice" et "la dénonciation, un devoir républicain" (éternel retour aux heures les plus sombres de notre histoire).

- parce qu'il est très ami avec Jean-Luc Hasek.

- parce qu'il possède un Blackberry et qu'en moderne convaincu, il poste ses communiqués via ledit appareil, ce qui explique les fautes d'orthographe. Il serait scandaleux d'accuser d'illettrisme pareil grand homme.

- parce qu'en bon fan de séries Z (Frédo ferait d'ailleurs un excellent zombie, bien que l'on puisse craindre qu'il ne se fasse que trop rapidement laminer voire lapider), j'apprécie les méchants mécréants à la dégaine de mafieux, surtout quand, comme Frédo, ils ont des costards de maquereau et une tête marrante.

- parce qu'il croule sous les récompenses, le mois dernier, il s'est vu remettre un "Big brother Award" pour sa volonté de réguler l'Internet.

- parce qu'il navigue en de très hautes sphères où seule Clémentine Autain est à même de rivaliser.

- parce qu'à 50 ans, il arrête la politique pour se consacrer à la production et la réalisation de films. Gageons qu'il passera également devant la caméra.

- parce qu'il est de droite et que j'aime bien les gens de droite.

Et pour ceux qui pensent que j'exagère:

Mémoire et repentance


En tout cas, les revendications mémorielles sont devenues l'un des domaines de prédilection de la "radicalité critique". Dans l'échelle des crimes occidentaux, le colonialisme est presque pire que le capitalisme, c'est le pêché capital. De plus, on s'acharne à juger ce phénomène historique complexe en noir et blanc, victimes d'un côté, coupables de l'autre. Pour parler comme Marcel Gauchet, ces religions des Droits de l'Homme et de l'individualisme aboutissent presque fatalement à une héroïsation de la victime. Dans une société qui manque cruellement de saints et de modèles, la victime a pris une place centrale.


Pierre Nora
Causeur - 5 novembre 2008
propos recueillis par Elisabeth Lévy et Gil Mihaely

13 mai 2009

Le dernier jour (2/ 2)


Depuis des temps que la mémoire ignore, les gens de ce pays tiraient la plus grande fierté de leur condition. Nul n’est connu pour avoir nié à l’Arbre sa place dans la vie de l’homme. Personne n’a estimé utile d’aller vivre dans un pays voisin pour être plus heureux. On sait pourtant que les étrangers ont toujours regardé ce coin du monde comme une anomalie, une exception de l’excès qu’un être normal ne peut envisager qu’avec dégoût. Comment, à notre époque, vivre en dépendance des caprices d’un végétal qu’une aberration incontrôlée nourrit en dépit de toute mesure? Surtout, ce qui ne fut jamais compris, c’est cette admiration pour l’incongru, ce pacte avec l’irrationnel qui désignerait les peuples les moins mûrs. Ce mépris sauva le pays pendant des siècles.
Quand les premiers Avnigotes s’installèrent, personne parmi les Aubrants ne songea à les chasser, ni même à leur refuser le droit de vivre où bon leur semblait. Qu’importait que ce coin de terre fût cultivé par eux ou par d’autres puisque la terre était généreuse pour tous? Mais les Avnigotes étaient les fils d’une autre civilisation, d’un pays où ce que l’on possède doit être durement gagné.
Les choses les moins nobles ont parfois la qualité paradoxale d’attirer l’intérêt des gens, et les plus viles idées profitent toujours de cette facilité. Sans qu’ils ne fissent jamais rien contre leur nouveau pays, les Avnigotes ne pouvaient s’empêcher de montrer, par leur façon de vivre et leur indifférence à l’Arbre, qu’ils ne partageaient pas les mêmes sentiments que leurs hôtes. Leur commerce s’inspirait d’autres règles. Leurs affaires prospérèrent tellement que tous repartirent un jour ou l’autre dans leur patrie. L’exemple qu’ils avaient donné aux Aubrants fit de profondes brèches dans ce que chacun croyait immuable.
Il faut dire que l’Arbre n’avait jamais rien refusé aux hommes : depuis les plus anciennes générations, il avait offert son bois mort pour réchauffer la vie, et si l’on venait parfois lui prendre quelques vifs rameaux, rien n’avait indiqué qu’il pût en être affecté.

Un jour, à l’occasion d’un conseil que tenaient les habitants du Vallonpré, quelqu’un fit remarquer le chemin qu’il devait parcourir pour aller jusqu’à ses champs près de Mignevarre, et il prononça cette phrase :

Si l’Arbre n’était pas là, je gagnerais aisément deux jours de trajet.

Personne ne fit vraiment attention à ce qui venait d’être dit car on ne compris pas du tout ce que pouvait signifier ce genre de langage. Cette idée tomba dans l’oubli instantanément, puisque personne ne pouvait en saisir le sens.
L’on convint depuis que ce jour marqua le commencement de la réforme, mais il a fallu bien des choses encore pour que l’on prenne conscience de l’enchaînement des événements qui vont suivre.
L’idée fit son chemin, au point que les plus hautes autorités du pays en délibérèrent au grand conseil de l’An qui suit de dix jours l’arrivée des premiers bourgeons. Un nombre toujours plus grand de citoyens parlaient de faire dans l’Arbre de vastes saignées pour éviter d’avoir à contourner sa masse énorme. Que pouvaient bien faire quelques coupes à ce titan d’éternité dont la vitalité n’avait pas d’égale au monde? Les partisans de cette chirurgie grandiose utilisèrent un argument qui fit beaucoup d’effet :

Que chacun réfléchisse!

Cet appel à la raison s’opposait bien sûr aux lourdes arguties de ceux qui ne voulaient rien entendre et qui perdirent la sympathie des foules par leur attitude intransigeante. Il leur manquait, pour qu’on pût leur donner raison, l’art de présenter les choses de manière plaisante. Un homme se vit particulièrement ridiculisé par la prétention qu’il affichait de prédire que tout finirait si l’on touchait à l’Arbre
Que chacun réfléchisse! Vouloir aménager l’Arbre en fonction de l’homme ne signifiait pas qu’on voulût sa disparition ni que demain, un monde sans lui fût possible. Les échanges d’avis, puis d’insultes, qui retentirent alors marquèrent un changement très brutal d’avec les anciennes habitudes de courtoisie dont soudain nul ne se souvenait.
C’est du peuple que vint la solution. On s’entendit pour recueillir l’opinion de chaque Aubrant en âge de s’exprimer, et pour respecter cette commune volonté, quelle qu’elle fût.
La nuit qui précéda l’annonce de la décision, quatre familles de Falangola disparurent : personne n’ignorait ce qu’elles étaient devenues mais l’on n’en parla jamais. Quand l’heure fut venue, il parut naturel à tous de se retrouver à l’Enfrouâlne, près de la roche du Feu. C’était le lieu d’où partaient traditionnellement toutes les processions et c’est dans la chapelle qui s’y trouve que l’on baptisait les enfants. Les Sages chargés d’annoncer l’avenir étaient pris d’une lenteur inouïe : on eût cru qu’ils retenaient volontairement chacun de leurs gestes. Il y eu un moment assez bref mais qui parut immense, où le silence le plus complet se fit. Vêtu de ses habits d’apparat si simples mais qui le nimbaient d’une aura si puissante, une sorte de lourdeur, le Grand Consul annonça que le peuple avait choisit : l’Arbre serait amputé. En conséquence, les travaux gigantesques commenceraient après les fêtes du printemps.
Si j’ai dit l’histoire de l’Arbre au passé, c’est que tout ce que je viens d’écrire appartient à un monde qui n’est plus. Mais je ne puis dire avec certitude si c’est parce que l’Arbre a cessé d’exister ou si c’est moi qui suis mort.

Fin.



12 mai 2009

Affaire Dray : la piste Séguéla

30 montres grand luxe... Le gentil Julien sous l'influence du gourou de la pub?

Pour patienter en attendant le film de Johnnie To

Une trouvaille de Beboper (le plus grand fan de Johnny du CGB).

Il est vivement conseillé de ne visionner que l'entrée en scène, au delà ça serait de la gourmandise.

Le dernier jour (1/ 2)


Dans ce pays, la forêt consistait en un seul arbre, incroyablement démesuré, qui trônait dans le lieu dit l’Enfrouâlne, depuis le val d’Argual jusqu’aux lisières escarpées du plateau des Gueux. Là, ce que nous appelions arbre n’avait rien de commun avec ce que vous connaissez : sa taille proprement dite valait celle d’un bon tiers du pays. Le tronc lui-même n’avait pu être mesuré avec précision puisqu’il se composait de centaines et de centaines et de centaines de centaines de ramifications de troncs d’arbres vivants ou morts, unis là pour l’édification de l’objet naturel le plus formidable que l’on puisse concevoir. Vous dire exactement à quelle famille il appartenait m’est impossible: vous ne comprendriez pas un mot du charabia époustouflant inventé pour nommer dignement ce géant. Sachez seulement qu’on disait là bas qu’il avait réussi la fusion, la synthèse des essences, l’harmonie végétale dans l’anarchie.
La vérité m’oblige à préciser que les savants ne montrèrent jamais d’intérêt pour ce phénomène et que beaucoup doutent encore aujourd’hui qu’il ait existé. Sortir à ce point des règles qu’il a fallu des siècles pour élaborer n’est pas toujours suffisant pour qu’on se penche sur vous.
Pour désigner le feuillage du colosse, les habitants du pays utilisaient un mot regroupant les sens de forêt, de mer, de montagne et de voûte céleste : la Houtée. L’océan n’a pas, dans ses moments de furie, de hurlement plus haut que celui de la Houtée quand le vent se déchaîne. On eut dit le vacarme de la lutte de l’Arbre contre le souffle de Dieu.
La Houtée était une somme, une matrice luxuriante où se préparait tout ce qui était amené à vivre d’une année sur l’autre dans les vastes parages de l’Arbre. Tout ce que la langue compte de couleurs était contenu dans ses feuilles. Ses fruits étaient si abondants que personne ne leur accordait de prix, bien que chacun en connût la valeur. Comme la vie se nourrit de la mort, ses branches donnaient chaque saison plus de bourgeons, plus de graines, plus de fruits, plus de feuilles, et tout ce qui tombait engraissait à son tour la terre pour que ce prodige continuât. La variété des verts en plein été était un spectacle étourdissant qu’on ne conseillait pas aux âmes tièdes : la vigueur de son effet, l’immense souffle de vie que sa seule vue répandait avaient maintes fois entraîné de pauvres diables trop loin pour leurs forces, semant le chagrin, le malheur ou le ridicule sur des lignées paisibles.
Il y a deux siècles encore, la période qui va du 20 octobre au 15 novembre était partiellement chômée, afin que chacun pût rendre à l’Arbre finissant l’hommage religieux qu’aucune église ne contestait : les journées et les nuits étaient alors rythmées de processions, de chants sacrés où l’on disait sa reconnaissance à l’Arbre, mâle et femelle de l’Origine, gardien et mère nourricière, et où la piété était semblable à celle que l’on doit à ce qu’il y a de plus haut. Le peuple trouvait dans ses plus nobles ressources ce qui l’élevait le plus, et c’était un festival de joutes, d’improvisations épiques ou amusantes, suppliantes ou contemplatives, de scènes burlesques mimant la vie simple des hommes, de confessions où se voyait la profondeur de leur respect.

Le feu que l’automne mettait dans la chevelure de l’Arbre passait au coeur des gens par une filiation surnaturelle. Pour finir l’année commencée dans la joie d’un invincible printemps, la Houtée s’embrasait pour donner au monde le signal de sa fin, comme un phare guide l’homme quand il abandonne tout. L’automne scandait les années. Personne ne pouvait continuer à vivre normalement quand tombait la dernière feuille de l’Arbre, et qu’il sombrait dans la noirceur.
Les Arbrennes, qui vécurent il y a des millénaires, étaient installés dans la Houtée de façon perpétuelle et personne n’a pu prouver qu’ils foulèrent jamais la terre ferme. Ce peuple naissait, vivait et mourrait dans les labyrinthes de branchages emmêlés où il trouvait autant de plaisirs, de bienfaits et de dangers que nous autres ici-bas. Nul ne sait s’ils se sont éteints ou s’ils ont continué de vivre dans la Houtée, parmi ses branches les plus inconnues. Nul ne peut dire si les habitants modernes du pays étaient leurs descendants ou si leur race s’est éteinte avec eux. Ils leur ont au moins transmis leur nom quelque peu modifié : les Aubrants. On m’a montré un exemple de ce que l’on tient pour leur art le plus sacré : c’est une sculpture polygonale où l’on ne voit que des lignes droites, coupées et tranchantes comme la dent du tigre.
Par le jeu quotidien du soleil dans le ciel, l’Arbre balayait de son ombre des prairies entières, des vallons, des étangs, des bourgs, des collines, des champs à perte de vue. Le pays connaissait donc ce phénomène unique de la double nuit, celle, traditionnelle, de l’effacement du soleil derrière l’horizon, et celle de l’entremise absolue de l’Arbre entre l’astre et le sol. L’heure du midi mise à part, on ne comptait jamais quelque lieu où la nuit de l’Arbre ne fût installée. La coutume avait permis aux gens de compter ce temps de nuit de l’Arbre comme une nuit ordinaire, si bien que les jours en furent multipliés par deux, ainsi que l’âge de tous les êtres vivants. Vivre jusqu’à 170 ans n’était donc pas quelque chose qui vous faisait regarder ici comme un vestige sacré. L’Arbre épandait sur les terres une nuit si profonde que tout bruit cessait aussitôt. Quelques nyctalopes paraissaient en mesure de faire face au néant mais personne jamais n’a pu voir de ses yeux ce spectacle improbable. Dès que brillait le soleil, même en ses jours les plus pâles, chacun besognait avec une vigueur étonnante qui voulait compenser ce qu’on ne pouvait faire les heures de grande nuit, et quand la lune ajoutait aux étoiles sa clarté métallique, bien du monde continuait l’ouvrage, comme en plein midi.

A suivre

10 mai 2009

Mimi Cracrack, Boum, Hue !

Après les Mystèrieuses Cités d'Or, le CGB est heureux de vous annoncer le retour de Mimi Cracra ! "Ri'n à branler" hurlera notre lectorat ... Attendez de voir le trailer !

CGB Dimanche 10/05/09

S.O.S nichons


Quand j’étais petit, mes parents n’avaient pas toujours assez d’argent pour partir en vacances. On restait donc à glandouiller dans les rues désertées de Lyon, où je continuais pourtant à jouer avec mes camarades, fils de fauchés eux aussi, champions de football sur bitume hantant les espaces calmes de la place Carnot. Pour nous, pendant ces pseudo vacances, le vélo n’était pas un jeu, un sport ni un divertissement : c’était un art de vivre. Nos trois vitesses pourris nous transportaient partout, dans des quartiers affreux qu’on ne faisait que traverser, sur les pentes des collines lyonnaises qui se débaroulent presque sans freiner mais en poussant toujours d’affreux cris d’apaches. Sortir de chez soi sans vélo, non, personne n’aurait imaginé un truc pareil. En y repensant, je me dis qu’à douze ou treize ans, explorer sa ville en vélo devrait être considéré comme un droit humain fondamental.
De passer notre temps sur deux roues, nous n’avions presque plus l’impression de « faire quelque chose » quand nous ne faisions que ça. On emportait donc souvent de quoi s’occuper une fois parvenus dans le coin choisi. En dehors du sempiternel ballon de foot et des plus rares raquettes de tennis, nous emportions parfois des maillots de bains, les jours où nos mères nous avaient lâché les quatre francs pour la piscine. Au mois d’août, Lyon est une ville impossible, presque autant que Grenoble, une cuvette chauffée où l’on étouffe en s’emmerdant considérablement. Si la piscine ne met pas à l’abri de l’ennui, bien au contraire, elle dispense au moins une certaine fraîcheur chlorée, et on y rencontre des filles. La piscine faisait donc partie des luxes qu’on parvenait à se payer de temps à autres, et particulièrement la « piscine du Rhône », la plus proche de chez nous, la moins chère, située sur la rive gauche du Rhône, en contrebas des quais, presque au niveau du fleuve. Une des particularités de cette piscine, c’est que les passants qui déambulent sur le quai peuvent voir ce qui s’y passe. Ils peuvent même stationner le long des grilles et mater comme bon leur semble les jeux aquatiques qui se déroulent en dessous, admirer, tout au long des après midi de pure oisiveté, les bronzages en train de se faire.
A l’époque, au début des années 80, bien des glandeurs se sont ainsi repus du spectacle de la jeunesse en train de batifoler. Les mateurs étaient surtout des hommes, il faut le dire, des hommes entre deux âges, des types seuls, assez souvent des chibanis mutiques. Certains marquaient une courte pause, s’emplissaient la vue de scènes exaltantes, puis reprenaient leur chemin. D’autres y passaient des heures, accrochés aux grilles comme on voit les singes des zoos le faire, nonchalamment. Mais j’oublie de dire l’essentiel : en ces temps obscurs où les Chiennes de garde ne veillaient pas, où la Halde ne sévissait pas encore, où Ni putes ni soumises n’exerçait pas encore sa police, dans cette piscine populaire en plein centre de la ville, sous l’œil de qui voulait bien l’ouvrir, les femmes se baignaient les seins nus ! Tu as bien lu, lecteur incrédule, j’ai vécu ces temps héroïques ! Oh, bien sûr, toutes les femmes ne déballaient pas leur poitrine dans un mouvement militant, non, celles qui en ressentaient l’envie le faisait, pas plus discrètement ni plus ostensiblement que ça : avec naturel. Les mecs ne les draguaient pas plus que les autres, en tous cas, je n’ai jamais été le témoin de gestes ni de menaces agressives (même s’il a pu y en avoir). Même si la chose ne semblait pas tout à fait banale, personne n'aurait été assez bas de plafond pour parler d'impudeur. Si ma mémoire est exacte, et pour être très précis, il me semble que les femmes se bronzaient les seins nus, mais qu’elles remettaient le soutif pour le bain. Qu’importe !
Presque trente ans plus tard, dans la France entière, le progrès est formidable : quand des femmes ôtent leur maillot du haut, la presse accourt et en fait un événement. Les séditieuses qui s’y risquent se regroupent en mouvements de militantes furieuses, ivres de provocations et de féminisme radical ! Le tout sous les coups des vigiles, sous les plaintes et sous les crachats ! Aujourd’hui, il faut au moins être une tumultueuse pour oser, en groupe, un tel vandalisme social ! Y’a pas à dire, on est allé de l’avant ! Notre société semble s’être transformée en un lieu d’échange de coups, un forum de la confrontation où des groupes irréductibles se frittent en permanence et à propos de tout. Rien de ce qui faisait l’ordinaire de la vie ne semble capable de rester en place bien longtemps. Si les Tumultueuses se remettent à ôter le maillot, c’est que les règlements des piscines sont devenus plus restrictifs, que l’habitude s’est perdue, c'est aussi qu'on s'est remis à parler d'impudeur au sujet des naïades. Un jour, peut-être, les piscines municipales définiront partout des créneaux horaires pour les femmes, voire des tenues obligatoires selon la religion de la baigneuse, et celles qui voudront s’en affranchir devront s’armer, monter une opération militaire et risquer le sacrifice de leur vie dans l’assaut.

Deblockage

Votre fac est bloquée depuis plusieurs mois par d'affreux gauchistes ? N'hésitez pas à faire appel à l'équipe du C.G.B. !!



NDLR : Nous republions cette vidéo en hommage à notre dévoué stagiaire Diego qui est toujours entre la vie et la mort*. Tu te souviens Diego de ce que tu t'étais pris dans la gueule !!?? On avait dû refaire la scène une quinzaine de fois (non sans malice ;) lol) !! Diego nous pensons très fort à toi et à ta copine Tatiana ...

* Diego est toujours sous la douche en train de se vider (il a déjà perdu 40kg). P'tain merde qu'est ce qu'elle fout sa mère ??

9 mai 2009

Unilinguisme



En bonus, un extrait de l'Ordonnance de Villers-Cotterêts, à méditer pour les thuriféraires du Bro gozh ma zadoù.


art. 111.De prononcer et expédier tous actes en langaige françoys

Et pour ce que telles choses sont souventesfoys advenues sur l'intelligence des motz latins contenuz es dictz arretz. Nous voulons que doresenavant tous arretz ensemble toutes aultres procedeures, soient de nous cours souveraines ou aultres subalternes et inferieures, soient de registres, enquestes, contractz, commisions, sentences, testamens et aultres quelzconques actes et exploictz de justice ou qui en dependent, soient prononcez, enregistrez et delivrez aux parties en langage maternel francoys et non aultrement.

Note de lecture de Propaganda par Scriptoblog

Je suis régulièrement les notes de lecture du site Scriptoblog, mais j'avais manqué une de ces notes qui pourtant m'intéresse au plus haut point : le condensé du livre « Propaganda » d'Edward Louis Bernays publié en 1928.
J'ai déjà parlé de Bernays, mais je m'étais contenté d'une petite biographie sur le personnage : Edward Louis Bernays, marionnettiste des masses

Voici donc le résumé de « Propaganda » par l'équipe de Scriptoblog. Source
Une petite critique tout de même : le résumé sur Bernays en début de texte manque d'exactitude. Les parties intéressantes sont les résumés du livre chapitre par chapitre.

UNE
NOTE DE LECTURE

de
L'EQUIPE SCRIPTO

A propos de :
Bernays et l'invention du totalitarisme démocratique


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Propaganda est un livre écrit par Edward Bernays en 1928.

Qui était ce monsieur Bernays ?

C’était le neveu de Sigmund Freud. Né en 1891, mort en 1995, on le considère généralement comme l’inventeur de l’industrie des relations publiques. Journaliste, il se fit connaître juste avant la grande guerre en organisant une campagne de presse en faveur d’une pièce à scandale, « Damaged goods ». Le sujet : un homme atteint de la syphilis cache son état à sa fiancée. Argument : l’hygiénisme. Problème : le thème heurte la pudibonderie américaine. Bernays réussit à « vendre » la pièce au grand-public. Dès lors, son habileté de publicitaire est reconnue, et sa capacité à influencer le public lui vaut l’intérêt rémunérateur du patronat américain...

Dans le contexte créé par le heurt entre l’hyperconcentration du capital par les « robber barons » Rockfeller & compagnie, Bernays arrive à point pour occuper un rôle non négligeable : devenir l’homme qui sait « vendre » le capitalisme prédateur à une Amérique alors en révolte latente. Bernays participe ainsi à la manipulation de l’opinion après la répression sauvage d’une grève dans le Colorado, faisant avaler à l’opinion publique américaine qu’après tout, il est acceptable de faire tirer sur des grévistes.

Ce « talent » de propagandiste lui vaut, pendant la Grande Guerre, d’intégrer la commission Creel, chargée par l’administration Wilson de « vendre » la guerre à une opinion publique américaine plutôt isolationniste. Il y brille, et c’est muni d’un redoutable carnet d’adresse qu’il ouvre, en 1919, le premier « bureau de relations publiques » des Etats-Unis.

Pendant les années 20, Bernays se fait remarquer par l’esprit novateur de ses méthodes. Il est premier publicitaire à comprendre l’intérêt de la psychanalyse dans une optique de manipulation des foules. Il est aussi le premier à construire une « éthique » adaptée à son métier de bonimenteur… Son grand succès ? Amener les femmes américaines à fumer. Le commanditaire de l’opération est tout bonnement l’industrie du tabac, mais Bernays réussit un coup de maître en présentant l’affaire comme une « libération de la femme ». Instrumentalisant le mouvement des suffragettes, il exploite l’image phallique associée à la cigarette allumée pour faire de la « femme qui fume » l’image d’une « femme libérée, dotée de son propre phallus ». Le succès est foudroyant : les Américaines se mettent à fumer.

A la fin des années 20, Bernays commence à théoriser sa méthodologie. Il conçoit la propagande comme une « fabrique du consentement ». Il s’agit d’enfermer le public dans un paradigme restreint, à l’intérieur duquel il ne pourra choisir qu’entre deux manières d’adhérer à la thèse qu’on veut lui vendre. Déjà s’esquisse la dimension politique du propos, et les conceptions de Bernays, à ce stade, commencent à devenir applicables au marketing politique.

Bernays lui-même n’eut jamais le moindre doute à ce sujet. Homme profondément réactionnaire, de la pire manière qui soit, il se vantait en privé d’avoir réussi à faire travailler son chauffeur toute sa vie, jusqu’à le faire mourir de fatigue, et cela en ne lui versant qu’un salaire de misère. En 1928, cependant, il entreprit de présenter ses conceptions au public, et il le fit sous un jour plus chatoyant…



*



Le premier chapitre du bouquin de Bernays s’intitule : « Organiser le chaos ». La thèse : il existe un gouvernement invisible, qui règne secrètement sur la démocratie. Ce gouvernement est formé par les hommes qui savent influencer le public. Ce gouvernement est indispensable : sans lui, l’opinion, livrée à elle-même, ne pourrait pas faire fonctionner la « machine » démocratique. Si tout le monde devait étudier sérieusement les questions sérieuses, on n’en sortirait plus. Exemple : en théorie, tout le monde décide de quel savon il achète. En pratique, si les consommateurs se mettaient à étudier la formule chimique des savons et la composition des prix, ils n’auraient même plus le temps de se laver !

Le gouvernement invisible, en rendant la démocratie possible, se substitue aux anciennes oligarchies au pouvoir visible. Des techniques existent, qui permettent « d’enrégimenter l’opinion ». Ce sont ces techniques que les hommes de pouvoir doivent désormais maîtriser. Dans une société devenue très diverse et très complexe, c’est le seul moyen de maintenir l’ordre. Il faut savoir se repérer dans le fouillis inextricable des médias, pour comprendre par quel canal on peut toucher quelle partie de l’opinion, et il faut connaître la segmentation de l’opinion pour savoir l’influencer de la manière la plus efficace. Il faut connaître les réseaux d’influence, comprendre comment ils s’entrecroisent, et comment dans une société ouverte, des castes se reconstituent par le jeu spontané des affinités.

Le chapitre 2, intitulé « la nouvelle propagande », nous explique comment « influencer l’opinion » à travers cette société ouverte. Il faut, dit Bernays en 1928, une « nouvelle propagande ». La bourgeoisie a retiré son pouvoir au roi, mais à son tour elle tremble devant le petit peuple : elle peut cependant garder le pouvoir au lieu de le transmettre à son tour. Il faut pour cela qu’elle comprenne qu’une minorité peut influencer la majorité. Pourquoi ? Tout simplement parce que l’instruction a permis au peuple de lire, mais il ne lit que ce qu’on lui donne à lire.

Tout est là : il faut utiliser l’instruction du peuple pour l’enfermer dans un mode de pensée programmé. Il n’y a rien de scandaleux là-dedans : la propagande a été inventée par l’Eglise catholique, avec sa congrégation pour la propagation de la foi. C’est une technique de gouvernement, ni plus ni moins.

Une propagande efficace ne doit pas être perçue comme telle. Elle consiste à entourer une information vraie d’un écrin qui va amener le public à percevoir cette information d’une certaine manière. Par exemple, on citera une source prestigieuse à l’appui d’une information qu’on veut cautionner, et une source litigieuse à l’appui d’une information qu’on veut disqualifier. Pour que cette méthode fonctionne, il faut qu’elle soit poursuivie sans relâcher l’effort, c’est une œuvre de longue haleine. Elle doit imprégner progressivement les esprits, de manière inconsciente, par la répétition. Il faut modifier les « images mentales que nous avons du monde » pour nous faire changer d’avis. On doit jouer sur les associations, les « chichés mentaux », et privilégier l’émotion au détriment de la raison. Alors, on peut « fabriquer le consentement » des masses, et ainsi rendre possible l’action du gouvernement en respectant les règles formelles de la démocratie.

Un exemple de technique de manipulation : trouver des leaders d’opinion, et leur faire promouvoir par leur comportement, par leur image, ce qu’on veut « vendre » à l’opinion. C’est la technique utilisée dans le marketing de la mode. Elle est transposable à n’importe quel autre domaine où la « fabrique du consentement » est nécessaire.

Le chapitre 3 s’intéresse aux « nouveaux propagandistes », les hommes qui savent jouer sur ces techniques pour « fabriquer le consentement » des masses. Ces hommes-là ne sont généralement pas connus du grand-public. Le public voit le président, pas le conseiller qui a rédigé le discours du président. Mais souvent, c’est justement parce qu’ils se tiennent dans l’ombre que ces hommes sont puissants. Bernays, avec un cynisme tout de même étonnant, même venant de lui, cite par exemple le cas du « cabinet secret » qui négociait autour d’une table de poker, sous le président Harding, et où les chefs de la pègre et les politiciens se retrouvaient pour négocier : réductions de peine pour les caïds contre appui de la mafia ! Etrange conception de la vie démocratique…

Des dirigeants invisibles, nous dit Bernays, contrôle secrètement les décisions de l’homme ordinaire, en lui imposant le système de références à l’intérieur duquel il évolue. Monsieur Smith achète un costume en croyant qu’il agit selon sa propre volonté. En fait, il imite inconsciemment telle grande figure du monde, laquelle est habillée par un tailleur londonien lui-même employé par une grande société du textile.

Ces dirigeants invisibles sont en réalité moins nombreux que les dirigeants officiels, parce que le coût de la « fabrique du consentement » est très élevé, donc le pouvoir en cause est concentré. Cela revient très cher de toucher le grand public. La nouvelle profession des relations publiques est née de la nécessité de mutualiser ces coûts et d’en rationaliser la pratique en ne confiant de gros budgets qu’à des professionnels qualifiés. Exactement comme les riches ont besoin d’avocats pour faire interface avec la justice, et se payent les meilleurs juristes, ils ont besoin de conseillers en relations publiques pour faire interface avec le public, et ils se payent là aussi les meilleurs spécialistes, ceux qui savent se retrouver dans le dédale des réseaux d’influence et des médias.

Le conseiller en relation publique comprend les interactions entre les divers domaines de la psyché collective. Toujours à l’affût des mouvements profonds de l’opinion, il cherche à faire surfer ses clients sur les tendances du moment. Il est sensible aux isomorphies entre les divers domaines de l’esthétique collective. Il cherche à faire profiter les compagnies de chemin de fer des modes nées dans des domaines complètement différents, comme par exemple l’esprit des banlieues pavillonnaires. Le public croit que ce type de conseiller se contente de mettre en œuvre une communication autour de la stratégie commerciale des entreprises, mais en réalité, il intervient surtout en amont de cette stratégie. Conscient de l’importance de son rôle, ce conseiller est un professionnel soucieux de préserver sa réputation. Il ne défendrait pas deux clients en opposition, ne mentira pas : il se contentera de présenter l’aspect de son client qui correspond aux tendances du moment… Nuance !

Le chapitre 4 plonge plus profondément dans les techniques des relations publiques. Bernays part de l’étude de la psychologie des foules. Le groupe n’a pas les mêmes caractéristiques psychiques que l’individu : celui qui comprend ces caractéristiques peut influencer les groupes, qui à leur tour conditionnent les individus. Ainsi, les barrières de la psychologie individuelle sont contournées.

Les foules sont moutonnières. Elles suivent des leaders s’il y en a, à défaut des clichés imprimés dans les esprits, et réverbérés par l’écho infini de la masse. Il faut jouer sur ces clichés, ou sur l’image des leaders, et pour maximiser l’effet, il faut chercher à les mettre en cohérence avec les pulsions individuelles. Il faut jouer sur les frustrations des individus, deviner ce qui les fait souffrir en tant que personne, et proposer un schéma collectif qui, en enserrant l’individu dans un conformisme rassurant, lui permettra de surmonter sa frustration. C’est là, nous dit Bernays, que la connaissance des réseaux d’influence peut être décisive : en comprenant dans quelle « niche » du conformisme social une catégorie d’individus est logée, qui partage une certaine frustration, on peut faire coup au but à coup sûr. Au lieu de demander aux gens d’acheter, il faut leur montrer qu’on a résolu une souffrance sur laquelle ils butent. Alors, c’est eux qui vous demandent de vendre !

Le chapitre 5 s’intéresse plus précisément à la manière dont les entreprises peuvent utiliser cette méthode générale. La préconisation générale : doter l’entreprise d’une « personnalité », faire de cette « personnalité » l’indice d’une résolution crédible de certains problèmes sociaux, en somme produire ce que nous appelons aujourd’hui une « image de marque ». Ce chapitre ne présente plus beaucoup d’intérêt : son contenu est aujourd’hui pratiquement devenu le fondement de tout le marketing proactif. En gros, Bernays, en 1928, inventait les techniques publicitaires contemporaines. On remarquera simplement que Bernays ne pose à aucun moment la question de savoir si, en « vendant » la grande entreprise au public, il ne cautionne pas éventuellement un système économiquement inopérant et socialement injuste. Cette question n’entre tout simplement pas dans le cadre de sa réflexion. Il part du principe que l’objectif est de « vendre » la grande entreprise. Quant à la légitimité de cet objectif, elle n’est pas questionnable.

Le chapitre 6 s’intéresse aux rapports entre la propagande et l’autorité politique. Bernays plaide pour l’utilisation par les politiciens des techniques commerciales qu’il a détaillées au chapitre 5. Il nous annonce, dès 1928, le marketing politique contemporain, s’étonnant que les campagnes électorales se résument à une suite d’évènements mineurs, alors qu’elles devraient, selon lui, prendre la forme de la construction d’une « image de marque » associée à un politicien donné. Là encore, inutile de détailler : le bouquin de Christian Salmon sur le storytelling n’est jamais que la conséquence directe de l’application des thèses de Bernays. On remarquera simplement que le leitmotiv de Bernays est le suivant : les politiciens doivent cesser de penser à leurs électeurs en termes politiques, il faut « dépolitiser » la politique, segmenter le corps social en « niches » renvoyant à des schémas émotionnels distincts.

Ici, deux remarques s’imposent.

Premièrement : quand on lui demanda comment il avait fait pour faire travailler son chauffeur si longtemps et pour si peu, Bernays répondit : « C’était avant que les gens aient une conscience sociale ». Il n’est pas possible, sachant cela, de ne pas voir, derrière l’argumentaire apparemment scientifique de Bernays sur le « marketing sectoriel » adapté à la politique, une machine à détruire cette conscience sociale, ou encore mieux, à en empêcher l’émergence. Il est à noter que cette dimension-là, c'est-à-dire la lutte des classes, n’est jamais explicite chez Bernays. Le type n’était pas conseiller en relations publiques pour rien !

Deuxièmement : certains passages de Bernays, dans ce chapitre, ressemblent tellement aux déclarations de Goebbels sur le rôle de la propagande qu’il semble très probable que le ministre nazi de « l’information » avait lu le « propaganda » de Bernays. Par exemple cette phrase : « Un homme politique qui a les qualités d’un chef saura, en utilisant habilement la propagande, guider le peuple au lieu de le suivre à l’aveuglette ». On croirait entendre parler qui vous savez…

Le chapitre 7 s’intéresse à la propagande et aux activités féminines. Bernays voit dans les femmes américaines un instrument politique que les politiciens doivent savoir utiliser. Les femmes, organisées, constituent en effet le plus puissant de tous les réseaux d’influence. Dans une société où les rôles des sexes sont encore très distincts, Bernays souligne que la femme, sans poids ou presque dans le champ politique, contribue grandement à façonner l’esprit collectif. Ce chapitre est assez peu fouillé, au demeurant. On relèvera simplement que Bernays parle des femmes comme d’une « minorité » qui peut « peser » sur la majorité. Il faut croire que par « minorité », Bernays veut dire : « qui peut acquérir un pouvoir de décision indirect », car jusqu’à nouvel ordre, ce sont les femmes qui sont majoritaires dans l’espèce humaine. Il y a là un détail révélateur, si l’on prend la peine d’inverser les termes : quand Bernays parle de la majorité, il parle en réalité des gens qui ne peuvent pas acquérir de pouvoir de décision indirect. En d’autres termes, ce que Bernays nous avoue à mots couverts, c’est que le véritable propos de sa méthode, c’est : comment empêcher le peuple d’acquérir une influence réelle. Il faut prendre le temps de méditer cet enchaînement logique : il donne la clef de toute la démarche.

Nous ne nous arrêterons pas aux chapitres relatifs à la propagande au service de l’éducation, des œuvres sociales ou de la science. Il y aurait beaucoup à dire, mais rien de décisif. En gros, c’est un manuel de marketing.

Le chapitre 11, intitulé « les mécanismes de la propagande », est plus intéressant. Bernays souligne que pour pouvoir s’immiscer au cœur de l’information, la propagande a besoin d’une inversion des priorités entre actualité et analyse. Si le critère de décision des rédacteurs en chef, quand ils doivent décider de passer une information ou pas, est l’actualité de cette information, alors la propagande prend la même valeur que l’information objective. Si, au contraire, c’est la qualité de l’analyse qui entraîne la décision, la propagande est pénalisée. On comprend mieux, en lisant le génial manuel du sieur Bernays, pourquoi notre génération, née (dans le cas des scriptoboys) au moins 35 ans après « Propaganda », a été dès le berceau noyée sous un flux continu d’informations, l’actualité chassant l’actualité.




8 mai 2009

Allez Alain, mange-un Dany ça ira mieux!


Au moment où des reliques de le deuxième gauche rocardo-céfédétiste se réunissent pour "Réinventer de la démocratie"... en vérité pour la dissoudre au profit d'une improbable société civile, le CGB préfère écouter Dany Robert-Dufour dans son entreprise de "déconstruction" de l'égo-grégarisme (émission du 30 décembre- texte de l'émission plus bas).

NOTA BENE : Afin de répondre à certaines questions de nos fidèles lecteurs au sujet de nos références intellectuelles communes avec Alain Soral... Le CGB souhaiterait indiquer que les premiers à interviewer Jean-Claude Michéa en 1999 pour la sortie de "L'enseignement de l'ignorance" étaient Philippe Val et Alain Finkielkraut.


En vérité, si Alain Soral demandait l'avis de J-C Michéa sur le sionisme, il serait fort déçu! A notre humble avis, le père Soral devrait se rapprocher d' intellectuels comme Emmanuel Todd et Alain Badiou (qui désire également un état non juif).

Enfin pour ceux que Michéa exaspère (hein XP), allez-donc voir du côté du social- individualiste Philippe Corcuff.






Antoine Mercier : Dans notre série, « D’autres regards sur la crise », nous recevons aujourd’hui, Dany-Robert Dufour, professeur à Paris-VIII. Bonjour, Monsieur.

Dany-Robert Dufour : Bonjour.

Antoine Mercier : Vous êtes actuellement au Brésil mais j’ai tenu quand à ce que vous participiez à cette série d’interviews pour la raison qu’il y a seulement un peu plus d’un an, vous avez publié un livre qui s’intitulait « Le divin marché » et qui était sous-titré « La révolution culturelle libérale », une révolution dont vous vous demandiez alors, jusqu’où elle nous mènerait. Donc, Dany-Robert Dufour, est-ce que cette révolution culturelle libérale, dont vous parliez, nous mène-t-elle à la crise d’aujourd’hui ?

Dany-Robert Dufour : Et bien écoutez, oui, elle nous mène directement à la crise d’aujourd’hui. On assiste effectivement à une crise gravissime qui est causée par la mise en œuvre d’un principe, qui est un principe toxique qui a été appliqué partout dans le monde depuis une trentaine d’années, c’est-à-dire en gros depuis Reagan, Thatcher. Ce principe, c’est celui de l’auto-harmonisation des intérêts privés. C’est un mythe. Ce principe est mensonger, ce qui veut dire qu’on nous a raconté des histoires, on nous a resservi une histoire ancienne, qui a été inventée au XVIIIe siècle par des gens comme Mandeville, par exemple, qui disait que les vices privés font la fortune publique, comme Adam Smith qui avait postulé l’existence d’une providence supérieure qui veillait à cette homogénéisation des intérêts privés. Or, ce qu’on constate, c’est que tout cela ne peut pas s’auto-harmoniser, tout simplement parce qu’il existe des intérêts qui sont plus forts que d’autres et qui emportent toujours toutes les décisions. On assiste donc, en quelque sorte, à l’effondrement extrêmement douloureux d’un mythe et qui produit des effets dévastateurs, désastreux, dans toutes les grandes économies humaines, parce que je crois qu’il ne faut pas seulement considérer l’économie marchande, mais il faut considérer aussi toutes les grandes économies humaines dans lesquelles nous vivons.

Antoine Mercier : Pour en rester d’abord à ce mythe dont vous parlez, est-ce que vous avez l’impression que la page est tournée maintenant ou que tout va pouvoir recommencer dans six mois ?

Dany-Robert Dufour : Écoutez, on voudrait bien que la page soit tournée, ça va dépendre un peu des décisions qui vont être prises. On peut s’inquiéter du fait que ce sont souvent les décideurs qui ont mis en œuvre ce principe qui sont eux-mêmes chargés de la réforme de ce principe. Ce qu’on sait, c’est que les effets ont été désastreux dans toutes les économies humaines, dans l’économie marchande, on le sait, avec la destruction du tissu industriel, qui s’est produite à la suite du passage du capitalisme industriel au capitalisme financier et où les actionnaires ont, en quelque sorte, acheté des dirigeants des entreprises pour qu’ils suivent des objectifs financiers et non plus industriels, je dis « acheté », en leur fournissant des salaires mirobolants, des stock-options à bas prix, des retraites chapeau exorbitantes… Ces actionnaires se sont mis à vendre tout, y compris ce qu’ils n’avaient pas, par exemple, ils ont prêté de l’argent qu’ils n’avaient pas, c’est la fameuse affaire des sub’primes, ils ont ensuite caché ces créances pourries, ils les ont revendues, ils se sont mis à spéculer à la hausse, comme à la baisse et on est maintenant en train de découvrir l’ampleur des dégâts. Bon par exemple, l’ampleur des dégâts, ce sont aussi bien les systèmes dits « de pyramide » à la façon de Bernard Madoff, c’est les abus de position dominante, les faux bilans et les évasions fiscales, etc., etc.

Antoine Mercier : Ça, c’est effectivement l’économie marchande, on a bien compris, très touchée, on en parle souvent dans nos journaux, mais il y a aussi ce que vous appelez vous-même « l’économie psychique ». Vous avez récemment écrit que nous sommes sortis du cadre freudien classique de la névrose pour entrer dans un cadre post-névrotique où c’est la perversion, la dépression et l’addiction qui prédominent. Donc, cette économie psychique où en est-elle aujourd’hui à travers cette crise ?

Dany-Robert Dufour : Je crois que ce libéralisme financier a sapé, non seulement les bases de la finance, mais aussi toutes les grandes économies humaines. On pourrait parler de l’économie politique, on pourrait parler de l’économie symbolique, on pourrait parler de l’économie sémiotique, mais on pourrait aussi parler, ce qui m’intéresse particulièrement, de l’économie psychique parce qu’effectivement, je pense qu’il y a des effets de cette économie marchande sur l’économie psychique.

Antoine Mercier : Alors, qu’est-ce que vous appelez d’abord « économie psychique » ? Précisez.

Dany-Robert Dufour : L’économie psychique, c’est précisément la façon dont sont gérés chez un individu, les passions, les pulsions ou les affects. Dans la névrose classique, il s’agissait de réprimer un certain nombre de passions et de pulsions pour qu’une économie dite du désir puisse se mettre en place. Avec l’économie marchande, au fond, c’est un autre cadre économique d’économie psychique qui se met en place, et c’est pourquoi, je crois, on assiste à l’apparition à la sortie du cadre névrotique et à l’entrée dans un cadre qui est dominé par trois formes : celles de la perversion, de la dépression et de l’addiction. Pourquoi la perversion ? Eh bien parce que c’est tout simplement la pathologie la plus adaptée quand il s’agit de viser partout le coup gagnant. C’est-à-dire qu’il faut toujours circonvenir l’autre, il faut s’en méfier ou il faut l’instrumentaliser pour réussir son coup. C’est-à-dire qu’on assiste à des pulsions d’emprise sur l’autre et on assiste à des formes d’infatuations suggestives qui se manifestent parfois jusque dans les plus hautes sphères de l’État, cette infatuation suggestives.

Antoine Mercier : La dépression ?

Dany-Robert Dufour : Alors, la dépression, c’est ce qui arrive quand les individus n’ont pas les moyens de la perversion requise et se mettent à déchoir à leurs propres yeux en quelque sorte. On sait que la dépression aujourd’hui, peut atteindre par roulement, 20 à 30% de la population. On sait d’ailleurs, les profits que tire l’industrie pharmaceutique de cette pathologie.

Antoine Mercier : Oui l’addiction…

Dany-Robert Dufour : Et l’addiction, c’est tout ce qui ressort d’un monde qui promet la satisfaction pulsionnelle généralisée. C’est exactement ça l’économie de marché, puisque le marché est ce qui propose toujours un produit, un objet, un service, un phantasme, susceptible de combler toute appétence quelle qu’elle soit.

Antoine Mercier : Alors, tout ça, c’était ce qui existait jusqu’à présent, que vous avez décrit dans votre livre, « Le divin marché », mais, c’est en train de changer. Alors, est-ce que vous pensez que cette économie psychique peut, petit à petit, se remettre en ordre, si je puis dire, sans forcément retrouver les névroses d’antan ?

Dany-Robert Dufour : Écoutez, on espère oui, mais tout ce que l’on voit, c’est que tous ces effets sont liés les uns aux autres, c’est-à-dire qu’il y a un principe transductif qui lie toutes ces économies entre elles. Et donc, on ne peut pas étudier seulement l’économie psychique à part elle, comme on ne peut pas étudier l’économie politique, comme on ne peut pas étudier l’économie marchande à part. C’est ça un peu mon travail de philosophe, c’est d’essayer de montrer tous les points de passage entre ces économies…

Antoine Mercier : Et par quoi il faut commencer ?

Dany-Robert Dufour : Je pense qu’on assiste en ce moment à un étrange spectacle puisqu’il y a beaucoup de choses qui sont extrêmement mal supportées par les populations et qui donc, risquent de fort mal prendre les effets toxiques de ces différentes économies. On a montré des signes, on voit déjà des signes de désarroi dans de nombreux domaines, et on voit aussi des signes de désarroi dans les grands domaines de la santé en général, ce qu’on appelle la santé mentale en particulier. Tous ceux qui œuvrent dans le champ de la psychopathologie sociale savent que tous les indicateurs sont au rouge. On voit des grands signes de désarroi dans la culture, dans la justice, dans l’éducation que l’on veut priver de postes et de missions, j’en sais quelque chose…

Antoine Mercier : Dans l’hôpital public aussi, on vient d’en parler ?

Dany-Robert Dufour : Dans l’hôpital public aussi, vous venez d’en parler.

Antoine Mercier : Dany-Robert Dufour, malheureusement, là, c’est l’heure, il faut s’arrêter mais je rappelle qu’on va pouvoir réentendre, sur le site de France Culture, cette intervention et puis nous allons faire dans quelques instants, une interview plus en longueur, sur ce même thème, auquel on accès les internautes sur le site de franceculture.com, « D’autres regards sur la crise » ?



Antoine Mercier : Nous retrouvons en ligne maintenant, pour cette prolongation ou cette nouvelle interview en longueur, Dany-Robert Dufour, que nous avons interviewé déjà dans notre édition du 30 décembre 2008. Dany-Robert Dufour, on va peut-être reprendre, disons, en posant les choses d’avantage maintenait, les différents symptômes de cette crise et peut-être aussi comment elle se déploie dans un grand nombre de secteurs que vous appelez, vous, les économies de l’humain.

Dany-Robert Dufour : C’est cela, oui. Effectivement, depuis maintenant quatre mois, on met l’action sur les effets désastreux d’un principe, que j’ai appelé toxique, dans l’économie marchande. Or, on ne souligne pas assez, à mon avis, les effets désastreux aussi de ce principe, dans les autres grandes économies humaines, parce que le libéralisme financier dérégulé, je ne suis pas contre le libéralisme mais contre cette forme de dérégulation qui a été mise en œuvre par les penseurs ultralibéraux, par Hayek, Friedman, etc., ce principe n’a pas fait que saper les bases de la finance mais ce sont toutes les économies humaines qui sont atteintes par la diffusion de ce principe toxique. On pourrait parler, par exemple, des effets de la dérégulation de l’économie marchande dans l’économie politique, avec par exemple l’obsolescence du gouvernement, l’apparition dont on nous a rabattue les oreilles, depuis maintenant une vingtaine d’années, d’un terme qui vient se substituer au gouvernement qui est celui de la gouvernance, tous les gouvernements se sont relayés depuis, je ne sais pas, une vingtaine d’années, pour nous dire que l’État est bateau, qu’il faut moins d’État, etc. et qu’il fallait absolument déréguler. On a même assisté à des numéros de bravoure où en quelque sorte on a utilisé l’État pour détruire en quelque sorte cette fonction régulatrice de l’État.

Antoine Mercier : Le mot gouvernance est créé à partir de quoi finalement ? Il s’oppose à quoi ?

Dany-Robert Dufour : Le terme de gouvernance vient très directement de la corporate gouvernance, c’est-à-dire de la prise du pouvoir des actionnaires dans la gestion du capital puisqu’auparavant nous avions un capitalisme industriel qui était tenu de trouver des arrangements avec le salariat, or, c’est la troisième partie, c’est les actionnaires, le capitalisme financier qui a prit le pouvoir et qui a éloigné le salariat qui est devenu de plus en plus un salariat, comme on dit, Kleneex et qui a acheté les dirigeants des grandes entreprises industrielles, avec trois choses essentiellement : des salaires mirobolants, des stock-options à bas prix et des retraites chapeau complètement exorbitantes, ce qui fait l’actualité dont vous nous entretenez sans cesse.

Antoine Mercier : Alors, ça, c’est pour la…

Dany-Robert Dufour : Alors, la gouvernance vient très directement de la corporate gouvernance qui est la prise du pouvoir par les actionnaires et qui a été étendue à l’ensemble de la forme politique, qui est tombée en quelque sorte en désuétude puisque le gouvernement a été battu en brèche au profit d’une société civile sensée pouvoir s’autoréguler toute seule.

Antoine Mercier : Voilà pour la sphère du politique, on va peut-être aborder la sphère suivante. Qu’est-ce que vous mettriez derrière ?

Dany-Robert Dufour : La sphère suivante, on pourrait parler de l’économie symbolique, puisque l’économie symbolique c’est le lieu où un corps sociale s’entend sur un certain nombre de valeurs. Or, là, nous assistons à la disparition de la forme classique, que nous avons connue en France, en particulier ce que l’on appelait depuis Rousseau « Le pacte social », « Le pacte social républicain ». Et on assiste à l’apparition de nouvelles formes de lien social, comme ce type de lien social, je ne sais même pas si je peux l’appeler lien tant ça fait si peu lien, c’est le lien éco-grégaire, où des individus sont, on pourrait dire, capté, capturé, par leur égoïsme en recherche de satisfactions consommatoires, ils sont captés, capturés pour être mis dans ces formes que l’on a déjà appelées des troupeaux, des troupeaux de consommateurs que l’on promène d’objet en objet…

Antoine Mercier : Vous pouvez donner un exemple, donner peut-être une situation concrète de ce que vous dites là pour le troupeau égo-grégaire, on en fait tous partie plus ou moins mais…

Dany-Robert Dufour : Oui, bien sûr on en fait tous partie plus ou moins dans la mesure où l’on est promené d’objet en objet. Auparavant nous étions dans une disposition où nous devions rabattre une partie de notre jouissance pour la mettre a compte d’un tiers, c’est-à-dire l’État. Nous étions tenus par le haut, c’est toutes ces formes classiques où nous étions tenus par le haut. Maintenant, nous sommes, en quelque sorte, tenus par le bas. Nous sommes tenus par ce que nous attrapons, nous sommes tenus par les objets qu’on ne cesse de nous présenter, que la marché ne cesse de nous présenter dans une multitude de petits récits édifiants sur les murs de la cité, à la télévision, etc., qui sont les récits de la marchandise qui est censée pouvoir nous sauver.

Antoine Mercier : Est-ce que ce n’est pas cela qui est entrain peut-être de s’effriter aujourd’hui ?

Dany-Robert Dufour : Je l’espère bien. On assiste effectivement à l’effondrement absolument douloureux de ce mythe. Par quoi cela peut être remplacé ? On y viendra peut-être après mais peut-être qu’on pourra voir aussi les effets dans une autre économie, qui est une économie importante puisqu’elle a à voir avec, je dirais, ce qui nous spécifie en propre, c’est-à-dire le fait que nous sommes des êtres parlants, c’est-à-dire l’économie sémiotique, nos façons de parler. On assiste, je crois, à l’apparition de ce que l’on pourrait appeler, ce que j’ai appelé novlangue, ultralibérale qui est marquée, tant au niveau de la grammaire qu’au niveau sémantique, par des transformations de la grammaire. Par exemple, je vois chez mes étudiants qu’ils pratiquent de plus en plus la pensée par association et non plus la pensée par démonstration. On n’a plus affaire au « est » « E. S. T » mais à « c’est ceci, et ceci et cela », c’est un peu ce qui se déduit directement des modes actuelles de pensée par les technologies actuelles, c’est du copier-coller sur l’Internet et on ajoute sans jamais qu’il n’y ait de forme propositionnelle parce que la forme propositionnelle, la forme qui procède de marqueurs logiques, apparaît comme trop autoritaire.

Antoine Mercier : C’est-à-dire qu’en fait ce sont les mots de liaisons ou les mos de coordination…

Dany-Robert Dufour : Oui, les mots de coordination, les « car », « donc », « parce que » etc. qui disparaissent au profit de « et ».

Antoine Mercier : Cela signifie quoi précisément au cœur de la structure de la pensée ? Est-ce que c’est la limite d’une forme de pensée qui ne n’élabore plus avec des articulations…

Dany-Robert Dufour : Oui, absolument. C’est nos façons de parler qui sont atteintes et qui se manifestent aussi par des altérations sémantiques par exemple par la disparition de toute forme d’autorité même laïque qui est bannie, donc il faut que les individus puissent mettre leur égo partout sinon ils se trouvent assujettis dans des formes qu’ils pensent être des formes autoritaires. Je crois que là, on assiste à des modifications dans cette économie sémiotique. Et puis, évidemment le dernier plan, c’est l’économie psychique, j’en ai parlé tout à l’heure, avec la transformation du cadre névrotique en un cadre post-névrotique avec perversion, dépression et addiction.

Antoine Mercier : Alors, là, effectivement, on a un tableau complet de toutes ces économies : politiques, symbolique, sémiotique, psychique qui sont, qui étaient dans ce système dominant, dans ce divin marché, dans cette révolution culturelle libérale dont vous nous parliez dans votre livre, « Le divin marché », mais aujourd’hui, manifestement il y a quand même un grain de sable dans le système. Est-ce qu’on peut comprendre d’abord pourquoi ce système-là était finalement voué à être en crise à un moment donné ?

Dany-Robert Dufour : Bien sûr qu’on peut le comprendre parce que c’est une histoire, c’est un récit qu’on nous a raconté. C’est un récit qui fonctionne sur un principe mensonger. Les intérêts privés ne peuvent pas s’auto-organiser, c’est même quelque chose qui commence à se savoir au niveau des plus hauts responsables. Je lisais, il y a un mois ou deux, dans Le Monde, l’interview d’Alan Greenspan, qui est l’ancien président de la Réserve fédérale américaine, qui était interrogé par une commission des États-Unis chargée du contrôle de l’action gouvernementale, il disait, en gros autant que je me souvienne : J’ai fait une erreur en croyant que le sens de leur intérêts chez les banquiers était la meilleure protection qui soit pour tout le monde. Donc, il y a eu une erreur, il y a eu un récit qui a été mis en place partout dans le monde, qui a eu des effets délétères et dont on s’aperçoit maintenant des conséquences parce que ce principe est tout simplement faux, mensonger. Il a servi à beaucoup de gens pour s’enrichir mais c’est un principe faux. On assiste maintenant à la recherche d’un autre récit qui serait un récit de remplacement par rapport à ce grand récit de l’auto-harmonisation des intérêts privés et je crois qu’il y a quelque chose qui se présente là du côté d’une autre économie, dont je n’ai pas encore parlée, qui est malade aussi parce que c’est une économie dans laquelle s’insèrent toutes les autres économies dont je viens de parler, c’est l’économie du vivant. Cette économie du vivant est malade aussi parce qu’elle est victime d’une contradiction majeure entre le capitalisme qui promet la production infinie de la richesse. Cela se manifeste par exemple du côté de la bourse en disant : Les valeurs vont toujours monter et quand cela ne monte plus on assiste à des effets de panique du côté banquiers parce qu’ils ne savent plus s’ils doivent vendre leurs actions et acheter de nouvelles. Ce capitalisme financier fonctionnait sur la production infinie de la richesse, or l’économie du vivant, elle, est indexée sur la finitude des ressources vitales qui sont offertes par la terre, finitude des ressources dans tous les grands domaines : Énergie fossile, air, eau… On annonce, pour le XXIe siècle, de grandes bagarres, par exemple au niveau de l’eau, or la terre commence à être épuisée parce qu’elle est victime de ce principe qui veut l’exploitation de toutes les richesses alors que ces richesses sont en nombre limité.

Antoine Mercier : Dany-Robert Dufour, peut-être pour tenter de résumer ce que vous venez de dire, et peut-être avancer une proposition supplémentaire, comme si le système que vous avez dénoncé tout à l’heure comme mensonger, c’est-à-dire disons d’Adam Smith, de la fable des abeilles etc., ce système-là s’effondre en tant que providence immanente, en tant que main invisible…

Dany-Robert Dufour : Exactement.

Antoine Mercier : Et qui remplaçait, peut-être, les récits qui faisaient références plutôt à de la transcendance…

Dany-Robert Dufour : Exactement.

Antoine Mercier : Ce que vous appeliez, dans un livre précédent, « L’art de réduire les têtes », le grand autre, c’est-à-dire…

Dany-Robert Dufour : Exactement.

Antoine Mercier : La question que je pose, c’est de savoir si vous pensez que maintenant on est allé finalement au bout de l’immanence, est-ce qu’il y a d’autres solutions que de retrouver un récit, comme vous dites, par rapport à un autre, un grand autre ou quelque chose de cette nature-là ? Sur le plan philosophique, en fait.

Dany-Robert Dufour : Manifestement, oui parce que le récit qui est entrain de se chercher, c’est celui qui a à voir avec cette économie du vivant, c’est-à-dire que si la terre est malade, il y a donc à restaurer quelque chose du côté d’une nature, qui est la nature dans laquelle nous vivons. On assiste à une tentative de mise en place d’un récit vertueux à propos de la nature. Il va falloir, là, faire extrêmement attention parce que ce récit n’est pas compatible avec le récit de la marchandise. Tout ce que l’on va essayer de nous présenter au nom de la sauvegarde de la nature, et nous participons bien sûr de cette problématique de la sauvegarde pou nous aussi, parce que nous sommes extrêmement menacés dans notre être même d’êtres vivants, de quoi sera fait le XXIe siècle devant la réduction de la diversité des espèces, de risques accrues de pandémies, l’épuisement des ressources naturelles, les pollutions, le réchauffement climatique etc., etc., donc, nous participons à la tentative de la mise en place d’un récit vertueux. Je crois que cela peut-être intéressant et là, il y a une possibilité qui sera probablement plus intéressante que le récit qui faisait la promotion des égoïsmes.

Antoine Mercier : Cela dit, Dany-Robert Dufour, un récit vertueux, est-ce que c’est suffisant, si je puis dire, pour capter justement cette croyance, pour redonner une dynamique ? Est-ce que ce n’est pas en même temps que vertueux, un peu ennuyeux, ou un petit peu sans perspectives, sans même qu’il y ait par exemple une finalité, quelque chose qui progresserait, sans même un progrès ? Est-ce qu’une société peut vivre avec ce genre de récit qui n’est pas merveilleux ?

Dany-Robert Dufour : Oui, c’est un récit qui n’est pas merveilleux mais avec lequel on devra bien essayer de faire parce que sinon on risque des conséquences extrêmement graves pour la perpétuation de notre espèce et les formes de la vie sur terre. Je crois qu’il va bien falloir s’y faire. On cherche pour l’instant à s’y faire en le mixant avec des formes du grand récit libéral. On dit par exemple que ce principe vertueux va pouvoir permettre de créer des milliers d’emplois, va pouvoir…

Antoine Mercier : Les voitures vertes.

Dany-Robert Dufour : Voilà. Là, je crois qu’il faut être extrêmement prudent. Je crois qu’il va falloir quand même un jour en finir avec l’idée que nous serons sauvés en nous racontons de belles histoires, ça ne va pas. Il va falloir que les hommes cessent de se référer à un principe qui pourrait complètement les sauver, qu’ils se mettent à intervenir, qu’ils régulent leurs activités par eux-mêmes en fonction de leurs intérêts collectifs. Je crois que c’est ce principe de réalité qui nous manque en ce moment et que nous sommes entrain d’espérer en quelque sorte.

Antoine Mercier : Dany-Robert Dufour, une dernière question. Vous étiez relativement isolé, disons, ces dernières années par rapport à votre proposition, par rapport à votre thèse, aujourd’hui, on a l’impression que tout le monde vous retrouve. Cela fait quelle impression ?

Dany-Robert Dufour : C’est une impression assez bizarre parce que j’ai l’impression d’avoir prêché dans le désert quand j’ai sorti « Le divin marché », il y a juste un an, j’ai eu des contres-rendus de presse qui disaient : Il n’y comprend rien à l’économie, etc. Il se trouve que maintenant la crise montre que ce que j’ai essayé de montrer, quant à ce récit mensonger qui s’est emparé du monde, s’avère. Il s’avère beaucoup plus vite que je ne le croyais. Donc, je pense être tout à fait dans le coup et de fait je pense qu’ils y a un certain nombre de gens qui aujourd’hui s’adressent à moi dans différents domaines : le champ politique, dans le champ esthétique, dans le champ psychique et qui fait que des gens sont en recherche maintenant et on va essayer de travailler à un principe qui constitue, en quelque sorte, un nouvel arrangement possible, qui soit un arrangement raisonnable et non plus miraculeux en quelque sorte.

Antoine Mercier : Vous pensez que c’est un travail collectif qui démarre aujourd’hui ?

Dany-Robert Dufour : Oui, je pense que c’est un travail collectif. Je pense que l’on sort heureusement d’un mythe et qu’il ne s’agit pas de se précipiter dans un autre mythe mais de réfléchir avec tous ceux, dans les différents domaines que j’ai évoqués, rencontrent des problèmes, sont souvent en grand désarroi - peut craindre ce désarroi dans différents domaines : la santé, l’éducation, la santé mentale, la santé en général, la culture – transforment ce désarroi en exaspération. Je pense que l’année 2009 risque d’être difficile parce qu’on sent ce désarroi se transformer en exaspération et je pense que l’on ne pourra pas y répondre comme le politique y répond en ce moment par des mesures qui ressemblent fort à des mesures d’intimidation. Je pense par exemple à l’arrestation de l’ex PDG de Libération, je pense à ce qui est arrivé aux jeunes gens de Tarmac, qui étaient subitement accusés d’être des terroristes alors que l’affaire se dégonfle notablement. Je crois que l’année 2009 sera difficile, extrêmement difficile. On a vu les financiers entrer en panique, il se peut très bien que nos populations entrent en panique aussi et je crois qu’il y a déjà des annonces en quelque sorte de ces moments difficiles avec ce que l’on a vu arriver en Grèce. Cela peut être aussi un grand moment collectif où quelque chose se refonde, se cherche et qui nous sorte de ces principes toxiques dans lesquels nous avons vécu pendant une trentaine d’années.

Antoine Mercier : La transition pourra-t-elle être pacifique, c’est un peut la question de cette année 2009, entre ces deux récits, que vous appelez le « récit mensonger » et le « récit vertueux » ? La question est de savoir si cela peut se faire de manière douce ou si cela doit se forger malheureusement dans une crise peut-être plus grave et plus violente.

Dany-Robert Dufour : C’est effectivement toute la question. Je n’ai aucune réponse. Je souhaite évidemment que cela se passe d’une façon pacifique, concertée, réfléchie…

Antoine Mercier : Mais on sent bien que chacun est responsabilité. Aujourd’hui, il y a une responsabilité individuelle, pour chacun, plus grande qu’elle n’a été alors qu’on est passé d’un monde où on avait le sentiment qu’il n’y avait pas de possibilité d’intervenir, d’agir, là, tout d’un coup ce qui se réveille aussi peut-être, c’est la sensation qu’on a une responsabilité plus importante.

Dany-Robert Dufour : Voilà, absolument. Je pense que nous sommes tous responsable de cette situation. Tout le monde est appelé en quelque sorte à renflouer l’économie marchande en difficulté. Là, encore, on a prôné pendant longtemps la privatisation des gains et maintenant on en appelle à la nationalisation des pertes, ceci peut produire aussi des effets désagréables sur les sentiments des populations qui doivent se trouver bernées mais je crois que c’est un appel à la responsabilité de chacun qu’il n’ait pas simplement à la reconstitution de ce qui était avant mais que cela nos permette d’entrer dans un autre monde. Un autre monde où nous soyons effectivement responsables concertés, un monde qui ne soit plus caractérisé par le laisser-faire parce que le laisser-faire, c’est le laisser-faire des égoïsmes et nous avons besoin maintenant de la mise en place de principes collectifs pour le rétablissement de certaines formes d’équilibre dans toutes ces grandes économies humaines extrêmement menacées. Donc, effectivement, nous sommes, là, tous responsables. Est-ce que cela va se passer d’une façon pacifique ou non ? On peut craindre quand même que 2009 soit l’année de tous les dangers, de ce point de vue-là.

Antoine Mercier : Merci beaucoup, Dany-Robert Dufour. Je renvois les internautes qui voudraient comprendre précisément vos analyses plus en détail et la façon dont vous aviez, il y a déjà un an, mis en lumière toutes ces difficultés qui nous sautent aux yeux aujourd’hui, sorti « Le divin marché, la révolution culturelle libérale », c’est publié chez Denoël. Merci encore d’avoir accepté notre invitation.

Dany-Robert Dufour : Merci à vous.

Antoine Mercier : Au revoir.

Dany-Robert Dufour : Au revoir.