24 mars 2016

Bruxelles Dead End






"Bon y'aurait eu des attentats à Bruxelles y'a 15 minutes... qu'est ce que je fais ? c'est quoi la Belgique ? ... Tintin ! ah ouais voilà je dessine Tintin... Tintin... Tintin qui pleure des frites ! ça c'est bon ! ça mon coco c'est les likes assurés !"


Le lecteur trouvera peut-être que ce billet est une resucée de ce que j'avais écrit en novembre dernier. Il aura entièrement raison, dès lors que les Belges s'appliquent à resucer les Français avec une application et un enthousiasme qui forcent le respect.

En effet, s'il y a quelque chose à saluer aujourd'hui, ce sont bien les progrès croissants faits en matière de réactivité citoyenne depuis les événements de Paris. Le 13 novembre dernier, on avait dû attendre le lendemain avant de pouvoir se rassembler autour de #PrayForParis, #PrayForDog et autres hashtags, dessins et symboles de notre solidarité. Cette fois-ci, les Tintins et Manneken Piss sont sortis dans l'heure, presque dans la minute. Impressionnant de réactivité et de créativité citoyenne, mobilisation émouvante des réseaux sociaux. L'article rassemblant les meilleurs "dessins sur les attentats de Bruxelles" a pu sortir dans l'après-midi, et pour ne rien gâcher, une expo des meilleures caricatures ouvrira dès ce dimanche.

Au même moment, un grand quotidien publiait un éditorial plein de noble affliction et de haute philosophie, titrant doctement "La barbarie n'est jamais admissible" (sans rire ? Et l'eau mouille toujours ?): un édito à l'aune des réactions des médias qui toutes se montraient si matures, si sereines dans la tristesse, si nobles dans le tourment, si élevées dans la détresse, à l'unisson avec la haute stature de Laurent Joffrin qui, quelques heures à peine après les explosions, penchait déja sa digne silhouette sur notre petit pays pour nous entretenir du chagrin, voyez-vous, et déclamer son amour pour "Bruxelles la bigarrée, la cosmopolite, la ville de l'accueil", l'éventuel lien de cause à effet entre ladite bigarrure et lesdits attentats n'étant pas analysé outre-mesure...


23 mars 2016

Blague belge : Guy Moquette 2016

Tous aux abris

Ma petite maman chérie, 
Je t’écris cette lettre pour te dire que je vais mieux. 
Bien mieux. 
Hier, ça a beaucoup pétaradé à Bruxelles, et il y a plus de 30 morts et plus de 200 blessés.
Alors moi, je vais mieux. 
Bien mieux.
Pendant que beaucoup de gens intelligents se demandent est-ce que tout ça c’est une guerre ou pas, plein de barbus style streetwear tirent sur nous ou se font exploser pour nous tuer, et ça, ça me fait le plus grand bien.
Maintenant qu’ils ont recommencé, oui, moi je me sens bien. 
Bien mieux. 
Même si le mieux est l’ennemi du bien et que padamalgam, jamais. 

15 mars 2016

Kad Merad : « Non, je ne suis pas à court d'idées pour le cinéma français »

Huit ans après « Bienvenue chez les Ch’tis », qui avait fait rire la France entière avec des blagues sur le mauvais temps, les salles obscures s'apprêtent à accueillir le film « Marseille », avec toujours Kad Merad, et Patrick Bosso dans le rôle de Dany Boon.

Aux mauvaises langues qui lui reprochent de tirer un peu sur la corde, l’acteur et réalisateur Kad Merad réplique au contraire qu'il s'agit du deuxième volet d'une oeuvre beaucoup plus vaste et extrêmement ambitieuse, qui formera une quadrilogie et dont il faudra attendre la fin, en 2032, avant de pouvoir la juger.

Avis aux cinéphiles !

 

14 mars 2016

Con qui se filme en train d'être con

 

C’est l’idée du con subjugué par sa propre caméra. Celui qui fait ce qu’il est en train de faire uniquement parce que c’est filmé. Ou photographié.

Nous avons là le point commun entre le « snowboarder » de l’extrême se filmant sur les pentes neigeuses impossibles, réalisant des acrobaties à se rompre le cou, et le bédouin terroriste analphabète qui découpe consciencieusement une tête du corps à qui elle appartient avec son couteau. La synthèse parfaite étant Mohammed Merah, qui pour immortaliser l’exploit de tirer à bout portant sur des enfants en bas âge, s’était offert une Go Pro, la « caméra de l’extrême ». C’est la caméra à portée de tous accompagnée des moyens de diffusion idoines, qui a permis à cette idée de germer dans un esprit et à cet acte de se produire.

La société de l’image fascine à ce point l’esprit humain qu’elle parvient à lui faire faire des choses qu’il ne ferait jamais autrement. Les martyrs grotesques de cette civilisation étant ces gens qui désormais, meurent de s’être mis dans une certaine situation pour se photographier par téléphone : en famille devant une falaise et hop ! brandissant un pistolet chargé et pan ! captant la foudre avec leur perche et braoum !

Nous avions les morts naturelles, criminelles, accidentelles… Voici les morts qui normalement, n’auraient pas dû avoir lieu. Normalement, c’est-à-dire s’il n’y avait pas eu un appareil photo ou une caméra. A moins que la technologie ne fasse que coucher sur pellicule la mort des ancestraux crétins dont le dernier mot fut : « tiens-moi mon blouson, je vais faire un truc ! »…

Ainsi le royaume des ombres se peuple d’une catégorie d’âmes nouvelle : les morts photographiés qui se sont tués tous seuls, par erreur. Un vrai casse-tête pour les législateurs du Purgatoire.

6 mars 2016

Les frontières que l'on feuque


S’il fallait courir mettre une gifle à tous ceux qui le méritent, la vie ne serait plus qu’un interminable galop.
De même, il serait épuisant de relever chaque ânerie médiatique, chaque grossièreté, chaque abrutisme sociétal pour en faire, par exemple, un texte sur un blogue. Et pourtant la tâche, devenue immense, apparaît comme un devoir, non pas tant pour changer quoi que ce soit à la déferlante, mais pour témoigner, devant l’Histoire, que le triomphe universel de la bêtise s’est accompagné de rebuffades, d’ironie, de critiques et de malédictions.

Jusqu’à mercredi dernier, j’ignorais tout de Charline Vanhoenacker, heureux temps. J’ignorais son nom et son existence ; j’ignorais aussi ce que la combinaison des deux imprononçables composant son blaze désignait en termes de gonzesse : c’est un laideron blond comme il en existe tant dans les publicités pour les robots-mixer, les voyages là oùsqu’il fait chaud et les assurances sympa.

1 mars 2016

La femme à part


S’il fallait courir mettre une gifle à tous ceux qui le méritent, la vie ne serait plus qu’un interminable galop.
La connerie est une source d’énergie qui, à la différence de l’énergie éolienne, est disponible indépendamment du temps qu’il fait. Cet avantage est sans aucun doute à l’origine de la confiance que tous les gouvernements placent, depuis la nuit des temps, dans cette manne inébranlable.

Le développement inouï des moyens de s’informer va de pair avec l’effarement qui saisit l’honnête homme lorsqu’il se rend compte qu’il est à peu près seul au monde. Car ce qu’on appelle « s’informer » revient, la plupart du temps, à constater que la bêtise est universelle, et qu’elle ne se calme pas. Comme on le sait, il y a de nombreuses façons d’être un imbécile. Le point commun évident entre elles, c’est tout simplement leur résultat, à quoi aboutit toujours l’imbécillité : mélange d’aveuglement, de certitudes foireuses, de conclusions illogiques, de mauvaise foi, d’ignorance, de partis-pris délirants, d’idéologies forcenées, de conformisme crasse, d’erreurs triomphantes et de bonne conscience. Un exemple ?