24 juin 2014

22 juin 2014

Le son du jour qui redonnerait une âme à la France hollandienne

Attention, voici l'un des plus beaux morceaux de soul music jamais enregistrés. Ouais. Donny Hathaway, 1972, album Live au dessus du lot, osmose avec le public parfaitement rendue, plages longues et chargées d'électricité humaine, african style. Musique de transe, répétitive, lancinante et inspirée, ça s'écoute à fond en relâchant le nœud de cravate. ça s'installe, ça tourne, ça se promène, ça monte légèrement, puis ça digresse autour d'un rythme, ça se fait de plus en plus vivant jusqu'au point culminant (9.50 environ), une joie parfaite en pleine communion avec les petits veinards présents ce jour-là. Une perfection soul. 
Il n'est pas possible de se dire gentleman sans avoir le Live d'Hathaway dans sa discothèque et dans son cœur. Album indispensable et d'une intense homogénéité. Sa reprise de You've got a friend est à faire pâlir Carole King, et celle de Jealous guy rendrait Lennon jaloux...

Donny Hathaway fut un météore dépressif qui ne survécut pas à la décennie 70. Il se suicida en janvier 1979, à 33 ans. Il a travaillé avec de nombreux artistes,  de Curtis Mayfield à Roberta Flack, en tant qu’auteur, compositeur ou arrangeur. En dépit de sa brève carrière et du statut écrasant d’un Stevie Wonder, il demeure un des plus importants musiciens soul, une voix qui n’a pas vraiment eu le temps de se faire entendre, mais qu’on ne peut oublier. 
Qu'on en  juge right now !...

 

19 juin 2014

Bac attacks !


En exclusivité, le CGB vous livre les (vrais) sujets 2014 du bac Propagande économique et social.
Nous vous rappelons que l’usage de la calculatrice (et de votre esprit critique) est strictement interdit.

Sujet n° 1 (1ère question plébiscite) : Comment la flexibilité du marché du travail peut elle réduire le chômage ?

A la recherche du fascisme perdu

Vous êtes une énervée anti-fasciste. Vous êtes une Femen. Vous venez courageusement à Paris depuis votre Ukraine natale pour combattre l’hydre nazie là où elle se terre. Pour la combattre à seins nus.

Vous gazez à la bombonne les familles de farouches catholiques qui défilent contre le mariage gay. Vous agitez vos nibards sous les cloches de Notre-Dame de Paris… Et petit à petit cela fonctionne : le fascisme recule ! Il reflue ! Il n’a d’autre choix que de se réfugier là où vous n’êtes pas, là où vous n’êtes plus : en Ukraine !

Les sympathiques libérateurs de Kiev, Pravy Sektor 

A ce moment que faites-vous ? Rentrer au bercail repousser les hordes néo-nazies ? Les empêcher de prendre le contrôle de votre patrie ? Non. Car à la droite du « Secteur droit » (Pravy Sektor), il y a l’extrême Secteur droit, il y a Vladimir Poutine ! Votre seul recours, le plus radical, le plus définitif, c’est de prendre votre courage à deux seins et de pénétrer dans l’antre du fascisme, le musée Grévin, pour poignarder un Poutine en cire !

Soutien-George terrassant le dragon

La besogne accomplie, promenez-vous sur les Grands Boulevards. Le quartier propose d'agréables terrasses où vous pourrez siroter un mojito bien mérité. Le fascisme n’a qu’à bien se tenir. Nous avions les militants anti-fascistes avec une lutte de retard ? Voici à présent les militantes anti-fascistes avec une lutte pas au bon endroit.

14 juin 2014

Enfin sortir de la jungle



Tout le monde ne sait pas ce qu’est un straggler, mais tout le monde en a entendu parler. Les stragglers (traînards) sont ces soldats japonais qui ont continué la guerre bien après la capitulation du Japon. Ils étaient tellement isolés (sur des putains d’îles, dans des putains de jungles) que l’information ne leur était jamais parvenue. Ou, peut-être, étaient-ils tellement va-t-en-guerre qu’ils ont préféré continuer la baston, même sans adversaire… Toujours est-il que le dernier straggler a rendu les armes en 1974, trente ans après la fin de la guerre. Preuve éclatante que pour se battre, on n’a besoin ni d’ennemi, ni de danger. Du reste, des pourfendeurs d’ennemis disparus, imaginaires, ou crevés depuis des lustres, nous en connaissons beaucoup d’autres.

Il est des gens qui croient qu’il faut se battre pour contrer l’influence de l’Eglise. Il est des gens qui redoutent un putsch militaire à Paris. Il en est qui militent contre la peine de mort. Il en est qui défendent le droit des femmes à se promener sans sac à main. D’autres qui pensent devoir lutter pour garantir le droit des écoliers de ne pas porter la blouse. D’autres encore qui refusent tout net de chanter la Marseillaise ! D’autres qui pensent que parler grossièrement, écouter du rock ou tordre la bouche en regardant l’objectif sont des actes subversifs. D’autres encore, plus radicaux, qui luttent contre les nazis. On se demande où les gens vont chercher tout ça. On se demande surtout où ils étaient, dans quelle partie isolée du monde ils ont vécu ces cinquante dernière années. En tout cas, ils conservent intacte leur capacité à se battre, même après la disparition du dernier des moulins à vent. Les stragglers sont partout.

Violeur en fuite : le CGB mêne l'enquête



10 juin 2014

Journalistes éclairés

tintin-soviets 

Lors d'une soirée où je ne connais guère que celle qui reçoit, journaliste de profession, je socialise et ne tarde pas à réaliser que presque tous les gens sur place sont journalistes eux aussi. L’occasion de discuter avec différents spécimen dont un couple de "vieux" journalistes radio, révélateurs du désarroi légitime des gens de ce métier.

Je suis toujours étonné de constater l’autorité morale que les grands organes de presse exercent aujourd'hui encore sur tant de gens : le caractère religieux que l’on peut accorder à la lecture du Monde, aux radios de service public ; la respectabilité automatique offerte à des torchons comme l’Express ou à tout ce qui est imprimé, pour la seule raison que c’est imprimé.

Et cette autorité morale touche avant tout les journalistes eux-mêmes. Peu de professions sont à ce point nourries d'illusions à propos du rôle qu’elles tiennent dans la société, c’est ce que je pensais en écoutant ce couple de journalistes.

Ce qui est revenu le plus souvent dans les conversations, c'est la lamentation sur « l’information va trop vite », « plus les moyens de faire sérieusement le travail », « la rapidité du web pousse à sortir l'info sans vérifier, sans analyse »… Mais bon sang vous ne l'avez jamais donnée, l'analyse ! Avant ou après le web, je n’ai souvenir que d’actualité brute, sans recul, d’infos « capitales » qui disparaissent subitement pour laisser place à une autre, de faits divers sortis comme d’un chapeau, de crises internationales entre pays semblant être nés la veille, d’amnésie organisée sans perspective, sans histoire et sans compréhension… 

Internet n’a pas changé quoi que ce soit à cela. Peut-être même pousse-t-il ces médias à faire plus attention, à dire moins de bêtises. Car d’analyses il n’y en a jamais eu autant depuis internet - et autant de pertinentes, parfois même dans un simple commentaire.

  bierbar 

Au final, le plus fascinant, le plus surprenant, c’est la croyance de ces gens, les journalistes, en la nécessité absolue de leur « analyse » : ils sont véritablement habités par la conviction que le public a besoin d’eux, qu'il est incapable de se diriger parmi la jungle des informations sans leur bénéfique analyse. Il y a cette croyance que les gens les attendent et que l’on courrait un vrai risque à s’aventurer sans eux dans la compréhension. Tous les retraitements de l'information ne sont pas bons ; l’opinion des blogs, des anonymes, des non-cartés, est périlleuse car tout le monde peut dire n'importe quoi, comprenez-vous, mais la leur à eux est salvatrice...

Cette conviction intime peut facilement se deviner. Mais de la voir exprimée à travers de vrais yeux mouillés et humains, cela me l’a rendue plus vraie, sincère, presque touchante dans son authenticité. Le regard désemparé et gentil de ce couple de vieux journalistes tandis qu'il m'expliquait comment le métier se trouvait chamboulé, m'a fait penser à celui que d'un croyant de 1905, ou d'un communiste des années 80 : malgré toute la foi honnête qu'il a chevillée au corps, il ne peut échapper au sentiment, à l'évidence, que son monde se termine, qu'il est arrivé trop tard, que l’heure n’est plus à cela et qu'elle n'y reviendra jamais.

7 juin 2014

Le retour de la grosse chatte poilue.


Vous voulez passer pour un immense connard ? Dites du mal de Gustave Courbet. Dites que vous n’aimez pas son œuvre, ou que vous vous chiez sur sa mémoire, ou que vous dites merde au réalisme en peinture. Pire encore : dites que « l’Origine du monde » n’est qu’une blague de potache poussée à son point de perfection. Alors là, si vous soutenez ça dans certains cercles éclairés, vous êtes sûr de recevoir pour votre anniversaire le T.shirt « je suis un sale nazi ».

L’Origine du monde est une œuvre totalement merdique, et ceci depuis 1866. La différence d’avec 1866, c’est que notre époque a tellement saturé l’espace public de chattes, que plus personne aujourd’hui ne peut être « interpellé » par la foufoune originelle. Ni interpellé, ni choqué, ni même excité. Aujourd’hui, Gustave, on a des chattes sur les paquets de lessive, ou presque ! Les chanteuses pour adolescentes nous la foutent sous le nez en rigolant ! Évidemment, on ne peut pas reprocher à Courbet de n’avoir pas deviné que 2014 exposerait l’entrecuisse de ces dames jusque sur les abribus. Le Gustave, il a fait une œuvre de commande carrément olé-olé, il est allé à l’essentiel pour un commanditaire désireux d’étoffer sa collection d’érotiques.