26 décembre 2018

CGB Dimanche spécial Noël 2018

(cliquez sur l'image pour l'agrandir)


Le CGB Dimanche est une publication collégiale subventionnée par le Conseil de l'Europe, le Fond Monétaire International, la banque Rothschild et les Illuminati.

14 décembre 2018

Le Péril Jaune, pérégrination, Paris, 8 décembre 2018

Samedi 8 décembre 2018 Paris Gilets Jaunes
Smiley sur vitrine
sculpté au pavé


Photos by Le(s)tat. 


































Samedi 8 décembre. Paris. Sur le pont des Arts, un violoniste violonise Vive le vent d’hiver. C’est un Rom. Dans notre cerveau foutu foie cirrhosé par la sinistrose, on entonne « Vive le vent, vive le vent, vive le vandalisme. »

Nous vivons des temps heureux. Euphoriques. Le Mouvement des Gilets Jaunes est peut-être noyauté par les punchlines de l’Extrême Gauche, mais il faut bien convenir que nous voilà tombés dans un vrai moment d’état poétique.

C’est l’extase. C’est la vie. Enfin.

Paris en état de siège. C'est le temps de s'asseoir. Nez au vent. Et de marcher, marcher. Dans Paris. Sur Paris. Pris au piège. Les rues sont vides de voitures. Debord l’avait dit : « On n’avait jamais aussi bien respiré à Paris que durant le printemps 68. » La journée sans bagnole, c’est tous les samedis grâce aux Gilets Jaunes.
Les Gilets Jaunes sont développement durable finalement, malgré le réchauffement climatique des bidons d'essence/allumettes. Pas comme les bobos glaçants qui marchent avec leurs faux culs et leurs smartphones pour le climat.

1 décembre 2018

L'homme sans imagination


En 1937, George Orwell fait paraître Le quai de Wigan, un chef d’œuvre qui n’est, hélas, pas aussi connu que 1984 ou La ferme des animaux, mais qui mérite autant qu’eux de figurer dans la bibliothèque de tout honnête homme. Dans un passage de son essai Orwell ou l’horreur de la politique, Simon Leys analyse en quelques phrases limpides un point important de la théorie orwellienne du roman.

« (…)Les faits par eux-mêmes ne forment jamais qu’un chaos dénué de sens : seule la création artistique peut les investir de signification, en leur conférant forme et rythme. L’imagination n’a pas seulement une fonction esthétique, mais aussi éthique. Littéralement, il faut inventer la vérité.

27 novembre 2018

Le mouvement et la pierre


J'ai entendu une conversation de haut niveau et de haute intensité, sur France Culture, où elles se font rares. C'était dans Répliques, de Finkie, qui réunissait François-Xavier Bellamy et Sylvain Tesson pour parler de leurs derniers livres respectifs, "Demeure", pour le premier, et "Petit traité sur l'immensité du monde", pour le second. Je n'ai pas encore lu leurs bouquins, mais les auteurs m'ont déjà ravi par la parole : hauteur de vues, culture, esprit poétique. Toujours ça de pris. C'est un petit régal de cinquante minutes, à quoi je vous convie.


22 novembre 2018

Gueules cassées et gueules qui devraient l'être

Dans cette ville, la commémoration du centenaire de 1918 est sans chichis. Sur une place, disposés de façon irrégulière comme des badauds plantés là, une dizaine de panneaux font le pied de grue. Chacun affiche une grande photo d’un mobilisé natif d'ici : son nom, son adresse d'habitation, son affectation pendant la guerre, sa date de mort et sa photo.

- C'est qui ça, Mamie ?
- C'est ton grand-père quand il était jeune

L’exposition est simple, touchante sans qu’aucun artifice publicitaire ou dramatique soit nécessaire pour émouvoir davantage. Blaze. Photo. Etat civil. Je circule entre eux, il y a de tout : des jeunes, des vieux, officiers ou pas, morts à la guerre ou plus tard dans leur pieu... Des vilains ou des beaux garçons, des faux derch ou des cocus, des gros tarins ou de fines mines de pédéraste... mais entre tous un point commun : tous, absolument tous, affichent une égale dignité, quelle que soit la mimine, l'histoire de vie, l'origine sociale... Tous sont dignes sur la photo.

Oh rien d'extraordinaire : ce n’est là que la dignité commune que l’on trouvait, mise sous verre, sur n’importe quel buffet de n’importe quelle grand-mère dans mon enfance. Le Lucien, le Maurice, immortalisés pour toujours dans leur cadre photo, revêtus de leur uniforme de service militaire, de leur costume de mariage, de leur tenue de polytechnicien... Ce n’est que la dignité naturelle qui nimbe le visage humain lorsqu’il n’est pas hilare, grimaçant, chiffonné par un sourire excessif... lorsque l'homme se tient droit et vous regarde dans les yeux.

17 novembre 2018

Les vieux des magazines qui ont des dents blanches.


A en croire les chiffres, il semblerait que certaines personnes achètent encore ce qu’on appelle des magazines. Oui, aussi incroyable que cela paraisse, on peut trouver l’Obs, le Point, Paris-Match, l’Express etc. chez de simples particuliers comme vouzémoi, et pas seulement dans la salle d’attente du proctologue, leur milieu naturel. Ce phénomène touche heureusement à sa fin et s’il faut croire en quelque chose de beau en ce bas monde, c’est en la disparition de la presse que nous mettrons nos espoirs les plus fébriles.

4 novembre 2018

Anatomie de mes pairs




« More of your conversation would infect my brain »

- Corolianus


« Moi j’aime cette ville tu vois, ici on est au centre de l’Europe plurielle, c'est super… » déclare ma collègue ce matin, au détour impromptu d’un soliloque sur les meilleures néo-cantines tendances de Bruxelles, et cette phrase, quoiqu’apparemment sans lien avec le thème général de la conversation qu’elle tient ce matin avec ses collègues (c’est-à-dire avec personne), suffit à me faire plonger le nez vers mon ordinateur, dans une tentative désespérée pour étouffer la soudaine attaque de névralgie dont je suis victime.

Une Europe plurielle, proclamée de grand lundi matin ! une Europe plurielle (pas plurielle d’Alsaciens et de Moraves, entend bien), c’est l’évidence pour ma toute bourgeoise collègue experte en bars à cocktails néo-urbains et néo-cantines éthiopiennes pour brunch dominical à quarante boulons l’assiette ; bien sapée ma collègue, coiffée, boucles d’oreilles nacrées et chaussures ballerines à talon plat, on sent la bonne éducation, les leçons de piano, enfin tout du moins la possibilité d’un instrument de musique, un poney peut-être, des après-midi au manège, une grande maison bruxelloise, des hauts plafonds, des livres, peu lus mais enfin présents, les classiques, les chefs d’œuvre, les fleurons d’une culture européenne bien secouée, vivante et croisée certes mais pour le coup pas du tout « plurielle », pas du tout métissée au sens où l’imbécillité commune l’entend.

« Une Europe plurielle », voilà ce que annonce doctement ma collègue, ce matin, à la cantonade (toute conversation de machine à café est une opération de relations publiques), à qui veut bien l’entendre, aux convaincus et aux indifférents (et à un gros rageux clandestinement brûlant de haine, crispé comme un extravagant sur l’écran de son ordinateur). Le métissage ! réclamé et attendu comme un viol collectif consentant par ma blanche bourgeoise collègue, toute rose Sainte-Geneviève souriante à pénétrations hunniques, ma toute rose et absolument pas métissée collègue, si rose, si adorablement porceline qu’en comparaison je fais figure de sombre siculo-slave – dans son arbre généalogique, que des Flamands sans doute, quelques grands bourgeois français peut-être, en tout cas rien au sud de la Loire, pas grand-chose à l’est du Rhin, bref une souche extraordinairement celto-germanique, pas le moindre soupçon d’extranéité. Son mari, qu’il m’a été donné d’apercevoir lors d’un sinistre after-work aux limites de la folie nerveuse (les Partners se déhanchaient en chemise blanche et déboutonnée – on reprenait en chœur des « tubes » – les lumières mauves me vrillaient les yeux dans ce bar karaoké vestibule de l’enfer), son mari, donc, aussi blanc et lisse qu’elle, et leurs enfants des parangons de nitescence et d’aveuglante blondeur – mais baste ! il faut pluraliser !

3 novembre 2018

Jean-Louis Barrault parle aux enfants


Si vous vivez en France depuis au moins dix ans, vous ne pouvez pas ignorer les injonctions médiatico éducativo publicitaires dominantes. Celles-ci se résument finalement à peu de chose, quelques principes déguisés en slogans, si ce n’est l’inverse : sortez des sentiers battus, soyez vous-même, soyez ouvert, et bla bla, et bla bla. Ce type d’attitude s’entend dans un monde où quelques principes ne se discutent plus : l’ouverture est positive tandis que la fermeture ne l’est pas ; l’altérité est un bien, l’identité ne l’est pas ; ce qui vient de loin est toujours mieux que ce qui pousse ici ; l’inhabituel l’emporte sur la routine, le spontané sur le pondéré, ce qui est mouvant sur le statique. Dans cette collection de clichés pour classes de CM2, je propose aujourd’hui d’expérimenter de l’inhabituel, de tâter de l’altérité radicale, de faire bouger les lignes de la routine quotidienne. Oui, avec cette vidéo de 10 minutes, j’avoue céder aux injonctions modernistes : vous y verrez ce qu’on ne voit plus, y entendrez une langue exotique, y devinerez une culture qui n’a aucun rapport avec la nôtre. Vous en sortirez, nom de Dieu, des sentiers battus ! Vous voulez du dépaysement ? En voici.

2 novembre 2018

Balzac passe à table

Peinture d'un rade parisien par Balzac dans Illusions perdues :

Flicoteaux est un nom inscrit dans bien des mémoires. Il est peu d'étudiants logés au Quartier Latin pendant les douze années de la Restauration qui n'aient fréquenté ce temple de la faim et de la misère. Le dîner, composé de trois plats, coûtait dix-huit sous, avec un carafon de vin ou une bouteille de bière (...). Bien des gloires ont eu Flicoteaux pour père nourricier. 
Certes le coeur de plus d'un homme célèbre doit éprouver les jouissances de mille souvenirs indicibles à l'aspect de la devanture à petits carreaux donnant sur la place de la Sorbonne et sur la rue Neuve-de-Richelieu, (...) ces teintes brunes, cet air ancien et respectable qui annonçait un profond dédain pour le charlatanisme des dehors, espèce d'annonce faite pour les yeux aux dépens du ventre par presque tous les restaurateurs d'aujourd'hui. Au lieu de ces tas de gibiers empaillés destinés à ne pas cuire (...), au lieu de ces primeurs exposées en de fallacieux étalages (...), l'honnête Flicoteaux exposait des saladiers ornés de maint raccommodages où des tas de pruneaux cuits réjouissaient le regard du consommateur (...). Les pains de six livres, coupés en quatre tronçons, rassuraient sur la promesse du pain à discrétion. (...) 
Flicoteaux subsiste, il vivra tant que les étudiants voudront vivre. On y mange, rien de moins, rien de plus (...). Chacun en sort promptement. Au-dedans, les mouvements intérieurs sont rapides. Les garçons y vont et viennent sans flâner, ils sont tous utiles, tous nécessaires. Les mets sont peu variés. La pomme de terre y est éternelle (...). Les côtes de mouton, les filets de boeuf, sont à la carte de cet établissement des mets extraordinaires qui exigent la commande dès le matin. Là, tout est en rapport avec les vicissitudes de l'agriculture et les caprices des saisons françaises. On y apprend des choses dont ne se doutent pas les riches, les oisifs, les indifférents aux phases de la nature. L'étudiant parqué dans le Quartier Latin y a la connaissance la plus exacte des Temps : il sait quand les haricots et les petits pois réussissent, quand la Halle regorge de choux, quelle salade y abonde et si la betterave a manqué. (...) Peu de restaurants parisiens offrent un si beau spectacle. Là vous ne trouvez que jeunesse et foi, que misère gaiement supportée, quoique cependant les visages ardents et graves, sombres et inquiets n'y manquent pas. Les costumes sont généralement négligés. Aussi, remarque-t-on les habitués qui viennent bien mis. Chacun sait que cette tenue extraordinaire signifie : maîtresse attendue, partie de spectacle ou visite dans les sphères supérieures. (...) 
Ceux qui ont cultivé Flicoteaux peuvent se rappeler plusieurs personnages sombres et mystérieux, enveloppés dans les brumes de la plus froide misère, qui ont pu dîner là pendant deux ans, et disparaître sans qu'aucune lumière ait éclairé ces farfadets parisiens aux yeux des plus curieux habitués. Les amitiés ébauchées chez Flicoteaux se scellaient dans les cafés voisins, aux flammes d'un punch liquoreux ou à la chaleur d'une demi-tasse de café bénie par un gloria quelconque.


31 octobre 2018

Les GLGQTAPAF.


Il y a des livres qu’on apprécie, et des livres qu’on dévore. Il y aussi des livres qui nous tombent des mains. Il y a des conneries bien faites, des livres de pure consommation cependant séduisants, des livres imbitables. Il y a des livres très difficiles qui réclament une lecture obstinée et des livres géniaux qui nous emportent sans effort. Il est bien connu qu’il y a des livres célèbres que personne n’a jamais lus. Il y a aussi des grands livres que tu attaques avec ferveur mais que tu ne peux pas terminer. Ils tombent des mains les plus favorables. Ce sont les Grands livres géniaux que t’arrives pas à finir (GLGQTAPAF).

22 octobre 2018

Obama et le Ballon d'or de Rackham le Rouge

Ceci est une pipe
22 octobre 2018 - 15h22 - Locaux du CGB, Paris la Défense, 33ème étage.

Xix et Lestat discutent, très agités, ils ont disposé sur le paperboard des cartes Panini de l'Equipe de France pendant que Beboper médite face à la baie vitrée. Assis croisant les jambes comme un bonze, il semble plongé dans des abîmes de sagesse. Il pense à sa taxe d’habitation.

Xix : D'où je sors ça, d'où je sors ça... Mais c'est la rue qui le dit : c'est Mbappé qui mérite le Ballon d’or !

Léstat : Purée mais c’est pire que l’affaire Théo ! La vérité est sous les yeux du monde depuis le début ! Ça sert à quoi d’avoir des caméras de télé et de vidéosurveillance partout sur le terrain, Denis Balbir et la VAR là ?! Ouvre bien tes esgourdes neuronales :

16 octobre 2018

Metal hurlant de rire

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Il est très rare que la musique soit uniquement de la musique. La plupart du temps, elle est l’attribut d’un ensemble plus vaste, la bande son de tout un "univers", de toute une esthétique, de tout un style vestimentaire quand ce n’est pas d'une philosophie. Ainsi : le rock’n’roll ne se résume pas à une musique mais est un art de vivre ; le punk-rock, si on lui retranche les crêtes iroquoises et les épingles à nourrice et qu'on l'allonge sur une partition, ne représente plus qu'un faible intérêt ; la disco sans les fanfreluches et les clips n’aurait pas la même saveur ; et dans le rap : paroles, gesticulations de doigts, vêtements, bijoux, fessiers de danseuses... tout ou presque passe avant la musique.

Il en est ainsi de toutes les musiques modernes : il est très difficile d’apprécier la seule musicalité d'un genre en faisant abstraction de toute la "culture" qui va avec. Pourtant, il est prétendu, dans cette amusante vidéo que je dégote, qu'il n'en va pas ainsi pour les amateurs de metal.



14 octobre 2018

Nah'din Lyon


Depuis qu’il existe, le touriste est objet de moqueries. C’est comme ça, c’est un fait universel, parfaitement justifié, que nul ne pense à discuter. Il semble né pour deux choses : payer plus cher dans les restaurants et recevoir des moqueries dans le dos. C’est ce qu’on appelle un couillon. Mais la meilleure moquerie, la plus sincère, la plus mordante même ne remplacera jamais la critique ni le mépris. Cette semaine, l’actualité lyonnaise nous donne l’occasion de détester (encore plus) les touristes : raison suffisante pour ne pas se faire prier.


5 octobre 2018

Le son du jour qui joue du son

De la palombière : Une fringale de Bobo


**J'ai établi depuis quelque temps une position loin en terrain ennemi : une cachette d'où observer sereinement les coutumes d'une faune incroyable : un troupeau de jeunes progressistes parisiens. De ma palombière, je suis en mesure de livrer notes et croquis révélant leurs rites, de parade, d'alimentation, de chasse ou d'accouplement.**

Toute la nuit j’ai veillé. Tapi, allongé. Pour rien au monde je n’aurais manqué l’heure. Celle où ils sortent manger. La rosée sur les herbes s’est déposée. Le cul, de haut en bas, j’ai mouillé. Mais qu’importe ! Quel merveilleux spectacle que celui que j’emporte !

Mes bobos aiment se ravitailler. De bouffe ils parlent toute la journée. Ils parlent bouffe en parlant, parlent bouffe en marchant, parlent bouffe en bouffant, ils parlent bouffe de la façon dont parlerait un apprenti cuisinier.

2 octobre 2018

Nouveau coup dur pour François Hollande


Son fameux cliché à la toque perd une place dans le Top Abaissement de la fonction présidentielle !

La dernière page




C'est la règle de la vie : l’une après l’autre, les pages se tournent. L'an dernier, avec les disparitions de Michèle Morgan et Danielle Darrieux, dernières survivantes d'un âge d'or du cinéma qu'on n'est pas près de revoir, se refermait le livre des comédiens d'avant-guerre.

Aznavour, lui, était le dernier d'une race également disparue, celle des grands chanteurs-auteurs des années 50 et 60, race prolifique s'il en fut, qui ne sera peut-être plus comprise dans trente ans. Vous me direz qu’il existera toujours des gens doués qui écriront de belles chansons. C’est vrai, mais celles-ci ne seront probablement plus entendues, parce qu’un spécialiste du marketing aura décidé que le marché n’est pas porteur, ou que la tendance du moment est aux chanteuses piercées qui tirent la langue.

30 septembre 2018

CGB Dimanche - Special Vivre ensemble !


Les informations contenues dans votre CGB Dimanche ont fait l'objet de vérifications & recoupements dignes des plus grandes écoles de journalisme.

24 septembre 2018

La Tour Eiffel, c'est de la merde : ça n'arrête pas les balles !

Le mur de Gaza avait fait bien du barouf. Celui de Trump pareillement : des litres d'encre déversés avant que ne soit donné le moindre coup de pioche. Quel silence, en comparaison, pour le mur de Paris. Posé en douce cette année, tout aussi mastoc et coûteux : un "mur anti-balles" encercle depuis le mois de juin notre bonne vieille tour Eiffel, et l'indifférence, à moins que j'aie manqué d'attention, est parfaite.

Mur non-populiste

La palissade fait 500 m de long. 3 m de haut. 6,5 cm d’épaisseur. Elle est prolongée par des grilles dont l'architecture est en lien avec la tour Eiffel », fait remarquer la Société d'Exploitation. Ce sont des grilles en ferraille, en somme. La palissade est doublée de plots anti voitures-bélier. Et je m'étonne qu'elle ne soit pas triplée d'un dispositif anti camions-fous. Y'en a qui ont essayé, ils ont eu des problèmes.

Ainsi, l'enclos est un véritable rideau de verre, façon rideau de fer, et encercle la tour Eiffel hermétiquement. Sur le front (côté pont de Iéna), plus aucune entrée, plus aucun passage : le devant est purement et simplement barré par une vitre permanente. Pour entrer, il faut longer par les côtés, trouver la faille : un portique de sécurité à plusieurs guichets, comme ceux des grands aéroports, avec la procédure de fouille qui va avec. Comptez 30 minutes d'attente pour le franchir, à ajouter aux 1h30 à 2h traditionnelles que font déjà les touristes qui prennent un ticket pour grimper la Dame de Fer. 30 minutes pour simplement passer ce checkpoint Je suis Charlie, pour avoir accès à l'accès, le simple droit de marcher sous la tour Eiffel.

« Pour moi, on a retrouvé l’esprit initial de l’exposition universelle assure sans s'étouffer l’architecte Dietmar Feichtinger. Avant, il y avait des bus [ndlr : sur l’ex-avenue Gustave Eiffel désormais annexée par le parc en vitre blindée], maintenant on retrouve cette rue. On a donné la priorité aux piétons ». 

Priorité aux piétons, hein. Stationnement de voitures-bélier strictement interdit. Dans le plus pur esprit de l'Exposition universelle de 1901.

2 septembre 2018

Burgalat- Ce qui est beau dans le rock fane.



Quoique les relations que j’entretiens avec mes contemporains se réduisent de jour en jour, et pour le bien de tous, au strict minimum, il m’arrive encore de tenir avec certains d’entre eux ce qu’on appelle des conversations. L’une d’elles m’a révélé une chose stupéfiante : il existe encore des gens qui ne connaissent pas Bertrand Burgalat. Je ne parle pas, évidemment, de jeunots, gibiers de baccalauréat avec mention, tout juste capables de déchiffrer les sujets bateaux avec lesquels le Rectorat les mène en barque. Non, je parle de personnes d’âge mûr, d’hommes faits, de femmes établies, enfin de spécimens vivant depuis plus de trente-cinq ans dans ce pays, appartenant à la catégorie des gens pas tout à fait décervelés par la télévision et les loisirs dominicaux. Eh bien, il en est, de ces élites-là, qui ne savent pas qui est Bertrand Burgalat ! A leur décharge, il faut dire que Burgalat n’est pas le chouchou des médias, trop occupés à farcir les OHD (oreilles humaines disponibles) avec de jeunes pousses sortant d’un moule usé jusqu’à la fibre. Et puis, comme il le regrette lui-même, il n’a jamais fait de tube, sésame indispensable pour attirer l’attention de ce gros feignant qu’on appelle le grand public.

27 août 2018

De la palombière : Le progressisme blasé

**J'ai la chance, depuis quelque temps, d'avoir pu établir, loin en territoire ennemi, une cachette d'où je peux observer les faits et gestes d'une faune incroyable : un troupeau de jeunes progressistes parisiens (festivus parisianus de leur nom latin). Depuis cette palombière, je serai en mesure de vous livrer de temps à autres quelques notes et croquis révélant leurs rites d'alimentation, de parade, de chasse ou d'accouplement.**


Fin juin, le troupeau s'abreuve à une terrasse à l'heure du déjeuner. Ils sont cinq. J’écoute le récit pour le moins déroutant de l'un d'eux, dont l’amie traverse « une période difficile ». Jugez plutôt : elle est en couple depuis quelques temps, quand soudain son mec se met en tête de « changer de sexe » ! Il prend des hormones pour développer de la poitrine, exige qu'on l'appelle par un autre prénom, et se montre irascible avec quiconque commet une maladresse en s’adressant à lui…

Au lieu de fondre en larmes ou de se décontenancer, la fille continue à vivre avec lui comme si de rien n’était : le soir elle se met au lit aux côtés de ce type qui est le même physiquement nonobstant cette masse adipeuse qui lui pousse sur le torse... et plutôt que de maudire son sort, elle cherche comment accepter ce qui lui arrive. « C’est un peu compliqué pour elle », croit bon de préciser le conteur, comme si on ne se l’était pas déjà figuré, « parce que du coup ça la questionne sur ce qu’elle est : est-elle lesbienne, bisexuelle en étant avec lui ? t'vois... ».

22 août 2018

Un bon résumé de l'affaire Benalla

Pour ceux qui rentreraient de vacances après avoir passé tout l'été chez Mémé, voici une vidéo de l'honorable Trouble Fait qui offre un bon résumé de l'affaire d'Été qui fit trembler TaREM



12 juillet 2018

Bouvard et Pécuchet

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La Comédie humaine, c'est Balzac. La Conditon humaine, c'est Malraux. La Connerie humaine, c'est Flaubert.

Bouvard et Pécuchet est, littéralement, le récit des tribulations de deux cons, et de la plus belle espèce : le con instruit. Mieux que ça, c’est l’épopée de cette sorte de bêtise bien particulière : celle de l'homme pétri de positivisme et drapé de la certitude que le présent et sa technique met tous les mystères à sa portée.

Médiocres citadins, Bouvard et Pécuchet surgissent au début du livre, débarqués de nulle part, comme deux atomes issus du néant, s'attirent et s’entendent aussitôt par une sorte de hasard magique. Ils sont deux mais pourraient parfaitement n’être qu’un tant ils sont jumeaux, siamois dans la connerie, sans trait de personnalité ou d’indépendance qui les distingue l’un de l’autre. Leur duo n’a de nécessité que mécanique, centrifuge, l'un l'autre s’entraînant comme deux tourneurs se tenant par les mains, à travers les sciences de leur temps.

Très rapidement, ils échafaudent le plan de quitter la ville pour la campagne et de partir vivre dans une ferme. Là, ils s’essaient à tenir une exploitation en parfaits dilettantes, à cultiver, avec l’optimisme de celui qui pense que tout s’apprend dans les livres, que tout s’obtient pourvu qu’on s'équipe du bon matériel. Evidemment c’est l’échec, on leur avait bien dit mais ils n’ont rien écouté. Ils se lassent, abandonnent et passent à une autre lubie avec un entrain intact. Ainsi voyagent-ils de l’agriculture à l’horticulture, de la para-médecine à l’archéologie, de la chimie à l’astronomie, puis au spiritisme, à la tragédie, à la philosophie, à la religion… Tout finit dans l'eau, sous les yeux circonspects de leurs domestiques ou du village. Jamais ils ne se découragent, toujours ils renouvellent leur disposition à triompher d’un champ de la connaissance humaine.

On retrouve de Bouvard et Pécuchet dans ces gens d’aujourd’hui qui se félicitent de leur matérialisme, de leur progressisme, de leur républicanisme, certains qu’il les protège de l’ignorance ; qui croient détenir un sens infaillible de la Raison puisqu’ils ont su ingurgiter la science vulgarisée de leur temps, dont ils épousent automatiquement les conclusions comme si elles étaient l'évidence et qu'ils devaient y arriver de toute façon ; qui s’attendrissent des superstitions de leurs aïeux, quand ils y songent, sans réaliser que leurs savoirs actuels sont leurs superstitions à eux.

8 juillet 2018

L'oeil et le coeur de Willy Ronis



Pour les parisiens. En ce moment a lieu une exposition (gratis) des photos de Willy Ronis au Pavillon carré de Baudoin, rue de Ménilmontant, dans le XXème arrondissement de Paris. J’incite fortement les lecteurs qui le peuvent à s’y rendre avant le 29 septembre. Après, ce sera trop tard.

Ceux qui ne connaissent pas Willy Ronis y trouveront une façon efficace de le découvrir (c’est un des plus grands photographes français du XXème siècle, tout simplement, et mon préféré) ; ceux qui le connaissent déjà pourront peut-être goûter, comme moi, l’effet que Ronis produit sur l’esprit.

7 juillet 2018

Les films synthétiques

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Rien ne vaut la stupeur du fan de trilogies hollywoodiennes, au moment où vous lui annoncez qu’à vos yeux, tout cela ne vaut rien ! Il peine à le concevoir. C’est que ces choses, les StarWars, Seigneur des Anneaux et tous ces grands machins épiques, sont réputés emballer le plus grand nombre, être “cultes, avoir “bercé notre enfance”, transporter dans "un univers incroyablement imaginatif " etc.

D'une, je ne crois pas qu’il soit encore possible d’être imaginatif aujourd'hui dans le registre "dragons, femmes en peaux de bête et pouvoirs magiques ". De deux, même en fixant bas son seuil d'exigence, même conscient que l'on se rend au cinéma pour un divertissement sans prétention, il faut vraiment être très indulgent pour trouver son compte dans ces fables intergalactiques. Mais bon, les gens, aujourd'hui, sont gentils : ils ont intégré que chaque nouvelle grosse production était une “franchise” potentielle et serait suivie l’année prochaine et celle d’après d’un épisode II, III, IV ni meilleur ni moins bon que le précédent, d’un “prequel” qui leur prendrait sans complexe 2 heures et 12 euros (14 avec les lunettes 3D) pour leur conter l'enfance de la cousine du héros, d’un “sequel” ou d’un “crossover” qui mixerait tout ça en belle bouillie pour ceux qui ont encore faim, etc. Les gens ont, implanté dans l'esprit, le cahier des charges de ce cinéma industriel et sont satisfaits dès lors que le film respecte le quota de cascades, d’effets spéciaux, de clins d’oeil de références... Ils en ont pour leur argent, ils peuvent rentrer à la maison.

La stupeur du fan, donc, qui ne conçoit pas que tu aies vécu dans le même pays que lui jusqu'à tes 40 ans sans avoir cédé à la purée. “T’as pas aimé ? Mais le 5, tu l’as vu le 5 ?? Tu l’as pas aimé non plus ?!” . J'ai pas vu le 5, non. J’avoue que mon désintérêt pour le genre me tient loin de tout cela. Et je peine à comprendre, par exemple, ces gens qui reviennent "déçus" de Batman contre Superman, déclarant qu'il aurait pu être plus ceci ou moins cela. Les gars attendaient quelque chose de Batman contre Superman ! Mais quoi bordel ? QUOI ?! Pour ma part, je suis complètement incapable de me représenter ce que devrait être un Batman contre Superman pour qu'il me plaise, pour que je l’estime réussi. C’est simplement, pour moi, un matériau dont on ne peut pas faire quelque chose.

4 juillet 2018

Tranche de vie chez les neuneus.



Il y a environ vingt-cinq ans que j’ai renoncé à la télé, comme l’on dit. Elle n’avait jamais tenu une place importante dans ma vie de toute façon. Sa mise à la poubelle n’a pas représenté pour moi un sacrifice ni une épreuve : je l’ai jetée comme on se débarrasse d’un truc honteux dont on craint èque les voisins apprennent qu'on s'en régale. Cette séparation définitive m’a mis à l’abri d’un nombre important de merdes, au premier rang desquelles les émissions dites de télé-réalité. Je n’ai jamais vu aucune d’entre elles. Cependant, j’affichais la prétention d’avoir un avis pertinent à leur sujet, de connaître leur contenu comme par instinct. Erreur : on a beau être le plus persifleur des misanthropes, on ne s’approche jamais de la vérité sur les hommes. Quoi qu’on en pense, quelque malédiction qu’on prononce, quelque constat cruel qu’on fasse, il reste toujours du mal à en dire. Même enragé, le misanthrope se surestime : il patauge comme il peut d’euphémismes en euphémismes.

3 juillet 2018

This is a Mansplaining's World


Les féministes à la Marlène Schiappa, lorsqu’elles parviennent à brandir la carte du mansplaining, ont l’air fières comme si elles tenaient là un concept surpuissant, imparable, censé assommer l’adversaire du premier coup. Elles semblent n’en pas revenir d’avoir réussi à le caser enfin : cela faisait visiblement longtemps qu’elles en guettaient l’occasion.

Soyons clairs alors, quitte à rappeler l’évidence : Mesdames, Mesdemois.ils.elles : votre mansplaining, c’est de la merde. Il équivaut à peu près, sur le plan dialectique, à un « Même pas vrai » de cour d’école.

Directement dérivé du whitesplaining des extrémistes communautaires noirs américains, le mansplaining consiste à dire qu’un homme ne peut pas avoir d’idée sur ce qui touche une femme (ou dans l’expression initiale : qu’un blanc ne peut pas considérer une question qui implique un noir). En somme, l’homme qui s’aventure au-delà de son strict horizon personnel fait du mansplaining.

Il faut reconnaître que c’est l’un de ses penchants. Et il remonte à la nuit des temps.

1 juillet 2018

Je suis Daniel Schneidermann


La bonne barre de rire du moment sur le web, c’est ce « plateau » où un homme barbu s’offusque qu’on l’appelle « Monsieur » sans même qu'on ait pris la peine de se renseigner sur l’identité sexuelle qu’il s’était assignée tout seul dans sa tête. Offusqué aussi, quelques secondes plus tard, qu’on décrète par-dessus le marché qu’il n’y ait sur ce plateau que des Blancs alors qu’au contraire, lui est noir comme l’ébène sous sa blancheur apparente, tout à fait apte à représenter la parole d’un Papou, d’un Antillais ou de n’importe quel black du Bronx pourvu qu’on lui demande gentiment.

La bonne nouvelle, c’est qu’à ce compte, les problèmes de parité ou de diversité à la télé, en entreprise, en politique… sont définitivement réglés : personne ne peut plus présumer qu’une assemblée d’hommes blancs ne soit pas, en réalité, constituée d’une majorité de « femmes mentales », de « non binaires mentaux », de « Noirs et d’Arabes mentaux », d’ornithorynques mentaux, etc.

La mauvaise nouvelle, c’est que d'ici la fin de l’Anthropocène, qu’on attend tous désormais avec impatience, on va peut-être devoir se fader la Dingocène : ce moment de l’Histoire où le sain d’esprit ferme sa gueule de stupeur face au délire qui se joue autour de lui. Un délire extrême et d’autant plus déroutant par son calme apparent, face à qui on n’ose même plus argumenter ni cogner sur le compteur à conneries, pour le faire redescendre à zéro.

"M'enfin !?"


23 juin 2018

La capoeira - l'escroquerie de la décennie !



La capoeira - recommandée par les grands marques de lessive

(Noter les dreadlocks du Blanc en train de se péter les adducteurs et la crédibilité ethnik obtenue grâce à l'intermittent du spectacle qui fait dans son slip, sur la gauche - Sponsorisé par ZARK aux enzymes gloutons, groupe Colgate (c), France, début du XXIe siècle).
Soyons nuancés : la recherche addictive d'authenticité exotique caractérise les connards qui nous entourent.

14 juin 2018

Médine au Bataclan : une histoire de tombeaux

Médine : sous le barbu, le bu-bar


Mauvais goût.

Le mauvais goût.

Un mauvais goût dans la bouche.

Après Black M dans la nécropole de Verdun, Aujourd’huiFeueFrance-Prod présente : Médine, l’islamo-rappeur au Bataclan.

Médine, programmé dans feue la Mecque du achipé-achopé.

Feu. Le Bataclan est mort un Vendredi 13. Lagardère garde le corps. Il a égaré le rapport d’autopsie.

Les oreilles qui sifflent. Certains s’insurgent.

D’autres crient : Shieldwall !!! No Pasaran la censure !

Parmi eux, Mathieu Kassovitz.

Soutient à mes deux amis @BelattarYassine et @Medinrecords face à la connerie humaine. Continuez à faire beugler les chiens de garde. Vous êtes la France d’aujourd’hui et du futur et ils ne peuvent rien y faire. Ça les rend dingue et ça me rend heureux. Merci à vous.
— mathieu Kassovitz (@kassovitz1) 10 juin 2018

9 juin 2018

Mamoudou Day


Mamoudou Unchained
Le Point, aujourd’hui en France. On lit : François Hollande n'a (presque) rien à se reprocher.
Pardon ?
« Bilan des courses pour François Hollande : « Ne touchons jamais les lois sur la nationalité. »
Plait-il ?  
« Comme il l'explique dans son livre, François Hollande nourrit également des regrets sur une séquence qui a ébranlé la gauche, jusqu'à ses plus proches soutiens : la déchéance de la nationalité, annoncée devant le Parlement réuni en congrès à Versailles après les attentats du 13 novembre 2015. À la différence des jours qui ont suivi les attaques terroristes précédentes, l'ancien chef de l'État percevait « qu'il n'y avait pas de consensus politique, car nous étions à quelques mois d'une élection présidentielle (sic) ».Pour retrouver un sentiment d'unité nationale, il a donc mis en avant « cette mesure qui ne paraissait pas inadaptée » : « À la fin de mon discours, tous se lèvent ! Même les frondeurs ! » Entre la droite qui ne souhaitait pas de réforme constitutionnelle et les citoyens français qui se sentaient visés, le président a finalement renoncé quatre mois plus tard, « trop tard ». Bilan des courses pour François Hollande : « Ne touchons jamais les lois sur la nationalité. »

Clic-clic. Le bruit des verrous à double tour. Comme un chien qu’on aurait armé jusqu’aux crocs. Le bruit de l’effet cliquet.

7 juin 2018

Génération Y et glottophobie

L’époque est à l’inculture et l’inexpérience satisfaites, à l’amateurisme, comme en témoignent ces incessants éloges de la « génération Y ».

La génération Y, ce sont ces jeunes « nés avec internet » - comme si c’était un mérite à mettre à leur actif - qui entrent dans la vie professionnelle avec « une vision du travail bien différente de celle de leurs aînés » : ils sont curieux, touche-à-tout, ils s’ennuient rapidement si on ne leur donne pas de nouvelles choses à faire, ils réclament de l’autonomie et vite, ne sont « pas à l’aise avec la hiérarchie » (ils veulent être « inspirés plutôt que commandés »), ils sont désireux de comprendre avant d’obéir et n’hésitent pas à mettre en doute les méthodes qu’on leur enseigne, etc. etc.



CGB Dimanche du 7 juin 2018


30 mai 2018

Le retour du clivage : Tonton Cristobal est revenu !


Depuis 20 ans, il s’étiolait. On disait même qu’il était porté disparu. Jusque sur BFM on commençait à l’admettre : la grille gauche/droite était caduque, devenue inopérante pour lire la société. A gauche, plus rien de gauche ; la droite quant à elle n’avait pour seule constance que la trahison de la droite. Le « Tous pourris » était devenu si flagrant que personne n’osait plus le nier ! Le paradigme avait changé, la vérité était tailleur. Big up rétrospectif aux Michéa, Guilluy, Soral, Todd & co.

Le clivage. On s’en croyait débarrassés et puis patatras : il est revenu. En force. Plus prégnant que jamais. Les de droite / Les de gauche. Re-polarisation politique, qu’il serait tentant d’expliquer par la polarisation sociale et l’érosion de la classe moyenne au profit de plus riches et de plus pauvres, mais cela va plus loin, en réalité.

Le clivage. Ça se cramponne, ça s’arqueboute. Même là où d’évidents intérêts communs devraient rassembler, ça s’oppose, ça se confronte, envers et contre le plus simple bon sens. Tu pensais pouvoir te mettre les féministes dans la poche en dénonçant les mentalités sexuelles d’arriérés, les viols et attouchements en bande ? Mais elles se sont tues. Elles aiment mieux tolérer un barbu prêcheur de coups dans la gueule que de partager une seule opinion avec toi. Tu pensais que ta touche gentleman te rapporterait des points en cette époque où siffler les filles dans la rue est un acte de violence ? Mais les mêmes qui le reprochent dédient par derrière Ma chatte à Booba. T’as cru que les corps d’élite de l’anti-racisme, qui te parlent de ça tous les midis depuis 30 ans, allaient s’émouvoir à l’écoute des nauséabonderies de Houria, de Rokhaya, d’Obono, et se ranger à tes côtés ? Mais non. Ta copine Insoumise s’est mise à trouver ça trendy, la race, quand c’est bien fait, bien expliqué.

Le clivage, j’te dis. Tout plutôt que de tomber d’accord. Tout plutôt que de concéder à l’autre bord le moindre point. Le Grand Fossé.

Rien ne change


18 mai 2018

11 choses qu'une personne intelligente ne dit jamais

Jack Lang, parrain du CGB, nous l'avait dit dès le début : « quand vous commencerez à écrire des "tops", c'est que vous aurez touché le fond ». Le saint homme... Pourtant, quoi de plus utile que de rassembler les tournures de phrases qui aident à détecter le con parmi vos interlocuteurs, et à désespérer sans plus attendre de l'issue positive de la discussion ?



Les intelligents qui ont l'air con seront toujours 

moins nombreux que les cons qui ont l'air intelligent



Ernst Jünger le notait avec justesse dans son journal, à la suite d'une conversation qu'il avait entamée avec son voisin de train : « après les trois premiers jugements de valeur, on sait que l’interlocuteur appartient à l’autre camp, et l’on se cantonne dans de courtois lieux communs ». On en a tous fait l'expérience un jour : au cours d'une discussion, l'emploi d'un mot, d'une formule, d'une réflexion, qui résonne comme un coup de pistolet et nous fait nous exclamer intérieurement : « voilà typiquement une remarque de con ! ».

Nul besoin, parfois, d’en arriver à l'examen du fond de l’argument : c’est le mot, la tournure choisie, qui porte le sceau reconnaissable de la connerie authentique. Magnifiquement, l'homme intelligent les évite d'instinct. Le CGB a répertorié ces phrases pour vous :

22 mars 2018

Tai Balo ou l'alter-touriste

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Au Vietnam, les habitants utilisent l’expression péjorative tai balo pour désigner le genre de touristes qu'on appelle dans notre langage "backpacker" ou "routard". Pour faire un rapide dessin : le touriste classique monte dans un cyclopousse pour faire le tour des sites à voir absolument, tandis que le tai balo loue une moto un peu déglinguée pour parcourir la campagne et sortir des sentiers battus. Il est persuadé que son écharpe en lin bio et ses claquettes en bambou local le fondent dans la population.

Les destinations exotiques comme celles-ci abritent bel et bien, en effet, ces deux types de faune occidentale :
  • D’un côté, le touriste « Club Med », soixantenaire abonné aux circuits organisés, ventripotent, sandales-chaussettes, dont l’archétype est le retraité allemand - lui vient chercher le soleil qu’il n’a pas chez lui et si possible un supplément d’âme qu’il pourra ramener dans ses bagages. C'est plus ou moins lui que l'on trouve traité dans le roman Plateforme de Michel Houellebecq.
  • De l’autre côté, le tai balo : 25-40 ans, look négligé, débardeur et pantalon ethnique, le lobe d'oreille troué et élargi par un rond en métal, les bras et les mollets bariolés de tatouages primitifs, asiatiques, arabisants… Le gars à la recherche d’autres voies mais qui s’est visiblement paumé en chemin.
Ce qui est délicieux, c’est que c’est lui, le tai balo, que les locaux ont jugé nécessaire d'épingler par un nom d’oiseau. C’est lui qui interloque et qui paraît une bête curieuse, plus que l'Allemand à caméscope, qui au moins compensait sa présence par la consommation d'articles souvenirs ou de cartes postales.

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Le tai balo, tel le lieutenant John Dunbar dans Danse avec les loups, croit avoir déserté l’Union, abandonné l’uniforme et rejoint les Peaux-Rouges pour vivre avec eux, mais en réalité son camouflage ne trompe que lui. On ne le confond pas. Sa conception du voyage, construite en opposition à celle de notre Allemand, n'est pas perçue comme telle par l'autochtone : elle s'impose à ce dernier comme un produit d'importation tout aussi grotesque et incompréhensible sinon plus.

Le tai balo et l'Allemand hagard râpant ses claquettes sur le carrelage de la piscine du resort hotel : ils ne sont qu'un seul et même personnage, celui de l'Occidental épuisé. Tous deux sont là en convalescence civilisationnelle, paumés, ne sachant plus où ils en sont.

Il n'y a pas 36 façons d'être un touriste, et il n'y en a qu'une de ne pas en être un : c'est de rester chez soi.

17 février 2018

L'éternel féminin


Selon une formule ancienne mais promise à un avenir considérable, on ne lit plus Rémy de Gourmont. Ce nom propre placé en fin de phrase peut naturellement être remplacé par une liste impressionnante d’équivalents. Rémy de Gourmont fait partie de ces littérateurs du XIXème siècle, à la fois érudits, romanciers, poètes, chroniqueurs, critiques, incarnant ce que les humanités ont pu produire de plus solide. Chez Rémy de Gourmont, c’est le chroniqueur qui a ma préférence. Rassemblées en volume sous le titre Epilogues, ses chroniques des années 1895 à 1898 nous renseignent parfois sur notre époque. Au chapitre traitant des féministes, on trouve :

« (…) En certains États de l’Amérique du nord, où elles sont maîtresses, elles ont fait fermer les cabarets, les bars, les cafés, les cercles, les théâtres. Bibliques, elles ont ordonné la stricte observance dominicale, défendu les bals, les jeux - et les mauvaises mœurs. Une police immense surveille tout. Pour se faire délivrer un grog – même américain – il faut une ordonnance de médecin et les manipulations de l’apothicaire, qui seul peut vendre les alcooliques poisons. C’est le moyen-âge de la légende ; ce serait l’opéra-bouffe, si ce n’était l’enfer. Elles ont ainsi obtenu une société idéale où tout est sacrifié à la famille, à la femme, à l’enfant, - société toute théorique, car l’Anglo-saxon est hypocrite et nul, pas même sa femme, ne peut l’empêcher de se saouler à domicile, mais société légale qui a épouvanté les voyageurs européens. (…) »

3 février 2018

La vérité en différé

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Parmi les stratégies de manipulation des masses que Noam Chomsky a relevées, il en cite une qui consiste à différer dans le temps une décision et sa mise en application. Le principe est simple : comme pour la hausse de prix des cigarettes, il s'agit de faire passer une mesure contestable en l’annonçant « dans 6 mois » plutôt que tout de suite. Ainsi différée, mais non moins inéluctable, la décision reste virtuelle, l'opinion ne se soulève pas aussi vigoureusement qu'elle pourrait. Et six mois après, elle ne moufte pas davantage car les gens se sont accoutumés à l’idée annoncée de longue date. Ils sont résignés, le tour est joué.

Chomsky appelle cela « stratégie du différé », parce que "Vaseline" c'était déjà pris. Mais on peut songer à un autre type de stratégie dans le genre, où il s’agirait non plus de différer son intention dans un futur suffisamment lointain pour que la pilule passe, mais de différer l’apparition d'une vérité suffisamment longtemps après les faits, le temps que le mensonge ait pu servir sa cause. Vérité différée : le mensonge qu'on entretient est seulement provisoire, on autorise l'émergence de la vérité qu’on dissimulait car cette vérité ne peut plus nous déranger.

1 février 2018

A propos de ce gros rageux de Maurras


Attention gros rageux


"Commémorer la naissance de Maurras ou la mort de Chardonne revient inévitablement à leur reconnaître une grandeur - et donc à minimiser leurs actes".

Cette phrase en incipit de l'article dégargouillé par Libération est frappante : dans la vision du temps simple, a-historique, toujours contemporaine, qui domine aujourd'hui, la "grandeur" ne peut être reconnue qu'aux figures historiques qui ont œuvré à la venue du temps présent, les fourriers de la modernité, les vaillants soutiers prophètes précurseurs que la modernité décide de s'arroger comme ancêtres (Victor Hugo, Zola, Jaurès, ces types-là), après les avoir copieusement blanchi à la chaux, réduit à des silhouettes de carton-pâte, des ancêtres rares et refaits pour une société à la mémoire rare et refaite.

Les autres, les perdants, les franc-tireurs, les louvoyants ou les irascibles, les compliqués, les nuancés, les adversaires: ils n'ont pas participé à l'édification du meilleur des mondes, du présent perpétuel: ils ne sont donc pas nécessaires: les commémorer est inutile. Plus même, c'est dangereux, car on rappellerait ainsi aux Français (aux Européens) décérébrés qu'il existe quelque chose qui s'appelle le passé, qu'il y avait d'autres voies possibles, d'autres chemins que la formidable impasse dans laquelle nous nous trouvons aujourd'hui.

Et ça, ce n'est pas du tout souhaitable.

20 janvier 2018

Victimes triomphantes



Quand j’étais gamin, un danger de la vie quotidienne nous guettait tous : rencontrer un type sortant du cinéma, d’une salle où l’on avait donné un film dit de karaté. La chose était assez courante, à l’époque, et générait une sorte d’enthousiasme guerrier chez de très nombreux cons (les cons ont toujours eu cette faculté magique d’être nombreux). Exalté et rendu téméraire par une heure dix de fantastiques coups de pieds, le couillon de ces temps-là sortait du cinoche avec la ferme intention de prendre la relève de son héros : malheur au maigrichon qui croisait alors sa route, un regard suffisait pour déclencher une avalanche de mawashi-geri souvent maladroits, mais énergiques. Avoir vu Bruce Lee disperser les méchants à coups d’atemis libérait, chez le boutonneux, une agressivité mimétique mêlée d’admiration : à lui aussi il fallait son quota de faire-valoir à ratatiner, et sans tarder ! Notons bien que le jeunot n’aurait jamais pensé à s’identifier, dans le film qu’il venait de voir, à celui qui se prend la raclée. Seul Bruce Lee, ou son équivalent, faisait l’affaire. C’est qu’en ces temps-là, les jeunes étaient déjà cons, certes, mais pas totalement désorientés : les héros vainqueurs servaient de modèles sans qu’on eût besoin d’expliquer pourquoi.

18 janvier 2018

Au train où vont les choses

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Le train était l’un des rares lieux où l’on pouvait s’emmerder ensemble. Un lieu où l’on se savait enfermé pour quelques heures avec des inconnus, seulement reliés par la destination, gens avec qui on n’avait rien à faire qu’attendre d’être arrivés. Tout cela instillait une ambiance et un silence particuliers : on tuait le temps, on avançait son livre de quelques pages, suspendu tant au développement de ce mauvais polar qu’à la transformation du paysage derrière la vitre. On allait même jusqu’à nouer discussion, poussé dans ses retranchements. Le train : tout un univers dont on pensait qu'il serait, par la grâce de l’inertie du service public, chose éternelle.

C’est pourtant bel et bien terminé. Le train, aujourd’hui, se veut bon élève de l’air du temps. Il se rue sur absolument toutes les bêtises que l’époque lui soumet. Des animations en gare aux systèmes d’enchères et de prix fluctuants des billets en ligne, des formules voyage à option IDZen, IDChic, IDZap alors qu’on demande simplement à effectuer un trajet sur un fauteuil à un prix juste et équitable, aux gares nouvelles qui ressemblent à s’y méprendre à d’infernales galeries commerciales : le train se conçoit désormais autour d’une « expérience passager enrichie », c’est-à-dire d’une saturation de sollicitations, intellectuelles, sensorielles, consommatrices. Il démultiplie les écrans, signalétiques, publicitaires, informatifs, tout en proposant, dans les espaces d'attente des gares, de pédaler pour recharger son portable, comprenez-vous : car le train veut à la fois brancher tout ce qui l'être, et promouvoir les économies d’énergie. Plus connecté, plus lumineux, plus musical, avec beaucoup plus d’écrans à tripoter, le train de demain. Bientôt : des tables luminescentes et tactiles, des enceintes intégrées aux fauteuils, des fenêtres même, peut-être, qui sauront se rendre opaques et diffuser de chouettes fluctuations colorées pour cacher cette morne campagne… C'est ce que les gens demandent, non ? Eh bien tant pis, ils en auront quand même !

11 janvier 2018

Philosophies infertiles

« C’est le monde qui est civilisé et non ses habitants, qui eux n’y voient même pas la civilisation mais en usent comme si elle était le produit même de la nature », écrivait José Ortega y Gasset. En effet, on naît et baigne dans une civilisation donnée, sans plus réaliser ses bienfaits, sans plus se rendre compte, surtout, qu'ils ne vont pas de soi, n'ont rien de naturel mais sont le fruit d’un lent travail de sophistication ou de raffinement

C'est une erreur d'appréciation de ce genre que Michéa soupçonne les théoriciens libéraux du 18ème siècle d'avoir commise. S'ils purent postuler que l’intérêt général s'atteint par la réalisation des intérêts privés, c’est qu’ils avaient sous les yeux une société encore traditionnelle, non libérale, où les comportements individuels s'embarrassaient d'un altruisme et d'une dimension communautaire qui paraissaient alors "naturels" à l'observateur contemporain. Naturels, c'est-à-dire indéfectibles, indécrottables, et que l'on pouvait les chahuter un peu en injectant de l'initiative par-ci, de l'égoïsme par-là, une pincée d'esprit de compétition... Seulement, quelques siècles à ce régime philosophique, et cet altruisme finit par se résorber, car précisément, il n’a rien de naturel ni d'inhérent à l'homme, il résulte d’une éducation, d'un long travail de civilité qui flétrit quand il n’est pas cultivé.

La Richesse des Nations - Dadam Smith

Michéa cite ici Castoriadis :