25 décembre 2017

Le morceau du jour qui serait jugé politiquement incorrect aujourd'hui.


Il se dit ici où là qu'il ne faut plus souhaiter un "joyeux Noël" aux gens, mais de "bonnes fêtes"... Le bonnes fêtes a l'avantage d'être vague et de s'adresser littéralement à tout le monde. Quand on affirme qu'on aime "l'humanité" (dans une chanson de la Nouvelle scène française, par exemple), on est suffisamment vague pour aimer tout le monde, mais personne en particulier. Quand, autre exemple, on aime les pompiers, qui sauvent des gens dans des situations scabreuses, on peut le prouver en leur donnant du fric, en achetant leurs brioches ou leur calendrier affreux. Quand on aime l'humanité, en revanche, on ne peut pas le prouver par un acte. Un type qui aime l'humanité, il faut le croire sur parole... Le "bonnes fêtes" est dans cette catégorie : il ne s'agit plus que d'une joie abstraite, désincarnée, tellement générale qu'elle peut aussi bien ne pas être du tout une joie, ni une fête. Comme tout ce qui est politiquement correct, nous nous retrouvons devant un anti-mot : vocable qui ne signifie ni ne spécifie plus rien.

Al Green, lui, cessa une carrière d'artiste soul bien partie pour être une des plus belles, pour se consacrer uniquement au petit Jésus, et à Dieu, son papa (comme chacun le sait). Il sombra dans le gospel comme d'autres font dans l'alcoolisme. Avant cela, il nous fit don de quelques morceaux d'anthologie soul rarement égalés. Tiré de l'album Call me (1973), ce bijou de musique chrétienne...


20 décembre 2017

Le Rouge et le Noir 2

téléchargement 

Au 19ème siècle, le roman d'initiation narrait le parcours d’un jeune homme de milieu modeste, né hors du « sérail » et qui allait s’y élever par son habileté ou ses talents. Le roman d’initiation de notre 21ème siècle semble proposer une trajectoire inverse, et s’annonce en cela réjouissant. Le jeune héros est un individu plutôt bien loti, qui va s’efforcer, durant son aventure, de se désintégrer de la bonne société, de sortir du système.

Julien Sorel, aujourd’hui, a des parents qui ont des moyens, un père en poste dans une belle compagnie ; il a fait une très bonne école de commerce. Après un an en finance-comptabilité chez Groupama, il a ressenti le besoin d'une quête de sens. Papa avait encore de quoi lui prêter pour racheter un bar à vin, avec son ami du BDE, situé dans un quartier vivant de la ville. Julien a trouvé le concept, a baptisé le lieu d’un prénom français à l’ancienne, populaire - ça lui rappelle son grand-père, qui avait fait l’inverse de tout cela pour que sa descendance puisse faire mieux que lui. Julien a trouvé le concept, dessiné lui-même le logo, une amie termine de lui développer l’appli. Le voilà petit commerçant, mais avec des moyens. Il vote Macron pour raisons fiscales. Il est pour le Changement. Il propose une très bonne burrata à 21 € (ses amis restés dans la finance en raffolent). Il n’a pas de voiture, pas de maison. Un vélo. Pas marié. Un enfant. Keno. Un prénom pas comme les autres. Julien aime la débrouille. Les plans copains. Il cultive un look de bistrotier de l’Aveyron : chemise à carreaux (mais de marque), tablier, et petite barbe dégueulasse. Il se sent vivre quand il aide à décharger les fûts du camion.

Ce qui lui importait avant tout était de sortir des rails. Ne pas faire comme son pauvre père (cadre !). Il aurait pu être artiste s’il avait eu un talent. Il aime la vie de bohème. A condition de pouvoir partir en vacances chaque année à l’étranger. Julien a tout de suite vu que nous avions changé d’époque. Que son intérêt était de quitter la voie droite, de donner à sa carrière la petite torsion, la petite patine cérusée qui le rend unique. Oh oui, Julien aime le cérusé. Il est prêt à payer très cher pour ça. Il sait d'instinct que pour être bien comme il faut, désormais, il faut ne pas être bien comme il faut. Le gendre idéal, aujourd'hui, a le goût de l’entrepreneuriat. Le goût de l’usage plutôt que de la propriété. Des parts et des actions plutôt que de l’immobilier.

Julien sait qu’il peut cumuler le revenu du bourgeois et le prestige du marginal réprouvé. Alors pourquoi devrait-il choisir ?

17 décembre 2017

L'interdiction du mois - Rouler à 90Km/h sur les routes


En démarrant, il y a trois semaines, une rubrique intitulée « l’interdiction du mois », je comptais bien avoir le temps de glander entre deux dénonciations rageuses. Connaissant le goût moderne pour la contrainte (dans un concert assourdissant de paroles libertaires, libérales, et libertophiles), j’imaginais qu’une chronique au rythme mensuel rendrait compte de l’activité des fanatiques qui, sans relâche, trouvent et imposent toujours plus de limites à la liberté de ce dangereux personnage nommé Autrui. Hélas ! Ces cons-là ont le vent mauvais en poupe, et filent avec un entrain de bacheliers vers l’horizon marron des lendemains qui fliquent. Cette semaine, donc, la nouvelle interdiction qui nous menace est d’ordre routier : ne plus dépasser 80km/h sur les routes départementales.

Si cela ne dépendait que de moi, il n’y aurait plus une seule voiture en France. Plus une voiture, plus un m² de goudron, plus de tire-fesse, plus une piscine, plus un seul golf, plus de parcs à jeux, plus de musées et, naturellement, plus d’écoles. Le retour de la préhistoire, ce serait. Et, pour être plus sûr, la préhistoire à ses débuts ! Tous à pinces, et chacun avec le droit d’aller se faire enculer. Ça simplifierait à peu près tous les problèmes qui nous accablent. Les bouchons quand tu pars à la neige ? Fini. Les encombrements parisiens ? Oubliés ! Les connasses qui te bloquent la rue quand elles déposent leur lardon juste en face de la porte de l’école, là oùsque la voie est justement rétrécie pour ne laisser passer qu’une seule voiture à la fois (Sainte sécurité, priez pour nous) ? Ter-mi-né ! Plus jamais ça ! Alors, l’abaissement de 10km/h sur les routes, à côté de mon programme à moi, ça ressemble au pet d’une mésange au-dessus d’un camp de manouches !

15 décembre 2017

L'ouvrier d'apparat

Avertissement: Kevin Torquemada et Beboper ont collaboré pour écrire ce texte "à quatre mains", comme on dit.  Sauras-tu, lecteur lucide, reconnaître qui a fait quoi dans ce bintz ?



Tendance Up : jeune métro-sexuel en bleu de chauffe. 
Le dandy de 2018 adoptera sans réserve le look Prolo !

Pascal : « D’où vient qu’un boiteux ne nous irrite pas, et un esprit boiteux nous irrite ? A cause qu’un boiteux reconnaît que nous allons droit, et qu’un esprit boiteux dit que c’est nous qui boitons. »

Le bobo est tout entier défini dans ce cas de figure. Ce qui le rend insupportable n’est pas tant sa façon de vivre, de s’habiller ou d’arborer une barbe grotesque, mais plutôt ses deux caractères évidents : faire la leçon au monde entier, et incarner de façon caricaturale le concept orwellien de double pensée.
Le bourgeois du XIXème siècle pouvait être défini, psychologiquement, comme quelqu’un qui essaie de se faire passer pour ce qu’il n’est pas. Tandis que l’ouvrier, le prolétaire, se contentait d’être ce qu’il était - c’est-à-dire pas grand ’chose, le bourgeois se donnait des airs, prenait des poses, disposait autour de lui les indices prouvant qu’il appartenait à une élite en formation, héritière putative des dignités perdues des noblesses d’ancien régime. Il s’agissait pour le bourgeois, même petit, de se différencier du populo à tout prix, quitte à jouer un rôle trop large pour ses épaules.

11 décembre 2017

Les gens qu'on lit : Jean-Claude Michéa

J'ai lu, sur le conseil de l'ami Beboper, du Michéa. Sur son insistance, devrais-je dire, car au départ je rechignais. Michéa comptait pour moi parmi ces auteurs qu'on connait déjà un peu sans les connaître à force de les avoir entendus cités dans quelque conversation, lus mentionnés dans quelque article : sans en avoir lu une ligne, on peut les situer à peu près, visualiser leur thème, leur attribuer une place sur ses étagères mentales... Ainsi pouvais-je situer Michéa sur une carte, avec en prime la pressentiment qu'on pourrait bien s'entendre lui et moi. Pour cette raison, rien ne me pressait, je traînais les pieds : tant qu'à lire, autant découvrir et se surprendre plutôt qu'approfondir, chercher à conforter ou aiguiser une opinion. Mais que voulez-vous, Beboper est chiant comme une bonne femme.

  michéa 

10 décembre 2017

La minute de BatPat : Johnny Hallyday


Johnny se rendant à son enterrement
 Un lion est mort avant-hier soir. Ou avant-avant-hier soir. Ou avant-avant-avant-hier soir. Un lion qui nous avait tous mis en cage. Tu n’es pas sans l’ignorer. Ton coeur saigne, comme si on essayait de te greffer un pacemaker avec un hachoir, sans anesthésie, et en t’ayant préalablement amputé les mains et les pieds. Comment te poser la question sans te faire mal ? Elle est oratoire, purement rhétorique. Tu aimais Johnny Hallyday ? Moi non plus. Magnéto Serge ! 

7 décembre 2017

Le son du jour qui a jauni dans la peau

Vous voulez célébrer Johnny mais n'aimez vraiment pas sa musique ? Le CGB a pensé à vous. Voici une petite demi-heure de séquence-émotion avec le dernier concert donné par Johnny Cash. 


6 décembre 2017

Mort de Johnny : on vous l'avait bien dit !


Johnny Hallyday est mort. Cette nouvelle semble surprendre le cosmos, qui voyait dans le yéyé un phénomène promis au millénaire. Comme souvent, nous annoncions la chose ici même, en janvier 2008. Dix ans d'avance, c'est un peu la norme au CGB...

Ça commençait comme ça...

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Plus près de toi...

La mort de Carlos, dont il était l’ami, a rendu Johnny Hallyday un peu nerveux. Lui qui misait sur la chirurgie inesthétique pour conserver l’air en forme, est arrivé à une conclusion très peu yéyé : on est bien peu de choses. Comme son autre ami Nicolas Sarkozy, Johnny Hallyday est très catholique, il pratique non seulement la moto chromée et la machine à abdo-fessiers mais aussi la messe, dont on dit qu’il est fou. Et comme il avoisine l’âge de raison (65 balais en juin), il a décidé en même temps d’arrêter les tournées, de se mettre à la guitare et de préparer ses funérailles.

4 décembre 2017

Voyage au bout de la réacosphère

Anciens combattants

Je me suis demandé si tout ça, ce n’était pas un peu fini. Au CGB, ça fait un moment qu’on se le fait remarquer. A quoi bon continuer alors que la blogosphère de notre génération a rendu le tablier depuis belle lurette ? A quoi bon le CGB après 10 ans et des milliers d’articles où l’on a à peu près tout dit, tout ri ? A quoi bon le CGB quand l’actu se met à être grotesque toute seule comme une grande, sans qu’on n’ait plus rien à faire pour l’y aider ? Overdose de bouffonnerie. Flamby m’a tuer.

La situation a pris une telle tournure, la démence une telle proportion. Qui a encore besoin qu’on lui fasse le dessin ? Il n’y a plus rien à dépeindre qu’un homme un peu sensé ne puisse remarquer de lui-même. A ce stade de dinguerie, il n’est plus d’innocent possible : celui qui n’aurait pas encore vu que ça déconne doit être considéré comme incurable. On ampute. Dans un monde rempli de dingos, personne ne vous entend crier. Et puis, la France qui dégringole, qui se viande, c’est drôle une minute. On peut en rire aussi longtemps qu’on croit qu’elle peut se relever. Au-delà, ça devient glauque et inconvenant. Je me suis demandé si tout ça, ce n’était pas un peu fini. A quoi bon le CGB.

2 décembre 2017

Courrier des lecteurs : François Sanders vous parle cinéma

Gens mimant des points d'exclamation avec les doigts
Cinéma. Critique du film CAPTAIN FANTASTIC.



CAPTAIN FANTASTIC est le père d’une famille de six enfants. Ils vivent à l’écart de la civilisation et forment une société qui habite une forêt située au nord-ouest des Etats-Unis. Leurs journées sont dédiées à l’entraînement que ponctuent quelques rites païens. Témoin celui du début du film : le fils aîné est torse nu, il traque et tue un daim à l’arme blanche, puis s’enduit du sang de l’animal dont il tend le cœur à son géniteur : il devient un homme au terme d’une communion panthéiste.

24 novembre 2017

Guest Star CGB - Le IIIème Reich durera mille ans, par KPDP

Guest star CGB, rubrique enviée du CGB ! Une rubrique pour vous faire profiter des textes qu'on reçoit, propositions diverses, avis et points de vue.

Le principe en est simple : vous avez un texte à proposer au web mondial, une fusée poétique, un solo halluciné, un argument solide, un fait divers joliment troussé, un récit historique, une révélation, une illustration ou toute autre forme qui vaille le coup d’être vue (et commentée) ? Envoyez-la-nous par mail, on la fourre dans notre algorithme infaillible, on la soumet à un impartial jury reflétant la diversité et le transsexualisme, on la juge selon la charte européenne des droits universels, on la passe au détecteur d’amalgames et, selon leurs conclusions, on la publie ici-même ou on la balance au panier. Cette rubrique peut évidemment constituer une première étape pour une collaboration plus soutenue.

Aujourd'hui, nous publions le texte de KPDP, qui s'étonne de l'omniprésence des nazis dans la France du XXIème siècle...

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Devine qui vient nous lire le Goncourt cette année ?


Le verdict est tombé: le Goncourt ? Un livre sur les nazis. Le Renaudot ? Un livre sur les nazis. Quelle audace ! Quel courage ! Et surtout, quelle originalité ! Cela faisait bien trois ans qu'on n’avait pas eu un prix littéraire sur le nazisme et du coup la Vigilance Citoyenne battait de l'aile, le Devoir de Mémoire avait Alzheimer. Enfin, pas trop quand même puisque télévision, cinéma et BD redoublent d'audace et de matraquage pour nous rappeler trois fois par semaine que Hitler égal caca.

23 novembre 2017

Le retour du Plug


Noël revient. Le boulevard Haussmann dévoile ses vitrines. Chaque année, il rivalise de féérie pour attirer les foules. Une dizaine de saynètes construites autour d'un thème général ; chacune faisant s’animer des automates habilement mus par d’invisibles mécanismes. On parsème de quelques articles de consommation sublimés, un jeu de lumières, et le tour est dans le sac : Parisiens, Japonais, Pakistanais, gogos du monde se pressent. Une foule d’enfer. Devant chaque vitrine, de petites estrades en bois sont installées pour que les petites têtes blondes soient aux premières loges. Oui mes amis, c’est beau : au milieu de la pagaille, du dégueulis de paquets promo, d’hectares d’écharpes, de murs d’écrans plats, de tranchées de DVD, des monticules de flacons de parfum… quelqu’un a tout de même pensé aux z’enfants et concocté ce petit ilôt de magie préservée : les vitrines du Printemps et des Galeries Lafayette.

Quoique, à regarder de plus près… Dans l’édition 2017, deux détails se détachent de la scénographie globale. De touts petits détails. Discrets, mais bien présents. Quelque part suspendu : un mug à fond arc-en-ciel avec l'inscription « I'M A FUCKING UNICORN ». Plus loin, insérée dans une sorte de kaléidoscope de petites vidéos, une boucle d'animation montre un pigeon installé au-dessus d’une chaîne de production où défilent des cornets de glace ; chaque cornet s'arrête sous le columbidé, qui chie alors dedans en forme de glace à l'italienne. Et l’image tourne en boucle.

22 novembre 2017

L'interdiction du mois - Fumer dans les films.



La France possède un ministère au nom curieux, le ministère de la santé, censé tout mettre en œuvre pour favoriser la bonne santé des gens, y compris ceux qui ne lui demandent rien. Comme cette grand-mère qui couvre de trois pulls en laine son petit-fils de douze ans, le ministre de la santé prend des mesures avec l’absolue certitude d’œuvrer pour le bien du populo. Le ministre actuel ne manque pas d’idées pour répandre ses baumes apaisants sur une population qui se porte pourtant bien, qui vit longtemps, si l’on compare nos chiffres avec ceux de ces abrutis d’étrangers. Qu’importe ! Comme le bon docteur Knock, un ministre saura toujours sortir un chiffre effrayant pour prouver que le patient vigoureux est un malade qui s’ignore. Il meurt un contribuable toutes les 24 secondes, monsieur ! Inacceptable ! Un mort sur trois est un fumeur, un mort sur sept est un fanatique de la charcuterie, un mort sur vingt n’a pas de statut Facebook ! Plutôt que reconnaître que tout le monde meurt, un ministre de la santé essayera toujours de nous faire croire que des catégories particulières de gens meurent plus que les autres… Comme si un fumeur de Gitanes mourrait trois ou quatre fois de suite, avant que sa voisine, bigote vegan ne faisant aucune folie, ne livre son dernier souffle. Privilège indécent ! Cumul des enterrements ! Discrimination des asticots !

19 novembre 2017

Le son du jour qui te reste dans la feuille

Spéciale dédicace à l'ami Lest(a)t, qui a tendance à en pincer pour ce qui est féminin et chante gentiment des chansons bien foutues.


Rickie Lee Kroell est allemande, elle est même munichoise et vous n'en avez jamais entendu parler.

17 novembre 2017

Un Ami qui vous veut du Bien


Il y a le bien connu « ami noir » : celui qu’une personne accusée de racisme invoque pour se disculper. L’ami noir se décline en ami arabe ou en ami homosexuel selon les circonstances. A noter au demeurant : l’alibi de l’ami noir, pourtant imparable du point de vue du sens, est néanmoins disqualifié d’office, écarté d’un revers de manche sans autre forme de procès. Personne n’ira vérifier si vous avez effectivement un ami coloré, ou gay, ou si c’était du bluff. Le simple fait d’avoir usé de l’argument, même vrai, ne fait que vous enfoncer, et prouve s’il était encore besoin votre racisme congénital.

A côté de « l’ami noir », posons à présent le concept de l’Ami du Noir. L’Ami du Noir, c’est ce Blanc qui lui non plus, ne compte pas nécessairement de Noir dans son entourage, mais qui pourtant est extrêmement sensible à ce que ce Noir se sente bien. Prévenant, il oeuvre à un monde où rien ne pourrait froisser un Noir si d’aventure il en entrait un dans sa vie.

Pour ce faire, l’Ami du Noir a une conscience raciale aigüe, il anticipe tout ce qui, dans les discussions et dans le débat public, pourrait mécontenter une personne de couleur. En soirée, si dans le vif de la discussion quelqu’un demande à l’Antillais assis dans le canapé ses origines, l’Ami du Noir intervient : « il est Français voyons ! Pourquoi demandes-tu ça à lui et pas à moi ? ». Mieux que le Noir lui-même, l’Ami du Noir conçoit la douleur d’une telle question – douleur inexplicablement supérieure à celle du Toulousain à qui l’on demanderait d’où vient son accent. 

L’Ami du Noir, lui aussi, existe en version « ami du Gay ». A la même soirée, s’il entend dans son dos deux types se traiter « d’enculé » pour rigoler, il s’interpose et les prie de choisir un autre vocabulaire, un juron qui ne stigmatise aucune pratique sexuelle librement choisie. Pas par égard pour l’éventuel homo qui rôderait dans la pièce, mais pour lui-même, dont les oreilles progressistes ne souffrent plus de telles offenses. Seul, avec ses petits bras, il s’est mis en tête de faire évoluer la langue française vers quelque chose de plus gay friendly.

16 novembre 2017

Courrier des lecteurs : Le temps des Eurydice, par François Sanders


 
- 1, 2, 3, Soleil ! - Ah mais t'es vraiment trop con Orphée !

Accidental : néologisme qualifiant l’accident de civilisation qu’est l’Occident moderne, autrement appelé : bob monde, ou donc : monde accidental.

       C’est Homère, avec Ulysse, qui invente la nostalgie. Elle est primale. Il s’agit de revivre son passé dans la réalité. Ulysse se souvient moins qu’il ne revient. La fable en raconte l’histoire.

La nostalgie par le souvenir lui succède. Considérer son passé appartient au temps orphique, c'est-à-dire au temps légué par Orphée dont le mythe estime que s’arrêter pour se remémorer dessille celui qui préfère s’illusionner. Le retour des ombres n'est pas possible : ce qui l’est, c’est de se retourner sur elles. Les aviver n’est permis que par le recueillement. Alors la fable ne suffit plus, il faut une abstraction supérieure pour ne plus seulement toucher les corps, mais atteindre à l’âme : c’est la poésie. Elle ouvre chez les Grecs la voie à la musique qui prononce en notes ce que disent les mots. Le verbe succède définitivement à la parole.

13 novembre 2017

Le survivant qui en faisait tout un Bataclan

Hey Joe (http://joebauers.fr) 

Vendredi 13/11/15. 21h20, Saint-Denis, aux abords du Stade de France : une explosion, puis deux, puis trois. 21h25, Paris : des terroristes arrosent à la kalach les terrasses des cafés du 11ème arrondissement.  21h40 : un 3ème groupe débarque au Bataclan pour faire pleuvoir le death metal. Deux ans après ce triptyque terroriste, le CGB fait ses devoirs de mémoire en compagnie d’un survivant du Bataclan : Joe Bauers.
Joe Bauers, avait livré son témoignage en ligne un an après le carnage, avec un titre à balle réelle logé dans la chambre : Vous aurez ma haine. Il est 21h40. Entrée de Joe.
Interview nulle part ailleurs.

Joe, tu es un rescapé du Bataclan, c’est le 13 novembre 2017. Doit-on te souhaiter un bon anniversaire ?
Mon anniversaire de survie, de nouvelle vie, pourquoi pas.

Pornographie mémorielle



Merci, un peu plus sur la droite.

Au milieu des années 80, dans un climat toujours pesant de guerre froide finissante, un chanteur anglais pour ménagères s'interrogeait et espérait que les russes aiment aussi leurs enfants. Dans sa chanson Russians, Sting remettait ainsi en doute les grands discours des acteurs principaux (Mr Kroutchev, Mr Reagan) et préférait remettre ses espoirs de paix entre les mains des peuples, qui vivaient depuis plusieurs décennies sous les menaces d'apocalypses nucléaires régulièrement brandies par les premiers cités. Ce ne serait pas venu à l'idée du bêlant d'interroger les liens filiaux ou paternels de Kissinger, de Béria ou de Staline, de savoir si tel ou tel chef de guerre, coupable de crimes contre des populations civiles en Angola, au Vietnam ou en Afghanistan; était une fois l'arme lourde froide, un bon fils aimant. De réunir bourreaux et victimes dans l'amour qu'ils pouvaient porter à leurs fils ou à leur maman.

11 novembre 2017

Renaud Camus, Norman de l'apocalypse


Une particularité, pour ne pas dire drame des tubes, c'est de tout rendre dérisoire, de transformer le monde entier en troll.

Prenons ce pauvre Henry de Lesquen, le national-libéral à particule, celui que vous imaginez sans peine rudoyer sa femme de ménage espagnole. Polytechnicien, horloger, grenouillant dans les cabinets ministériels, patron de Radio Courtoisie (la radio des vieilles dames qui font des fausses routes en buvant leur thé), toujours tiré à 4 épingles et distribuant les amendes pour anglicisme, qui aurait pu imaginer qu'il terminerait sa carrière en troll internet, en  idole cringesque du 15-18 ?

Regardez, là Renaud Camus. Certes,

7 novembre 2017

Accusations : Tariq Ramadan recadre sévèrement Jean-Jacques Bourdin

Pour la première fois depuis le début de l'affaire, Tariq Ramadan s'est exprimé au micro de Jean-Jacques Bourdin, invitant chacun à peser ses mots et à prendre ses responsabilités face aux accusations proférées.



22 octobre 2017

CGB Dimanche Spécial Weinstein !

Le CGB dimanche est une production collégiale du Groupe Miramax.
Miramax, des infos qui trouent les fesses.


Cliquer sur l'image pour agrandir.
Cliquer sur la croix en haut et à droite de l'écran pour retourner sur RTL infos.

16 octobre 2017

Il faut interdire la musique !


J’ai été mis récemment devant la vidéo ci-dessous. A cette occasion, j’ai appris qu’un type nommé Grégoire existait, qu’il vendait des disques en tant que chanteur, quoiqu’il soit probablement le fruit des amours bruyantes d’un chacal enrhumé avec un troupeau de chèvres. Dans la vidéo, on voit que ce nasique joue dans le hall de la gare de Lyon où, depuis plusieurs années, un piano est mis à la disposition de la foule.


Un piano dans un hall de gare. Aucun espace civilisationnel au monde n’est plus bruyant qu’un hall de gare, entre les trains qui arrivent, ceux qui partent, entre les annonces des trois cents haut-parleurs, les cris des gosses, les vagissements des petits, les gueulements de chacun, le bruit des valises à roulettes, le piano apparaît comme l’élément indispensable pour faire de cet endroit atroce la légitime demeure de Belzebuth.

12 octobre 2017

Bye bye, rendez-vous à jamais

rochefort 

La disparition d’un homme tel que Jean Rochefort est triste, au-delà de ce que représente son œuvre ou même de l’affection qu’on entretient pour lui. C’est triste comme une échoppe de quartier que l’on voit démolir pour laisser place à une FNAC, un McDonald’s, une agence MMA... C’est que l’on ne voit pas très bien qui seront les Jean Rochefort de notre génération. C’est que l’on sent bien qu’en même temps que lui, c’est un pan de monde qui s’en va, un morceau de plus qui se détache pour partir au néant. Il est déjà heureux que l’on s’entende à lui rendre hommage officiellement et collégialement, tant il semble évident qu’il n’est plus le type de Français que l’on souhaite, que l’on cherche à produire.

Il est ainsi quelques figures humaines, simplement et diablement humaines, qui donnèrent sa teinte à leur époque et dont nous appréhendons la mort prochaine. Avec Jack Nicholson, mourra un certain monde où Nicholson était possible. Avec Iggy Pop, mourra un monde où Iggy Pop était possible. Il semble évident, là aussi, que les libertés qu’ont incarné ces figures ne sont plus celles que l’on cherche à susciter. Ces humains ont éclos dans le monde d’avant, et non celui du politiquement correct. Ces humains ont éclos dans le monde d’avant, et non celui des réseaux sociaux ou des véhicules autonomes et électriques. Ces humains ont éclos dans un monde qui n’était pas celui fasciné par l’économie des start-up ou par le débat sur le manspreading

Ces humains, le monde nouveau ne les permettra jamais plus. Ils sont les derniers Mohicans, qui engloutiront leur monde avec eux. Et nous sommes destinés, en plus d’assister à l’installation du monde désincarné, à les regarder nous abandonner.

6 octobre 2017

Le son du jour qui change de braquet

Bombardés que nous sommes des sons et des bruits de l'industrie du divertissement musical, il nous arrive pourtant de dresser l'oreille, immédiatement - réflexe que nous croyions tari, à l'étrange, au beau renouvelé, à une renaissance. A quelque chose qui, enfin, ne se situe pas en-dessous de nous, dans les zones pelviennes épuisées de boumboum, mais nous surplombe, nous prend de haut, et nous y attire.

Album disponible chez l'excellent Tricatel (http://tricatel.com/site/ )


5 octobre 2017

Il poignarde une chanson d'Oasis en pleine gare


Il aura fallu 4 longues minutes avant que le forcené soit mis hors de nuire. Selon Gérard Collomb, ministre de l'Intérieur, "c'est toute l'efficacité du plan Sentinelle qui est remise en cause". Un voyageur que nous avons interrogé lâche, irrité : "Cela devait bien finir par arriver un jour, avec tous ces pianos laissés en libre service dans les gares".

Suite à cet incident, un sondage mesure une progression de 8 points de l'opinion des Français en faveur de la déchéance de nationalité.

17 septembre 2017

17 août 2017

Charlottesville

Attention danger


Cette sale histoire suit la même séquence que l’affaire Trayvon Martin: on se souvient que les médias s’étaient immédiatement emparés de l’affaire pour brosser la scène larmoyante d’un tendre enfant lâchement abattu par un suprémaciste blanc : il s’avèrera ensuite que le jeune Trayvon était en réalité une racaille qui cherchait à agresser Zimmerman, qui d’ailleurs n’était pas du tout blanc mais plutôt sud-américain, et qui avait agi en état de légitime défense dans un quartier où les agressions à l’arme blanche étaient monnaie courante. 

Mais cela les médias ne le mentionneront plus qu’en passant, discrètement, sans jamais démentir ou regretter leur hystérie des premiers jours, leurs effrénés jappements de chiens toujours à l’affut d’une affaire raciale à exploiter jusqu’à la moelle.

Même dynamique à Charlottesville : la presse se jette la gueule affolée sur un scénario manichéen, aboyant aux « néonazis », qui auraient délibérément précipité une voiture dans la foule des innocents et honnêtes antifas. La vérité, comme toujours, se révèlera plus nuancée, mais cela n’aura guère d’importance. La presse choisi son camp, et elle le choisi bien. 

2 août 2017

Information locale

Vous ne connaissiez pas encore le CGB dans sa version "presse locale".
Pour compenser son retard de diffusion, voici un panorama de l'actualité régionale depuis le mois de mars 2017.

27 juillet 2017

Ce sont mes couilles



Il y a trois semaines, assis sur un strapontin dans le métro, j’ai vécu une expérience anodine mais qui prend, ces jours-ci, une signification manifestement prophétique. Voici : dans la rame du métro, les strapontins vont par deux. L’un est situé contre le flanc même du métro, l’autre est placé du côté du couloir. C’est ce strapontin qui recevait, cet après-midi-là, la part la plus symétrique de ma personne. A la station Bastille, une flopée d’ahuris viennent s’ajouter aux occupants en place, et une femme piriforme vient s’asseoir à côté de moi. Plus précisément, elle s’assoit en partie sur moi, car ses hanches, larges comme l’arrière d’une fourgonnette, dépassaient de beaucoup les dimensions prévues par les ergonomes de chez Alstom. Quoique rondelette, cette femme ne s’approchait pas du quintal, mais ses formes éminemment féminines répartissaient dans la partie inférieure du corps l’essentiel de sa masse. Derechef, je glisse mon infime cul sur la gauche, laissant à ma fesse droite la mission de supporter seule le reste du parcours. Je fis ainsi de mon mieux pour laisser à cette femme la place revendiquée par son imposant fondement, en conservant quand même le privilège inconfortable d’être assis à 50%. Dans cette situation, croyez-moi, nulle trace d’une quelconque émotion érotique, du moins pour ce qui me concerne. Je restai, indifférent, cinq bonnes minutes calé contre les fesses d’une géante inconnue, comme un hameau paisible aux pieds d’une montagne…

15 mai 2017

Publicité

CéGéBiennes, CéGéBiens.

Certains d'entre vous le savent, le CGB a récemment essuyé quelques difficultés.

Suite à cela, quelques mesures de modernisation ont dû être prises.
Nous avons notamment du faire appel à des sponsors.

Ainsi, il faudra désormais vous habituer à lire parfois des pages de publicité au milieu des autres contributions.

Aux esprits chagrins qui en conclueront que "le CGB, c'est plus ce que c'était", nous répondrons comme répondait un certain Serge July: non, le CGB ne change pas; c'est la publicité qui a changé !

Merci pour votre compréhension.

11 mai 2017

Macron, de l'ombre du Louvre



Il est sorti de l’ombre. L’ombre du Louvre.
Ombre portée (au pouvoir)
Des ténèbres de l’Histoire, il a émergé. De son tombeau.
En pleine Nuit, plein centre de la ville Lumières.

-         -  Genre Entretien avec un vampire tu veux dire ?

Attends. Cour carrée de l’hypoténuse. Muses. « Il n’y a pas de culture française en France. » Toutes les cultures. Le Louvre, la Ligue des Lampions du continuum.Inc « La colonisation est un crime contre l’Humanité. » Il est sorti de la caverne d’Ali Baba pas de la caverne de Platon. Rends les Arts de la guerre Emmanuel. Et dans nos bras.
Il est sorti de l’ombre. L’ombre du Louvre.
Et il a marché.
Longtemps.
C’est parce qu’il est venu de loin.
Pourtant personne ne l’avait vu venir.

-         -  C’est parce qu’il n’y avait personne pour le voir arriver.

5 mai 2017

La tentation du bouton reset


Ballon dirigé
« Bataclanisation des esprits. »

Si Marine Le Pen a foiré son grand oral face à Manu le Macron mercredi 3 mai, Maître Dupont-Moretti, a, le lendemain sur France 2, magnifiquement redressé la barre. 

La campagne de Marine Le Pen est de l’avis de tous un ratage presque total – on pense notamment à ce clip de campagne digne d’une pub des années 80 pour Vania Pocket. Mais ce constat est établi sans que ne soit prise en compte la qualité de la campagne menée contre la Marinette, que nous appellerons dorénavant Yvette. 

Lutter contre, aura toujours consisté à lutter pour. C’est comme disait Baudrillard : « SOS Racisme signifie littéralement : sauvons le racisme. » 

Les contempteurs d’Yvette ne sont toujours pas sortis de leur pensée magique qu’ils pensent performative. On les voit invoquer le Diable à la flamme tricolore en mode derviche tourneur fraiseur, pérorant dédiabolisation du FN. Parfaits petits hystériques superstitieux, soucieux de ne pas blasphémer leur catéchisme humaniste, même confrontés aux pires des évidences. Insupportable. 

Abécédaire de la bêtise ambiante




4 mai 2017

Le dernier des Mozinors


Merde in France

"Vous n'avez pas le Monopoly du coeur Madame LePen."
« Le plus grand souhait des terroristes, c'est que vous deveniez présidente. Vous allez créer la guerre civile et c'est exactement ce que veulent les terroristes. »

Le tournant du match, du game, du grand débat du second tour de la Présidentielle.
Jusqu’alors, Macron n’avait pas particulièrement brillé (la Marine avait déjà perdu le réseau sur SFR). Le favori avait géré l’orage, essuyé quelques averses, un gros grain mais pas d’ivraie, jusqu’à cet instant, déterminant, où il s’est mis En Marche. On.

25 avril 2017

Le macronisme atterrant


J’ai vécu.
J’ai connu le giscardisme, le mitterrandisme, les lendemains qui refusaient de chanter, le chiraquisme ventilatoire, le sarkozysme pétaradant, le hollandisme ectoplasmique. J’ai vu des ratages, j’ai vu des impasses.
J’ai vu Jean-Pierre Raffarin, et j’ai vu Edith Cresson.

7 avril 2017

Tuitteur

Oui, le CGB s'est ouvert sur Twitter. Histoire que Kroulik se retourne dans sa tombe. Et nous fasse coucou.

On ne sait pas encore trop bien ce qu'il va s'y passer. De la vanne et du clash sans doute. De l'hyperlive un peu plus souvent et facilement.

Suivez-nous. https://twitter.com/cgbang

5 avril 2017

Le panari d'Emmanuel Macron jugé "convaincant" par les Français

Rien ne semble pouvoir arrêter la percée d'Emmanuel Macron. C'est en faisant ce constat que BFM TV a eu l'idée de rééquilibrer la course, et d'interroger les sondés sur une partie seulement du corps d'Emmanuel Macron. Les résultats sont surprenants et attestent de la puissance du désir de renouveau qui anime les Français.


Le panari d'Emmanuel Macron, qui au début de la campagne se situait en bas du classement, à quelques points à peine au-dessus de Jacques Cheminade, a connu une forte progression même s'il ne devance ses concurrents que de 9 à 12 points.

22 mars 2017

Penser contre soi-même

penseur 

Penser contre soi-même, dit le philosophe. Oui, certes. S’il n’y avait pas déjà le reste du monde pour s’y employer. Penser contre soi, être sans ménage pour ses conclusions, pour ses certitudes : très bien. Bien que cette gymnastique relève un peu à mon sens de la coquetterie pour intellectuel de plateau : il est gratifiant de s’imaginer que l’on pense contre soi ; le proclamer comme une maxime personnelle est un moyen pour habiller sa fatuité avec les atours de la modestie. 

Penser contre soi-même, oui, mais tandis que l’honnête homme y songe, humble, réfléchi, se faisant intransigeant avec sa propre réflexion, tout autour ce sont les champions de l’auto-affirmation qui triomphent et obtiennent gain de cause : le Rappeur, la Féministe, la Minorité victimaire, la Traînée de télé-réalité, tous se caractérisent au contraire par une prodigieuse indulgence envers eux-mêmes. A eux on ne demande jamais de penser contre soi.

Penser contre soi-même, oui : par temps calme et quand la météo permet à l'intelligence de s’exercer librement. Mais lorsque les vents contraires font déjà ployer vos voiles, lorsque les propagandes adverses hurlent en bourrasques, il n’y a peut-être rien d’autre à faire que de penser bêtement dans son propre sens, penser contre les autres, pour contrebalancer.

Penser contre le monde, contre les autres, contre tous les autres : n'est-ce pas bien plutôt cela qui en toute circonstance, a constitué la seule boussole de notre réflexion ? Nous aimerions nous laisser croire, comme l'intellectuel de plateau, que nous avons pensé contre nous, mais l'honnêteté nous pousse à reconnaître que c'est en faisant le contraire que nous avons avancé jusque-là. Il est même possible, après tout, qu'un assez bête esprit de contradiction nous anime et que nous ne pensions ceci sur tel sujet que parce que nous percevons que le reste du monde pense cela. Si le monde se mettait à penser autrement, peut-être changerions-nous d'avis pour penser du côté où le monde ne penche pas.

La vérité, c'est que nous avons le goût des polémistes, de la controverse. Le goût du blasphème envers l’idée commune. Et alors ? Nietzsche écrivait qu’une philosophie, une opinion, sont moins le fruit d’un raisonnement pur que la résultante d’une vie, d’une biographie, celle de l’auteur, expliquant à elle seule qu’il opte pour telle ou telle idée. Peut-être faut-il aller plus loin et assumer que nos convictions soient encore moins consistantes que cela : non pas le fruit d’une biographie, d’un parcours, mais d’une simple humeur, un tempérament qui nous porte vers telles idées, tels livres, plus aimables à notre nature. Il est évident qu'on apprécie certains auteurs, peu importe la véracité de leur raisonnement, parce qu’une filiation d’humeur existe avec eux, tandis qu’on néglige d’en fréquenter d’autres, bien qu’ils puissent être dans le vrai, parce qu’ils ne nous "parlent" pas. La raison a très peu à faire dans tout cela. Il ne tient pas à nous de développer des idées optimistes ou pessimistes, libérales ou sociales, légères ou profondes… mais seulement à une prédisposition de caractère. Les justifications, les raisonnements, viennent s’ajouter après coup.

Il y a ainsi des personnes d’humeur majoritaire, par exemple, qui aiment se trouver du côté du nombre et qui en conséquence, naviguent instinctivement vers le sens convenu et les idées dominantes. Et à l’autre bout, les personnes qui adoptent les idées bancales, boiteuses ou minoritaires ne le font pas parce qu’ils sont plus malins, mais parce qu’ils ont simplement dans le sang l'humeur marginale. Que les équilibres viennent à changer et les uns comme les autres changeront leurs idées, pour se maintenir. En réalité, il n'y a pas de « courants de pensée » mais des courants d’humeur intellectuelle, autour desquels s'agrègent les esprits.

21 mars 2017

A l'Orient




Quand j’ai lu La confession négative, j’avais vingt-un, peut-être vingt-deux ans. Arrivé sur le tard à la lecture et à la vie après une adolescence lugubre passée dans Cicéron, Démosthène et la masturbation, ma géographie littéraire se composait des Chants de Maldoror, des Falaises de Marbre, du Désert des Tartares, de Salammbô et du Guépard, ce qui suffisait à m’agiter l’esprit de pensées enfiévrées où cohabitaient la conscience claire de la putréfaction de ma race et le désir insensé et inarticulé de hautes entreprises, qui devaient nécessairement se situer ailleurs, en d’autres contrées, d’autres époques ou d’autres horizons, en tout cas loin d’ici, la lecture d’American Psycho m’ayant révélé l’impasse du monde dans lequel mes études supérieures et mon milieu social me destinaient à entrer.

17 mars 2017

Le radeau médusé

 
"Une campagne à m'arracher les cheveux."

Mille sabord-ages ! Tonnerre de Paris-Brest ! Quel courage ! Bachibouzouk en rade. La résistance, c'est rarement dans le sens du vent.

Et les bobos ils feraient quoi ?
Ils émigreraient sûrement en Seine-Saint-Denis avec femmes et enfants pour tout bouclier humain.
Ils inscriraient leurs enfants dans le public.
Ils déclareraient le hall de leur immeuble terre d’asile pour quelque gang de dealers.
Les plus féministes de leurs femmes s’en convertiraient à l’Islam.
Les courageux Parents-1 ouvriraient des centres d’accueil pour les journalistes babtouphobes du Bondy Blog.
Ils iraient reprendre Palmyre à Daesh avec Al Qaida et Laurent Fabius pour tout ô capitaine mon capitaine.
Ils transformeraient le Sacré-cœur en mosquée. 
Un Achab pour tous ces macchabées qui marchent. Vite.

9 mars 2017

Les gens qu'on déteste : les femmes enceintes



Ce ne sont pas les occasions de détester nos semblables qui manquent, c’est le temps. A l’homme moderne, il n’est pas permis de répandre sa haine sur tous ceux qui la mérite, faute de temps libre, et d’énergie. A briguer une haine sans exception, on s’épuiserait vite. Nous sommes donc contraints, (avec quels regrets !) de faire une distinction parmi les gens qui n’en ont aucune, et de sélectionner une élite entre ceux qui insultent jusqu’à la notion d’élite. Comme l’a dit un éminent philosophe (que, par modestie, je ne nommerai pas), s’il fallait courir mettre une gifle à tous ceux qui le méritent, la vie ne serait plus qu’un interminable galop. Cette semaine, je vous propose de détester les femmes enceintes.

21 février 2017

Affaire Théo : la responsabilité des perruches

 
"J'ai joui public."
L’affaire Théo a défrayé la chronique. Mis le feu l’actualité. Et à quelques bagnoles. Et ce n’est pas fini.

En cette période prémenstruelle de la République, où les présidentielles seront une nouvelle fois de ces liquides stériles chers à Henry Miller, ceux qui emportent les oeufs non fécondés, les théories du complot dansent dans les flammèches jolies. Les écrans de fumée en volutes. Mort mentale par asphyxie.

French Tabloïd rules ! 

Le jeu du FN, un jeu truqué par Bisounounours ! 

Abaissons votre niveau de paranoïa. Comprenez : la situation est bien pire que vous ne l’imaginez.

Play.

16 février 2017

Au nom des fils et filles de pute



La honte.
L'amour maternel dure 7 mois

Une infinie, ressentie à la lecture de cet article de Nolwenn Le Blevennec.

Toutes ces mamans aux désirs bafoués, brimés, violentés par… le fruit de leurs entrailles.

Emilie, 38 ans. 
C’est le moment du grand réveil : Emilie (…) a divorcé et rencontré un nouveau mec qui lui a fait découvrir l’éjaculation féminine. "Avec lui, je fais l’exact inverse de ce que la société attend d'un couple." Pendant cette période, ses enfants sont passés au second plan et elle trouve que ça leur réussit très bien. Elle a fait boucher ses trompes, pour être sûre de passer définitivement à autre chose.
Mélanie, la 30ne. 
Autre type de scénario fracassant : quand le retour sur soi se réalise dans l’adultère. (…)Quand l'histoire commence, elle sort de sept mois d'allaitement, "à la fois dur et charnel comme un bisou sur le sein".
La nuance de gris chamarré entre Emilie et Mélanie la lyrique : l’une a empapaouté son mec AVANT de découvrir l’éjaculation féminine. Un détail de l’histoire. Tout comme le fait que Mélanie poulope après la tringle à rideau d'un amant, alors que son bambino n’a que 7 mois. L’horreur. Intégrale. L'infidélité, c'est d'abord envers son gosse.

14 février 2017

HUSH HUSH, les piKKKantes philipiKKKes du CGB


7-8-9-10 doit manquer un K ou deux

Esgourdes-ville, ma belle endormie, garde les bien ouvertes et protège ton foie. Oyé Oyé, les mecs à la cool, le CGB revient rappelle et retape la grande histoire du gars Puncheur. L'éKKKonomiste, chevalier blanc au gauche-droite-gauche d'un boxeur Kubain, vient de rejoindre l'équipe de Kampagne de Bilal, le petit prince des Kamés, Klampins et Klandos.

Oui tu l'as entendu ailleurs qu'ici, le petit prince se reve en roi Arthur de l'Avalon-France. Il vient ajouter un nouveau chevalier à sa table ronde qui n'en peut plus de rentrer dans des Karrés. Son Lancelot qui piKKKe, plaKKKe et parle en faisant mouiller les jouvencelles avec son panache rouge comme la Kourbe de l'inflation des taXXXes qu'il promet, proKlame et projette.

13 février 2017

Al Jarreau VS François Mitterrand

1981. Le socialisme déferle sur la France, fille aînée de l'Eglise et belle-soeur de la Loterie nationale. A la télé, on entend parler de "contrôle des changes", de fuite des capitaux, de nationalisations, de Grand soir... On veut que des têtes tombent, et on veut qu'elles tombent vite. La logorrhée atteint des sommets jamais vus depuis 1968. Des tas de gens sont très contents mais on n'arrive pas bien à comprendre pourquoi. Dans les écoles, les profs arborent des badges aux armes du PS. C'était avant l'interdiction du port des signes religieux ostensibles...
Moi, dans ce temps-là, j'entends ça à la radio. Je l'enregistre bientôt sur mon poste à cassettes et je me le repasse, encore et encore, sans en comprendre un seul mot, je me l'écoute cent fois jusqu'à ce que mon paternel, n'y tenant plus, me menace d'une énorme baffe.




Al Jarreau, on était quelques uns à en parler à l'école, c'était l'absolu du rythme pour nous, c'était un truc incompréhensible, qui nous est resté dans le cœur bien plus, oh oui, bien plus que le socialisme de monsieur Mitterrand.



12 février 2017

Empreinte esthétique

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La notion d’empreinte environnementale est désormais familière pour tous, et chacun quand il le peut, module son comportement pour infliger le moins de désagréments possible à la couche d’ozone.

A présent, c’est le principe d’empreinte esthétique qui devrait être popularisé. Il s’agirait de faire prendre conscience aux citoyens de la trace qu’ils impriment sur l’environnement par le simple spectacle qu’ils donnent à voir (un accoutrement, un comportement…). Il s’agirait d’acter que, si certaines choses n’émettent aucune particule chimiquement nocive dans l’atmosphère, elles peuvent tout de même la dégrader en rendant le monde plus laid.

Le ski est un bon exemple. Voici une activité qui, en soi, est évidemment plaisante, grisante, et ne fait de tort à personne. Ce qui fait du tort en revanche, c’est le ski fait par 30 000 gugusses à la fois, dans des tenues criardes et grotesques. Les équipements, les constructions, les ronds-points, les gens eux-mêmes, leurs cris, leurs grosses godasses, leurs lèvres grasses de dermophil, leur situation objective de touriste qu’il faut distraire… Tout cela fait d’un environnement initialement noble et grandiose une aberration. Mon point est le suivant : pourquoi ne pas responsabiliser chaque skieur et le sensibiliser à son empreinte esthétique, afin qu’il réalise de lui-même le grotesque de la situation et la laideur qu’il inflige au monde ? Il renoncerait à skier en station et la nature reprendrait ses droits.

Ma foi, le ski est le ski,

10 février 2017

Supérieure, ma culture ?

A en croire les publicités et les arguments de vente des officines les plus diverses, il est aujourd'hui impossible de mobiliser l'attention de quiconque sans lui parler de superhéros. Un téléphone vous donne des « super pouvoirs ». Le nouveau Touran de Volkswagen est pour « les vrais héros d’aujourd’hui ». Et la ménagère qui utilise telle ou telle lessive est une « super-maman »… Même le musée du Louvre s'y est mis, avec cette exposition, l'année dernière, qui proposait d’explorer « les mythes fondateurs, d’Hercule à Dark Vador ».

  pop-culture-super-heros 

On devine le bien-fondé de la démarche, sans doute guidée par une noble intention : celle « d'intéresser un nouveau public à la Culture ». Mais n'est-ce pas, dans le même temps, une façon de balbutier que « ces gens » seraient incapables de s'intéresser à Hercule autrement qu'en lui trouvant un rapport quelconque avec Dark Vador, ou avec le bouillon pop-culturel dans lequel ils baignent tous les jours ? Et pourquoi, tout d'abord, faudrait-il absolument que celui qui est très content et repu avec Dark Vador s’intéresse à Hercule ? Ne peut-on pas lui foutre la paix ? A moins que ce soit parce qu'on pense qu'il serait temps qu'il passe à la culture supérieure ?

C'est un débat auquel on se retrouve régulièrement confronté lorsqu'on côtoie les amateurs de culture populaire. Ils sont ma foi fort sympathiques, mais trop souvent nous en sommes arrivés ensemble à un point de la discussion où ils exigent que toute distinction soit abolie entre leur sujet de prédilection (BD, superhéros, jeux vidéo et que sais-je encore) et la culture avec un grand Q. "Pourquoi ma passion pour Pacman vaudrait moins que ton intérêt pour la littérature d'Europe centrale ?" Il est à noter qu’à chaque fois, ce n’est pas moi qui mets la Culture avec un Q sur un piédestal mais bien eux qui, les premiers, mettent sur la table cette histoire d’inégalité et plaident pour un anoblissement de leur "culture" à un degré équivalent à la philosophie ou aux beaux-arts. Pour ma part, cela me va très bien de parler de Superman, du Seigneur des Anneaux, des Goonies et des Smarties tant qu’ils veulent, ou alors je suis content de m'entretenir avec eux de littérature ou de mythologie, mais je ne vois pas pourquoi ils tiennent à ce que ces sphères, qui n’entretiennent aucun rapport, qui ne sont pas de même nature, soient rangées sur la même étagère. Leur revendication me paraît toujours un peu gonflée autant qu'incompréhensible, d'autant qu'elle semble fondée sur leur seul sentiment de déplaisir plus que sur des arguments construits.


Pourtant, à voir leurs yeux mouillés lorsqu'ils arrivent à ce point de la discussion, force est d'admettre que leur requête est sincère : ils voudraient me faire convenir que Batman et Robin sont un aussi bon véhicule d'appréhension du monde et de l'humanité que l'oeuvre d'Epicure ou les Fables de la Fontaine. Et me voilà obligé d'y réfléchir sérieusement, ne serait-ce qu'une seconde, et de remettre les choses à plat, bien que cela revienne à justifier des évidences.

Qu’est-ce qui fait que la culture populaire n’est pas du même ordre que la Culture avec un grand Q ? La même chose qui fait que celui qui a pris son baluchon et vu du pays est plus éveillé au monde que celui qui est resté chez sa mère. La Culture est une conquête. Elle nous expose à du nouveau et à du différent. A de l'étrange, à de l'ancien. La Culture est chiffrée. Personne ne rentre en général à son aise dans la peinture classique. Personne ne devine instinctivement les subtilités de grands vins. Personne ne transperce immédiatement les concepts d’une thèse philosophique. La Culture, c'est de savoir aimer ce qui ne nous aime pas. Elle consiste, au départ, en un effort d’extraction de soi.

A l’inverse, la culture populaire est ce à quoi nous avons été soumis depuis toujours, à un âge où nous n’en avions même pas encore conscience. Elle nous est familière et nous n’avons rien fait de nous-même pour y arriver ou pour nous y mouvoir : c’est elle qui est venue à nous - elle n'a même pas eu à venir, à vrai dire. La culture populaire est ce qui nous a modelés. Ce qui ne veut pas dire qu’elle n’ait pas son intérêt ni sa richesse, mais elle fait partie de notre habitus. On y réside ou on y revient comme on vit parmi les choses familières et amies.