J’ai coupé la télévision depuis près d’un an et depuis bien plus longtemps encore je n’ai plus l’occasion de paresser au salon le dimanche à l’heure qui précède le déjeuner. Aussi, avais-je totalement oublié l’existence de ces jeux télévisés du midi, où l’on gagne bêtement de l’argent en pleurant de façon hystérique sous une pluie de confettis et sous l’œil ravi de Philippe Risoli ou de Jean-Luc Reichman.
En rallumant le poste l’autre jour, ces jeux ont reparu. J’aurais imaginé qu’ils s’étaient éteints dans les années 90, dépassés par l’évolution des choses, simplement plus au goût du jour et remplacés par des succédanés plus modernes… mais non : à ma grande stupéfaction tout était en place, en ordre, intact ; le jeu, le type de décor est le même, les gens, les candidats rigoureusement les mêmes, le même type de personnes avec les mêmes habits.
Qui sont ces gens ? Comment se trouve-t-il encore des volontaires pour participer à ce monde-là ? Et même en admettant qu’ils soient restés vissés au monde télévisuel tout ce temps : pourquoi en sont-ils restés à cette télévision-là ? Comment n’ont-ils pas évolué vers la nouvelle vulgarité que proposait la télévision ? Mystère. Nous avons la chance de vivre une ère où les grands médias meurent enfin, mais nous avons de l’autre côté ces gens, ptérodactyles d’un
Monde Perdu, qui continuent et persistent, tels les oiseaux migrateurs ou les gnous du Masai Mara, à faire le grand voyage. Ils perpétuent le rite de se déplacer pour participer ou assister à un jeu télé, comme si tout cela restait obligatoire.
Je me suis fait comme cela un frisson terrible, un jour, en découvrant la
fiche Wikipédia de Florian Gazan, spécimen le plus troublant de ptérodactyle audiovisuel. Au début on ne se doute pas de ce sur quoi on est tombé.