28 février 2019

Les TIQIFA : apporter quelque chose

La ruée vers l'or.(1925)

Cette semaine, je vous propose d’inaugurer une nouvelle rubrique conçue pour compléter celle des "Gens qu’on déteste". Cette rubrique traitera des Trucs incompréhensibles qu’il faut abolir – Les TIQIFA

Je ne sais pas quand cela a commencé, mais je suis sûr que nos parents n’ont pas connu le phénomène. Voici : désormais, lorsqu’on est invité à dîner chez des amis, il semble de bon ton d’apporter « quelque chose ». Non pas seulement des fleurs, comme un usage bien ancien le commande, mais quelque chose qui se mange ou se boit, quelque chose qui viendra compléter le repas, pourtant censé nous être offert. C’est un TIQIFA, et voyons pourquoi c’est nul.

24 février 2019

Précaution de langage

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Je n'ai jamais entendu de phrase qui, commencée par « Sans vouloir faire de la psychologie de comptoir… », ne poursuive pas immédiatement par une bonne grosse considération de psychologie de comptoir. La locution « sans vouloir » est là pour désamorcer d'avance le reproche légitime que ne doit pas manquer de faire un interlocuteur vigilant.

La locution « sans vouloir » a bien des déclinaisons (« sans vouloir te commander », « sans vouloir être désobligeant », « sans vouloir faire de raccourci »...) mais toujours la même et unique fonction : faire impunément ce qu’on dit ne pas vouloir faire, annuler l’iniquité de son raisonnement par cette mécanique tout de même assez curieuse : « puisque je pointe moi-même mon défaut, mon adversaire ne peut plus le reprocher, je peux ainsi être désobligeant ou con en toute conscience ».

La tournure permet ainsi d'utiliser dans le débat une remarque qu'on sait médiocre, en espérant s'en tirer honorablement. C’est un peu du même ordre que le mot laissé par les voisins du dessus dans l’ascenseur, pour prévenir qu’ils sont désolés mais qu'ils se préparent à faire une fête et un boucan de tous les diables qui vous feront passer à coup sûr une mauvaise nuit : « Sans vouloir vous empêcher de dormir, nous ferons tout ce qui est en notre pouvoir pour vous empêcher de dormir ».

Puisqu’on prévient qu’on est un emmerdeur ou une truffe, on peut l'être à coeur joie et sans plus aucun scrupule : que pourrait-on trouver à y redire, puisque c’était écrit à l’avance, puisqu'on a la politesse de l'avoir annoncé et de jouer cartes sur table ?

16 février 2019

Violence graduée

ACAB...adabra !

Un article de presse m'apprend que c'est la même personne qui, samedi dernier, a brûlé une Porsche, un véhicule Vigipirate, et défoncé plusieurs commerces lors des manifestations parisiennes. L'article est capable de retracer la journée du forcené minute par minute mais la police, elle, « n’a pas pu » l’interpeller. Pas même au LBD40, qui semble pourtant conçu pour cet usage et autorisé dans cette seule circonstance. Ballot.

Le débat que devrait susciter le LBD40 n’est pas tant sa dangerosité que sa fâcheuse tendance à blesser des personnes qui semblaient relativement voire totalement inoffensives au moment des faits. Les images montrent des femmes, des journalistes touchés par erreur, des personnes qui traversaient au mauvais moment, des insolents qu’on s’amuse à tirer…

L'article précise que l’incendiaire de samedi était un « black bloc ». Pour le non-initié : ce n'est pas une marque de fringues ni un groupe de pop variété, c'est le nom officiel qui désigne les bandes cagoulées qui cassent des gueules et des vitrines dans les manifestations. 

Journalistes, à votre fact-checking ! Il serait intéressant de savoir si l'on trouve un seul « black bloc » ou hooligan de dangerosité notoire parmi les gens qui ont perdu un œil ou une main depuis le début des manifestations. La logique voudrait que les éborgnés soient les éléments les plus agités et les plus dangereux, mais je n'ai vu à ce jour aucune image de barbare menaçant neutralisé en pleine action.

10 février 2019

CGB Dimanche du 10 février 2019


Le son du jour qui met l'erreur historique au rang des beaux-arts



Alors que les Gilets jaunes en sont à leur acte XIII et que rien ne permet de dire qu'ils s'arrêteront là, un petit clin d’œil à la chanson la plus célèbre de Gil Scott-Heron : La révolution ne sera pas télévisée. Chanson-poème considérée comme l'ancêtre du rap, parue en 1970 (cette version date de 71), reprise des dizaines de fois, et qui connut une postérité auprès de tout ce que le monde compte de révolutionnaires putatifs.

Le titre de la chanson est excellent, accrocheur, et résume assez bien le contenu même du texte complet. Mais hélas, il est historiquement faux...