27 septembre 2011

Restriction budgétaire


L'ex garde du corps de la tirelire de Bernadette Chirac, secrétaire d’État chargé des Français de l'étranger vient d'être nommé ministre des sports suite à la démission de Chantal Juanno.

Sénat babord qu'on gueule, qu'on gueule

Alors vous aussi vous le sentez cet incroyable vent de liberté qui souffle sur notre pays depuis que la gauche a réussi à s'emparer du sénat ?
Il faut bien l'avouer, cette victoire de la gauche aux élections sénatoriales n'était que simple formalité. Une formalité annoncée et analysée il y a déjà un an dans cet article d'Antoine Vieilliard, Président du Mouvement Démocrate de Haute Savoie. Une formalité certes mais une formalité historique qui voit la gauche prendre la majorité de cette assemblée pour la première fois depuis l'instauration de la Vème République. Une chambre où règne l'immobilisme, ennemie de l'assemblée nationale et qui s' identifie depuis toujours par un conservatisme au sens le plus négatif du terme. Constituée de barons et d’apparatchiks à la française, le sénat se caractérisée en plus par un taux d’absentéisme parmi les plus hauts des instances politiques de notre pays. Mais la place y est confortable, la soupe y est bonne et les émoluments y ont été relevé en catimini au début de l'été. Ça aide à mettre un temps de coté ses grands idéaux d'une démocratie pleine et entière.
Si nous étions mauvaise langue, nous pourrions ajouter que cette victoire assurée par des grands électeurs peu connus pour leur progressisme est une nouvelle preuve qu'aujourd'hui le conformisme s'incarne bien dans les tenants de cette gauche rose pale.

Il est loin le temps où la gauche plurielle, unie derrière Lionel Jospin avait pour projet de supprimer le Sénat. Où tout du moins d'en réformer le mode d'élection taxé par le leader socialiste d' »anomalie parmi les démocraties » (Le Monde, 21 avril 1998). Lionel Jospin voyait dans le Sénat une institution conservatrice et non représentative de la société actuelle. La réforme restera toutefois dans les cartons et une fois l'euphorie de la victoire de 1997 passée, on en entendra plus vraiment parler.
Et heureusement pour les compagnons de route du perdant de 2002, car on en retrouve une bonne partie aujourd'hui au chaud sur les bancs de la maison de retraite comme la nommait Noël Mamere.
Et si Dominique Voynet (ancienne ministre de l'écologie du gouvernement Jospin) met fin à un cumul de mandat en quittant d'elle-même le sénat pour se consacrer à sa bonne ville de Montreuil, Robert Hue, autre grande figure de la gauche plurielle, y coule une retraite dorée depuis 2004 aux cotés de Catherine Tasca (ex-ministre de la culture jospinienne), Marie-Christine Blandin (figure de l'union des gauches de l'époque qui lui permettra de prendre un temps la présidence de la region Nord/Pas-de-Calais) et des petits nouveaux Dominique Gillot (secrétaire d'Etat à la Santé entre 1999 et 2001), Marie-Noelle Lieneman (secrétaire d'état au logement de 2001 à 2002) et Alain Richard (ex-ministre de la défense de 1997 à 2002).
Du coup, pas sur que tous ces camarades bien lotis apportent leur soutien à Ségolène Royal dans sa course à l'investiture présidentielle, elle, qui prônait aussi la suppression du sénat, le qualifiant le 14 septembre 2005 d' »anachronisme démocratique insupportable ».

Dans un autre registre, nous ne pouvons que saluer la performance de Christian Bourquin, nouveau sénateur élu triomphalement au 1er tour. exclu du PS à cause de son soutien au conducator aujourd'hui défunt, le successeur de Georges Frêche à la tête de la région Languedoc-Roussillon ne se trouve pas touché par les accords de non cumul de mandats en vigueur au parti socialiste et se voit en situation de cumuler son mandat de sénateur, celui de président du conseil régional Languedoc-Roussillon et son mandat de 4ème vice-président du conseil général des Pyrénées-Orientales. Un cumul de mandats qu'il aurait justifié à l'agence CGBpresse par le besoin d'assurer l'avenir de ses enfants et le devoir de mettre sa famille à l'abri du besoin financier, à l'image d'un joueur de foot s'exilant au Qatar.

Mais revenons à nos gras moutons. L'hostilité que se voue la gauche et le sénat ne datent pas d'hier. La gauche accusant le sénat d'être anti-démocratique puisque non élu directement par le peuple et d'avoir systématiquement fait obstacle aux grandes réformes voulues par les différents gouvernements de gauche notamment par son droit de véto et celui de retoquer les propositions de loi, il est cocasse de voir cette même gauche se féliciter d'avoir réussi à prendre le commandement de cette institution, de cette anomalie comme disait Jospin. Bien sur, conscients de cette ambiguité, les nouveaux sénateurs nous assurent que seule cette position dominante leur permettra d'avoir les coudées franches pour pouvoir le réformer. Une profession de foi qui n'est pas sans rappeler la bonne vieille technique de l'entrisme trotskiste qui était censé permettre d' infiltrer les agents révolutionnaires au cœur du système et qui a surtout donné de nouveaux zélés serviteurs du dit système.

Toutefois il est clair qu'en prenant le sénat, la gauche a les moyens, à 8 mois des élections présidentielles, de gêner considérablement la fin de règne du quinquennat sarkosyste, ce que n'a pas manqué de rappeler Jean-Luc Mélenchon, lui-même ancien sénateur socialiste (qualité que le délicieux Alain Soral considère assez peu éloigné d'enculé mondain)qui affirme que « le sénat reste la plus baroque des élections ». Bien placé pour le savoir pour y avoir chauffé les bancs pendant 17 ans, La Méluche souligne sur son blog qu'« En passant à gauche, le nouveau Sénat pourrait (...) bloquer la politique de Nicolas Sarkozy jusqu'à la présidentielle. C'est en quelque sorte une nouvelle forme de cohabitation jusqu'à la fin du quinquennat".
"Cela obligera le gouvernement de droite à connaitre ce qu'ont connu les gouvernements de gauche. C'est-à-dire le recours au 'dernier mot' de l'Assemblée et donc à deux lectures au Sénat et trois à l'Assemblée pour chaque texte. (...) Compte-tenu du calendrier parlementaire, en fait quasiment toute réforme de droite d'ici mai 2012 peut être bloquée"
et ainsi, potentiellement, adieu la fumeuse règle d'or...

En remportant le Sénat et dans cette situation de cohabitation qui ne dit pas son nom, la gauche se trouve face à un curieux dilemme :
-Soit utiliser la stratégie du pourrissement, user du pouvoir de bloquer les actions du gouvernement Sarko et donc de se muer en cette force antidémocratique, susceptible de dédire l'assemblée nationale élue par le peuple, qu'elle dénonçait jusqu'à présent avec vigueur.
-Soit laisser passer cette chance, arguant par exemple de l'exceptionnelle situation de crise et du besoin de parler d'une même voix notamment à l'international (remake du duo Chirac/Jospin).
Dans le cas second, si le PS se verrait alors tresser des lauriers et décerner des brevets de responsabilité dans les éditos sexys d'Alain Duhamel, il laisserait un boulevard à Mélenchon comme au FN qui pourront marteler avec bonheur la formule de ce grand tout UMPS connivent qui gouverne main dans la main depuis 30 ans.

Quoiqu'il en soit si la gauche parvient à s'imposer en 2012 et considérant que les élections législatives de juin ne sont plus avec le nouveau calendrier que pur exercice de style, elle tiendrait en ses mains la totalité des pouvoirs après ses scores aux élections municipales, cantonales, régionales européennes et aujourd'hui sénatoriales. Pour la première fois celle-ci se trouverait dans une incroyable position de force. Et donc sans aucune excuse pour ne pas déverser sur nous le programme du grand bonheur socialiste que l'on nous promet depuis si longtemps.
Ça vaudrait presque le coup d'essayer pour voir ce qu'ils ont réellement dans le ventre.

25 septembre 2011

Abdallah, roi des femmes


Les Romains, qui n’étaient quand même pas des cons, appelaient en leur temps l’Arabie « heureuse ». En effet, à l’époque déjà, on se marrait bien du côté de l’empire des sables.
Aujourd’hui, c’est le riant roi Abdallah qui nous en fait une bien bonne : il vient d’octroyer le droit de vote aux femmes ! Mieux : elles auront aussi le droit de se présenter ! Youpi ! Là où la chose est cocasse, c’est que les voteuses devront en revanche patienter encore pour pouvoir passer le permis de conduire

Tu votes, d’accord, mais touche pas ce levier de vitesse, salope !

19 septembre 2011

Précurseur ou pas


Parce qu’il est né à Marseille, parce que c’était en 1927, parce qu’avant tout il avait l’étrange passion de plonger sous l’eau, Albert Falco est devenu au fil de ses rencontres ni plus ni moins un pionnier de l’océanographie et l’un des inventeurs du monde sous-marin tel qu’on le connait. Une sorte de Christophe Colomb des profondeurs, en somme.

Etre pionnier d’une aventure historique, cela demande parfois simplement d’être au bon endroit au bon moment : né 50 ans plus tôt ou plus tard, Falco aurait été simple pêcheur de poulpes, ou bien maître-nageur… Né à Lons-le-Saulnier, sa passion et ses économies auraient peut-être été englouties dans l’équipement d’une Renault 5 Sport… Bon endroit, bon moment, et surtout détenir cette petite folie, cette petite bêtise qui pousse à trouver son épanouissement dans une activité aussi « futile » que la plongée, à une époque où cela ne constituait ni un loisir ni un débouché professionnel, où le reste du monde avait autre chose à faire…

Ce n’est pas moi, c’est certain, qui pourrais être pionnier de quoi que ce soit, avec ma manie de déplorer tout ce qui est nouveau. Ce n’est pas moi qui ferais émerger quelque discipline nouvelle pour lui donner ses lettres de noblesse. Les gens comme moi, à l’époque, seraient restés sur la digue, à observer Falco enfiler son masque et ses bouteilles en se gaussant de la vacuité de son destin, se demandant à quoi cela rimait… Ils seraient passés complètement à côté comme ils passent à côté des audaces contemporaines.

Pour les gens comme nous, toute nouveauté, toute lubie, tout caprice moderne se présente d’abord sous les habits du ridicule et de l’absurde. Nous finissons parfois par les adopter, plus tard, bien plus tard, lorsqu’ils sont répandus et qu’il n’est plus temps de briller dans ce domaine par sa précocité ; nous les adoptons plus tard, trop tard, lorsque la conformité l’exige, et en clopinant encore !


La Découverte de Lons-le-Saulnier (39)


C’est ainsi. Nous ne sommes découvreur ni précurseur en rien. Nous laissons filer devant nous les modes, les technologies, les nouveaux usages, les nouvelles formes, en un mot le neuf ; kite-surf, interfaces numériques, TV on Demand, théories scientifiques ou sociales… Nous sommes ce qu’il convient d’appeler un « vieux con » (et c’est malheureux quand on connaît notre âge !). C’est ainsi et nous n’avons ni tort ni raison : comme il y a des myopes et des presbytes, nous voyons trop loin ou trop près. Le neuf de la nouveauté nous semble toujours plus artificiel que celui de l’éternité. Nous cherchons la sève dans les racines et les vieilles branches et piétinons les jeunes pousses et les petites fleurs. L’attrait, nous le trouvons dans le vieux riff de blues qui revient éternellement raconter la même histoire, plus que dans les derniers rythmes et trouvailles électroniques.

C’est ainsi et ce n’est pas grave. Les gens comme moi n’ont ni tort ni raison. Il va simplement pas falloir les attendre pour inventer la roue : on va être un peu en retard...

18 septembre 2011

Révélation 2011

Le cinéma l'attendait depuis la mort de Bela Lugosi, dans la catégorie gueule de méchant, j'appelle... Ziad Takieddine :



Quand il essaye de sourire, ça fait encore plus peur.

12 septembre 2011

I love America

Boeing in the windows on the world of my office

Une indélicatesse Beigbederienne de Paracelse


La loi de la pesanteur est aspirante. Je ne suis qu’une masse de fer que le sol aimanté veut attirer à lui.
Nous sommes le onze septembre de l’an disgracieux deux mille un. Mon orgueilleuse Rolex affiche 8 h 43. Je m’appelle William Omahaïgod et j’ai quarante-trois ans. Je suis analyste financier chez Raklur & Porcs, la célèbre agence de notation. Mon rôle est de fournir les données économiques à d’intelligents supérieurs hiérarchiques afin qu’ils déterminent la note à infliger aux économies nationales des pays du monde entier. C’est très con et ça s’attrape comme la vérole.
Je suis bien payé à vous en nouer l’estomac, mais en échange, je donne ma vie à ma boite qui m’envoie par delà le rêve américain rencontrer des ministres et des économistes, par souci de comparaison et de vérification des données brutes. Je vis comme un pacha et je mange grassement vos gastronomies. Sacrée vie que tu mènes, vous allez me dire, sauf qu’il y a un hic au tableau. Ça fait tout juste un mois que ma femme s’est cassée avec les gosses et le 4X4. Elle en avait marre d’avoir un fantôme pour maris. Puis, elle n’a peut-être pas apprécié qu’une jeunette de vingt ans vit rockfellereusement sur mes deniers, parce qu’elle décalotte mieux que ma tendre moitié (ainsi que le petit plus du doigt dans le cul pendant l’orgasme. Précision importante qui sera l’objet de l’intrigue principale d’une autre nouvelle).
Mais je m’en fous de cette connasse et encore plus de mes gosses, de sales morveux qui se moquent de leur père au-delà de la raison et qui poussaient le vice jusqu'à me recevoir, lorsque mon boulot voulait bien me laisser rentrer chez moi, d’un « Tiens, v’là l’autre ». Non, rien à prouter d’eux. Si je suis inconsolable, c’est pour mon 4X4. Vous allez me dire qu’avec le pognon que je brasse, je pourrais m’en racheter à la pelle. Bandes de gagne-petits ! Infrahumains ! Smicards de merde ! Légumes comateux sous perfusion d’allocations sociales ! Mon 4X4, c’est ma vie. Mon premier signe de richesse que j’exhibais comme un trophée. C’est comme un gri-gri africain, un fétiche apache. Mon beau 4X4, roi des forêts, que j’aime ta peinture. J’en ai salivé des mois avant de me l’offrir. Vous ne pouvez pas comprendre. C’est lui et personne d’autre. Et cette garce qui ne veut pas me le rendre. Toutes des salopes, sauf mon 4X4.
Ainsi, sous le poids d’une douleur féroce, j’ai décidé d’en finir en me jetant par la fenêtre de mon bureau. Ah oui, j’oubliais… j’officie à la tour numéro un du World Trade Center. Presque tout en haut de ce Babel moderne. Et vu la hauteur, j’aurais le temps de la voir venir ma mort. Je m’allumerai même une clope en chemin. Et au bout, splash… salut le bitume, je suis l’homme-pizza. Avec ou sans anchois ?
Allez, il est l’heure.
- William ! Qu’est-ce que tu fous, bordel ?
Je reconnais la voix de Christopher, mon meilleur ami et collègue. Sans me retourner et les yeux toujours hypnotisés vers le monde d’en bas, je lui dis :
- Laisse-moi, Christopher. Je n’en peux plus. C’est mieux comme ça.
- Fais pas le con, bon dieu. T’en auras d’autres des 4X4.
- Tu ne peux pas comprendre. C’est une part de moi-même qu’on m'arrache.
- Si, je peux le comprendre. Te souviens-tu quand ma femme et ma fille de onze ans se sont faites violer et trancher la gorge par des nègres du Bronx ?
- Oui.
- Et ben ces enculés en ont profité pour me piquer ma Diablo GTR.
- Les ordures !
- Cinq ans d’analyse chez Goldberg. Depuis, je ne roule qu’en Ferrari pour ne pas raviver la plaie.
- Je te remercie, Christopher, mais ça ne me ramènera pas mon 4X4.
- Pourtant, tu sais où il est contrairement à ma Diablo.
- Comment ça ?
- Je peux te trouver des mecs qui te le ramèneront ton petit bijou, si tu y mets le prix.
Je sens bruler l’étincelle de l’espoir dans mon cœur.
- Tu penses vraiment que c’est faisable ?
- Mais bien sûr ! Ce n’est pas à toi que je vais apprendre que tout s’achète. Allez arrête tes conneries et viens, on a un coup de fil à passer.
Je descends du rebord intérieur de la fenêtre et m’empresse d’enlacer ma vieille branche, que dis-je, Jésus-Christ le sauveur en personne. À un mètre de mon élan, je vois la tête de Christopher se décomposer et tirer vers une pâleur cadavérique. Puis, un bruit sourd et vibrant se met à beugler comme ma belle-mère le jour de la demande en mariage de ma catin de femme. Je me retourne subrepticement pour apercevoir un Boeing furieux en ligne de mire de mon bureau. Dans quelques secondes, tout espoir de revoir sain et sauf mon 4X4 d’amour sera dévasté. Pris d’une rage incontrôlable, je gueule :
- ENCULE DE BEN LADEN !

10 septembre 2011

Fucking duo

Ils sont là côte à côte. Parfois de part et d'autre d'un piano. Ils « interprètent » une grande chanson. Ils s’échangent des regards ou se donnent la main. Ils se passent le micro à mesure qu’ils effeuillent les couplets…



« Tou tou tou est fini entre nou nou... »


Il est toujours extraordinairement vulgaire, ce duo de chanteurs que la télévision fait monter sur scène : oeillades, regards en douce, main sur l’épaule, sourires appuyés… Très content de ce qu'il est en train de donner. Parfois il y a surenchère : si l’un secoue sa chevelure de façon sauvage sur la fin d’une rime, l’autre quand c’est son tour, se sent obligé de répondre par une grimace un peu rock… Ou bien c'est la chanteuse, qui d'un plissement de nez, encourgae son musicien, tout juste si elle ne lui donne pas une tape sur la fesse... Et puis surtout, il y a cette façon insistante de scruter le visage de l’autre comme pour savoir à quel moment il va jouir, ou pour l’y encourager…


En fin de compte, c’est toujours cette complicité surjouée qui prend le pas sur le reste : le duo semble plus occupé à mettre en scène sa bonne entente qu’à donner de l’âme à la chanson. Il semble tenir avant tout à ce que l’on voit combien ils sont au diapason, combien ils sont dedans, combien c’est un grand moment qui est en train de se passer… Ils n’ont pas l’air de se douter que cette jouissance mutuelle est gênante pour celui qui regarde, qu’on n’a pas plus envie d’y assister qu’à l’ébat de ses propres parents le dimanche matin sous la couette.


Quelle que soit la chanson, qui que soient les chanteurs, le duo est immanquablement vulgaire. Ce n’est pas complètement sa faute. C’est peut-être le principe même du duo qui veut ça. Parce qu’après tout, une fois qu’on est deux sur la scène, on ne va pas non plus s’ignorer, on est bien obligé de se voir, de se chercher, et si l’on se regarde on est bien obligé de se sourire… Peut-être ne faudrait-il pas les filmer avec tous ces gros plans. Peut-être faudrait-il simplement ne jamais faire chanter deux personnes ensemble. Peut-être ce raté systématique tient à ce qu’une véritable chanson ne peut venir que d’un seul cœur, et que c'est par un seul cœur qu’elle doit en conséquence être interprétée pour toucher.

9 septembre 2011

Et le Prix Goncourt 2011 est attribué à :


Sans surprise, Emmanuel Carrère pour sa biographie d’Édouard Limonov. Pour tout un tas de raisons n'ayant rien à voir avec la qualité ou médiocrité du livre.
Avec une vie comme celle de Limonov, difficile de faire un livre ennuyeux et on vous rassure, Emmanuel Carrère ne réussi pas ce tour de force. On peut toutefois lui reprocher, alors qu'il est censé dresser un portrait en creux des bouleversements connus par la société russe au cours des 40 dernières années, à travers la bio d'un homme fou, romanesque et contradictoire comme on aime à imaginer les russes, de réussir à finalement beaucoup parler de lui-même. Ainsi que l'impression d'assister à un adoubement bobo d'Eduard Veniaminovich Savenko dit Édouard Limonov et de ses éclats fascisants en souvenir du grand frisson qu'ont pu connaitre  à son contact, les rejetons de la grande bourgeoisie lettrée parisienne dans les années 80.
Toutefois ce travers ne suffit pas à gommer les indéniables qualités de l'écrivain, de son sujet et de son livre que ne manqueront pas de  lui trouver les têtes pensantes de l'industrie du livre. Savant mélange qui laisse augurer de grands espoirs de récompenses. Des qualités qui se résument avant tout à :

La personnalité de l'écrivain :
-Emmanuel Carrère est un ancien journaliste de Télérama
-Il est marié à une journaliste
-Il est le frère d'une journaliste de télé
-Il est le fils bien né d'Hélène Carrère d'Encausse, soviétologue reconnue, Grand Officier de la Légion d'Honneur (entre autres distinctions), Secrétaire perpétuel de l'Académie Française, voisine et fréquentant les mêmes cercles que ceux des jurés des différents prix.
-Il est multicartes, écrivain, scénariste, réalisateur, Bar Mitsva, communion, anniversaire
-Il a déjà eu différents hochets dont le Femina
-Il passe superbement bien à la tv
-Il a déjà un cheptel de lectrices conséquent, lectrice qui sont les plus grandes consommatrices de produits culturels

Le sujet du livre
-Limonov a tout d'un aventurier, ce qui ne manquera pas d'impressionner un jury pour lequel l'extraction de Saint-Germain ou la prise du métro est déjà toute une aventure
-Limonov est aussi un mondain
-Il a été la coqueluche des soirées de l’intelligentsia parisienne dans les années 80-90, cette même intelligentsia qui distribue les hochets
-Il possède des amitiés qui vont de l'extrême-gauche à l'extrême-droite (de l'Humanité en passant par les anciens amis d'Edern-Hallier jusqu'à Patrick Gofman et Radio-Courtoisie)
-C'est un fervent adversaire de Vladimir Poutine, qui lui vaut pas mal de passages en prison et lui assure la distinction de dissident
-De Paris, il parait inoffensif, cabochard et romantique et sa condition de chef de file Naz-bol ne fait qu'ajouter à son nez rouge et à son costume de personnage de roman qui permet d'alimenter les conversations pendant les cocktails
-N'oublions pas l'incroyable fascination que continue d'exercer la Russie sur les membres de la république des lettres françaises.

Tous les ingrédients d'un succès annoncé, un livre écrit par un membre du sérail, journalistique, culturel et littéraire, une maison d'édition reconnue, un livre dont on parlait dès avant sa sortie, l'assurance d'une couverture média maximale et élogieuse, passages TV (quoique je sais pas si il reste des émissions littéraires à la TV), passages radio, une chronique, un portrait, une interview dans chaque magazine littéraire et dans les pages culture de tous les newsmags et cela quelle que soit l'orientation politique du support. Un joli rouleau-compresseur déguisé en biographie d'un personnage présenté comme sulfureux. Une rentrée littéraire dépourvue de poids-lourds et Joseph MAce-Scaron a été retenu à la photocopieuse. Ce serait un comble si le Limonov d'Emmanuel Carrère n'accrochait pas la liste des éligibles au Goncourt, du Renaudot ou du Femina. L'Interallié serait considéré comme une maigre récompense et le Goncourt des Lycéens, prix plus moraliste que romanesque, semble assuré à Morgan-Sportès dont le livre sur Fofana et sa bande de  barbares parait taillé spécifiquement pour ce prix.
Sur ce coup, l'endogamique monde des lettres français ne devrait pas trop nous décevoir. Qu'on nous épargne le simulacre du vote et qu'on lui refile son chèque de 10 euros.

PS : pour ceux qui s'intéresseraient aux écrits de Limonov, je précise qu'une bonne partie de sa production en Français comme en Russe est téléchargeable sur sa page wiki.

6 septembre 2011

Afro-inconstant

Hotep mes soeurs, Hotep mes frères, Hotep le chien.

Le CGB ne pouvait laisser E&R seule saluer le retour de l'immense Kemi Seba sur la scène politique cosmoplanétaire. Grand hypnotiseur de foules devant l'éternel, soleil de l'éveil des consciences, Kemi, le David Bowie de la résistance africaine, n'a de cesse de se réinventer à chaque nouveau show.
Nous l'avons connu membre de nation of Islam, nous l'avons connu kémite, nous l'avons connu black panther, rappeur de banlieue puis à nouveau musulman.  Aujourd'hui, nous saluons l'arrivée de Kémi prédicateur et polémiste panafricain en simili tenue traditionnelle.
Nul doute que le succès sera une fois de plus au rendez-vous.


Photomontage : Kroulikiki

Le morceau du jour qui te fera aimer le viol de jambes



Pour ceux qui aiment, ça vient de ce disque (à écouter sur une bonne chaine et pas sur DM) :

2 septembre 2011

Nouveau dérapage de Claude Guéant : un de trop ?


La scène se passe alors que le Ministre de l’Intérieur Claude Guéant est filmé à son insu. En visite jeudi matin, jour de marché, dans une commune francilienne connue pour son insécurité et son fort taux d’immigration, Guéant est en train de serrer quelques mains et d’échanger des propos avec les commerçants… lorsqu’un passant l’interpelle. Le Ministre se détourne alors pour faire un pas vers la personne et glisse brusquement sur le pavé. C’est de justesse qu’il parvient à retrouver l’équilibre et évite la chute.
Dérapage contrôlé... un peu tard ?
L’équipe qui l’entoure tisse rapidement un cordon de sécurité autour de lui, et identifie immédiatement le fruit qui a provoqué l’incident comme étant une banane entamée, que les services de propreté municipaux n’avaient pas encore ramassé étant donné que le marché devait encore se tenir jusqu’à 11h30.
Quelques minutes plus tard, Claude Guéant revient sur l’incident. « Je l’avoue, j’ai dérapé » déclare-t-il confus. « Dans la convivialité de l’instant, j’ai relâché ma vigilance, ce qui ne devrait jamais arriver lorsqu’on est comme cela en terrain glissant ». Le Ministre a tout de même tenu à ne pas sous-estimer la portée de son geste, précisant : « S’il est important de remettre ces images dans leur contexte, cela n’excuse rien : il est clair que je n’aurais pas dû marcher sur cette banane. Mon geste a dépassé mon intention et je présente mes excuses à ceux que mon écart aurait pu blesser ».
Un « non-événement » selon le porte-parole de l'UMP
Le net s’est rapidement emparé de l’événement, Rue89 évoquant « un Claude Guéant en roue libre pendant plusieurs fractions de secondes ». Début de polémique auquel le Ministre de l’Intérieur n’a pas voulu donner suite de retour à son ministère quelques heures plus tard. Il aurait simplement confié, à propos de cette sordide affaire, à l’un de ses collaborateurs qui demandait la couleur du commerçant à qui appartenait la banane : « Noir ou bougnoule, ces incidents n’arriveraient pas si les bananias savaient bosser proprement et tenir clean leurs putain de stands ».
En fin de soirée, tandis que la situation semblait être rentrée dans l’ordre sur la place du marché, une source du Ministère de l’Intérieur a affirmé que M. Guéant allait tout de même procéder à une mise en examen de sa cheville pour un simple contrôle de routine.
Plus de peur que de mal, donc.

Pur et impur



Il est de plus en plus courant de rencontrer de ces gens qui consacrent une attention particulière à ce qu’ils ingurgitent, qui entretiennent une ou plusieurs lubies alimentaires et font des manières sur le menu : ils nous préviennent qu’ils ne mangent pas de ceci ou de cela, emmerdent le vendeur pour connaître la composition exacte du sandwich, s’il contient de la sauce et ce que cette sauce contient… Adeptes du bio, du frais, de la santé, amoureux d’un régime précis, fanatiques de l’hygiène, obnubilés par la traçabilité de l’assiette, déchiffreurs d’étiquettes sur les paquets alimentaires...


Ce n’est pas seulement mon constat, c’est aussi celui de médecins qui commencent à être confrontés à des cas « d’orthorexie » : c’est le nom qu’ils ont trouvé pour désigner ce nouveau rapport pathologique à la nourriture fait d’un contrôle trop strict, d’une discipline anormalement raisonnée et souvent pas raisonnable du tout. Nouveau, non pas en tant que tel : la maladie était jusque-là bien connue chez certains individus à la marge, adolescents, fragilisés… Nouveau du fait qu’elle touche désormais des catégories plus éduquées, plus intégrées économiquement et socialement. Le végétalien, l’obsédé du bio, n’est plus nécessairement un chevelu militant écolo à bonnet, mais peut à l’occasion être avocat, la quarantaine, jouant au tennis le dimanche, ou encore une mère de famille aisée et épanouie qui vit formidablement depuis qu’elle s’est installée à la campagne.


Ce qui explique facilement cette mutation, cette contagion, c’est l’installation durable d’un climat favorable. A la faveur d’un renversement, d’une inversion des valeurs, ce qui hier était perçu comme maladif - cet attachement excessif à la pureté alimentaire comme pureté de soi, est devenu socialement accepté dans le nouveau monde bobo-bio, vivant au rythme des campagnes de paranoïa publique de la vache folle, du concombre tueur, du fumer tue, du manger-bouger.fr et autres cinq fruits et légumes par jour.


Dans ce monde-là, les manies alimentaires sont normalisées, le pinaillage bienvenu, l’obsession encouragée d’apercevoir le monde sous l’angle propre/sale, pur/impur, sain/malsain... « Je mange pur donc je suis pur ». A quoi on pourrait ajouter « je pense pur », « je parle pur », car ce régime scrupuleux va au-delà de l’assiette et s’applique aux nourritures spirituelles, à la pensée, aux opinions, que l’on rejette en bloc quand elles sont « nauséabondes », voire même aux gens qui peuvent être déclarés « infréquentables » et doivent alors disparaître sur le champ de l’espace public, du plan de travail de la cuisine...


Une religion en chasse une autre. Car il est amusant d’observer que ce rapport à la souillure, au propre et au sale, cette autodiscipline alimentaire et hygiénique qui a rattrapé la société civile et laïque, était jusque-là l’apanage du religieux. A l’origine de bien des livres sacrés, il y a, peut-être plus encore que la soif de divin, ce besoin de règles de salubrité à l’usage de populations du désert, de code civil hygiénique, social, alimentaire... Ce qu’il faut faire et ne pas faire, manger et ne pas manger, toucher et ne pas toucher. Et c’était d’ailleurs le progrès du christianisme de rompre avec cette vision « magique » du pur et de l’impur.


La spécificité de Jésus, son « petit + » par rapport aux autres prophètes qui secouaient les principes du judaïsme orthodoxe à son époque, c’est justement l’idée qu’il n’y a rien de pur ou d’impur en soi, que la pureté ou la saleté ne résident pas dans une chose ou une personne, qu’elles ne sont pas dans ce que l’on dit ou ce que l’on mange, mais dans le cœur et les intentions de celui qui les manipule. En vertu de quoi, une pute ou un lépreux pouvaient à ses yeux toujours gagner leur rédemption et s’avérer plus « purs » que l’hygiéniste pharisien, le cul-béni, ou celui qui a mangé bio-casher tout comme il faut…


En cela le christianisme ressemble à une religion plus mature, du moins plus moderne que d’autres : parce qu’il contient en lui-même son propre dépassement, en promettant le ciel non pas à celui qui applique ses mille-et-une règles à la lettre, mais à celui qui en a pénétré l’esprit et en fait un usage libre. En cela notre modernité a de plus en plus les attributs d’une religion archaïque : parce que le salut et la liberté qu’elle propose ne s’atteignent qu’au prix d’un régime strict, conçu pour estomacs fragiles, balisant de ses règles scrupuleuses l’étroit chemin à travers le jardin d’épines, d’immondices, de choses impures et interdites.