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Ca y est, j'ai l'info ! |
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Entendu ce matin, à la radio : un journaliste italien vient d'être libéré par ses ravisseurs en Syrie. Comme le speaker avait oublié de préciser l'identité de ses ravisseurs (ça ne peut être qu'un oubli), je plonge dans mon moteur de recherche, armé du nom du journaliste Domenico Quirico, pour en savoir un peu plus. J'ouvre une dizaine d'articles un peu au hasard, sélectionnés dans la crème du journalisme à la française.
Je commence avec
La Croix : l'article est chaud du matin, aucune info sur les ravisseurs.
Allons sur le site de
LCI-TF1 : toujours pas d'infos.
Un petit tour sur
BFMTV : toujours pas d'infos.
J'ai tout de même appris que les conditions de détention avaient été éprouvantes. Il est aussi précisé qu'un autre italien allié des rebelles était toujours retenu captif. Ayant bien écouté mon président nous expliquer qu'on allait punir les méchants en Syrie, je commence à en déduire l'implication du grand moustachu tout sec (le mec en costard étriqué à la télé) Bachar al-Assad.
RIen de nouveau sur
L'Express.
L'envoyé spécial du quotidien italien La Stampa, Domenico Quirico, a été libéré en Syrie. Il avait disparu en avril dans la région entre Homs et Damas.
Ouest-France précise qu'on ne connait pas l'identité des ravisseurs. Étonnant après 5 mois de détention. IL n'y a pas eu de tractations pour faire liberer Quirico ?
Le Point, le journal qui a le mérite de recueillir chaque semaine le bloc-notes du général en chef des armées françaises n'en sait pas plus.
A ce stade de la plongée, je commence à en avoir un peu marre de lire et relire des copier-coller ou des paraphrases de la dépêche source de l'AFP. Serait-ce des "jeunes" ?
Que nous dit
France 24, la voix de la France ? Rien.
Toujours la même rengaine sur le
Figaro.
Chute à l'arrière ! L'info est là sur le site de
France TV (comme quoi...). C'est même dans le chapeau de l'article.
L'envoyé spécial de "La Stampa" sera entendu lundi matin par la justice à Rome. Selon le quotidien italien, il a été enlevé par des rebelles.
L'info ne sera toutefois pas développée, ce n'est pas très important. A moins que ça ne coule de source ? Pourtant à lire les confrères ce n'était pas si évident.
Le dernier article sera le site
20minutes. J'ose pas trop l'ouvrir, c'est un journal gratuit et je me souviens bien des polémiques à l'époque de la création de ce genre de journaux, ça devait être la mort du journalisme, un concentré de recopiage de dépêches AFP, le symbole de la presse aux ordres financées par les puissances d'argent. Pour les recopiages serviles de dépêches AFP, je venais déjà d'être bien servi. J'y vais quand même.
Premier véritable article sur le sujet, certes c'est une des sources les plus récentes. IL y a même une un extrait d'interview d'une personne arrétée puis séquestrée en compagnie du journaliste italien : Deux jours plus tard, nous étions à Qousseir (centre) et c'est là que l'Armée syrienne libre (ASL) nous a arrêtés puis livrés à la brigade Abou Ammar, du nom de son chef. Ces gens sont des demi-dingues, plus brigands qu'islamistes, plus ou moins inféodés au mouvement Al-Farouk, l'un des principaux groupes de rebelles même s'il a un peu éclaté ces derniers temps.
Pas de doutes, il est grand temps qu'on aille soutenir ces gens-là face au pouvoir syrien.
Serait-ce la crainte de ce type de conclusion qui préside au manque d'informations relative à l'identité réelle des preneurs d'otages dans l'ensemble de la presse française ? La presse française étant libre, nous nous contenterons d'incriminer la précarité des pauvres stagiaires chargés de remplir les colonnes des sites en ligne.
Il y a presque un an, nous insistions sur l'importance toute relative de
la pluralité de l'information incarnée par les journaux et sites d'informations français. Une dizaine d'articles nécessaires pour dégoter enfin l'info toute simple de qui sont les preneurs d'otages dans une affaire longue de cinq mois ne risque pas de redorer le blason d'une presse de plus en plus considérée comme aux ordres.
Addendum :
Mon camarade Le(s)tat me signale cette sympathique affaire de
braquage d'un Quick dans les Yvelines. De jeunes gens conscientisés par les sites d'information français à la cause de la rebellion syrienne en sont rendus à fleurter avec l'illicite pour financer leur voyage humanitaire en Syrie. Nous sommes choqués en même temps qu'attendris devant cette soif de juste cause.
L'importance accordée à celle-ci faisait l'unanimité dans les journaux français, certainement la plus belle unanimité avec l'Europe et la lutte contre la mucoviscidose, Le CGB propose à nos décideurs d'organiser un franc cousin du Telethon dont les dons serviraient à équiper et payer l'entrainement de ces jeunes gens et de tous leurs coreligionnaires tentés par cet erasmus nouveau. N'attendez pas qu'on soit obligé à l'organiser nous-mêmes, on risquerait de se barrer avec la caisse.
Addendum II :
Le citoyen belge libéré en même temps que le journaliste italien vient de donner une interview pour expliquer que l'utilisation de gaz de combat était le fait des rebelles et non du régime syrien. On a pas fini de rigoler.