Louis XVI : - C'est une révolte ?
Yassine Bellattar : - Non Sire, c'est du populisme !
L'autre jour, en pleine crise des gilets jaunes, le goître de Yassine Bellattar s'exprimait sur je-ne-sais-quel plateau télé. Alors qu'un journaliste feignait de s’étonner que la banlieue, elle pourtant si défavorisée, ne rejoigne pas le mouvement contre la précarité sociale des Gilets jaunes, Yassine s'efforçait d'en trouver les raisons. C’était que le racisme de la foule empêchait tout rapprochement. C’était que “nous ça fait 30 ans” - le “nous” désignant la France issue de l’immigration : 30 ans qu’on travaille, subit, endure, sans jamais se plaindre ni réclamer son reste... (autrement dit : "ces petites misères dont
vous vous plaignez,
nous on fait avec depuis toujours, chochottes !"). Si les quartiers populaires n'étaient pas de la partie, comment cela pouvait-il être une
révolution populaire ? Et le joufflu de conclure : “
ce n’est pas une révolution populaire, c’est une révolution populiste !”
Le signe qui convainc définitivement que le mouvement des Gilets jaunes est significatif, c’est le déni qu’il inspire aux apôtres habituels de la subversion : agitateurs subventionnés, désireux de neuf, polémistes salariés, fanas de l'impertinence... Eux qui le reste du temps acceptent l’emploi du mot “
révolution” pour le nouvel écran Samsung, l’aspirateur Dyson, la tendance au coworking ou les graffitis de Banksy, les voilà interdits face au grondement des foules et à l’orage de grenades qui tonne sous leurs fenêtres. “
Ce n’est pas une révolution populaire, c’est une révolution populiste !”. “
Les Gilets jaunes gâchent la fête du cinquantenaire de mai 68”, auraient pu titrer un Serge July, un Laurent Joffrin ou un Romain Goupil. Sophia Aram, humoriste irrévérencieuse d’Etat matricule 8071, rit jaune du haut de sa chronique radio, face au “
vulgaire bout de tissu acrylique et fluo” et son terrible cortège “
d'exactions, de violences, de haines, de propos antisémites, racistes, homophobes, et sexistes”.
Pas glop la Révolution des gilets jaunes ! Il est vrai qu'elle n’a rien d’orange comme celles dans lesquelles on peut parader en chemise blanche et que l’on regarde fleurir et dégénérer en guerre civile avec bienveillance, dans les autres pays. C’est une révolte sans logo, sans hashtag, sans collectif de youtubeurs. C’est un petit val qui mousse de rayons ! Côté images symboliques, on est servi. Face aux blindés floqués “Union Européenne” : des citoyens à genoux, mains sur la tête. Face à la République en marche resserrée : des drapeaux français, des hommages à la flamme du soldat, des minutes de silence... Face aux communicants journalistes et politiques et leurs éléments de langage : l’éloquent ras-le-bol d’hommes et de femmes exaspérés ; ils n’ont pas fait Science Po, ne passent pas par la case syndicats, ne feront pas de bons présidents de l’UNEF et ne toucheront pas 20 000 Frs. Définitivement pas “bankable”, les gars.
Devant ce spectacle, l’homme avec un minimum de sens historique est bien obligé, qu’il soit pour ou contre le mouvement, qu’il pâtisse des blocages coincé au rond-point ou qu’il flambe dans sa Porsche Cayenne avenue de Friedland – de ressentir le caractère exceptionnel du bouzin. Pour la première fois de l’ère post-moderne, le peuple dit merde à l’oligarchie. Le Bidochon pousse sa gueulante. Les dindons de la farce mondialiste, seuls à qui était encore refusé le précieux statut de victime remboursable, font leur entrée sur scène. Et c’est de France que c’est venu.