25 août 2019

À la bonne franquette

A la fraîche, décontracté du gland

Dans la société sympa, les façons ne doivent plus empeser les rapports entre individus : le patron tutoie, la serveuse appelle par le prénom... nous sommes tous frères. Dans la société sympa, rien ne doit plus marquer de hiérarchie, de rapport, de réserve, et pour s'en assurer, certains bons soldats veillent à forcer la décontraction quand elle est insuffisante.


Je parle ici de ces énergumènes qui parfois, abolissent les conventions de la courtoise d’entrée de jeu, de façon unilatérale, simplement parce qu’ils sont malhabiles à les employer. Vous vous adressez à lui pour la première fois et il vous interrompt derechef : « Ah s’il te plaît ! Ici on se tutoie ! ». Votre politesse était somme toute raisonnable, conventionnelle, rudimentaire, mais le con cherche à s’en défaire avec fracas.

Une autre fois, la jeune femme à qui l’on tient la porte, à qui l’on remplit le verre quand il est vide, à qui l’on porte une attention délicate quelconque, affiche en retour un rictus ou se renfrogne : la gourde juge la galanterie comme quelque chose de dépassé.

Dans tous les cas, ce sont le gougnafier ou la greluche qui chercheront à vous faire vous sentir déplacé, maniéré, emprunté... bien qu'en réalité ce soit l’inverse. C’est bien lui et non vous que la situation encombre, c'est lui qui est engoncé dans ses rituels de décontraction, lui qui tient à faire la bise plutôt qu'à serrer la pogne, lui qui insiste pour qu’on se regarde dans les yeux au moment de trinquer, lui qui tient à ce qu’on l’appelle Jérem’ plutôt que Jérémie ! Et la greluche : c’est elle qui tient à ses convenances égalitaires comme à la prunelle de ses yeux, elle qui se décontenance si celles-ci ne sont pas scrupuleusement respectées ; vos attentions la mettent mal à l’aise parce qu’elle croit qu’il faudrait y répondre, parce qu’elle croit que ces signes revêtent une signification autre que la simple application de la coutume.

23 août 2019

Waze naze



Il y a quelques années, peut-être vingt ans, un copain m’avoue qu’il a pris l’habitude de faire ses courses chez Ed l’épicier (ou chez Leader Price, je ne m’en souviens pas, c’était l’époque où ces enseignes nouvelles envahissaient la France). Je fais les courses chez Ed, qu’il me fait, et immédiatement, il complète son aveu par une précision que je ne réclamais pas : ils ont des super produits ! J’aurais été étonné qu’il avoue acheter ses fournitures dans un magasin qui ne vend que de la merde.