22 octobre 2014

Faut-il donner une tribune publique aux extrêmes ? Oui mais pas à n’importe lesquels.


C’était l’autre matin, sur France Inter. Le ton était grave, il était question de ces médias qui invitent les Zemmour et autres provocateurs extrémistes qui excitent les foules alors que la période est déjà suffisamment trouble comme ça. Sur le plateau, on convenait que ces émissions ne faisaient pas ça méchamment mais par pur opportunisme, par stratégie médiatique pour obtenir du clash, du buzz, un regain d’audimat… Mais tout de même : cela ne finissait-il pas par libérer une parole dangereuse, fétide, qui pourrait bien gnagnagna ?

Ces médias ne devaient-ils pas se montrer responsables ?

Le lendemain, même radio, autre sujet : on commente les propos du Pape envers les homosexuels. Apparemment les homosexuels auraient - tenez-vous bien - « des qualités à offrir ». Alors ? L’Eglise serait-elle en train d’évoluer ? De rattraper le 21ème siècle ? Pour en discuter ce matin, accueillons… Pierre Bergé !

« Nous avons un auditeur en ligne... Bonjour Pierre B., posez votre question. »

21 octobre 2014

Le son du jour qui te rend moins populaire auprès de tes amis

En avril 1981, Frank Zappa enregistre un hommage à Edgard Varèse au Palladium, salle rock new-yorkaise, avec l’Orchestra of our Time de Joël Thome. Il y donne cinq pièces, écrites entre 1921 et 1954. Cet enregistrement a été récemment, et par hasard, retrouvé dans les archives de la radio publique de New York (New York public radio).


Comme on le sait, Zappa a toujours été fasciné par Varèse, et sa musique lui doit énormément. Il raconte encore dans cet enregistrement qu’à l’âge de 15 ans, il a appelé Edgar Varèse (qui habitait alors New York) pour lui dire toute son admiration (il avait droit à un cadeau de cinq dollars pour son anniversaire et, plutôt que demander à sa mère de lui acheter une merdouille à ce tarif, il lui demanda un appel longue distance). Ce 17 avril 1981, il jouait la musique de Varese devant sa veuve, Louise, alors nonagénaire.

Le public du Palladium est un public rock. Il vient écouter Frank Zappa et entend bien sacrifier au bordel ambiant qu’il a toujours favorisé dans ses concerts. Sauf que pour écouter du Varèse, et surtout pour le jouer, un minimum de calme est requis… Les interventions de Zappa en début de concert et entre les morceaux sont savoureuses à cet égard.

En avant pour une heure et demie de musique qui, comme le dit Zappa lui-même, est « not bigger than the Beatles, but better » (excuse-moi Fouquet !)
1- Ionisation, pour percussions
2- Density 21.5, pour flûte solo
3- Intégrales, pour petit orchestre
4- Offrandes, pour soprano et orchestre de chambre
5- Déserts, pour instruments à vent, percussions et bande électronique

Pour écouter, CLIQUE ICI !

19 octobre 2014

Le plug anal mis à mal par ses dénégateurs mêmes



Il faut reconnaître un mérite aux cyniques : ils disent clairement ce qu’ils font. Ils ne trafiquent pas leurs coups en douce, ils plastronnent. Un peu comme les terroristes qui revendiquent leurs actes, ils n’hésitent pas à dire : cette merde que vous découvrez posée sur votre paillasson, eh bien, c’est la mienne !

Paul Mc Carthy est un cynique. Pour un artiste contemporain, le qualificatif est banal. Toute son œuvre est placée sous le signe de la défécation, de la sodomie, de la laideur formelle et de la mise en scène de l’ignoble. Il est comme ça Paulo, il colle à son époque. Il en adopte en général le cynisme ordinaire et ne fait pas mystère de son inspiration. Il y a une dizaine d’années, par exemple, il créa une œuvre excessivement familiale pour la ville de Rotterdam : un père Noël (Santa Claus) de six mètres de haut, exhibant – surprise, un plug anal ! On se demande pourquoi le personnage gentil qui apporte des jouets aux enfants suffisamment innocents pour croire en lui se promènerait avec un tel objet, mais enfin, s’il fallait chercher une raison à tous les fantasmes de nos artistes majeurs, on n’en sortirait pas. A l’époque, lecteur abasourdi, l’œuvre s’appelait tout simplement Santa Claus with a butt plug. Au moins les choses étaient-elles claires.

16 octobre 2014

Le porno de masse

Lundi : une vidéo partagée sur les réseaux sociaux montre une adolescente qui monte sur scène à un concert et que le groupe de rap attrape violemment et se met à « violer » pour de faux devant le public sans qu’elle ne puisse rien faire. Rien d’étonnant après tout : l’imagerie de la variété musicale pour ados n’a plus de différence fondamentale avec la pornographie depuis quelques temps.

Mardi : quelqu’un me raconte que son fils de 8 ans a recherché « sexe vidéo » sur sa tablette. Après enquête, l’idée vient d’un camarade de classe, qu’on imagine aisé et précocement « connecté », et qui a montré ce genre de vidéos dans la cour de récré. Après coup, qu’est-ce que cela a d’étonnant alors que ce bel univers est à portée de clic sur l'écran de n’importe qui ? Qu’est-ce que cela a de surprenant et faut-il douter que cela se produise tous les jours dans les cours d’école ?

Mercredi : une discussion de collègues dérive sur les films X et « les bruits de gorge que font les filles » ; pour que chacun sache bien de quoi on parle, un type lance une vidéo hard de fellation sur son smartphone et la présente à tous. Les femmes présentes, ne sachant pas bien si elles doivent être gênées, rigolent comme les hommes pour faire bonne figure. Il est vrai que la génération 25-30 ans connaît parfaitement le jargon de l’industrie pornographique américaine et en use sans rougir dans la conversation courante.

Jeudi : je feuillette un magazine design branché, généreusement mis à disposition dans les toilettes de mon entreprise. Peu de texte, beaucoup de photos, notamment celles d’un artiste japonais contemporain qui fait des choses avec des parcelles de corps nus. Certaines vont assez loin : un bassin humain plié, cul vers le haut, les fesses fourrées de chantilly, le tout surmonté d’une cerise ! D’autres évoquent la soumission, l’humiliation sexuelle, le sadomasochisme… Ceci est banalement laissé à la lecture, à mon travail, comme ce pourrait l’être dans une salle d’attente. Je referme la revue et retourne bosser. Tout va bien. Ce monde est normal.

Vendredi : Fouquet nous apprend que le « labo » d’Arte réalise des vidéos « artistiques » dont le concept est de faire demander par une voix de petite fille ce qu’est un anulingus, un clitoris ou un « ass-to-mouth »… Décalage. Humour irrévérencieux. Contre-culture(s)… Je crois que je regarderai ça plus tard…

arte cochon
« Humour, humour, je précise... »

Porno grand public. Porno de masse. C’est cela qui menace la dignité et le respect de la femme, bien plus que le port du voile ou le sexisme soi-disant omniprésent.

Le porno, aujourd’hui, ne sert plus à bander mais à ricaner, à discuter, à socialiser… ou à faire de l’art. Sorti du placard où l’on planquait les cassettes VHS, il est partout et n’est plus choquant, ni transgressif, ni même excitant… il a tristement envahi le quotidien pour devenir « amusant ». On en rit à une tablée de collègues, hommes et femmes confondus, sans que gêne ou confusion n’affleure. 

Le porno est devenu inoffensif, c’est-à-dire normal. Il faut en rire, et notamment avec les femmes. Personne ne doit s’en offusquer. Surtout pas elles. Et alors qu’elles se disent « blessées » par une publicité de femme-objet ou « outrées » par les conceptions d’un Zemmour, elles ne doivent pas voir comme oppressant qu’un collègue mâle leur mette sous le nez une vidéo où elles avalent un pénis jusqu’à la garde.

Plus que jamais, la perversion masculine est amenée à devenir le désir standard, le désir partagé. Et comment en serait-il autrement ? Nous sommes égaux ! Parité des blagues triviales et de la perversité masculine. Un garçon et une fille rient de caca. Hommes et femmes d’aujourd’hui s’appellent « garçons » et « filles » jusqu’à un stade avancé de l’âge adulte, et ricanent autour du porno. A l’heure de l’égalité des sexes, l’homme et la femme font partie de la même bande d’amis, boivent des bières ensemble et sont en quelque sorte de simples « potes » qui baisent… Alors pourquoi pas partager le hard ?

La diffusion générale du porno doit permettre à ces femmes d’intéruioriser ce qu’il convient d’offrir aux hommes. L’environnement imprégné de porno exerce une certaine pression sociale pour se normaliser. A la fin, l’homme de Cro-Magnon n’aura plus à traîner la femme par les cheveux pour l’emmener satisfaire ses envies : c’est elle qui lui tendra sa crinière. Elle se comportera comme une traînée pour mieux ressembler à Rihanna.

Mais bien sûr, ne le dites pas : vous seriez affreusement pudibond, puritain, moralisateur… Voire même on vous reprocherait de vous mêler des affaires des autres. Chacun est libre. Si vous n’aimez pas, vous n’avez qu’à ne pas regarder.

8 octobre 2014

21 jours plus tard


Ebola bite
Quelle tête de bite ce Monsieur Ebola
 Il y a des maux dont il ne faudrait jamais prononcer les noms de peur qu’ils ne se réveillent et se déchaînent. Parfois, c’est comme ça. On fait la vanne de trop. Monsieur Ebola, c’est Candyman Monsieur Jean-Marie LePen. Déjà 3 500 morts. Ou l’analyse, l’analyse de trop. Telle celle-ci, entendue sur le plateau de C’est dans l’air au début du départ d’épidémie dans trois Etats africains ; au sujet de la décision de British Airways de suspendre ses vols au Libéria, en Sierra Leone et en Guinée , Sylvie Brunel dit en plateau : 
 « Moi je trouve que ça procède un peu d’une stigmatisation de ces pays. Je trouve ça excessif de dire ben voilà, British Airways qui a des liens anciens, historiques, la même langue avec le Libéria, la Sierra Leone, qu’elle suspende ces vols je trouve ça violent, violent pour ces pays. » 

La menace fantôme



Voilà longtemps que je n’avais rien vu d’aussi ridicule que ces deux images récentes : d’une part le simili conseil de guerre organisé sous les lustres de l’Elysée réunissant sous le panache de François Hollande les membres d’une « coalition » complètement bigarrée et décousue contre l’Etat Islamique – un instant j’ai cru revoir l’image de je ne sais plus quel Tintin où la famille d’Abdhalla plante la tente dans le salon de Moulinsart… et où notre Président, sous l'œil des caméras, fait semblant de décider de quelque chose. Et d’autre part, la conférence de presse de Hollande, bredouillant avec une feinte émotion que l’assassinat de l’otage français Hervé Gourdel était « lâche et cruel » (nous attendons désormais, impatients et curieux, la liste des assassinats « tendres et courageux » selon le cabinet de la Présidence).

Réunion au sommet

Décidément, tout ce qui paraît profondément ridicule de l’autre côté de l’Atlantique finit toujours par arriver chez nous 10 ans après, dans la plus parfaite normalité : gouvernement par l’émotion, par la fébrilité. Foutage de gueule en direct, on convoque la presse. Larme à l’œil du Président qui tente de faire croire qu’il engage une guerre, non sur des intérêts concrets bien qu’obscurs, mais sur son simple dégoût pour un fait tragique. Le meurtre. D’un randonneur. Français.

« Hervé Gourdel est mort parce qu'il était Français ». L’Etat Islamique aurait pu encore décapiter une demi-douzaine d’Anglais et autant d’Américains que la 5ème armée du monde n'aurait pas moufté. Mais un Français ! Ça marque un tournant ! Pas touche ! Fin de la partie, cette fois c’est la guerre, nous disent le Président et les médias malgré leur mépris habituel pour la préférence nationale.

« Il s’appelait Hervé Gourdel »… Projet Chaos. « Dans la mort, un membre du projet Chaos reprend son nom : il s’appelait Hervé Gourdel… il s’appelait Hervé Gourdel… ». Et nous allons maintenant partir en guerre pour le venger...

« His name is Robert Paulson... »

Partir en guerre, contre l’EI ? Contre l’ISIS ? Non, contre le Derch !

Dans le monde de 1984, même si l'ennemi change du jour au lendemain au gré des humeurs, ce sont encore des blocs continentaux qui se déclarent la guerre. En 2014, monter en épingle l’hostilité du bloc voisin est devenu trop compliqué, mieux vaut dresser des menaces qui soient fantomatiques. Vous avez aimé Al Quaida, le réseau flasque et informe, l’hydre sans tête, la nébuleuse insaisissable et sans structure dont il faut néanmoins (priorité absolue !) trouver le chef ? Vous avez aimé le terrorisme apatride mais qui réside tout de même en Afghanistan et en Irak ? Alors vous adorerez l’Etat Islamique, né tout aussi brusquement et qui disparaîtra de la même façon. L’Etat Islamique qui n’est ni un état, ni islamique, entendons-nous bien ! Don’t get me wrong ! Appelons-le « Daech » pour que les choses soient plus claires. La première urgence est bien de lui trouver un nom !

« Il s’appelait Hervé Gourdel ». La France mène à présent pas moins de trois guerres simultanées en Afrique. Avec pour stratège quelqu’un qui rate tout ce qu’il entreprend depuis 2 ans. Fastoche ! Et comme ça ne suffisait pas, il a fallu qu’il bombe le torse, qu’il cocoricote pour nous mettre en première ligne, « à la tête de la coalition »... On a les moyens François, t’es sûr ? En tout cas, lui n’a plus rien à casser sur le plan national, alors faut bien qu’il s’occupe ailleurs. Louis XVI c’était les serrures. Lui c’est les guerres en Afrique. La chasse au lion ! 10 ans après le « non » aux Américains de Villepin, il nous porte volontaires pour aller écoper la merde qu’ils ont mise. Et sans Destop s’il vous plait ! Tout avec les mains ! Pour un peu qu’on lui demande, je suis sûr qu’il se dirait « confiant » !

2 octobre 2014

Pas en mon non & le touriste blonde de Phil Muray

Il faut toujours se méfier des mecs à moustache
Vendredi soir, Ce soir ou jamais, Edwy Plenel assomme dans son rôle de chevalier blanc défenseur de l’immigré, chasseur de faf made in France.
Il est inadmissible de demander aux musulmans de France de se désolidariser des jihadistes coupeurs de tête de randonneur.
Ça débat sémantiquement : qu’est-ce qu’un barbare ? Qu’est-ce qu’un sauvage ?
Effectivement, étant donné le contexte, il est urgent de mettre les bons mots sur les maux mauvais.
Psychopathe.
Le reste du Robert : qu’émotion. Tortures raffinées.
Et la distanciation camarade !
Pas d’pathos, pas de chichi. C’est psychopathe le bon mot, le bon Verbe.