6 décembre 2017

Mort de Johnny : on vous l'avait bien dit !


Johnny Hallyday est mort. Cette nouvelle semble surprendre le cosmos, qui voyait dans le yéyé un phénomène promis au millénaire. Comme souvent, nous annoncions la chose ici même, en janvier 2008. Dix ans d'avance, c'est un peu la norme au CGB...

Ça commençait comme ça...

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Plus près de toi...

La mort de Carlos, dont il était l’ami, a rendu Johnny Hallyday un peu nerveux. Lui qui misait sur la chirurgie inesthétique pour conserver l’air en forme, est arrivé à une conclusion très peu yéyé : on est bien peu de choses. Comme son autre ami Nicolas Sarkozy, Johnny Hallyday est très catholique, il pratique non seulement la moto chromée et la machine à abdo-fessiers mais aussi la messe, dont on dit qu’il est fou. Et comme il avoisine l’âge de raison (65 balais en juin), il a décidé en même temps d’arrêter les tournées, de se mettre à la guitare et de préparer ses funérailles.


On dit beaucoup de banalités sur Johnny, ce qui est un peu normal. Arriver à interpréter plus de mille chansons en cinquante ans de carrière, vendre 60 millions d’albums et n’avoir chanté QUE DES CONNERIES, c’est à décourager les biographes les mieux disposés. On parle donc de son côté simple, bon garçon, mec cool qui aime s’amuser et inviter des quinqua au bord de ses piscines. Ce qu’on cache soigneusement, en revanche, c’est l’opinion que la star se fait d’elle-même. On pourrait le croire blasé, blindé contre sa propre image : non non ! A l’occasion d’un retour sur sa carrière, il a récemment chopé un melon considérable, découvrant qu’il est l’artiste français le plus important du siècle, loin devant Debussy, Braque et Jean-Pierre Papin. Tout le monde se souvient de l’événement considérable que le soixantième anniversaire de Johnny a représenté pour la France Raffarignolesque : la télévision mit en place une émission quotidienne, sorte de compte à rebours trente jours avant le terme, uniquement consacrée à la gloire de l’icône, tandis que les villes et villages servaient de galeries à ciel ouvert aux publicités à son effigie (lunettes à la con, assurances de mes couilles, etc). Promu artiste d’Etat par le goût d’un ubuesque premier ministre, Johnny fit de cette année 2003 une chose à lui, sa propriété, comme un chiotte qu’on peut fréquenter des heures durant sans craindre d’avoir à céder la place… Le phénomène est connu depuis plus de quarante ans : pendant que l’idole des jeunes, la France vomit.

Cette année 2003 a, semble-t-il, énormément marqué le guignol. Il faut reconnaître qu’avec de tels dithyrambes et sous le miel de tant de louanges, n’importe qui commencerait à se prendre pour quelqu’un. C’est ici que sa foi catholique rend la chose moins courante : il a décidé qu’une fois mort, son corps serait distribué sous formes de reliques. On sait déjà qu’il a réservé deux concessions, l’une au Père-Lachaise, l’autre à Saint-Tropez. On comprend bien qu’un homme qui déplace vingt mille mélomanes au stade de France ne peut pas tenir tout entier dans une seule tombe. Ces concessions n’hébergeront sans doute que des cénotaphes puisque les petits bouts du grand homme sont appelés à voyager, mais la répartition des reliques (puisqu’il faut bien les appeler comme ça) n’est pas encore totalement achevée. Il faut dire que l’artiste fait cher payer l’honneur d’avoir un de ses os à admirer. Il est sur le point de mettre en place un système d’enchères préventives sur son corps : les villes voulant détenir un jour un tibia rocker, un pied yéyé ou une côtelette rebelle doivent mettre des options sur ces trésors en versant des sommes sur le compte de l’association que gère la femme du Saint (Johnny Fort Rêveur – JFR, Sarl au capital de 100 000 euros). Une ville moyenne de Belgique a déjà annoncé détenir le financement pour une option de 160 000 euros sur le crâne du chanteur. Sera-ce suffisant ? pas sûr : un haut fonctionnaire de Bercy m’a clairement indiqué que « le Président veut que ça reste en France »…

Johnny, une carrière sans fin...

TF1 sera associée à l’opération et organisera (d’après ce qui a filtré) une série d’émissions façon Téléthon pour inciter les administrés des villes candidates à soutenir financièrement leurs prétentions, et pour faire naître des mouvements spontanés d’opinions dans les villes et villages restés insensibles ( ?). « Personne ne pourra dire qu’il n’était pas au courant », précise Claudine Fana, chargée de la coordination du truc sur la chaîne. Ces émissions s’intituleront Allumer le feu ! en référence au tube hallucinant du poète. A ce sujet, Claudine Fana est catégorique, et rassurante : « Allumer le feu ! ne fait pas du tout référence à une quelconque crémation, comme certains ont pu le craindre. Les gens qui nous ont écrit ou envoyé des mails peuvent être tranquilles, on ne brûlera jamais Johnny ».
C’est bien connu, qui dit « Johnny » dit générosité, engagement, grande cause. Même après sa mort, l’équation restera juste puisqu’il a été décidé officiellement qu’une partie de son corps échapperait à la « loi du marché » pour profiter à tous dans un souci pédagogique : sa hanche artificielle a été léguée par testament au musée de la métallurgie de Liège, qui enrichira d’un seul coup sa collection au-delà des espérances humaines. Autre geste généreux : il fait don d’un quart de ses manuscrits au Musée des Arts Premiers (quai Branly), à Paris, ville qui l’a fait ce qu’il est devenu.

"Longtemps après que les poètes ont disparu
Leurs chansons courent encore dans les rues…"


Charles Trenet n’avait pas prévu que le Marché suppléerait la force de la poésie par une organisation scientifique. Le biker musical a délégué à son épouse toute autorité pour gérer son avenir au mieux : elle conservera le droit moral des ossements qui seront exposés de par l’Europe, interdisant, par exemple, qu’une ville détentrice d’une relique puisse organiser à son tour des enchères pour la revendre sans verser des droits à sa société JFR. « On se gêne pas pour télécharger mes chansons sur Emule, alors je prends mes précautions sur les droits d’auteurs de mes os », affirme la star dans un chapitre de son business plan. Quant aux visites des lieux de culte, en dehors des visites locales, l’organisation de circuits de visites sera le privilège exclusif de JFR, par l’intermédiaire de son département Johnny Tour Operator. Au départ de Paris et pour un tarif encore inconnu, il vous sera possible de visiter chacune des pièces du puzzle, bout par bout, ville après ville, en autocar climatisé et sonorisé (on s’en doutait), et de « rencontrer » ainsi le Singer Maximo même longtemps après qu’il aura disparu…

2 commentaires:

  1. "Comme souvent, nous annoncions la chose ici même, en janvier 2008"

    CGB : premiers sur l'info

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  2. Son enterrement, un spectacle : http://www.leparisien.fr/culture-loisirs/hommage-a-johnny-hallyday-samedi-a-paris-le-programme-devoile-07-12-2017-7439553.php

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