10 décembre 2017

La minute de BatPat : Johnny Hallyday


Johnny se rendant à son enterrement
 Un lion est mort avant-hier soir. Ou avant-avant-hier soir. Ou avant-avant-avant-hier soir. Un lion qui nous avait tous mis en cage. Tu n’es pas sans l’ignorer. Ton coeur saigne, comme si on essayait de te greffer un pacemaker avec un hachoir, sans anesthésie, et en t’ayant préalablement amputé les mains et les pieds. Comment te poser la question sans te faire mal ? Elle est oratoire, purement rhétorique. Tu aimais Johnny Hallyday ? Moi non plus. Magnéto Serge ! 


 Johnny, la bête de scène, l’animal à guitare, le rocker qu’était plus botoxé que Régine, plus cocké que moi, Tony Montana, et Frédéric Beigbeder réunis, celui qui remplissait les stades comme Jean-Luc Mélenchon ne remplit pas les rues, qui faisait des clips gay-friendly à l'insu de son plein gré, le Madonna faite homme, s’en est allé. Vrombissant. Au guidon d’une Harley. American Way of Trump. Tel un Donald-fuck-a-Duck. A moins que ce fan de tout ce que l’Amérique aura trafiqué de ringard, ne soit parti au volant d’une Lamborghini. C’est un autre chanteur, poids lourd mais lourd, de la chanson française, qui aura lâché le mot. La marque. En pleine cérémonie. En pleine église. Patrick Bruel, entama ainsi son oraison funèbre : « Il fait nuit à Los Angeles. La dernière fois qu’on s’est vus mon Johnny, tu étais venu me chercher au volant de ta Lamborghini. » Funeste. « Lamborghini », là, en pleine église sainte Marie-Madeleine, que les Parisiens appellent affectueusement la Madeleine. Pas celle de Proust. Celle du tapin. L’objet de luxe à la chaire, devenue si faible. L’idole surajoutée à l’idole. Celle de ces jeunes de la France d’avant, qui sont restés dans la France en bas. Le profane en érection dans un lieu sacré. Un blasphème, sur lequel Patriiiiiick eut mieux dû se casser la voix, comme n’y manquerait pas la victime d’une manucure perpétrée à la pince multiple made in Castorama. La suite est un hommage à la conduite du rocker de 74 balais, roulant bourré à tombeau ouvert. Rock’n’ roule fucking Jisus Christ ! J’eus subitement l’envie d’avoir envie de promener un peu Gabrielle, ma hache de chez Leroy Merlin. Un enchantement d’outil à développement anti personnel, pour tous ceux qui vivent d’amour. Enchainé.
Jauni Hallyday, les traits tirés avant son dernier show à la Madeleine

 Ce n’est que lorsque j’entendis les commentateurs sportifs qui assuraient l’ameublement de la retransmission de cette mise en bière - on imagine que le défunt en consommait sans modération - en appeler le pilote du Panopti-boite-à-con, à diffuser des images des fans à l’extérieur pour « offrir un peu d’intimité à la famille » de le star, encore auréolée de cette lumière d'étoile morte, que je sortis Laura, ma tronçonneuse acquise de haute lutte lors d’un Black-Sabbath de Black Friday chez Monsieur Bricolage. Après trois heures de plans serrés, c’était trop gros plan pour être vrai. Naïvement, j’attendais les images de la caméra embarquée dans le cercueil. Des clous. 

 Tant de têtes d’affiche réunies appelaient, il est vrai, à la superproduction, si ce n’est à l’installation sauvage par un Marcel Campion des familles qui jouerait les bons samaritains de la Fête éternelle, d’une guillotine pailletée d’ampoules led basse consommation, astucieuse machine à dégagisme, qui retrouverait ainsi son berceau, place de la Concorde. On rétablirait la perspective historique ! Line Renaud, Jean Reno, pas Renaud. Eddy Mitchell, Claude Lelouch, Sandrine Kiberlain, Muriel Robin, Canet et Marion Cotillon, un Bouquet de Carole. Sa famille, Sylvie Vartan, David Hallyday, Nathalie Baye, cette grâce de Laura Smet.
Le plus beau tube de Johnny : Laura Smet
Ses collaborateurs cure de jouvence, M, Yarol Poupaud ex guitariste de FFF, Sébastien Farran ex manager de NTM, Maxime Nucci ex de Jennifer. La loi des stars, ces über-alles de l’Hom.m.e hissés au plus haut des cieux de leur vivant : sous son œil ils vivent, sous son œil ils meurent. La caméra. Quant au parterre de pipolitiques, ce chœur des anges qui nous maudissent, il eut pu jeter un Gavroche des temps modernes dans le feu, s’il ne lui avait déjà inoculé la maladie de Lyme : Hollande et sa Gayet, pour la première fois réunis à l’écran, Sarko&Carla, Brigitte et son fils unique turbulent et capricieux. Nous étions tous jetés dans les bras des seigneurs. Gérard Larcher, n°3 de la République, à moitié vautré par une digestion qu’on imagine quotidiennement tumultueuse et féconde en nauséabonderie, sur Edouard Philippe, celui qui n’oubliait jamais d’ouvrir son parapluie qu’il avait dans le calice à sodome avant de s’asseoir. S’il était resté des étincelles en France, cette simple image eut suffit à rallumer le feu. Purificateur d’air.
Après l'enterrement de Johnny, Anne Hidalgo appelle à une journée « Paris sans biker. »
 Emmanuel Maquereau aura donc eu la mort de Johnny au programme de son récital de cinq ans, sous l’œil jaloux de ses prédécesseurs. Il nous l’avait promis. Au peuple, il avait susurré : « Je te promets pas un hommage national ». Certainement par respect pour cette France diverse et avariée dont Bouba est aujourd'hui l’alpha et l’Hallyday. A moins que ce ne soit par respect pour le contribuable français. Celui qui n’aura jamais la chance d’être enterré au Paradis. Le fiscal. Saint-Barthélémy.

Saint-Barth : Laeticia se recueille au paradis fiscal

 Au peuple assemblé, Macron avait réconforté : « Je te promets quand même un hommage populaire. » Nous l’eûmes. Réellement inversé, un peu comme si l’on recousait post mortem une tête sur une hernie discale logée L5S1. Sauce libérale pour un royal cheese. Le peuple dehors. Moins les hôtesses barbues du sponsor officiel de la cérémonie d’ouverture de la mort de Johnny pour les siècles et les siècles : Harley-Davidson (of Sam). Il en va de la variété comme de la démocratie : le patron est une patronne et elle fait le trottoir. On n’avait pas vu autant de marchands du Temple depuis Optic 2000 ans. 

Merci pour ce moment Johnny. J'oublierai ton nom. Vite.

Je Suispas Johnny


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