4 mai 2009

Blague Caramba !


H1N1, non, ce n’est pas un virus qui s’attrape en lisant du Douglas Adams… C’est un virus qui s’attrape en respirant l’air si pur de Mexico !... Enfin, désormais, ce n’est plus qu’éventuel car, en ces temps de mobilité totalitaire, qu’elle soit d’ordre professionnel ou touristique, le Mexique et sa capitale ont très vite perdu l’exclusivité du titre de « foyer de l’épidémie de la grippe H1N1 »… Mobilis in immondice !
La grippe porcine, la nouvelle grippe, la grippe A, quelque soit son nom, officiel, officieux, policier, occupe l’espace. Et la grippe vous donne la fièvre ? A priori, rien d’anormal : le gouvernement français n’a à ce jour, toujours pas pris la moindre mesure prophylactique, énergique, pour vous protéger de cette « grippe mutante »… Aucune, au point de se demander si le risque de pandémie est bien réel…

Interviewé hier sur I-TV, l’une de nos chaînes de publicité continue, Xavier Bertrand, nouveau Président délégué général de l’UMP, a, entre autres inepties, le CGB tient d’ailleurs a félicité pour sa performance l’ancien ministre du « chômage », que le langage du Spectacle nomme « travail » selon sa tactique d’inversion généralisée, affirmé sans ciller et avec la tranquillité bovine qu’on lui connaît, que le gouvernement faisait preuve d’une « réactivité exemplaire » pour prémunir contre le virus de la grippe porcine le peuple de France et, le CGB l’espère, ses clandestins… En effet, en la matière il convient de se réconcilier tout à fait, d’être au minimum totalement égalitaire, de se ranger au côté des principes universalistes… Et d’en tirer toutes les conséquences (qu’Eric Besson surseoie donc au renvoi des clandestins mexicains vers leurs horizons aztèques) et exceptions (gardez-vous bien de nous rapatrier Florence Cassez) !


Un esprit sain dans un porc sain (porcin ?)


Déjà dix jours que la population a été mise au courant des risques d’épidémie, pardon, dans un contexte de mondialisation, de globalisation économique, et dans le cadre d’une stratégie insécuritaire, on dit pandémie. Bien. Déjà dix jours que nous sommes informés, désormais même, surinformés. La question est : que peut bien recouper dans les actes du gouvernement un tel jugement d’exemplarité ?

Les journalistes ont sagement relayé les communiqués de presse du ministère de la Santé : la France est dotée de « stocks suffisants » de Tamiflu pour lutter contre une éventuelle pandémie. Par ce doux euphémisme, il faut entendre que la France compte dans ses réserves 34 millions de doses, soit une dose pour deux habitants recensés en France… Ne nous alarmons pas, on n’a jamais vu un virus ravager l’ensemble d’une population dans l’histoire, en tout cas pas depuis le règne des nabuchodinosaures… Cela dit, l’Organisation mondiale de la santé, et son directeur général, le docteur Margaret Chan, qui comble de surprise n’est pas un ancien cadre du PS, a demandé au groupe pharmaceutique Roche, dont nous espérons qu’à notre instar, vous possédez bon nombre d’actions, de « déployer » des « stocks d’urgence » de Tamiflu, vocable effrayant, car il s’agit bien d’une guerre à mener contre un ennemi insidieux...


Instinct de mort


Ces stocks sont d’ailleurs « en cours d’acheminement vers les pays qui en ont besoin selon les instructions de l’OMS », dont on imagine qu’ils ne sont pas partis direction l’Afrique… Les égyptiens et autres chinois, n’ont peut-être pas tort en prenant des mesures énergiques, que tout occidental croit pouvoir légitimement apparenter à de la paranoïa, mais qui ont néanmoins à ses yeux le mérite de le distraire, par les savoureux excès médiatiques auxquelles elles donnent lieu… 250 000 porcs tués : un génocide, un message antichrétien ?
Le laboratoire Roche a également été prié d’accélérer la production du médicament miracle qui, comme le rappelait le directeur général de la Santé, Didier Houssin, « n’est pas un vaccin ». H1N1 est un nouveau virus, un virus mutant. Les scientifiques n’ont naturellement pas encore eu le temps d’en prendre la mesure ; les vaccins attendront apparemment l’automne. Le Tamiflu est donc à envisager comme un traitement. Il est curatif, pas préventif.


Tamiflûte


L’on sait également, par les voix de nos maîtres, que nous disposons de nombreux masques chirurgicaux (un bon milliard), soit quasiment 20 par tête de pipe ! Le message envoyé au virus est clair : la France, tu peux pas test !
A ce jour, nous imaginons que peu nombreux sont les français, pourtant parfaitement conditionnés à l’hypochondrie, à disposer de masques chirurgicaux dans leur pharmacie… Nous imaginons également que d’aucuns se demandent sûrement si les masques de peinture sont efficaces en la matière virale, et que d’autres, si le keffieh n’est pas l’expédient ultime !


La nuit des masques


En somme, jusqu’à hier, dimanche 4 mai, les autorités se sont bornées à nous seriner que la prévention était prête, là, sous nos yeux ! Où avez-vous dit ? Où ? On ne sait pas, on ne voit pas car on ne nous montre pas... La prévention est apparemment tenue au secret, peut-être sous haute garde militaire, dans des bâtiments stratégiques enfouis au fin fond du trou du cul de la Creuse. Comme prête à débouler, tel un commando français prenant les otages pour des pirates somaliens… Comme l’écrivait Guy Debord : « Le secret généralisé se tient derrière le spectacle, comme le complément décisif de ce qu’il montre et, si l’on descend au fond des choses, comme sa plus importante opération. » Bon, en même temps que cette assertion rassure… Bon, mais mettons que dans « le monde réellement inversé »… Bon… Bref : dans une société du tout image, il en est qui manquent...

Hier, enfin un semblant de mesure active en une annonciation, alléluia jacta est ! par MAM la fumeuse et néanmoins actuelle ministre de notre Intérieur, stipulant que « dès mardi », à savoir dès demain, les avions en provenance du Mexique atterriront tous à Roissy, dans une « zone dédiée ». Cette zone mettra donc, de fait, en quarantaine, ces voyageurs de l’extrême de retour du pays de la narcorrido, surpris dans leur travail ou leurs vacances, mais pour certains ayant tout bonnement bravé le danger (quid de la qualification de force majeure en la matière de la grippe porcine dans une procédure de remboursement d’un billet d’avion et d’une réservation d’hôtel à Cancun ? Enculés de voyagistes ! Si vous voulez de plus amples informations, faites-le nous savoir : notre service juridique se mettra sur les rangs ; soyez assurés d'une réponse bien mordante).


Armes de première catégorie


Et ? Devons-nous prendre cette mesure pour de l’exemplarité ? Oui ? Ah ? MAM a-t-elle mis en place un couloir prophylactique entre Roissy, Paris et autres villes de France et de Navarre ? Non ? Il est donc interdit de contaminer un voyageur revenant du Népal, mais pas un pauvre gus malencontreusement croisé dans le RER, et qui en reviendra peut-être, du Népal ?! Au regard de la mise en quarantaine de tout un hôtel à Hong Kong, pour cause de court séjour d’un ressortissant mexicain atteint du virus porcin, tout cela ne peut qu’apparaître léger, très léger, dérisoire… Mais le spectacle n’est-il pas avant tout performatif ? Ces succédanés de mesures ne suffisent-elles pas à rassurer le quidam ? Après tout, on peut bien vivre paisiblement son écolotrip, en ne pensant jamais au fait que l’Occident a juste délocalisé sa pollution en Chine ou en Inde… Quoiqu’il en soit, il semble bien que la thèse du spectaculaire intégré soit encore une fois vérifiée en l’occurrence en la circonstance que : « La domination croit qu’elle n’a plus besoin de penser ; et véritablement ne sait plus penser. » Comment ne pas rire devant l’aplomb de nos ministres-speakerines ? Nos hommes politiques ne nous montrent que leur incompétence...


Cherchez la truffe


Une alternative de conclusions s’offre à nous devant "l’exemplarité" de notre gouvernement : soit nos gouvernants nous mentent et le virus est un épouvantail, ce qui reviendrait à étayer la thèse que le pseudo-événement virus / pandémie a vocation à détourner les yeux du monde entier du virus financier qui ne cesse de répandre précarité, chômage et désolation sur son passage, soit nos gouvernants, au mieux se foutent ouvertement que nous crevions comme des chiens, du moins que nous souffrions atrocement, au pire sont des incompétents notoirement irresponsables… Aïe ! Le serpent CGB vient de se mordre la queue…


Springbreak, Cancun. La grippe cochonne prise (...) au microscope électronique


Dans notre société soumise aux lois d’un marché économique autorégulé, dont on veut nous faire croire qu’il vit ses derniers instants, et à celles du droit abstrait, qui pratiquent ensemble le principe de séparation et poursuivent l’objectif isolation, en proposant comme seul remède au sentiment de déréliction, la consommation, référons-nous au sacro-saint principe juridique, socle des responsabilités délictuelle et contractuelle, du « bon père de famille ». Bien. Eh bien comment aurait-il agi ce bon père de famille ? N’aurait-il pas commencé par interdire tout vol à destination du Mexique ? N’aurait-il pas d’emblée isolé les vols en provenance du Mexique et placé ses passagers en quarantaine ? Assurément, quand il s’agit de ne pas entraver la marche de la mondialisation et de sa petite copine globalisation, ce bon père de famille a certainement, aux yeux des propriétaires du Spectacle, tous les traits d’un authentique père fouettard ! Ne vaut-il pas mieux alors protéger la liberté dans sa composante de liberté de circulation à l’international ? Nous vous le demandons bien humblement… En effet, et le CGB informe son lectorat : tout voyageur en provenance de Mexico est cordialement invité par un médecin / briefer, à demander à ses augustes employeurs un arrêt de travail de sept jours, temps d’incubation du virus, et donc enfin sommé de rester chez lui et de ranger sa liberté individuelle au placard pour ne pas faire crever le reste de la population française par ses caprices ! M’enfin, ne valait-il pas mieux leur interdire de partir en vacances au Mexique à tous ces zouaves ?! Non, car le tourisme, c’est du PIB dans l’aile ! « L’économie fait ouvertement la guerre aux hommes : non plus seulement aux possibilités de leur vie, mais aussi à celles de leur survie. »


On va, on va, on va tout niquer ! De quoi prendre le porc en grippe...


Au CGB, nous n’irons pas jusqu’à proclamer que la grippe porcine n’existe pas ! Massimo Gargia en témoignant, comme annoncé en couverture du dernier numéro de CGB Dimanche. Non. Par contre, nous prendrons au moins la liberté de proclamer à la face de l’Europe que son principe de précaution n’existe pas ! « On peut garder le nom quand la chose a été secrètement changée. » En somme, la précaution européenne est devenue une mesure de l’après, une mesure post-, d’aval. Le principe de précaution n'est qu'une déclaration de principe. La précaution dont il s'agit, n'a plus rien de précautionneuse...


Dis tonton, pourquoi tu tousses ?


Pour finir, le film catastrophe viral recoupe un sujet qu’il n’est peut-être pas inutile d’aborder : la surveillance et le contrôle. Dans la droite ligne d’un Foucault, Emmanuel Todd écrivait encore récemment dans son dernier livre Après la démocratie, je cite : « Comment ne pas voir qu’un ensemble de forces sociales poussent les sociétés postindustrielles à toujours plus surveiller, contrôler, incarcérer ? » Dans le flot d’informations sur le sujet de ce qui n’est encore qu’une non-pandémie, l’on a pu voir que certains aéroports s’étaient équipés de caméras thermiques, dans le but d’aisément identifier les voyageurs fiévreux. Considérant au regard des chiffres d’individus atteints du virus et de ses victimes à travers le monde, que la pandémie n’est pas un événement réel, en tout cas, qu’il ne l’est pas encore devenu, et ce malgré le laxisme affiché par de nombreux champions de la classe dirigeante mondiale, notamment zéropéens, et considérant, selon l’un des axiomes principaux du Spectacle que ce dernier, afin que « le plus important reste le plus caché », « organise avec maîtrise l’ignorance de ce qui advient », « ignorance produite pour être exploitée », l’on est éventuellement fondé à conclure que H1N1, plus que travaillant à nous faire accepter notre sort, engendre une conscience politique au niveau mondial qu’il convient de circonscrire et circonvenir, circoncire ? Contrôler. L’homme, tout court, pour soi, n’est-il pas potentiellement plus subversif que l’homme économique pour soi ? Tous ces « procédés d’urgence qui deviennent des procédures de toujours »… Après tout, pour paraphraser Debord, depuis que la science est asservie au Spectacle, n’est-il pas facile de déguiser les policiers en scientifiques ?


Comptez plus sur moi pour vider la fosse... sceptique !


Bien évidemment, "le plus caché" en l'espèce de la grippe mexicaine, ne se situe sûrement pas dans des élucubrations sécuritaires. Ou plutôt si, mais en la matière de l'élevage des porcs... De notre alimentation.
Avec ce nouvel épisode de grippe animale, nous voyons bien à quel point les scientifiques médiatiques sont prostitués, et à quelle intensité fonctionne les réseaux de désinformation / surveillance. Aux simples questions : "Comment la grippe porcine ? Comment se fait-il qu'elle ait muté et ait trouvé le chemin de sa survie chez l'homme ?", point de réponses. Pire : réponses impossibles, car les questions n'ont tout simplement pas même été posées...

Nous allons l’aimer cette liberté que l’on nous contraint à aimer : elle est décidée le jour, exécutée la nuit. Marx attacks !

PS : toutes les citations sont issus de Commentaires sur la Société du Spectacle.

9 commentaires:

  1. Oui, depuis le début de ce tapage médiatique ridicule je me disais qu'il y avait de l'exagération dans l'air !Je suis pas la seule à penser cela ! Mais je trouve, pour une fois, qu'elle est maladroite la démesure médiatique par rapport aux trois "pleu-pleus" qui sont touchés par un virus même pas plus dangereux que notre bonne vieille grippe et qui est battue au sprint par notre bonne vieille grippe. Maintenant on commence à préparer les esprits au retrait de cette " chose virale" ( expérience terminée ? ). J'ignore le sens de tout ça et ce que l'on nous prépare prochainement mais j'avoue que je suis devenue septique face aux médias. Sûr que je finirai dans la fosse sceptique un jour.

    Hélène

    RépondreSupprimer
  2. Bon billet.

    D'entre les baratins de saison qu'on nous sert, je trouve celui-ci un peu fade... Ils n'ont pas assez d'images choc à nous montrer, pas assez de familles en larme, pas assez d'anxiété à vendre, du coup je ne me régale pas.

    Le onze septembre, c'était autre chose, un vrai spectacle, avec de belles images que je ne me lasse pas de revisionner à l'occasion.

    Il faudrait contacter les producteurs pour leur dire.

    RépondreSupprimer
  3. Aie Aie Caramba4 mai 2009 à 23:21

    @Amiral Potiron

    Mozinor a pourtant fait un effort en images choc.

    La grippe mexicaine:
    http://www.dailymotion.com/video/x94xsw_la-grippe-mexicaine_fun

    RépondreSupprimer
  4. Bien évidemment, "le plus caché" en l'espèce de la grippe mexicaine, ne se situe pas en réalité dans des élucubrations sécuritaires. Ou plutôt si, mais en la matière de l'élevage des porcs...
    Et en la matière, nous voyons bien à quel point les scientifiques médiatiques sont prostitués, et à quelle intensité fonctionne les réseaux de désinformation / surveillance.

    RépondreSupprimer
  5. "Et en la matière, nous voyons bien à quel point les scientifiques médiatiques sont prostitués, et à quelle intensité fonctionne les réseaux de désinformation / surveillance."

    Pour autant et par essence la fonction panoptique ne fonctionne jamais aussi bien que si on lui prête une efficacité quelle n'a pas. Quant à l'élevage industriel et à la prostitution qui s'y rattache, on sait toute l'influence que peut avoir le client consentant dans ce type de rapport. Mais vous savez tout ça aussi bien que moi.

    Sur ces questions, on (re)lira bien sûr, entre autres choses et avec intérêt "Vivre et penser comme des porcs". De quoi trouver un terrain d'entente avec les petits gars de chez Tétu, ou pas...

    RépondreSupprimer
  6. Je suis pas peu fier d'avoir la même chemise que Xavier Bertrand...
    Elle ne me quitte plus...

    RépondreSupprimer
  7. Mais n'êtes vous pas toujours tout sourire ? Si vous êtes notre chouchou, après tout, ce n'est pas pour rien ! Ne changez rien !

    RépondreSupprimer
  8. Excellent article !
    Execpté sur un point. Tu as oublié d'évoquer le risque actuel de manger une côte de porc dans un Tex Mex.

    RépondreSupprimer
  9. "le risque actuel de manger une côte de porc dans un Tex Mex."

    Si vous forcez trop sur le Chili, vous pouvez éventuellement vous retrouver à l'hôpital, mais sinon c'est avant tout vos facultés organoleptiques qui risqueraient d'en être gravement altérées. Rien de trop pénible en soi, finalement. Au pays des bouffeurs de pizza et des sorties hebdomadaires à Mac Do, il reste quand même de la marge pour espérer briller en société.

    RépondreSupprimer