13 novembre 2006

1984, l’anti-fascisme pour les nuls

Au CGB on est pour la contradiction, donc maintenant Caralho vous explique pourquoi il ne faut pas lire 1984.

Superbe marronnier de la rebellitude, 1984, est LA bible pour toute personne qui se prétend un authentique démocrate. Combien d’étudiants engagés, de pseudo penseurs chacun d’entre nous n’a-t-il pas vu, nous prophétiser le sort de Winston Smith, à la moindre petite atteinte supposée à notre liberté individuelle ? Caméra de surveillance, contrôle des papiers, GPS dans la bagnole…

Mais qu’est-ce que les ardents lecteurs de 1984 (pas de l’œuvre d’Orwell, faut pas déconner non plus !) trouvent-ils de si intéressant à l’intérieur ?

L’autoritarisme ? La vidéo surveillance ? Le mensonge d’état ? L’embrigadement idéologique ? Que nenni cher lecteur ! Les amateurs de cet œuvre l’aiment car ils savent que ce système est à nos portes ! Aux USA, au ministère de l’intérieur, dans la télé, derrière la porte ! 1984 est le salutaire signal d’alarme qui transforme ses lecteurs en démocrates acharnés. Au point que certains pensent qu’on devrait tous être OBLIGE de le lire. Réfléchissez, si nous ne faisons pas attention, le totalitarisme nous tombera sur le coin de la gueule, un beau matin, sans prévenir.

Sérieusement, personne en France n’aura à affronter un jour la salle 101, ni ne se fera réveiller par le NKVD (à la limite par un facteur indélicat, vous apportant une assignation à comparaître en recommandé, mais c’est un autre problème). Ainsi l’ouvrage d’Orwell qui était pertinent lors de la transition guerre mondiale/guerre froide n’est plus une finalité en matière de réflexion. Pourtant, c’est toujours l’inquiétant monde de Big Brother qui est porté aux nues, au point qu’on pense qu’il éclipse légitimement la réflexion sur l’utopie d’Huxley et la gentille dictature idéologique de Fahrenheit 451, qui ont pourtant si peu à voir.

Alors ne lisez plus 1984, le bouquin pour idiots qui se rêvent grands résistants.

13 commentaires:

  1. retour en fanfare de Carahlo ! Et ne lisez pas non plus le zéro et l'infini de Koestler (sauf si vous êtes communistes) et le procès de Kafka (il pourrait vous révéler que nous sommes tous coupables de quelque chose).

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  2. Le grand débat Huxley/Orwell...

    Si l'un avait anticipé la révolution génétique l'autre a préssenti la réécriture de l'Histoire.

    1984 contre Le meilleur des Mondes, le choc des dystopies... Farenheit est par contre le mieux écrit de tous!

    "Demain les chiens" de Simak, "Soleil vert" d'Harrison sont également d'admirables dystopies...

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  3. "pressenti la réécriture de l'histoire" ? Attends Reune, c'est vieux comme le monde la réécriture de l'histoire. La Bible ça te dit quelque chose ?

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  4. La réécriture de l'histoire par la novlangue..j'entendais par là.

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  5. c'est une analogie technique, pas une innovation, j'entendais moi par là.

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  6. Pour moi Orwell, Huxley et Bradbury ne s'opposent pas mais se complètent (la négation de l'individu par l'Etat, le consumerisme et l'inculture)

    "Demain les chiens" est plutôt un conte philosophique. L'humanité s'éfface car elle est dépassé par les évenements.

    Putain, j'ai oublié de faire allusion à "L'oiseau d'Amérique" de Walter Tevis, qui montre l'effondrement inéluctable d'une dystopie.

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  7. la dystopie est une utopie, d'un certain point de vue. si Hux et Orw représentent dans la glose littéraire les deux représentants de la dyst et de l'uto, alors soit, mais ils sont complémentaires également à mon sens. L'un n'exclut surtout pas l'autre.

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  8. J'adore quand vous parlez de littérature ! Vous êtes trop mignons !

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  9. Je suis fasciné que personne n'ait pensé à Orange mécanique. Pas le film, qui est une daube, mais bien plutôt le livre de Burgess.
    Tout y est de ce qui se déroule sous nos yeux : mais le Nadsat* d'ajourd'hui n'est pas créé par adjonction de mots russes à la langue...

    *http://fr.wikipedia.org/wiki/Nadsat

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  10. Orange Mécanique a également sa place dans la glose sur le roman visionnaire, dystopique donc (héhé). à une moindre mesure que 84 mais il a sa place.

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  11. Pas tout à fait dans le même registre, hormis la négation de l'individu, mais à ne pas lire tout de même: La vingt-cinquième heure, de V.Gheorghui

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