31 mai 2007

La féminisation est une ségrégation

Rappelons que l'initiative de ce machin de la féminisation des noms de métier fut prise par le gouvernement de Laurent Fabius. Dix ans plus tard, sous la pression des femmes de son gouvernement, Lionel Jospin en remettait une couche.
Tout ceci nous donne néanmoins quelques occasions de bien rire. Ainsi pouvons-nous maintenant croiser dans les rues de jolies chefesses, de délicieuses entraîneuses, de croustillantes dépanneuses et bientôt de sensuelles sapeuses-pompières. On peut également rêver de cinq à sept avec une maîtresse de conférences ou d’un séjour à Vienne en compagnie d’une charmante autrice chienne. Et si on est pas contre les parties carrées, on peut, pour réchauffer l’ambiance, proposer à une glacière et à son mari de participer à ces séances d'indifférenciation des sexes .
Et lors de notre prochaine visite à Rome, pour se faire pardonner toutes ces fautes, faudra-t-il en parlant du souverain pontife dire « Son Sainteté Benoît XVI » ?
Je vous propose quelques avis éclairés sur cette question.



Dans Festivus Festivus, interrogé par Elisabeth Lévy sur la guerre d’Irak, Philippe Muray glissait cette petite remarque :
« En effet, dans tout ce tableau de désastre, il ne manquait plus que la découverte des sévices d’Abou Ghraïb, et les images des femmes-bourreaux américaines en train de faire du tourisme sexuel sur le dos de l’autochtone. C’est fait, nous les avons, et puisque la destruction du langage est si bien entamée chez nous, entre autres par la féminisation des noms de métiers ou de fonction, je réclame de toute urgence, pour les petites héroïnes de cette de Bagdad, et dans le but de fêter dignement l’accession des femmes en général au monde des tortionnaires (ce qu’un commentateur appelle sans rire, et parce qu’il faut toujours des croque-morts éloquents pour célébrer une abomination, « le gage évident de leur appartenance au collectif »), je réclame la mise en circulation immédiate et massive des termes de « bourelle » ou de « tortureure ». »

Muray évoque ensuite la possibilité d’employer le mot « tortureuses » pour qualifier ces modernes « bourelles », Elisabeth Lévy, préférant visiblement la première idée, lui répond que « tortureures » est parfait et que … « salopes » aussi.


Extrait de la chronique du médiateur du journal Le Monde (25.10.05) :

« C'est le troisième courriel en quelques mois que m'adresse Daniel de Poli, lecteur d'Illkirch (Bas-Rhin). Et toujours pour la même raison, à savoir "les féminisations hâtives et irréfléchies" de certains mots.
En mars, il avait lu dans Le Monde que "Giuliana Sgrena était la huitième ressortissante italienne prise en otage en Irak" . Ce qui laissait supposer que les sept autres otages étaient également de sexe féminin. "Vous auriez dû écrire : le huitième ressortissant" , remarquait notre lecteur, en s'appuyant sur un avis de l'Académie française.
Nouvelle protestation en septembre, Le Monde ayant qualifié Mme Timochenko de "première ministre" d'Ukraine. C'est absurde, commentait M. de Poli : "Le premier ministre, qu'il soit homme ou femme, est le premier des ministres, donc le premier d'un groupe d'hommes et de femmes. C'est le genre non marqué qui doit lui être appliqué." Il nous précisait que l'avis de l'Académie française était disponible sur Internet.
Mais Le Monde du 21 octobre a récidivé, avec ce titre : "Le "bivouac" de la lieutenante-cavalière Pelardy ne fut pas une balade." L'agacement commence à se faire sentir à Illkirch : "On dit un lieutenant même s'il s'agit d'une femme, tout comme on dit une personne ou une recrue même s'il s'agit d'un homme. Jean-Louis Andreani emploie fort justement le masculin dans son article, il est aberrant de mettre le féminin dans le titre (...) . Http ://www.academie-francaise.fr/actualites/feminisation.asp."


Je vous propose maintenant quelques extraits des recommandations et des décarations de l’Académie française à propos de la féminisation des noms de métiers, fonctions, grades et titres.

Déclaration de l’Académie française, 14 juin 1984 :

[…]

Le français connaît deux genres, traditionnellement dénommés « masculin » et « féminin ». Ces vocables hérités de l’ancienne grammaire sont impropres. Le seul moyen satisfaisant de définir les genres du français eu égard à leur fonctionnement réel consiste à les distinguer en genres respectivement marqué et non marqué.
Le genre dit couramment « masculin »est le genre non marqué, qu’on peut appeler aussi extensif en ce sens qu’il a capacité à représenter à lui seul les éléments relevant de l’un et l’autre genre. Quand on dit « tous les hommes sont mortels », « cette ville compte 20 000 habitants », « tous les candidats ont été reçus à l’examen », etc..., le genre non marqué désigne indifféremment des hommes ou des femmes. Son emploi signifie que, dans le cas considéré, l’opposition des sexes n’est pas pertinente et qu’on peut donc les confondre.
En revanche, le genre dit couramment « féminin » est le genre marqué, ou intensif. Or, la marque est privative. Elle affecte le terme marqué d’une limitation dont l’autre seul est exempt. À la différence du genre non marqué, le genre marqué, appliqué aux être animés, institue entre les sexes une ségrégation.

[…]

Il convient enfin de rappeler qu’en français la marque du féminin ne sert qu’accessoirement à rendre la distinction entre mâle et femelle. La distribution des substantifs en deux genres institue, dans la totalité du lexique, un principe de classification, permettant éventuellement de distinguer des homonymes, de souligner des orthographes différentes, de classer des suffixes, d’indiquer des grandeurs relatives, des rapports de dérivation, et favorisant, par le jeu de l’accord des adjectifs, la variété des constructions nominales... Tous ces emplois du genre grammatical constituent un réseau complexe où la désignation contrastée des sexes ne joue qu’un rôle mineur. Des changements, faits de propos délibéré dans un secteur, peuvent avoir sur les autres des répercussions insoupçonnées.

Déclaration de L’Académie, 21 mars 2002

[…]

Sans revenir sur les arguments qu’elle exposait en 1984 et auxquels elle reste attachée, l’Académie française déplore les dommages que l’ignorance de cette doctrine inflige à la langue française et l’illusion selon laquelle une grammaire « féminisée » renforcerait la place réelle des femmes dans la société.
Ces redondances et ces alourdissements révèlent sans doute que, dans l’esprit de certains, le masculin est devenu un genre marqué au même titre que le féminin, et ne peut plus désigner que des personnes de sexe masculin. C’est ainsi que la féminisation peut introduire un déséquilibre dans les structures mêmes de la langue et rendre malaisée la formulation des phrases les plus simples. […]
L’oreille autant que l’intelligence grammaticale devraient prévenir contre de telles aberrations lexicales.
Enfin, seul le genre masculin, qui est le genre non marqué (il a en effet la capacité de représenter les éléments relevant de l’un et de l’autre genre), peut traduire la nature indifférenciée des titres, grades, dignités et fonctions. Les termes chevalière, officière (de tel ordre), députée, sénatrice, etc., ne doivent pas être employés.
Comme l’Académie française le soulignait déjà en 1984, l’instauration progressive d’une réelle égalité entre les hommes et les femmes dans la vie politique et économique rend indispensable la préservation de dénominations collectives et neutres, donc le maintien du genre non marqué chaque fois que l’usage le permet. Le choix systématique et irréfléchi de formes féminisées établit au contraire, à l’intérieur même de la langue, une ségrégation qui va à l’encontre du but recherché.

textes en intégralité :
Déclaration de l’Académie 2002

Déclaration de l’Académie 1984
La féminisation du Monde

Bonus 1

Majorettes naturistes à Abou Ghraïb

La vérité éclate enfin, qui rétablit l’honneur américain un temps jeté aux chiens : la prison d’Abou Ghraïb était en fait un camp d’entraînement naturiste pour majorettes.
C’est
en effet ce que vient de révéler l’avocat de Charles Graner, un des soldats actuellement jugés pour avoir supposément torturé des prisonniers irakiens : "Les majorettes américaines forment souvent des pyramides humaines. S’agit-il de torture ?"

Certes non ! Nous pouvons même affirmer que le spectacle provoque un émoustillement certain, puisque Lynndie England, la soldate qui sera bientôt jugée pour les mêmes faits, vient d’accoucher d’un beau bébé conçu avec M. Graner, sans doute au comble de l’excitation.

Source : Brave Patrie (11 janvier 2005)




Bonus 2 :

Forum des chiennes de Garde. En 2001, une internaute (internauteuse ? internautesse ?) tapait ceci avec ses doigts probablement crochus :
« Et appelles-tu les hommes "mondamoiseau" ? je ne suis pas d'accord avec toi, le sexisme commence là. mademoiselle, c'est ce qui commence tout injure sexiste : "vous êtes charmante, mademoiselle. vous voulez boire un café avec moi. ben, quoi, sale pute, j'te plais pas, tu veux pas m'regarder, pas m'répondre.
casse-toi, salope, mal-baisée"... il y a souvent des paradoxes dans ces injures.
mademoiselle signifie : à prendre, pas prise...
et puis, on dit mademoiselle aux lesbiennes, toutes ces vieilles filles trop moches pour être épousées ! »

Je dis donc à cette demoiselle : très bien ! Et puis « injure » est féminin…

forum des Chiennes de Gardes



6 commentaires:

  1. Démonstration éclatante! Pour une fois que l'Académie sert concrètement à quelque chose! Merci ZEFA.

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  2. tortureur n'existe pas on dit tortionnaire...

    Merci pour cet article. C'est vrai que la féminisation à outrance à le don de m'énerver.

    Encore une marque de notre impuissance en France : la récompense du tournoi féminin de Roland Garros est égale à celle du tournoi masculin cette année...

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  3. putain mais c'est pas possible... T'as encore vomi partout Zéfa !

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  4. Ouais c'est vrai ça. Tu pourrais nous épargner tes diarrhées verbales.
    Surtout que c'est un sujet mineur ça.

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  5. Sujet mineur?

    Ouvrez les yeux, c'est la face visible de l'iceberg du féminisme qui nous pourrit depuis trop d'années.

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  6. Eh ! les anaux ! c'est marrant comme les petits merdeux se ressemblent tous : des insultes et aucun argument. Faut sortir de la cour de récré et sortir vos doigts d'où je pense mes petits anaux.

    Ah mais je suis d'accord : la parité, l'égalité homme-femme, c'est un sujet qui devrait rester mineur.
    En revanche quand le néolibéralisme et ses stratégies afférentes (la féminisation) s'attaquent au langage, ça me semble pas anodin.
    Mais il est vrai que pour des individus dont la principale préoccupation est de savoir avec quelle main ils vont s'astiquer le manche lors de leur prochaine séance Marc Dorcel, la subversion du langage est un problème mineur.

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