Comment j'ai eu la peau de G.F.

A mes débuts, Wiesenthal me disait souvent : "Tu verras Todo, la chasse aux nazis c'est comme bouffer des fraises : tu choisis les plus belles en premier et tu finis par les avaler toutes".

Le vieux avait raison. Dans les années 80, le gros gibier se faisait rare et la concurrence devenait rude (les Klarsfeld, ces amateurs, ont pourri le marché). Alors je me suis rabattu sur les petits mammifères. Avec la chute du Mur, j'ai chassé l'Hiwis dans la toundra, j'ai coursé les retraités du SD à bord de leur Trabant, déniché aux Antilles les anciens volontaires français du front de l'Est.

C'est vous dire la déchéance. De là je suis passé aux filles et fils de nazis. J'étais tombé plus bas qu'un Gildas chauffant une salle de militants UMP.

Mais bon, les moeurs publiques en France tournant déjà à la délation et la repentance, j'arrivais à vivoter : une interview sur France 3 Alsace par-ci, une conférence avec Bernadac par-là, une manif anti-Le Pen avec Rebérioux et puis je racontais mes souvenir dans les écoles.

Et puis un jour où je suis tombé sur ça




Le gros Von dem Bach-Zelewsky hilare sur le front russe en 43. Ce type me rappelait vaguement quelqu'un : grosses lunettes, grande carcasse adipeuse, bouche énorme.Et il y a deux mois, je vois ça dans la presse





Merde alors ! Même le bouton au menton y était. Les vannes douteuses du personnage c'était donc ça : la voix du sang ! Eh bé, maman F. avait dû porter de jolis foulards dans les mois qui avaient suivi la Libération.

Je vous passe le reste : un saut à Yad Vashem pour vérifier les dates, un dossier anonyme posté rue de Solférino, vous connaissez la suite.

Côté gloire et célébrité c'était plutôt foiré. Mais j'ai repris goût au métier. Et je prépare mon plus gros coup : une des candidates à la Présidence de la République est la petite-fille cachée de Léni Riefenstahl.