26 janvier 2015

C.R.E.A.M.

Muhammad Speaks  

Festivus, festivus 

C'est avec ce motto qu'il semble qu'on ait décidé d'ouvrir un nouveau chapitre à l'avenir décrépit du monde occidental, en cette bonne année 2015.

Tout va donc pour le mieux, dans le meilleur des mondes.


 Le pays a démontré avec entrain son union nationale au son de "padamalgam", "plus-jamais-ça" ou "jesuischarlie".

François et Manuel, nouveaux héros du peuple, sont au plus haut des sondages d'opinions.

Les Français sont désormais résolus à accepter davantage de lois encadrant ou entravant leurs libertés.

Macron, tout à son aise dans notre social-démocratie, peut faire voter son projet de lois économiques pendant qu'on remettra sur la table de nouvelles avancées sociales promises naguère, au nom du progressisme triomphant.

Question pognon, vu la croissance molle actuelle héritée de nos fiers hommes politiques, Mario vient de mettre 1100 Milliards d'Euros de viagra sur la table, mettant le monde de la finance en joie, et les finances des contribuables à mal.

Et pour parfaire l'ensemble polyphonique européen, Syriza a sa coalition pour diriger la Grèce vers le pire et l'incompétence générale, dans une sombre histoire de revanche entre cigales grecques et fourmis allemandes.

Bref, l'Ukraine peut bien s'enliser, Dieudonné être embastillé et Obama jouer au golf.

Rajoutons pour le menu du jour: Des conflits et des stratégies géopolitiques conduisant à une volonté d'isolement Russe, le prix du baril de brent accentuant le risque de déflation et les tensions attenantes, la votation du traité trans-atlantique ouvrant sur davantage de paupérisation européenne et le renchérissement de l'économie américaine, et une classe politique européenne qui a choisit de déshabiller Paul, Hans, ou Roberto pour habiller Mamadou, Ahmed, Angelopoulos et ces nouveaux immigrants débarqués du Somaliland ou de Syrie, désormais estampillés "nouvelle chance pour l'Europe" et installés à grand frais un peu partout avec une prodigieuse bienveillance de nos chers élus, aussi bien de droite que de gauche.

Tout ça en attendant que les extrêmes montent et que les radicaux de tous bords fourbissent leurs armes...

Pouvait-on rêver mieux ?

Merci Mario. Grâce à toi, la finance se marre. 

C.R.E.A.M. 

Il y a de ça quelques années, Warren Buffet avait décrit non sans un certain humour, le conflit sous-jacent le plus important de ces dernières décennies, en des termes très clairs qui ne laissent pas de place au doute: "Nous sommes bel et bien dans une guerre des classes, mais c'est ma classe, la classe des riches qui fait la guerre et c'est nous qui gagnons."

Oui, les riches ont gagné. Quoique vous en pensiez. Et pas nécessaire de s'appeler Piketty pour le comprendre.
Le dernier coup de semonce vient d'être acté dans l'Union Européenne. Il est porté par Mario Draghi.

Après Ben Bernanke et Haruhiko Kuroda.

Des noms qu'on oubliera presque dans l'histoire, mais qui resteront à jamais associés à l'un des plus formidables hold up financier existant, suivant cet adage persistant dans la profession: 

"Individualisation des profits, mutualisation des pertes."  

L'abondance de liquidités actuelles, fournies par des Banques Centrales et donc des Etats sur le dos des contribuables, et à destination du secteur privé financier, comme des investisseurs, ne fait que renforcer une position déjà prégnante sur l'économie des pays dit industrialisés et la classe sociale attenante, accélérant les inégalités, et accentuant leur avance sur le reste, dans cet âge d'or de la globalisation où la souveraineté des Etats n'est plus qu'un lointain souvenir.

Les contribuables, associés sans mot dire, qu'ils soient Américains, Européens, ou Japonais, auront été des acteurs majeurs de cette redistribution inégale, et en seront pour leur frais, à des degrés hélas assez divers.

Tout ça sous les vivats du secteur financier, rassasié à court terme, et des hourrah du politique, qui y voit là une nouvelle manière de financer sa gabegie pour l'endettement à bon compte et la redistribution clanique, surtout quand ce sont les cons qui payent. 

Mencken ironisait déjà: "L’État, ou pour rendre les choses plus concrètes, le gouvernement, se compose d’une bande de types exactement comme vous et moi. Ils n’ont, tout bien considéré, aucun talent particulier pour les affaires du gouvernement ; ils n’en ont que pour accéder à une fonction et la garder. Dans ce but, leur principal procédé consiste à chercher des groupes de gens qui courent désespérément après quelque chose qu’ils ne peuvent pas se procurer, et à promettre de le leur donner. Neuf fois sur dix, cette promesse ne vaut rien. La dixième fois, elle est tenue en pillant A afin de satisfaire B. En d’autres termes, le gouvernement est un courtier en pillage, et chaque élection est une sorte de vente aux enchères par avance de biens à voler."

1100 Milliards d'Euros donc.

Une bagatelle.

Pour un massacre annoncé.

Salade, tomates, oignons.

Reste pour vous à voir venir.

L'hyperinflation qui s'ensuivra, l'effondrement de la valeur monétaire, l'explosion du risque souverain attenant, la nécessité de refinancement d'un secteur public qu'on laissera pour compte, la spoliation à venir de l'épargne façon Chypre, les épisodes consécutifs de bulles, et l'éclatement de celles-ci produiront des effets durables sur les économies, la création de richesses, la fiscalité et la situation des ménages à moyen et long terme, sans compter sur l'instabilité voir l'incurie politique qui plongera le pays et d'autres vers l'absence de réformes, ou pire, une situation de guerre civile ou de conflits qu'on attachera à couvrir ou ignorer.

Bref, davantage de Précarité - Insécurité - Pauvreté pour nos malheureuses classes moyennes.

Ou la violence totale, façon "retour aux heures les plus sombres".

Le phénomène de globalisation achevant l'ensemble d'un tableau où la fuite des capitaux et de ces mêmes riches conduiront à l'ouverture des hostilités.

Attendez-vous à vivre de sacrés années.

Entre un chômage dopé aux stéroïdes, un radicalisme de circonstance, et un rayon faits divers à faire blémir le moyen-âge, le tout meublé par le blablabla vociférant du politique et des médias prêt à lyncher quiconque s'écartera des dogmes de la bien-pensance actuelle, et la mine goguenarde du secteur financier, tout heureux de faire main basse sur des pans entiers d'actifs très valables, entre groupes industriels type Areva, immobilier, ou autres aéroports, l'avenir s'annonce joyeux et festif.

Oui, on risque bien de rire jaune, ou noir, mais en tout cas, dans une grande joie festive de destruction, c'est certain.

En attendant, ne reste plus qu'à s'abrutir avec des émissions d'Hanouna et le retour de Nabilla, l'avenir s'inscrivant entre les HLM, la débrouille et la carte au PS pour tenter d'arrondir les fins de mois.

Bref, joyeuse année 2015. Et bonne chance à tous.

3 commentaires:

  1. Bon alors on fait quoi, à part se tirer trois balles dans la tête pour ne pas voir ce qui est en route ?

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  2. Tiens, c'est cadeau:

    « Il n’y a qu’une liberté, rien qu’une: c’est de voir clair d’abord, et puis ensuite d’avoir du pognon plein les poches, le reste c’est du mou ! »

    Louis-Ferdinand Céline, Voyage au bout de la nuit.

    Clarence, Linda de Suza en Rimowa

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  3. "Syriza a sa coalition pour diriger la Grèce vers le pire et l'incompétence générale, dans une sombre histoire de revanche entre cigales grecques et fourmis allemandes". Si ça c'est pas de la bien-pensance... Comme le soi-disant isolement de la Russie (faudrait en parler aux asiatiques, africains et sud-américains, soit les 3/4 de la planète à la louche).

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