24 août 2006

Le revolver de Baldur


Qui était vraiment Baldur von Schirach, celui qui sortait son flingue quand on lui parlait de culture ? Un nazi certes, mais contrairement aux autres, pas un lèche cul.


Quatrième et dernier fils d’une américaine et d’un officier aristocrate allemand, le petit Baldur, qui dira un jour « quand j’entends parler de culture je sors mon revolver » avait pourtant tout pour devenir artiste.

En 1908, il n’avait qu’un an lorsque son père Carl démissionna de l’armée pour devenir directeur du théâtre impérial de Weimar. Il fut toujours baigné de théâtre, de musique, de littérature et sa précoce fascination pour Goethe le fit même accoucher très tôt de bons poèmes. En 1917, la guerre aidant, le voilà embrigadé, à dix ans, dans la Ligue des Jeunes Allemands, une organisation ultranationaliste. Le pas est franchi et il n’y aura plus de retour en arrière.

Après la défaite de 1918, la famille, comme le reste de l’Allemagne, prend la pente descendante. Son père reste longtemps sans emploi et son frère aîné, écœuré par la défaite, se suicide. Après un voyage chez sa famille aux USA, Baldur, rentre en Allemagne où en 1925, il rencontre Adolf Hitler. C’est la révélation. Il entre aux SA en 1927 puis s’inscrit à l’université de Munich où il suivra des cours d’histoire de l’art, d’anglais et de littérature allemande.


Von Schirach et Hitler

Bien que très jeune, Baldur va rapidement gravir les échelons du NSDAP. Chef de l’Union des Etudiants Hitlériens en 1928, puis chef des Jeunesses Hitlériennes en 1931, il organisera un an plus tard une monumentale marche de la jeunesse nazie, faisant venir à pieds des dizaine de millier de jeunes de toute l’Allemagne pour rendre hommage à Hitler.


Marche de la jeunesse allemande, 1932

En 1933 il devient le chef de la Hitlerjugend, organisation maintenant indépendante et déliée des SA. Un an après elle compte 3.6 millions de membres puis, en 1939, 12 millions de jeunes allemands.



Véritable vivier pour la SS, la Hitlerjugend, chapeauté par Himmler, fournit l’élite de l’Ordre Noir. Mais von Schirach n’a pas que des amis. Un certain Martin Bormann ne cesse de lui mettre des bâtons dans les roues, le raillant ouvertement sur un embonpoint peu compatible avec la propagande sportive des jeunesses hitlériennes. Piqué au vif, von Schirach s’engage dans l’armée en 1939 et participe à la campagne de France. Il y gagnera la croix de fer de seconde classe et sera promu lieutenant avant d’être rappelé à Berlin. C’est l’un des premiers dignitaires nazis à déclarer ouvertement son opposition à une guerre à outrance. Bormann n’aura donc aucun mal à prendre sa place à la tête des jeunesses hitlériennes. Von Schirach se retrouve gouverneur de la région de Vienne où, pour faire du zèle, il va déporter 185.000 juifs à l’Est.


Von Schirach à Vienne en 1940

Cela ne le remettra pas pour autant dans les petits papiers d’Hitler et leurs relations iront en se dégradant jusqu’à la fin de la guerre. Lorsqu’il organisera en 1943 une exposition à Vienne sur l’art dit décadent, le führer laissera exploser sa colère. Invité un peu plus tard au nid d’aigle, il eut même l’audace de demander à Hitler un meilleur traitement pour les civils russes. Sa femme Henriette, qui rentrait de Hollande, apostropha le führer en lui demandant s’il était au courant des atroces persécutions exercées par ses soldats sur la population juive. Hitler quitta la table et ne devait plus jamais les recevoir.
A la chute de Berlin von Schirach tenta de fuir et devint un temps interprète sous un faux nom pour les Américains. Sans doute pris de remords, il dévoila sa véritable identité avant la capitulation allemande. Jugé à Nuremberg, il fut le seul, avec Albert Speer, à faire repentance et mentit en prétendant n’avoir jamais eut connaissance de l’existence des camps de la mort. Il alla même jusqu’à affirmer que son rôle à Vienne n’était que social et culturel.


Von Schirach lors du procès de Nuremberg

Il fut condamné le 1er octobre 1946 à 20 ans de réclusion pour crime contre l’humanité. Il sortit de la prison de Spandau en septembre 1966 et mourut dans son sommeil huit ans plus tard.
Ses mémoires, « Ich Glaubte an Hitler », tentèrent d’expliquer sa fascination et celle de la jeunesse, pour le führer.

3 commentaires:

  1. Bien joué Atlantis.

    Sujet bien traité, que des faits pas de moraline.

    Cool.

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  2. Moi, je l'ai toujours appelé Balladur Von Chirac.

    Allez comprendre pourquoi...

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  3. euh ben pourquoi kalle ?...

    paraît que Baldur était démocrate à neuf ans... Hum hum...

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