14 juin 2011

Quand l'heure de la révolte sonne, le rebelle obéit à la cloche



Le rebelle n’est pas exactement le contraire du conformiste. Il ne vit pas en marge de la société comme il l’imagine, mais au contraire est relié à cette société par un fort lien de dépendance.

Car le rebelle n’a d’attitude rebelle que par rapport aux autres (et souvent au détriment des autres). Son surplus de liberté, il ne le tire pas de son chapeau, il ne l’invente pas, mais il l’extorque aux autres, à ceux que son action prive de liberté.
  • Le motard qui fait pétarder sa bécane en ville ne peut le faire seulement parce que les autres ne le font pas : si tout le monde le faisait, ce serait simplement impossible, ou bien le motard y perdrait son intérêt.
  • Celui qui refuse de faire la tâche qui lui est demandée, de fait, n’annule pas la tâche ou ne la fait pas autrement : il la laisse simplement à un autre de meilleure volonté.

En somme, le rebelle ne vit que parce que les autres sont là pour le racheter. Ce sont les conformistes, qui par leur comportement compensateur, autorisent et valident celui déviant du rebelle. Le rebelle n’est pas autonome : il vit aux frais du conformisme. Il dépend principalement de la capacité d’abnégation des autres. Il dépend du conformisme comme le loup dépend des moutons et comme l’adolescent dépend de l’argent de son père pour acquérir les outils de sa rébellion (cigarettes, haschisch, guitare électrique…).

Ainsi, le rebelle n’est pas un « pestiféré » mais un privilégié. Quelqu’un qui « se paie le luxe de »… Un enfant énervé que la société tolère et à qui l’on cède son caprice. C’est pour cette raison qu’il n’a aucun intérêt objectif à ce que la société change. Il souhaite au contraire qu’elle perdure, qu’elle reste conformiste et qu’on ne soit pas trop nombreux à le rejoindre dans sa minorité et son attitude. Sa « rébellion » ne prend racine que dans un terreau majoritairement conformiste. C’est pour cette raison aussi qu’au fond, la société ne perçoit pas le rebelle comme une menace mais seulement comme une nuisance.

8 commentaires:

  1. Mods et travlos15 juin 2011 à 00:19

    Il a pas l'air de marcher pas terrible le sèche-cheveux. A ce compte-là mieux vaut se la jouer crâne d'os.

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  2. Mouai, c'est bien torché le topo... En même temps, si c'est hyper conformiste de se rebeller, faut faire la démo que se soumettre, c'est entre en rébellion, non ?
    Norbert

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  3. Très vrai !!!...chapeau !

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  4. La société le plus souvent considère le rebelle comme un héros.

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  5. Tout à fait.
    L'histoire de la civilisation, c'est l'histoire du surplus et des improductifs qui peuvent en vivre.

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  6. Je trouve ce sujet curieux. Moi même je refuse de " faire la tâche qui m'est demandé ", et pourtant je ne me considère pas comme un rebelle. Je ne suis pas ami avec les individus du type " djeunes " tel que celui que l'on voit sur la photo, néanmoins je n'ai pas envie de me soumettre aux injonctions de mes "supérieur" hiérarchiques parce que sinon je vivrais comme un chinois et non comme un français! Ce texte est intéressant mais il a tendance à mettre tout le monde de le même panier.

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  7. Bel article.
    Proposes-le a AgoraVox, je pense qu'il sera accepté, c'est assez facile.

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