19 novembre 2010

Dissection d'un patron de gôche

L'Histoire nous apprend que derrière le patron de gauche, se cache bien souvent un bon vieux mec de droite


A défaut de connaitre la chance d'avoir des parents communistes, qui a eu celle de bosser pour un patron de gôche ici? Malheureusement pas moi. Aussi loin que je me souvienne, je ne vois que de bons vieux électeurs UMP disciplinés, peut-être un ou deux nostalgiques du CNI et j'ai même eu le bonheur de surprendre le dernier en date à 6h du mat' se donnant du plaisir courage sur le parking de la société en entonnant des chants militaires sur le chemin du taf. Pour ma plus grande satisfaction, j'ai fini par en dénicher un au hasard d'une rencontre. A la suite de cet édifiant échange, il sèche à la cave.

Police scientifique du CGB


Comment reconnaitre un patron de gôche ? En fait ce n'est pas difficile, il est sympa. Sympa et de gauche. D'ailleurs il vous met rapidement à l'aise en l'affichant dans la conversation voire dès l'entretien d'embauche.

Cadre de la boite :
4 salariés à temps plein
1 salarié travaillant en externe au coup par coup
3 à 4 stagiaires peuvent se relayer au cours de l'année. Ils se voient confier des missions facturées aux donneurs d'ordre, mais eux restent non rémunérés.

Le patron de gauche pratique un franc tutoiement de rigueur mais ne développe pas de grille salariale au sein de l'entreprise, du moins pour ses salariés, son salaire propre reste secret. Tous, chef de projet comme employés, sont payés au même salaire, soit le plus bas. Non pas qu'il soit radin mais au nom d'un beau principe d'égalité entre les salariés.
Le salaire peut augmenter au mérite, grâce à un système de développement de primes selon la productivité. Il faut savoir être réactif dans un contexte de concurrence exacerbée sur un marché mondialisé (j'aime bien ce genre de phrases, ça fait aventurier en slip kangourou). Pas de 13ème mois.

Les heures sups sont interdites. Du moins en théorie. Elles ne sont surtout pas payées. Car dans la pratique elles sont obligatoires. Elles sont à prendre exclusivement en récupération. Et dans un secteur où les délais de livraison sont extrêmement court et tendus, les projets pouvant tomber à n'importe quelle heure de la journée, on se retrouve facilement avec plus de 300h sups par an. 300 heures c'est impossible à rattraper. Elles sont donc perdues. Sans compter qu'on peut facilement se retrouver à emmener du travail chez soi.

Le patron de gauche engage des collaborateurs bac+5 pour un salaire net de 1200 euros par mois. Et le gras se fait sur les primes. Hors si vous récupérez vos heures sup, impossible de développer de la prime. Le serpent se mord ainsi la queue où on est obligé de faire des heures sups pour rendre à temps les contrats et dégager des primes qui finalement ne couvrent pas vraiment le nombre d'heures sups effectuées niveau taux/horaire, heures sups dont la récupération empêche le développement des primes etc etc.

On peut ainsi féliciter ce patron de gauche sachant parfaitement s'adapter aux enseignements de la flexibilité et de l'annualisation du temps de travail. Mais si son ancrage à gauche ne se retrouve pas dans une philosophie de partage des richesses où peut-il bien se nicher ?
revenons un instant aux fondamentaux


Il faut aller chercher du coté sociétal et sur le plan personnel

IL faut pour ça consulter la plaquette de com de la boite sur laquelle trône en bonne place, ainsi qu'encadrée dans l'entrée du bureau, l'appartenance de la boite à « ni putes ni soumises ». Oui monsieur. La société verse chaque année sa contribution à l'association, je me demande si y a pas une histoire d'exonération d'impôts derrière, qui a tant fait pour la carrière de Fadela Amara, lui permettant d'accéder à un poste ministériel...dans un gouvernement de droite. Car le patron de gauche n'est pas sexiste comme le prouve cet engagement citoyen auprès de l'assos, ainsi que le fait que la totalité des employés soit des femmes. Le patron de gôche ne pratique pas de discrimination raciale, il se félicite d'employer des stagiaires (non rémunérés) d'Afrique noire. Et la femme de ménage est une étudiante chinoise, à qui il loue une chambre, les heures de ménages étant décomptées de son loyer.

Il reste à l'écoute des mouvements sociaux et saura devancer toute tentative de mobilisation en proposant lui-même aux salariés d'aller tous ensemble et solidaires manifester le samedi, jour de fermeture de la boite, pour la préservation de l'âge légal de départ à la retraite.
Sur un plan plus personnel, il est mollement engagé du coté d'Europe Ecologie (l'avenir !) et prêt à se mobiliser pour aller déboulonner les statues des grands hommes inaugurées par Georges Frêche. Fait preuve de beaucoup de tendresse pour le combat des sans-papiers et se rend à son travail à vélo quand ce n'est pas à rollers.
Il déteste Sarkozy et place beaucoup d'espoir en DSK. En 2007 il était pour Ségolène « un vrai vent de changement, un signe fort de modernité que de porter une femme au pouvoir ».

Je le soupçonne d'avoir son t-shirt « yes we can » mais il n'ose pas le revêtir en dehors des tâches ménagères partagés.
J'ose à peine conclure en ajoutant qu'il milite sincèrement pour le mariage gays et adore les free-hugs, vous allez finir par croire que je caricature.

La révolution est pour demain




4 commentaires:

  1. Je n'ai jamais non plus bossé avec un de ces grands hommes de gauche.

    Ceci dit, si ça m'était arrivé dans ma jeunesse, j'aurais touché beaucoup moins, il aurait put être notable de sa ville, altermondialiste, trotskyste, président d'une ligue de vertu, ami du maire (de gauche) il aurait terminé ses mails par "amitiés" et n'aurait pas hésité à te faire finir un projet pendant le week-end, 48h de taff non-stop au menu, alors que cet enculé aurait bloqué lui-même le truc par pure paresse, parce qu'il n'aurait pas bougé son gros cul depuis six mois... Et puis il m'aurait demandé etc... Souvenirs... Souvenirs... Ah, le gros fils de...!

    Y'a ça aussi ds le genre : http://www.culturalgangbang.com/2009/08/pubards-revolutionnaires.html

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  2. Je me rends compte à la question "qui a eu celle de bosser pour un patron de gôche ici?", que je n'ai quasiment que des expériences de cet acabit. Je crois que je vais en chier un livre.
    PS : le portrait que tu en dresses est trop flatteur. J'ai souvenance d'un ancien patron ; y venait de racheter l'entreprise dans laquelle je taffais. Il était habillé tous les jours de sa vie en costards de valeur, roulant en 4X4 BM, proprio dans le IXème, touchant pourtant l'allocation chômage (amis du Trésor, si vous voulez son nom, écrivez-moi car c'est encore le cas à l'heure qu'il est). Un jour, me regardant bien droit dans les yeux le mec y m'dit pas : "Vous savez moi, je suis un gauchiste." J'ai démissionné une semaine après pour partir dans un truc encore plus malsain dans le trip "on est de gauche, n'ayez pas peur médamezémessieurs, on est là pour vous aider". Putain. une boucherie. Je digresse, pardon. L'enculé encravaté donc, il a viré tous mes anciens collègues en moins d'un an pour les remplacer par des stagiaires et des contrats aidés, tremplins, ou sa mongolienne de femme, à laquelle il a justement donné ma place après mon départ. Au dernier des licenciés, il avait proposé de signer une lettre dans laquelle il reconnaissait l'avoir menacé de lui briser les deux genoux. Ahlalalalalakbar...

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  3. La photo on dirait un mauvais remake bulgare du Parrain. Avec les copies (comme cochons) de Sonny à gauche (mais du genre à se défiler là ou l'original fonçait dans le tas tête baissée), de Fredo à droite (en plus niais encore) et de Don Corleone au centre (un Don qui a le sens de la famille... mais aussi du travail et de la patrie. Et a été décoré par Aleksandar Tsankov pour ça).

    Mais je veux bien voir ce remake daubesque a cinoche seulement si Hristina Ruseva joue le rôle de Connie Corleone, en petite tenue.

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  4. Tout çà , c'est le problème de croire -encore- qu'être de gauche "cébien".

    Remarquez, il y a aussi des patrons de droite qui achètent le CD des Restaus du Coeur, puisque sa boîte fait payer à ses clients les produits qu'il vend pour les donner...Aux Restos du Coeur. Pas folle, la guêpe.

    Sébastien

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