30 août 2007

Le paradigme du climatiseur


Vous aimez la clim'? Cet air frais, ce bruit bourdonnant dans votre appartement, votre voiture, au boulot...Au CGBi, on est comme les autres: on se laisse bercer par le ronronnement du progrès, du confort à la Babbitt.

L'effet du climatiseur constitue une merveille pour toute critique constructive du progrès à la Jacques Ellul et la dichotomie progrès/castastrophe inhérente à l'évolution de la technique...c'est peut-être ce qui manque au paradigme du climatiseur trouvé sur le blog d'un disciple du sage Gurdjieff, maître de Louis Pauwels, qui illustre par ailleurs à merveille la condition de planqué de l'homme moderne:







Le moteur du projet marchand peut-être comparé à un climatiseur (appareil destiné à supprimer localement les climats)

Une partie - discrète – agit sur un environnement – chambre, appartement, boutique, centre commercial ... – où l’on souhaite augmenter le niveau de confort, tandis qu’une autre – beaucoup moins intégrée – rejette l’exacte contrepartie de ce surplus de bien-être vers ce qui est alors nommé « l’extérieur ».

Les plus frustres de ces appareils montrent très bien ( pour d’autres plus sophistiqués, il en est de même, mais l’intégration en est plus subtile) comment vers ce « dehors » sont rejetés : la chaleur, le bruit et d’autres éléments nocifs.


Ce système est un paradigme efficace du monde capitalisme


Une organisation : appareil dans lequel sont inclus les « accords commerciaux », règlements internationaux, etc., est au service d’appartements confortables aux quels elle distribue un surcroît de bien-être. Service rendu possible grâce à des « emprunts » au « dehors » et à des rejets divers, générateurs pour les humains du dehors (soi-disant eux aussi en passe d’acquérir prochainement un climatiseur) un supplément de mal-être.

** Conditions de fonctionnement **


Comme tout appareil technologique (Lewis Mumford aurait dit plus simplement « Machine ») ce climatiseur particulier, nécessite un environnement adéquat et possède des conditions d’utilisation pour un rendement optimum.
Celui-ci coupe le monde, comme je l’ai déjà évoqué, en deux parties bien distinctes.

-- L’appartement (côté chair) --
Le monde occidental est dans une première approximation, « l’appartement ».
C’est un lieu où doit régner un ordre relatif (d’une certaine manière c’est une question « d’hygiène »), où l’individu doit sentir suffisamment en sécurité et en situation de bien être, pour ne pas avoir envie de vivre autrement. Il est également indispensable qu’il se considère dans une position relativement privilégiée. (L’impression d’être dans une situation enviable rend discret et parfois même muet en ce qui concerne les revendications fondamentales)

-- Le dehors (côté os) --
Le reste de la planète est cet extérieur auquel la machine à confort prélève les matières premières nécessaires à son fonctionnement et vers lequel elle rejette les déchets et les désordres correspondants.
Plus les perturbations sont externalisées et plus la cohésion de l’appartement est renforcée. De même que, plus les éléments sont déchaînés à l’extérieur d’une maison – chaud ou froid intense, vents forts, ... – et plus le bien-être, du bon côté des murs, est perceptible et apprécié.

** Rôle de la pseudo-démocratie **

Un des outils au service de la machine à supplément de bien-être est particulièrement précieux. Il cumule en effet plusieurs fonctions très importantes.
Cet outil est la forme particulière qu’à pris le projet démocratique dans la plupart des pays occidentaux.

-- Fonctionnalité côté appartement --


De ce côté du « climatiseur », la démocratie est un fort outil de légitimation. La loi, les contrats sociaux, les conventions, etc., étant établis au nom du peuple, il est très difficile de les contester. Par ailleurs la révolte, perd la possibilité d’identification d’un responsable, d’un tyran et la répression n’étant pas celle d’un homme mais celle de tous, celle-ci peut utiliser des armes hors normes. La peine de mort dans un pays prétendument démocratique peut même paraître « juste ».
La démocratie s’appuyant dans son principe sur un peuple donne l’illusion de l’existence d’une telle entité et permet l’invention de liens nationaux forts, brisant des solidarités plus naturelles de toute autre nature.

-- Fonctionnalité côté « dehors » --


Système flou, permettant de fait tous les régimes d’une tendance politique extrême à l’autre, la démocratie actuelle permet de contrôler des pays tiers, bien plus facilement que par des coups d’état provoqués.
Le cahier des charges étant minimum : procédure dite d’élections libres, il donne de grandes possibilités de modulation, à condition bien sur de disposer des outils de contrainte adéquats (puissance financière, armée, politique)
Par ailleurs, l’ordre de l’appartement se nourrissant, comme je l’ai déjà indiqué, du désordre extérieur, la démocratie « en carton » est le meilleur système pour entretenir, dans des pays où les conditions matérielles sont très insuffisantes, le chaos générateur de grands « courant d’airs frais » dont on pourra prélever la partie utile
- population émigrée sélectionnée darwiniennement aux frontières par la mise en place de tests de survie (frontière Mexique/USA être capable de distinguer 11h du matin de 11h le soir, de courir plus vite que les projecteurs, de se glisser sous des barbelés, de se hisser à la force des bras en haut d’un mur, éventuellement de plaire à une Etats-unienne)
- populations soumises au travail sur place
- agitation et manque rendant le travail, même éprouvant et sous-payé, désirable.

** L’outil terrorisme **

Agent d’intervention multiforme dans les deux espaces définis, il apparaît, pour peu qu’on y prête attention, que le terrorisme est, des deux côtés de la « cloison », l’outil idéal de régulation.

-- Côté appartement --

Dans les enceintes à supplément de bien être, il est nécessaire, au-delà de tout principe d’appartenance, de renforcer périodiquement la cohésion des individus.
Le terrorisme remplit parfaitement cette fonction.
- Il cristallise les désirs et positions par la simple évocation de leur perte.
- Il permet des purges internes et ceci hors de toute procédure de droit classique.
- Il provoque la soudure de liens (soudure fragile, mais accélérée) et donne de la cohésion à des groupes plus ou moins artificiels mais utiles.
- Il permet d’occulter des moments d’inconfort relatifs dus à des difficultés conjoncturelles de gestion.
- Il rend possible des opérations comptables qui, en temps ordinaires, ne l’étaient pas.

-- Côté extérieur--

Soupape de sécurité du côté « dehors », le terrorisme permet de mettre au service du système marchand, de façon indirecte, ceux-là même qui pourraient en être les opposants s’ils ne prenaient les armes. (En les persuadant notamment que par des moyens légaux, face au pouvoir implacable de l’occident, ils n’ont aucune chance d’agir efficacement).
Meilleur outil au service du chaos, le terrorisme dans toutes ses variantes permet de « gérer » les pseudo-démocraties de l’Extérieur, afin de conserver dans ces lieux de production de confort, les conditions nécessaires, tant au niveau des zones d’ordre ponctuel (et absolu : usines de fabrication) que du désordre global environnant.

** Conclusion :Reprendre les jumelles à l’endroit **

Ainsi, certains conflits récents pourraient bien être l’exact contraire de leur représentation médiatique.
Suppression d’un excès d’ordre et restauration d’un chaos nécessaire, comme en Afghanistan ou, mise en place à marche forcée d’une démocratie à des fins de contagion, face à l’ennemi par excellence : un régime islamique modéré et relativement stable, en Iran.

Loin d’être l’Ennemi visé par toutes les opérations de polices intérieures et extérieures, le terrorisme ne serait peut-être en définitive que le second compère d’un duo irrésistible à ce jour.

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1 commentaire:

  1. Sus au Grenelle de l'environnement!!

    Vive la clim et la VMC!!!

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