Suite et fin de l'entretien entre le CGB et le Tribun de la Canaille.
(Par Christ-Off et Gabriel Fouquet).
_ Tu lui as fait quoi pour quelle te déteste comme ça Manon Roland ?
_ Ah la Manon ! La « reine Coco » comme on l’appelait mon p’tit lord ! Inutile de dire qu’être appelée reine en nos temps troublés, c’était une promesse à peine voilée de faire connaissance avec le Py funèbre et funeste de la guillotine. Personnellement, tu sais, les bonnes femmes et la politique… A l’époque, j’avais dit : « Nous avons besoin de ministres qui voient par d’autres yeux que ceux de leur femme. »… ça ne lui avait guère plu à Roland et à sa femme encore moins... Elle était mal baisée et amoureuse de Buzot. Son mari savait mais ne disait rien... Manque de couilles j’te dis ! Cornard aware… Y’a un mot pour ça et si y’a un gangbanger au courant qu’il nous le rappelle en commentaire !
Me suis laissé dire que vous aviez de vos jours des problèmes similaires avec une dénommée Royale. L’Histoire est une vieille fille mais qui n’est pas dénuée d’humour pour autant. AHAHAHAHHAHAHAH. « L’éternel retour » paraît.. Sers moi donc à ripailler l’ami, ta veuve m’a mis en appétit ! Cette vieille garce de Manon, elle était voluptueuse. Lui aurais bien investi les fondements… Le fait qu’elle soit mal baisée, ça l’a faite partir en quenouille. Elle était bloquée idéaliste aussi, avec ses petites tentatives de sociétés sur d’anciennes terres du clergé. Elle a dit « Il faut veiller ou prêcher jusqu’au dernier souffle, ou ne pas se mêler de Révolution. », on me dit misogyne mais pas jusqu’au point de lui donner tort sur ce point… Tu sais pas qu’à la mort de ma femme, je l’ai faite déterrer quelques jours après pour à nouveau pleurer mon bel amour ! Alors pour la misogynie, l’Histoire repassera !
_ Ouais, pour te remarier quatre mois plus tard avec une gamine de seize ans…
_ Ah, la petite Louise… Jeune et fraîche…
_ Thermidor, la victoire des lâches ?
_ Non, non : la victoire de l’instinct de conservation ! On était monté « jusqu’à des sommets où il était impossible de respirer ». Fallait bien redescendre un jour. Et Max, fallait bien nous l’décapiter ! Tout cela était très logique : Py = 3,14 et caetera… Les nombres entiers et les corps sans tête ni queue. HAHAHAHAHA. Thermidor termine le premier cycle. Fallait entériner la bourgeoisie et enterrer le folklore politique-hémoglobine, fallait surtout qu’les rescapés sauvent leurs têtes. Nos destins avec Maxou étaient liés. Thermidor : tout le monde descend chez Satan !
_ Le culte de l'Etre suprême, de la Vertu, de Jean-Jacques Rousseau c'était pas trop ta came à toi non ?
_ C’est le moins qu’on puisse ! Des conneries de castrés. « Ce ne sont pas les philosophes, eux qui font des systèmes, qui ébranlent les empires ! ». Le peuple n’y entendait rien en plus… La preuve par quatre, l’engeance de Monsieur R : Max et son Etre Suprême à deux sous… Moi, c’était plutôt, vinasse, bonne bouffe, bonne baise et immobilier. J’ai fait des jaloux : « si vous voulez durer, ne soyez pas aimés ». C’était une révolution de petits bourgeois. Moi j’étais avocat, on allait pas me conter fleurette avec des idéalisteries de mauvais coup : « Vendu moi ? Mais je suis un homme impayable ! ». Et le bon mot à la postérité ! Cela dit, j’avoue et je le répète : j’ai acheté ma licence en droit… Mais j’étais un avocat panthéonien !.. Cela dit, ça m’empêchait pas de sous-tirer quelques denier du côté d’la rue lâcheté. Appelle ça d’l’opportunisme humaniste indulgent.
_ Valmy : tu lui as offert quoi à Brunswick pour qu'il se couche ?
_ Arrête tes conneries ! Valmy, on a gagné grâce à la Marseillaise. On n’a pas toujours pris des branlées par les prussiens. On était en état de grâce mon p’tit lord ! La France bleu blanc rouge avait soif de naître dans le sang. Ça commence toujours comme ça les naissances : dans un bain de sang. Cela dit le sang appelle la merde et les prussiens tenaient une chiasse de tous les diables ! Napo s’est occupé de finir ce stratège.
_ Et sinon la vérité ?
_ « De l’audace, encore de l’audace, toujours de l’audace ». « Le tocsin qu’on va sonner n’est point un signal d’alarme, c’est la charge sur les ennemis de la patrie »…
_ Nostalgique ?
_ Mes heures de gloire…
_ Et sinon, la vraie vérité ?
_ D’la shadow diplomatie mon p’tit lord ! D’la vraie. Magouilles, promesses et compagnie… Mais z’avaient la chiasse quand même les prussiens...
_ Septembriseur ?
_ Tu voulais que je fasse quoi mon p’tit lord ? Sur le coup, rien. Alors a posteriori pour éviter ce genre de boucheries, j’ai créé le…
_ Oui ?
_ J’ai créé le tribunal criminel extraordinaire de Paris, soit la future juridiction d’exception plus connue sous le nom de tribunal révolutionnaire… Pour sûr qu’il allait révolutionner la justice ! « Ici, le salut du peuple exige de grands moyens et des mesures terribles. Je ne vois pas de milieu entre les formes ordinaires et un Tribunal Révolutionnaire »… Le con. J’avais creusé ma tombe ! Et profond : « Soyons terrible pour dispenser le peuple de l’être. Organisons un tribunal non pas bien, c’est impossible mais le moins mal qu’il se pourra afin que le peuple sache que le glaive de la justice pèse sur la tête de tous ses ennemis. ». Ecoute bien ça, on a créé un monstre : principe de légalité des peines et des délits foulé aux pieds, remise en cause du principe de l’individualisation des peines avec la peine de confiscation des biens des condamnés, non rétroactivité des lois pénales plus sévères reléguées aux mesure de fond et non de forme et en l’occurrence on unleashait the Hell, et mise à mort des principes de double degré de juridiction et du recours en cassation. Et le monstre a grandi. Robespierre en prit soin… Quand on élève des serpents, faut pas s’étonner qu’ils vous mordent un jour… Il avait dit : « Qu’un tribunal établi pour faire marcher la Révolution ne la fasse pas rétrograder par sa lenteur criminelle. Il faut qu’il soit actif autant que le crime ». Tu m’étonnes l’ami mon p’tit lord… Il a bien fini par avoir la peau du Criminel… Petit à petit, le comité de salut public a tout géré. La séparation des pouvoirs ? Le jacobinisme forcené, c’est la concentration des pouvoirs : législatif, exécutif, judiciaire. Et nous on s’appelait la Convention… Tu parles d’un Contrat Social ! Le Comité s’est dès juillet 93 adjugé le droit de décerner des mandats d’amener et d’arrêt contre les personnes suspectes. Puis, ça a été la loi des suspects avec ses qualifications vagues comme celle-ci : « tout ceux qui arrêtent l’énergie par des discours astucieux, ceux qui parlent mystérieusement de la Révolution, s’apitoient sur le sort du peuple et sont toujours prêts à répandre de mauvaises nouvelles avec une douleur affectée, ceux qui n’ayant rien fait contre la liberté, n’ont aussi rien fait pour elle ». Sans compter les décrets qui ont suivi pour saigner à blanc les droits de la défense et de la mienne en particulier : après trois jours de débats, le procès s’arrêtait si les jurés s’estimaient bien éclairés… Eclairés par le reflet d’une lame au-dessus de leur cou… Et ce décret sur la mesure de ma mesure : le droit pour le Président du tribunal, sacré Herman, de mettre à la porte des débats tout accusé « qui résisterait ou insulterait la justice nationale »… Fouquier-Tinville dans le rôle du proc ! Un proche et je l’avais particulièrement mauvaise : c’est moi qui l’avais installé là… Ma Tombe creusé à six lieues sous terre j’te l’dis. C’était un vague cousin de Camille, qui était venu pleurer un soir à la maison façon « George, trouve une place à ce cher cousin dans la misère… ». Camille… Mis à mort par le parrain de son fils et sa propre famille. Quand je te parle de consanguinité ! Z’avaient pas l’choix Herman et Fouquier. Z’avaient pas l’choix d’être des déballonnés ! Et merde, avec les Montgolfier, ça nous fait des belles truffes réactionnaires ! Le deal était clair : le comité voulait nos têtes et pas dans un carton à chapeau. C’était eux ou nous. Cela dit ils faisaient que temporiser. Ils y sont passés sous le couperet, un an après. Quelle misère ce manque de courage. C’est intrinsèque aux terroristes…
_ Ce qui nous amène tout de go à ton procès en particulier…
_ Mon procès en particulier ? Un mandat d’arrêt rédigé le lendemain de mon arrestation, un acte d’accusation rédigé par St Just, des jurés soigneusement triés sur le volet, les témoins récusés, les preuves trafiquées et fournies au moment des délibérés, les pressions en sus sur les jurés qu’on avait pas été loin de convertir mais qui sentaient que s’ils nous acquittaient, ça serait eux les prochains… Ce fameux témoin à charge auquel j’avais demandé s’il nous croyait conspirateur et qui avait ri : « Voyez il rit ! Il ne le croit pas ! Ecrivez qu’il a ri ! ». Et le lapin du chapeau avec l’avènement de la théorie des complots avec la soi-disant tentative de financement d’une émeute par la femme à Camille ! Condamné sur des faits imaginaires… Le coupable imaginaire ! Après, ils ont voté la loi du 22 prairial mais l’ai pas connue de mon vivant… L’accusé déclinait ses nom, prénom, qualité et hop la ! C’était réglé pour lui. La justice et la politique… Le crime politique… J’ai péri par où j’ai péché : « Rien n’est plus difficile que de définir un crime politique ». Le TR était l’instrument d’épuration politique entre les mains de Max. Il ne tendait plus qu’à éliminer les ennemis de la révolutions et pas à les punir. 2585 décapitations en treize mois. Mais Max, Juste pas Saint, Crouton, Herr Herman, et Fou-à-lier Tinville font parti du compte. Les bons comptes font les bons amis. Lanjuinais avait dit après Thermidor : « il est nécessaire de convenir que tous ces individus, innocents ou coupables, n’ont pas été jugés mais assassinés ».
_ La compagnie des Indes, t'as touché ?
_ Meme pas, j't'assure mon p’tit lord. D'ailleurs à mon procès ils ont même pas essayé de me coller l'affaire sur le dos, non le truc c'était de me salir un peu comme le sans-culotte Jésus, crucifié avec des bandits. Mais c'est vrai que je les connaissais, j'étais même au courant de l'astuce, mais je trempais pas dedans. J't'explique le truc mais resserre-moi donc à boire et à toi avec t’as l’air moins vif que mort !… Ca se passait à l'été 1793, hier quoi, on était au plus mal niveau guerre, le bruit courait que la France pouvait être envahie du jour au lendemain. C'est là que les margoulins sont intervenus. Quelques députés, Delaunay, Delacroix, Fabre d'Eglantine etc… Ils accusèrent la Compagnie des Indes de financer les projets de trahison du Gros Louis. Ils firent mettre les scellés sur ses papiers et ses caisses. Les actions de la Compagnie chutèrent et eux ils rachetèrent le tout en sous main pour une bouchée de pain. Puis ils obtinrent le vote d'un décret autorisant la Compagnie à se liquider elle-même. T'as pigé le coup ? Ils échappaient ainsi au Trésor et effaçaient ainsi les dettes énormes que la Compagnie devait. Et puis comme d'habitude, il y en a eu un qui en en a voulu plus que les autres… Ma bonne planche pourrie : Fabre d'Eglantine, le poète calendaire... Mon ancien secrétaire de quand j’étais ministre de la Justice… Le pourri… Pour récupérer le magot il s’est mis à accuser ses partenaires d'être des agents de l'étranger. Les langues se sont déliées, et c’est arrivé aux oreilles de Maxou qu’avait pas ses lorgnons fumés dans sa poche… C'était pas trop son genre, les petits arrangements entre amis à « l’Incorruptible »... D’autant que mon club des Cordeliers l’agaçait de vouloir mettre un peu la pédale douce sur les mises en accusation et les condamnations à mort… Un vrai paranoïaque… Il voulait passer la démultiplier. Fallait qu’il fasse le ménage. D’abord les Girondins puis les Hébertistes. Fabre, ça a été son levier pour me mettre sa queue sans couilles dans l’cul… La technique de l’amalgame si tu veux tout savoir. On était seize dans l’box. Fabre nous liait tous. Il m’éclaboussait par nos liens étroits avec le scandale de la Compagnie des Indes, alors que dans le même temps, les Girondins n’avaient cessé de me mettre la pression sur mes comptes ministériels… Y’avait plus qu’à y ajouter quelques étrangers suspectés d’espionnage et de corruption politique et Robbie avait sa conspiration des étrangers. D’Espagnac mouillé aussi artificiellement dans le scandale… Il avait été mon protégé, ainsi que celui de Dumouriez traître à la patrie… Pour couronner le tout, il avait bouclé la boucle avec Héraut, proche des Hébertiste. Le complot d’envergure nationale quoi…
_ Euh régicide au fait ?
_ Plutôt décousu ton interrogatoire l’ami mon p’tit Lord !
_ Interview, c’est une interview, un reportage…
_ Ton interview, une vraie boutonnière AHAHAHAHA !
_ Ça sort comme ça vient, on ne coupe pas la parole, on laisse le flot s’épancher. Régicide donc ?
_ Me couper la tête certes ! Mais la parole, je voudrais bien voir ça ! Mon vote : la mort, sans sursis… J’avais pas le choix. C’était sa tête ou ma carrière… Il avait déjà un pied dans la tombe le gros Louis en plaqué toc.
_ En, 1793, alors que tu es le chef du Comité de Salut Public : insurrection en Vendée, ennemis aux frontières, insurrection fédérale dans de nombreux départements. Comme disait Marat, sous ta présidence, c’était plutôt le « Comité de la perte publique ». Robespierre avait peut être raison finalement : tu compromettais la Révolution.
_ Les compromis sont une chose. Les connes promesses une autre.
_ Anticlérical ?
_ Penses-tu mon p’tit lord ! J’ai dit : « c’est un crime de lèse nation que d’ôter au peuple des hommes dans lesquels il peut trouver encore quelques consolations. Si la Convention poursuit le fanatisme, c’est parce qu’elle veut la liberté des opinions religieuses. » Et après ce que je t’ai dit sur les curés de mon enfance, on peut dire que j’étais pas rancunier ! Tacticien, oui…
_ Oh oui, très fin. Tellement fine la tactique que ça t’a valu une décapitation. La sentence ? La dignité non ?
_ Attends, fallait le faire quand même de balancer : « Nous avons assez vécu pour nous endormir dans le sein de la gloire, que l’on nous conduise à l’échafaud ! Je ne disputerais pas d’avantage ma vie aux infâmes qui m’assassinent. Ma mémoire sera vengée ! Avant trois mois, le peuple déchirera par morceaux mes ennemis ! Mon domicile est bientôt dans le néant et mon nom au Panthéon ! Ma tête est là ! Elle répond de tout ! La vie m’est à charge, il m’en tarde d’être délivré ! ».
_ Mirabeau ?
_ Un bon pont lui ! J’ai pressenti ses desseins perfides et l’ai mis à jour en jouant d’astuce. On me l’a balancé en pleine face au procès et d’un trait j’ai emporté les hourras de la foule : « C’est une chose bien étrange que l’aveuglement de la Convention nationale jusqu’à ce jour sur mon compte. C’est une chose vraiment miraculeuse que son illumination subite ! ».
_ Le 14 juillet t’en penses quoi qu’on ait choisi ce jour pour célébrer la fête nationale ?
_ HAHAHAH ! Tu me parles de 1789 ou de 1790 ? Parce que officiellement, en 1880, on décida que c’est le 14 juillet de 1790 qui serait retenu pour cause de sang versé. C’est le jour de la fête de la Fédération qui est commémoré, ce jour où le roi prêta serment devant la Constitution et jura loyauté à la Nation et à la loi. Le jour de la réconciliation et de l’unité de tous les françois !
La fin justifie les moyens et la beauté le sang.
1789, c’est l’avènement de la beauté des actes atroces. L’invincible soleil de la liberté qui devint la géhenne des temps nouveaux. Il est toujours au zénith le soleil du vice esthétique.
Ce besoin d’exhiber les têtes, c’était faire passer le moment esthétique avant tout, pour frapper les imaginations. Et au bout d’une pique de la liberté, rien ne distingue la tête d’une victime de celle de son vainqueur. L’égalité absolue des hommes, on y est parvenu par la guillotine. La guillotine c’était notre machine à Egalité. Notre Py élancé et étroit, terrifiant dans ses formes de son rationalisme extrême ; l’outil de la connaissance, l’apogée diabolique des de l’époque des Lumières.
La guillotine… Pas de douleur. La fin des supplices pour les suppliciés. La guillotine ne tuait pas des hommes pour nous, mais des idées. Max et Couthon en étaient exaltés : pour eux, la guillotine avait aboli la mort, c’était l’apogée de l’humanisme. La guillotine ne coupait la tête que de citoyens, pas d’hommes… L’idéal de la guillotine c’est le clignement de paupière.
On a découpé aux ciseaux de cordonnier aussi ! Babeuf en fut horrifié et il dit : « le labeur de la mort ne fait que commencer. ». Le Diable n’y aurait pas retrouvé ses p’tits et c’est tout juste s’il ne se serait pas signé.
Le fruit le plus fatal de la Révolution ? La nouvelle rhétorique. Les phrases se mirent à peser plus lourd que les vies humaines ; toute la Terreur n’était que l’ombre de la novlangue. Mais le monde fut créé sur un jeu de mots…
Il suffit de faire de la Liberté un être animé, et hop ! Il devient possible de la violer.
Max, m’accusant avait dit : « La Liberté est offensée lorsqu’il est question d’accorder plus de bienveillance à telle personne plutôt qu’à telle autre. ». On coupait pas que l’herbe sous les pieds à l’époque et il me décapitait même cette herbe sous mon pied…
On a eu le culot d’humaniser l’harmonie universelle, tout ça pour extorquer au monde le cri du cochon qu’on égorge.
Idéalistes que nous étions, empêtrés dans la chair mortelle jusqu’aux genoux, non : aux oreilles.
Bref ! Tout cela était vain. On ne tuait que des hommes et pas leurs idées. Les idées sont éternelles. On ne peut pas couper la tête d’un ange… On toucha le fond lors de la décapitation de Philippe Lebas… Il s’était tiré une balle. On a guillotiné son cadavre. Peut-être ne passait-il pas avec la tête dans son petit cercueil apprêté… La Révolution a offert à la France d’horribles petits cercueils… Les nouveaux nés de la Liberté.
La Révolution a condamné les hommes à la vertu plus sûrement que n’importe quelle religion. Mais sans la liberté du vice, comment, je te le demande mon p’tit lord, comment devenir vertueux.
Nous avons éprouvé Dieu, l’Etre Suprême aussi durement dans le seul but qu’il nous prouve son existence en nous retirant la liberté de mentir, l’égalité dans la mort, et la fraternité des petits tyrans que nous étions. Là est le sens de la Révolution… Ce qui est vrai est vrai. Soit, mais alors Dieu partagera avec nous tous nos crimes contre l’humanité.
La mort, c’est le début de l’immortalité mon p’tit lord. Dieu est éternel ! Et Dieu a trahi les hommes en l’abandonnant entre nos mains… Si Dieu garde le silence, c’est que tout est permis. L’homme est un loup pour l’homme et Monsieur R rôtit en Enfer. En Enfer, il n’y a pas de victimes, il n’y a que des bourreaux… Dieu n’est plus parmi les hommes autrement que dans la Beauté… Mais le Mal est Beau… Dieu est toujours devant nous : il crée de beaux futurs pour nous... La beauté sinistre est notre bilan… La beauté sinistre est le bilan de Dieu…
_ Conclusion ?
_ L’amour augmente la douleur. La peur engendre l’amour. Seul l’amour que le peuple nous vouait pouvait les sauver de la peur que nous leur inspirions. Syllogisme si logique. La logique, cette irrationnelle ! Bref ! Concluons cette conclusion sur une note d’optimiste fatal et létal : si le mal disparaissait, il en coûterait au Bien un terrible échec… Le Vide a soif ! Lucille Desmoulins, si tu n’avais pas été si belle et si absolument pas la propriété de Max… « MONTRE MA TÊTE AU PEUPLE, elle en vaut la peine ! »… J’suis bourré… Hips ! Pardon ! Ma belle langue d’orateur… Je me la suis mordue sous le couperet ma langue, à défaut de mes couilles… !
Off :
_ Putain Desmoulins quand même…
_ Ah oui, ce cher Camille… Bien investi analement mon Camille ! Mais faut pas se leurrer, on avait tous du sang sur les mimines. Camille, c’était comme qui dirait mon side-kick. C’est irrésistible, les héros marchent par duo : Jésus avait Judas, Batman Robin, Robespierre St Just et moi j’avais Camille…
_ Est-ce qu'on emporte le CGB à la semelle de ses souliers?
_ Le CGB c’est l’ami du peuple et le vieux Cordelier réunis !
* les phrases en gras sont toutes extraites de la Tête de Gogol d’Anatoli Koroliov. Parfois remaniées, mais pas dénaturées, juxtaposées, le roman entre ces lignes est un pur chef d’œuvre d’humour noir et de mise en perspective pertinente et iconoclaste. Nous avons joué avec, avec délectation. Pour un autre exemple de texte tiré de ce livre rendez vous ICI
Autres sources d'inspiration pour réaliser cet entretien :
-La bio de Danton par Frédéric Bluche.
-Le procès Danton dans la collection les Grands procès de l'Histoire. Ecrit sous la direction de Pierre Bertin.
-Le site de Philippe Royet : Notes et Archives
-Différentes drogues.
Dans tes souces tu aurais dû ajouter "Gainsbourg interwieuvé par Ardisson" : pour le style.
RépondreSupprimerEt en plus, double-ration ! Yiiiiihaaa ! Je me régale, m'instruis, me marre, bref me cigibêtise ! Miam miam miam
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