Financièrement parlant, la meilleure chose qui puisse arriver à un artiste, c’est de devenir un mythe. Pour son oeuvre, c’est ce qu’il y a de pire. Jack Kerouac en savait quelque chose, lui qui maudissait les hippies en adressant ses prières à sainte Jeanne d’Arc. Le mythe, c’est ce qui permet à des millions de saligauds de se frotter à une chose qui n’a pas été faite pour eux.
Charles Bukowski n’avait rien contre l’idée de célébrité. Il en voyait les aspects concrets, pratiques : argent, femmes, sécurité. Après douze ans d’un emploi débile au bureau de poste du coin, à écrire le soir avant de sombrer dans l’ivresse, il prit la célébrité comme une reconnaissance, une façon plus confortable de brûler ses années. Il devint lui-même un mythe de son vivant, attirant les cinglés, les nymphomanes, les ivrognes, les maniaques, et continuant son œuvre malgré cela, chose rare. Buk a toujours l’air de s’en foutre, de prendre ce qui lui arrive comme allant de soi. Finalement, que des amateurs de littérature traversent les Etats-Unis pour venir le rencontrer, quoi de plus normal ? Quoi de plus mérité ?
En 1978, ses éditeurs allemands et français lui payent un voyage en Europe, où on le lit déjà plus qu’en son pays. Bien qu’il déteste voyager, il accepte : occasion pour lui de revenir en sa ville natale, Andernach, et de voir son vieil oncle nonagénaire… Ce sera aussi l’occasion d’un passage remarqué à Apostrophes, qui fit beaucoup pour sa légende, du moins de ce côté-ci du monde. Bernard Pivot avait intitulé l'émission : « En marge de la société ? ». Avec Buk, la marge prit soudain toute la feuille.
De ce voyage restent de belles photos, prises par son ami Michael Montfort, et une sorte de journal de bord, en fait un récit écrit après coup. C’est amusant, vivant, drôle, poétique. C’est bien dans le ton de Buk, ce mélange de sérieux, d’ironie et d’une incroyable capacité à toucher juste, sans s'attarder.
« (…) il a fallu qu’un jeune type m’agite encore son micro sous le pif(…)
- Pensez-vous que la vie vaille la peine d’être vécue,
- Pas avec ce micro dans la tronche, enfoiré…
- Est-ce que vous détestez les femmes ?
- Pas autant que je déteste les enfants.
- Quel est le sens de la vie ?
- La négation.
- Le secret de la joie ?
- La masturbation.
- L’essentiel ?
- Cinquante pour cent sur les ventes. »
Shakespeare n'a jamais fait ça. 13E note éditions. Éditeur épatant.
Charles Bukowski n’avait rien contre l’idée de célébrité. Il en voyait les aspects concrets, pratiques : argent, femmes, sécurité. Après douze ans d’un emploi débile au bureau de poste du coin, à écrire le soir avant de sombrer dans l’ivresse, il prit la célébrité comme une reconnaissance, une façon plus confortable de brûler ses années. Il devint lui-même un mythe de son vivant, attirant les cinglés, les nymphomanes, les ivrognes, les maniaques, et continuant son œuvre malgré cela, chose rare. Buk a toujours l’air de s’en foutre, de prendre ce qui lui arrive comme allant de soi. Finalement, que des amateurs de littérature traversent les Etats-Unis pour venir le rencontrer, quoi de plus normal ? Quoi de plus mérité ?
En 1978, ses éditeurs allemands et français lui payent un voyage en Europe, où on le lit déjà plus qu’en son pays. Bien qu’il déteste voyager, il accepte : occasion pour lui de revenir en sa ville natale, Andernach, et de voir son vieil oncle nonagénaire… Ce sera aussi l’occasion d’un passage remarqué à Apostrophes, qui fit beaucoup pour sa légende, du moins de ce côté-ci du monde. Bernard Pivot avait intitulé l'émission : « En marge de la société ? ». Avec Buk, la marge prit soudain toute la feuille.
De ce voyage restent de belles photos, prises par son ami Michael Montfort, et une sorte de journal de bord, en fait un récit écrit après coup. C’est amusant, vivant, drôle, poétique. C’est bien dans le ton de Buk, ce mélange de sérieux, d’ironie et d’une incroyable capacité à toucher juste, sans s'attarder.
« (…) il a fallu qu’un jeune type m’agite encore son micro sous le pif(…)
- Pensez-vous que la vie vaille la peine d’être vécue,
- Pas avec ce micro dans la tronche, enfoiré…
- Est-ce que vous détestez les femmes ?
- Pas autant que je déteste les enfants.
- Quel est le sens de la vie ?
- La négation.
- Le secret de la joie ?
- La masturbation.
- L’essentiel ?
- Cinquante pour cent sur les ventes. »
Shakespeare n'a jamais fait ça. 13E note éditions. Éditeur épatant.
"le mythe c'est ce qui permet à des saligauds de se frotter à quelque chose qui n'a pas été fait pour eux...."
RépondreSupprimerosons....
pour mitterand de se frotter à blumm? pour chirac de se frotter à de gaule? pour hollande....on ne sais pas trop ....
Je ne pensais pas précisément à ça...
RépondreSupprimerNon, je suis toujours surpris du succès de certains artistes auprès de parfaits abrutis. Effet du mythe : chacun à une opinion sur Proust, Bukowski, James Dean ou Rimbault, et cette opinion est la même que celle du voisin!
Sauf les (rares) lecteurs qualifiés, la plupart des gens aiment l'écrivain mythique pour de mauvaises raisons (Kerouac, en number one). Quand j'étais bouquiniste (années 90), j'ai vendu TOUS les Kafka que je trouvais à des femmes. Jamais un seul à un mec...
Pourtant, qu'y a-t-il de "féminin" dans l'oeuvre de Franz ?
C'est d'un tel snobisme que de dire qu'on lit Buko ou Céline, sérieux.
RépondreSupprimerEn plus lire c'est hyper-overrated.
Sans conteste un pan de la littérature du XXème.
RépondreSupprimerTout comme les rares auteurs qu'il estimait. Citons Fante et Céline.
Et dans un autre genre et une presque autre époque, Nietzeuscheu.
Après, mythe ou pas mythe dans nos bas de laine des trous, honnêtement, on(je) s(m)'en cogne.
Je dirais même tant mieux si de la véritable-oeuvre-littéraire-comme-on-n-en-fait-plus inonde de temps à autre les têtes de gondole, ça les irrigue.
Tant pis si c'est pour (par ?) de mauvaises raisons puisque ça ne peut que l'être. Intrinsèque le phénomène.
Que l’œuvre en soit souillée ? Assurément. C'est inscrit dans ses gènes et quand tu crées tu l'acceptes.
Se confronter à un œuvre c'est d'abord la baiser, et si c'est un chef d’œuvre, c'est toi qui repars en boitant.
Par contre, c'est qui Rimbault ?
"Sauf les (rares) lecteurs qualifiés, la plupart des gens aiment l'écrivain mythique pour de mauvaises raisons (Kerouac, en number one)"
RépondreSupprimerQuelles sont-elles d'après vous, Beb ?
je me souviens qu'une même image littéraire a été pompée de façon éhontée par au moins deux auteurs dont un que vous citez
RépondreSupprimerdans "satori à paris" , miller , fauché comme les blés , passe son temps a niquer comme un bourrin de caserne
il raconte cette rencontre qu'il fait avec une femme tellement excitée que "ses lèvres s'ouvrirent toutes seules en faisant plic plic"
le truc est repris presque mot pour mot par bukowski , mais je n'ai plus le passage ni le titre en tête
puis philippe djian relate le même truc ( pas dans 37,2 mais dans bleu comme l'enfer , je crois)
étant demi centenaire et ayant exploré mon content de cramouilles, je n'en ai jamais rencontrée une seule dont les lèvres s'écartent toutes seules en faisant plic plic
il faut, au minimum, les aider
bref
ceci dit , le terme d'oeuvre majeure est toujours sujet à caution
céline, oui
rebattet , pourquoi pas
stehndal aussi
mais marc lévy?
qui , dans 50ans voudra lire marc lévy?
hé bien , il s'en trouvera , mes bons amis
il s'en trouvera même un bon paquet
autant que le permettra la diffusion du livre
et les circuits de distribution, de redistribution et de réemploi
exemple
qui a lu herkmann-chatrian ?
non
qui connaît herkmann-chatrian?
moive je connaissais pas
jusqu'au jour où , coincé dans une maison de vacances inconnue , sous la pluie , ayant lu tout ce que j'avais apporté , j'ai dû me rabattre sur herkmann-chatrian dont les volumes reliés cuir faisaient la fierté du maître de ces lieux
autant vous dire que les premières lignes ont été rudes
genre , t'as jamais bu une goutte d'alccol et on te fourgue d'autorité du picrate dans le bec
du picrate?
du tord boyau , oui!
de l'arrache gueule , du ratafia , de la vodka de patate !
ou du saké, qui a un goût de merde distillée
et puis , après les premières gorgées , t'y prend goût
comme dans une ivresse avec des produits frelatés
tu te ressers un gorgeon , histoire de vérifier si c'est si horrible que ça
et tu te prends à rigoler
ivresse au méthanol , je te dis
tu rigoles doucement , façon hébétude et défonce aux toxiques
un peu comme lorsque j'ai lu pour la première fois "le capital" édition de 1947 annotée par mon père
tu te surprend à glousser, genre "ha les cons"
bref
étant demi centenaire et ayant exploré mon content de cramouilles, je n'en ai jamais rencontrée une seule dont les lèvres s'écartent toutes seules en faisant plic plic
RépondreSupprimeril faut, au minimum, les aider
Je peux t'assurer que ça marche si tu imites Louis de Funés, mais ça fait plutôt pouic-pouic.
STASH: Rimbault est une marque générique de sets de table "rebelles", particulièrement en vogue au théâtre du Rond-point et dans les boutiques des Halles. Aucun intérêt, je vous le concède.
RépondreSupprimerQuant à se désoler du succès d'une œuvre auprès des trous du cul, je vous concède aussi que je pousse le bouchon. SAUF dans le cas des bâtiments dits touristiques, qu'on devrait interdire aux foules quand j'y entre...
HANK: Les mauvaises raisons? Elles naissent de la paresse, il me semble : je connais beaucoup de gens capables de lire le Voyage, ou Sur la route, ou Demande à la poussière sans lire les autres livres de ces mecs. Résultat, ils se font des idées incomplètes, très influencées par le "mythe", justement, par les clichés nés de la critique majoritaire.
Pour rester sur Kerouac, qui sait encore qu'il dégueulait les hippies, le mouvement de masse né de son oeuvre, qu'il vouait le rock et le folk aux gémonies, qu'il était un mystique chrétien à la frontière de la bigoterie ? Qui connait la place de la mélancolie dans son oeuvre et dans sa vie? Qui s'intéresse VRAIMENT à lui ? Qui se souvient de la devise "pas-hippie-du-tout" des Kerouac (Aime, souffre, travaille)?
Parmi les cons qui se défoncent en invoquant Burroughs, qui a compris son rapport à la drogue et, finalement, sa position ?
KOBUS:
Me souviens pas d'un Miller dans Satori à Paris, ni de l'anecdote sexuelle... Mais enfin, Buk a bien pu pomper dans Kerouac UN TRUC QUI NE S'Y TROUVAIT PAS !!
@ fantome de cendrars
RépondreSupprimermais qui donc a écrit "satori à paris"?
si c'est pas miller c'est qui?
emingway ?
en tout cas , la cramouille de la fille fait plic plic en s'ouvrant toute seule , ça je m'en souviens
et aussi de la scène suivante, ils ont levé une pute , un copain et lui , lui ont donné 10francs ( de l'entre deux guerre , hein, pas des francs or ni des francs mittérand ), et la tringlent tour à tour
le narrateur s'arrête pour souffler, et son pote prend la relève, la putasse , besognée en force , se plaint, le mec ne s'arrête pas ( en fait il a déjà les couilles vides mais son honneur est en jeu)
le narrateur lui dit "arrête , tu vas tuer la pauvre fille"
mais , il y avait ces dix francs en jeu...(dixit l'auteur)
ha ben voilà
RépondreSupprimer"satori à paris" c'est de kerouac
je savais que je l'avais lu
et y a un miller dedans
peut être même celui qui grimpe sur la pute française