3 février 2008

Franceland© en danger

Marianne Francelandaise


Franceland© est un gigantesque parc d’attractions médiatiques qui fonctionne sur un principe simple : la vie qui s’y écoule n’entre pour rien dans la recette que les médias en tirent. Ce qui est montré et l’éclairage qui y est appliqué transforment la réalité à un point tel que les acteurs eux-mêmes ne reconnaissent plus le film après montage. Contrairement à la France, Franceland© est un pays où les gens sont concernés par ce qui se passe en Birmanie, au Darfour et partout ailleurs où les gens souffrent, où les « grands débats » sont intensément suivis, où la coupe de cheveux d’une ministre est analysée en réunion, où le gagnant d’un jeu télé strident change la vie des gens, où la souffrance est inadmissible, où la santé des poumons est une priorité, où l’Europe doit avancer, où les droits des homosexuels sont une préoccupation fondamentale et, d’une manière générale, où tout ce qui représente le bien et le progrès obsède le citoyen quotidiennement. Contrairement à la France, Franceland© est un pays où le ridicule ne tue pas, où l’imbécillité s’affiche triomphante, où la futilité est une règle de vie. Les habitants de Franceland© n’ont pas de pulsions, ils ont des principes moraux, ils ne giflent pas leurs enfants, ils ne matent pas le cul des filles et ne roulent jamais au dessus de la vitesse autorisée.

A l’heure des guerres civiles, des révolutions et des intifadas, on a les dangers qu’on peut. Ces temps-ci, sur France Inter, on peut entendre une communication de l’I.N.P.E.S. (Institut National de Prévention et d’Education pour la Santé) et du ministère de la santé au sujet de la Grippe, fléau Francelandais qu’on n’évoque jamais sans trembler. « Lavez-vous les mains avec de l’eau savonneuse, couvrez-vous la bouche quand vous toussez et portez un masque en présence de vos proches ». Dans la vie de tous les jours, sauf pour mardi gras, il est difficile de rencontrer un type assez gonflé pour porter un masque. La loi prévoit même qu’il est interdit de se masquer le visage en dehors des périodes de carnaval (oui, je sais, les tchadors sont probablement attaquables légalement par ce biais). En revanche, dans la France adulte contemporaine, on est relativement au courant qu’il faut se laver les mains et qu’on ne tousse pas à la gueule des gens, surtout quand on est malade. Il est vrai qu’en surévaluant la puissance d’un danger, on conserve l’impression de vivre quelque chose d’important, voire l’Histoire en train de s’écrire !

"On n'est jamais trop prudent"- (proverbe francelandais)


On a parlé jadis de la solidarité des tranchées, les mecs qui risquent leur vie en commun sont censés connaître ça, l’épreuve du feu qui vous change une endive geek en homme, en vrai. J’ai plutôt tendance à y croire. Dans Franceland©, des populations entières, soumise au feu d’un virus dégueulasse, communient dans la lutte et contribuent à l’unité nationale dans une ambiance d’hôpital de campagne.

3 commentaires:

  1. et le tricot, ça t'intéresse pas ?

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  2. Voilà pourquoi il faut orienter ses vues vers la colonisation bretonne de l'espace ! ;-) (voir mon blogue)

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  3. Individu lambda Inc.29 juin 2009 à 10:19

    Non, l'endive geek d'aujourd'hui affronte le feu durant les activitees boules de peintures ("paint-ball" ndlr) organisees par les bountys a col-blancs de la division marketing de la boit' de comm'.
    "Trop top ce week-end paint-ball JC" Apres usage du dictionnaire bo(no)bo/francais:
    "Jean-Christophe, je voulais t'exprimer ma profonde gratitude pour cette charmante fin de semaine que l'on a passee a affuter notre instinct de competition en s'affrontant par boules de couleurs interposees et qui fut utile pour renforcer l'esprit de camaraderie definitivement en perdition au sein de l'entreprise."
    Cherchez l'erreur!

    کوروش بزرگ

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