Que voulez-vous, à cette époque l'abracadabrance ne se présentait pas tous les jours. Seulement une fois par quinzaine. Elle faisait relief dans un quotidien aux semblants de normalité. On l’entendait venir, on ajustait le fusil, pan ! et on retournait sur sa paillasse jusqu’au prochain passage de train. Il pouvait encore se passer des jours sans qu’une actualité désole, qu’un pan de monde s’écroule laissant voir l’effarante pourriture grouillant sous l’enduit. Entre le dérisoire du lundi et le désastre du vendredi, on avait le temps de poser la plume et de reprendre ses esprits.
Aujourd’hui c’est une autre affaire. Tout se multiplie et s’enchaîne. Qui a le temps d’écrire 1 500 signes à peu près perspicaces avant que la vague suivante ne vienne balayer le chaos pour le remplacer par un autre chaos ? Twitter est le seul exercice de blog possible dans le temps imparti - et quel exercice misérable ! Aujourd’hui, tout se présente déjà incroyable, déjà exagéré, tout est ridicule sans nécessiter d’être ridiculisé. Essayez simplement de vous remémorer la liste de ce qui vous a estomaqué ces trois derniers mois... Impossible. L'aberration est quotidienne. Aujourd’hui, ce sont les ministres droits et peignés qui parlent de partition, de guerre civile, de séparatisme, en des termes que le pire droitard complotiste des années 90 n’osait même pas utiliser. Aujourd’hui, aujourd’hui... Comment crier au fou alors qu’on est soi-même soumis à des hallucinations quotidiennes ? Alors que soi-même on se promène dans la rue au grand jour avec un masque respiratoire sur le nez ?
On ne rit pas sous la tempête. On n’analyse pas, tambour battant, depuis l’intérieur de la machine à laver. Il n’est plus vraiment temps d’amuser ni d’écrire. Il n’est plus temps de prédire. Il est temps d’enfouir et mettre à l’abri ce qui peut l’être. Et ne plaignons rien ni personne, surtout ! Ce qu’il se passe est souhaité ou du moins consenti. Soumission. Désertion. Regard au plafond. Plus d'innocents désormais. Personne qui puisse dire qu’il ne sait pas.
“Ne cédez pas aux Cassandre !” qu’y disait - Cassandre dont le tort était d’avoir raison et de n’être jamais crue.
Même constat bien entendu, et nécessité de franchir une étape.
RépondreSupprimer« Il n’est plus temps de faire un journal. L’époque a tragiquement changé. Faire un journal alors que des millions d’individus souffrent, sans le savoir, de ne rien comprendre au film qu’on leur projette depuis 60 ans ? Faire un journal au moment où plus personne ne croit qu’un jour quelque chose a pu être vrai et beau tellement tout est désormais faux et laid ? Faire un journal aujourd’hui où des jeunes filles splendides et des mecs intelligents sont détruits d’avance par le marasme, l’ignorance et l’indifférence imposés depuis des décennies par les exploiteurs du suicide de l’Occident ? Non, merci. Un peu de décence, les amis ! C’est fini, Bob, les journaux... »
RépondreSupprimerhttp://lesenfantsdelazonegrise.hautetfort.com/archive/2008/09/28/ecrire-pour-les-yeux-creves.html
Xxx
RépondreSupprimerJ'admire la qualité de votre prose.
RépondreSupprimerOn doit pas dire : “j'admire la qualité de votre prose”, mais : “tu sais que tu as un beau p'tit cul, toi ?”.
SupprimerFaudrait quand même à voir à ne pas prendre trop de retard sur l'époque, quoi…
La folie croit, d'accord, mais elle croit en quoi ? Cela personne ne nous le dit. C'est tout de même bizarre.
RépondreSupprimerEffectivement, tout a été dis et joliment dis il y a une dizaine d'années sur les blogs de la réacosphère. La bouffonnerie est devenue normalité.
RépondreSupprimerAhahah, z'étiez déjà ringard à l'époque, et, ô surprise, je découvre que vous êtes encore vivant (grâce à un tweet d'un idiot utile du sionisme qui nous la joue nostalgique : https://twitter.com/DamienRieu/status/1311746090551697411)... vous n'aurez donc jamais fini de jouer avec votre zizi les enfants ?
RépondreSupprimerheureux de voir que lounès est, lui aussi, vivant
RépondreSupprimerla folie croît
qui l'eut cru?
Ha mais ce n'est pas Lounès
SupprimerC'est cette vieille crapule de XP
Oh là, ça débande au CGB ? Attendez au moins le coït final, ça vient, ça vient, je vous le dis, bande de tarlouzes frites. Et Cassandre qui s’en dédira… Bien à vous. Lothar.
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