17 avril 2019

Notre-Dame qui es aux cieux


Le lumière tout au bout du tunnel

Notre-Dame qui es aux cieux.
Que ton nom soit sanctifié.

#15Avril2019 : Paris brûle-t-elle ?
#16Avril2019 : oui, Notre-Dame de Paris est en cendres.

Les souvenirs font comme des poussières qui retournent à la poussière. D’étoiles. Stardust to dust.

Il y a 4 mois encore. J’y étais.
Épris de malaise. Pris dans la nasse de la masse.
Cerné par les visiteurs, les employés de sécurité, les touristes.
Leur tourbillon hallucinant.
Notre-Dame est tombée dans le ruisseau, c'est la faute à Rousseau

Armés de leur glaive made in XXIème siècle : la perche à selfie.
Auréolés de leur mauvais-goût et de leur foi bruyante en leur good trip in Paris.
Un seul mot perçait sous mon crâne en furie, qui dut immédiatement se moduler métro bondé : profanation. 
Voûte, en-dessous un nid de coucous.
La tourista dégueulait de partout sous la nef.
Notre-Dame, je t’ai toujours surtout aimé depuis les quais. Ou ton jardin.


13 millions de visiteurs par an. Le monument le plus visité en Europe. Notre-Dame est un fleuron du patrimoine mondial n’a-t-on cessé d’entendre sur les chaines de publicité continue.

Notre-Dame aura finalement survécu à tout : le temps, huit siècles, la Révolution, Victor Hugo, deux guerres mondiales. Mais pas à la modernité, son cortège de contrats sous-traités et de normes kafkaïennes ayant enseveli le bon sens, sa production exponentielle de nuisances et de nuisibles, son intelligence inversée, sûre d’être l’endroit de l’envers, du décorum.
Le village planétaire. Le tourisme de masse. L’entropie.

Au nom de la monumentisation, de la touristarification et de la muséification.

Amen. Le fric. Tout le fric.

Le rendement, péché capital.


Ne suivez pas la flèche
Notre-Dame était surexploitée.
Le monument avait occulté le sanctuaire. Le profane, éclipsé le sacré. L’asile, camisolé sur le droit d’asile.
Ou quand une cathédrale avait fini par parfaitement incarner le Veau d’Or.
« Nous reconstruirons en cinq ans » a-t-il dit via la bouche de son dernier avatar serviteur, celui sorti de l’ombre du Louvre un 17 mai 2017 pour entrer dans la lumière, la fausse, l’artificielle à sunlights, la lumière de bloc opératoire du Spectacle et de son apocalypse permanente. Cette lumière qui n’éclaire pas. Mais qui aveugle, rend sourd et muet même. Et paralyse car lynche, toujours prompt à lancer la première pierre, le premier tweet, la première assignation.

Cérémonie d'ouverture de Paris2024

Cinq ans. Horizon JO 2024. Top chrono pour Notre-Dame 2024. Là n’est pas une affaire d’amour, d’adoration. Mais de traite, de trade, de nos repères. Les repères de nos pères.

Décembre 2018.
Au milieu du maelström, une messe, un prêche, des fidèles.
Calmes dans le tumulte. Silencieux dans le vacarme. Habités dans le vide. Comme en apesanteur.
Notre-Dame était un monde en soi, coincé entre la Cité de Dieu et la cité de l’odieux.
Malgré l’avènement de l’homme de la masse mondiale, encore l’écrin d’un souffle. Divin. Et celui de trésors inestimables.

On a les AntéChrist, euh les Assassin's Creed qu'on mérite

Ils reconstruiront en cinq ans mais la prouesse n’aura rien à y voir. En vérité, je vous le dis, ils troqueront le coq à reliques contre une boule à facettes, la flèche de Viollet-le-Duc contre un plug anal fluo signé Koons. Les troncs contre des bornes à CB sans contact. Les tableaux seront remplacés par des photos de JR. Un DJ animera la messe tous les dimanches matins. LVMH et Anne Hidalgo se disputeront le nom de baptême de la cathédrale ressuscitée : il faudra choisir entre Notre-Dame de LVMH et DameLib’. En attendant, pourquoi pas, le miracle inversé d’un minaret.

Ni Dieu, no Futur.
Pour les siècles et les siècles.

Marie #HerToo
Mais la bonne nouvelle est peut-être quelque part là, gisant sous les gravats, les décombres. Magnifique au milieu des ruines.
L’incendie de Notre-Dame aura au moins sauvé le jeune Hugo, persécuté sur Twitter pour une mauvaise blague sur la Mecque, de la lapidation. En voilà un miracle.
Et peut-être pas à moitié plein.
Évangile selon Saint-Cultural : Notre-Dame a fini par se rebeller, bouter hors ses murs les clients des marchands du Temple. Par la grâce de la fièvre du feu purificateur.
C'est Pâques. 

Le vaisseau spatial spirituel est désormais à ciel ouvert, en prise directe avec les cieux.

Ainsi soit-il.

Notre-Dame a fini par s’achever.



16 commentaires:

  1. "Notre-Dame aura finalement survécu à tout : le temps, huit siècles, la Révolution, Victor Hugo, deux guerres mondiales."

    T'as oublié les Femen, mec

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  2. En vérité, je n'avais pas de titre Fredi.

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  3. Ben, il colle bien ce titre...: "Le vaisseau spatial spirituel est désormais à ciel ouvert, en prise directe avec les cieux."
    Ainsi elle est comme rendue aux cieux.

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  4. Joli texte pour un symbole souillé de la France qui s'effondre.
    Nous aurons vraisemblablement du verre et de l'acier pour rafistoler la bâtisse. On y fêtera les sodomites... pour le plaisir des talmudistes. Chaotique Fin des Temps.

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  5. Autre chose : Pour tous les anti-modernes du cgb, le tutoiement de Dieu ou de la Vierge dans les prières (ici, cf. le titre) est une concession œcuménique de Vatican 2 au protestantisme... Les tradis vouvoient.

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    1. Bon à savoir. Je m'étais déjà interrogé à ce propos. Merci pour l'info.

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  6. Tutoyer Dieu, il n'y a vraiment qu'un esprit protestant pour concevoir le truc. Pourquoi pas l'appeler "ma couille!", tant qu'on y est ?

    Moi, je vouvoie ma boulangère et ma belle-doche, alors si je rencontrais Dieu un de ces quatre matins en allant au taf, je lui balancerais du vous. J'ai la faiblesse de croire que ma logique se tient...

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    1. J'aurais dû préciser : les protestants "de gauche". Luther vouvoyait en effet. Le tutoiement théologique a effectivement un côté cucul, mais surtout c'est une manière pour souligner l'intériorisation de la relation directe avec Dieu. Du coup, plus ou moins besoin d'aller au culte.

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    2. En franc-maçonnerie, institution d'inspiration protestante, c'est le même principe qui s'applique. Le tutoiement est la règle, entre inconnus ou entre gens qui se connaissent bien, peu importe. Mais en cérémonie, on se vouvoie car on s'adresse au représentant d'une fonction.

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    3. Avant Vatican 2 : Noster Pater, qui es in caelis.

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    4. Si je devais rencontrer Dieu, il va sans dire que je le voussoierais. J'espère simplement qu'il aura l'élégance de me répondre sur le même mode…

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    5. Des enfants de chœur... Je lui dirais Avé Yahvé, ça va?

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  7. Et pour compliquer le tout : les grecs et les hébreux ne vouvoyaient pas, mais employaient l'équivalent de la deuxième personne du singulier. De sorte que l'évocation du vouvoiement par les tradi, n'est que traditionnel à demi (comme d'ailleurs la messe en latin, puisque les premiers chrétiens étaient juifs ou grecs)... Il y a un truc tradi qui vaut ce qu'il vaut ici sur tutoiement/vouvoiement : https://www.christ-roi.net/index.php/Tutoiement_de_Dieu

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