29 avril 2019

Notre-Dame, pas la leur

LOL ;)

Notre-Dame part en fumée. Je la regarde se consumer depuis le haut d’un toit, aussi impuissant que le reste de la ville. La flèche s’est déjà abattue. L’édifice crache des flammes de six à sept mètres. Impossible d’y croire : je regarde cela comme si c’était l’incendie d’un dépôt ordinaire. Impossible d’y croire : ce serait trop catastrophique.

Notre-Dame en flammes. Au départ j’ai cru que c’était grave. Et puis très vite, on m'a rassuré : le feu était encore en cours que le responsable du pays (un jeune de 40 ans) demandait de ne pas s’en faire. « Pleure pas, je t’en rachèterai une autre. Une encore plus belle ! ».

Aucun temps de sidération. Pas une minute d'effroi face au désastre. Pas le moindre scrupule à voir ainsi niquée notre Dame de 800 années passées. Pas penaud pour un sou d’avoir laissé évaporer ce que cinquante générations précédentes avaient su maintenir. Nous avions un flambeau à transmettre, nous l’avons jeté dans les combles. On va la reconstruire. Un concours d’architectes international. On va bien se marrer ! Comment exprimer mieux une incompréhension complète de ce que l’on vient de perdre ? Une imperméabilité totale à ce à quoi l’on est en train de rendre prétendument hommage ? La toiture de Notre-Dame de Paris a disparu de ce monde, et avec elle un millénaire de prières humaines et d’espérances qu’elle abritait. Et le Président, grand prince, sort le chéquier tel un plouc se proposant de rembourser la Vénus de Milo qu’il a renversé sur le carrelage par mégarde.



Ainsi, c’était donc vrai ? « Il n’y a pas de culture française », et « l’art français, il ne l’a jamais vu » ? Pleure pas, je t'en referai une autre, de Notre-Dame. La start-up nation fait la seule chose qu’elle sait faire : lever les fonds. Pleure pas, ce ne sont que des pierres. Demain ce pourrait être des moellons, c’est la même chose pour eux. Enfants gâtés de la modernité. Enfants morbides de la négation de soi. Sur France Inter, un troubadour bobo s’amuse : « elle a cramé la cathédraaaaaleuuh »... Déconcertant et ubuesque. Immonde et aberrant. Dans d'autres pays il serait mis en geôle, ici en France c'est promu sur le service public. On dit que l’orchestre du Titanic a joué jusqu’à la fin du naufrage. Le paquebot festiviste ricanera jusque dans les flammes de son apocalypse.

Si ça fait chier les cathos, il est pour.

Notre-Dame part en fumée, je la regarde se consumer depuis le haut d’un toit, une jeune certainement friande de radios de service public ne trouve rien de mieux à dire que des stupidités : « on n’a pas fait un tel pataquès pour Palmyre » ou encore « Tout ça parce que cela se passe près de chez nous, alors qu’au Mali ce sont des gens qui meurent... ». L’incendie de la plus vieille pièce de son patrimoine est en cours sous ses yeux, et déjà elle y semble accoutumée. Elle vit que cela était bon.

Vous n’allez rien reconstruire du tout. Vous allez arrêter, surtout, de toucher quoi que ce soit. Vous allez cesser de respirer et vous laisser partir, c’est au fond ce que vous désirez. Il y a une possibilité que l’incendie de Notre-Dame n’ait rien de criminel. Mais ce n’est pas l'hypothèse du mégot. Notre-Dame a peut-être vu l’état de sa fille aînée, de ses enfants, et a préféré s’auto-consumer.

4 commentaires:

  1. C'est juste une coïncidence, rien de plus... http://www.missioniledelacite.paris/

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  2. Je ne pense pas que ce soit de l'insouciance, je pense que c'est le refus, le déni qu'une catastrophe irréparable soit possible puisqu'il ne doit pas y avoir de limite au volontarisme. C'est à mon sens ce qui était à l'œuvre dans les promesses de reconstruction alors que les flammes n'étaient pas encore éteintes.

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  3. La réaction de Macron de lever des fonds, la reconstruire "encore plus belle qu'avant", est du même tonneau que celle de Valls qui, après le massacre du Bataclan, disait à un père éploré qu'il allait être "dédommagé" pour la mort de sa fille...

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  4. Bé ça va, faut se calmer, ce n'est pas la première charpente millénaire de cathédrale qui brûle en France. De même que les ruines de Palmyre ou les Bouddhas de Bamiyan ne sont pas les premières vieilles pierres victimes collatérales d'un conflit.

    S'indigner pour Notre-Dame c'est comme la relativiser: de la pose inutile.

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