21 mars 2019

Emile Brami prend Céline à rebours



Une interview exclusive du CulturalGangBang !

Les céliniens forment une race à part dans le monde littéraire. Leur originalité ne tient pas à leur monomanie, qui est commune à tous ceux qu'anime une passion forcenée pour un écrivain, mais au fait qu'ils doivent sans cesse justifier leur amour. C'est que le père Céline n’a pas fait les choses à moitié pour se mettre le monde à dos. Ses livres hurlent pour lui, et parfois contre lui. La seconde guerre mondiale étant devenue la boussole de notre époque, la faute originelle à quoi tout se rapporte, il est assez logique qu’un écrivain s’y étant à ce point fourvoyé nous apparaisse comme une sorte de monstre. C’est cet amour du monstre que les céliniens doivent justifier, et quand ce n’est pas de l’amour, c’est au moins leur admiration pour l’œuvre littéraire du monstre. Car si plus personne ne nie la révolution stylistique introduite dans la langue par Louis-Ferdinand Céline, il demeure beaucoup de fâcheux pour qui cette révolution est annulée par sa conduite morale. Ne pouvant concevoir qu’on persiste à admirer l’œuvre, ils passent donc, en permanence, les céliniens à la Question.

Emile Brami en est un, de célinien. Un célinien qui arrive à vivre avec la Question, qui la traite de façon frontale sans en faire une obsession. Il y a plusieurs années, il a publié une biographie de Céline que je n'ai lue que récemment ; une très bonne biographie, bien écrite, précise, lucide et qui n'ensevelit pas le lecteur sous une érudition débridée. On en sort en ayant l'impression de mieux connaître l'écrivain, ce qui est loin d'être le cas pour toutes les biographies. C'est ce qui nous a donné envie de le rencontrer.

Attention, le titre original de son livre a changé : la première version s'intitule "L.F. Céline : je ne suis pas assez méchant pour me donner en exemple"; l'édition de poche s'intitule "Céline à rebours".

 NB: Sur la vidéo, j'ai indiqué par erreur que Céline à rebours était publié chez l'Editeur. En fait, il est publié aux éditions Ecriture. L'édition de poche est éditée chez Archipoche... Mille excuses à Emile Brami.




13 commentaires:

  1. Ben dites donc : les commentateurs ne se bousculent guère, par chez vous ! Bon, j'avoue : je n'ai pas encore mis en branle votre petite vidéo… mais je vais le faire ! J'attends juste d'avoir terminé ma relecture de D'un château l'autre, repris par coïncidence pure il y a quelques jours.

    Cela dit, je me demande si j'ai vraiment envie de lire une biographie de Céline, même réussie…

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    1. Cher Didier, j'ai une théorie sur les biographies : Je pense que leur lecture enrichit souvent - même pour les écrivains qui ont une vie sans guère d'intérêt - notre compréhension de leurs œuvres. Et même lorsque dans le cas de Céline, le format de son œuvre s'apparente à une autobiographie fictionnelle, pour faire court.

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    2. Oh, mais je n'ai rien contre les biographies ! j'en lis même beaucoup (enfin, quelques-unes). Je notais simplement que, en ayant déjà lu une ou deux de Céline, je ne mourais pas d'envie de “remettre ça”. D'autant que le personnage ne m'a jamais beaucoup passionné. À tout prendre, je préfère relire sa correspondance avec la NRF, qui est d'une drôlerie difficilement résistible.

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    3. Le fait est que la vie de Céline fut très rocambolesque et particulièrement agitée. Elle sort de l'ordinaire et serait considérée comme telle même si Céline n'avait pas écrit (quoique ses écrits aient généré plus de mésaventures encore...). Ceci pour dire qu'on ne s’ennuie pas en paluchant sa biographie, garanti. A moins que vos réticences viennent d'un manque d'intérêt pour l'oeuvre elle-même, ce qui serait une autre paire de manches (?).

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    4. Désintérêt pour l'œuvre ? Moi qui vient d'achever D'un château l'autre et ai attaqué Nord sans débander ? Vous gallégez, mon ami !

      (Mais j'ai écrit un autre commentaire, avant celui-ci, qui semble avoir disparu. On va finir par ne plus savoir qui parle de quoi…)

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    5. Bon, finalement, le voyage au bout de la nuit portant conseil, comme chacun sait, je viens de commander le livre de M. Brami…

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    6. Vous enquillez les Céline comme d'autres relisent tout Tintin : quelle santé ! Je ne pourrais pas; son côté too much me laisse chaque fois sur le flanc. J'ai besoin d'entrelarder mes Céline de morceaux moins riches...

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    7. Mais c'est précisément ce que je fais : deux heures de Céline le matin, de 6 à 8 en gros, et après je passe à des alcools moins capiteux.

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  2. Beau boulot. Brami est le meilleur célinien français.

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  3. « Questions Juifs. imagine qu'ils me sont devenus sympathiques depuis que j'ai vu les Aryens à l'œuvre : fritz et français. Quels larbins ! abrutis, éperdument serviles. Ils en rajoutent ! et putains ! fourbes. Quelle sale clique! Ah j'étais fait pour m'entendre avec les Youtres. Eux seuls sont curieux, mystiques, messianiques à ma manière. Les autres sont trop dégénérés. Et voyeurs les ordures, voyeurs surtout ! Les Juifs eux ont payé comme moi. Les autres, mes frères aryens ils se branlent sur les gradins du Cirque ! Je veux les voir tous dans l'arène et crever ! Vive les Juifs bon Dieu ! Certainement j'irai avec plaisir à Tel-Aviv avec les Juifs. On se comprendrait. Dans ma prison il y a 500 gardiens tous aryens. 500 millions d'Aryens en Europe. On me fait crever pour antisémitisme ils applaudissent! Où sont les traîtres, les ordures ? Tu voudrais que je pleure sur le sort de l'immonde bâtarde racaille sans orgueil et sans foi ! Merci ! je pense des miens ce qu'en ont pensé au supplice Vercingétorix et Jeanne d'Arc ! De belles saloperies ! Vive les Youtres ! Les Fritz n'ont jamais été pro-aryens – seulement antisémites ce qui est absolument idiot. J'en voulais aux juifs de nous lancer dans une guerre perdue d'avance. je n'ai jamais désiré la mort du Juif ou des Juifs. Je voulais simplement qu'ils freinent leur hystérie et ne nous poussent pas à l'abattoir – L'hystérie est le vice du Juif – mais au moins il est une idée de la passion messianique, leur excuse. L'aryen c'est une tirelire et une panse, et une légion d'Honneur – »

    (Louis-Ferdinand Céline. Copenhague. Le mercredi 17 mars 1948. Lettres à Albert Paraz 1947 - 1957. Les Cahiers de la NRF.)

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  4. Mon <a href='https://didiergouxbis.blogspot.com/2019/04/la-peste-soit-des-celiniens-et-de-leurs.html">modeste éclairage</a> sur la question…

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    1. Vous avez mis un simple guillemet avant https et un double après html. C'est pour ça que ça ne marche pas, et comme il y a une fonction Aperçu, vous auriez dû le voir.

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    2. Ah oui, merdum ! (Je ne pense jamais à ce fucking aperçu !

      Donc, seconde tentative

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