24 novembre 2017

Guest Star CGB - Le IIIème Reich durera mille ans, par KPDP

Guest star CGB, rubrique enviée du CGB ! Une rubrique pour vous faire profiter des textes qu'on reçoit, propositions diverses, avis et points de vue.

Le principe en est simple : vous avez un texte à proposer au web mondial, une fusée poétique, un solo halluciné, un argument solide, un fait divers joliment troussé, un récit historique, une révélation, une illustration ou toute autre forme qui vaille le coup d’être vue (et commentée) ? Envoyez-la-nous par mail, on la fourre dans notre algorithme infaillible, on la soumet à un impartial jury reflétant la diversité et le transsexualisme, on la juge selon la charte européenne des droits universels, on la passe au détecteur d’amalgames et, selon leurs conclusions, on la publie ici-même ou on la balance au panier. Cette rubrique peut évidemment constituer une première étape pour une collaboration plus soutenue.

Aujourd'hui, nous publions le texte de KPDP, qui s'étonne de l'omniprésence des nazis dans la France du XXIème siècle...

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Devine qui vient nous lire le Goncourt cette année ?


Le verdict est tombé: le Goncourt ? Un livre sur les nazis. Le Renaudot ? Un livre sur les nazis. Quelle audace ! Quel courage ! Et surtout, quelle originalité ! Cela faisait bien trois ans qu'on n’avait pas eu un prix littéraire sur le nazisme et du coup la Vigilance Citoyenne battait de l'aile, le Devoir de Mémoire avait Alzheimer. Enfin, pas trop quand même puisque télévision, cinéma et BD redoublent d'audace et de matraquage pour nous rappeler trois fois par semaine que Hitler égal caca.


Aujourd'hui comme hier, le nazisme est le refuge de ceux qui n'ont pas de talent. Vous voulez faire de la bédé mais vous êtes un dessinateur/scénariste à chier ? Faites un truc avec des nazis robots dans l'espace ou des nazis sous-marins, et hop ! Vous en écoulerez bien quelques centaines, pour peu que vous mettiez une belle grosse croix gammée chromée en couverture. Vous ne savez pas tenir une caméra et vous n'avez pas le budget pour embaucher de bons acteurs ? Mettez des nazis ! En biopic, en fiction, en comique, en drame, en fricassée, on s'en fiche. Vous n'aurez que des critiques élogieuses et plusieurs milliers d'entrées, rien qu'en collégiens traînés de force par leurs profs "pour ne pas oublier" (on se demande bien comment ils pourraient). Petite astuce si vous ne voulez pas vous casser la binette sur le scénar: faites un mauvais remake d'un bon film ancien et insérez des nazis. On a ainsi eu récemment une ignoble resucée de la guerre des boutons version nazie. En attendant la femme du boulanger chez les nazis, danse avec les nazis ou Alien versus the Waffen-SS.

Pour en revenir à nos prix littéraires, la simple lecture des résumés m'a fait lever les yeux au ciel en poussant un grand wholala d'épuisement. Le Goncourt semble une version longue du slogan scandé par les étudiants anémiques dans les manifs antifa : "derrière le fascisme se cache le Capital". Il traite en effet du rôle des industriels allemands et autrichiens dans la montée du nazisme. Ce n'est pas comme si Karl Kraus et Otto Strasser avaient déjà analysé le truc il y a déjà 80 ans ! Mais je suis sûr que l'auteur doit apporter un "regard neuf" sur le sujet, avec sans doute des capitalistes obèses en haut-de-forme et cigare, finançant Adolf en se tapant le ventre pour exploiter le prolétariat. Et sans doute, d'authentique socialistes remplis d'amour, anciens spartakistes poètes-bohèmes, qui finiront assassinés par un groupe de SA ivres en entonnant l'Internationale dans leur dernier souffle. 

Détail de l'Histoire

Le Renaudot nous parle du docteur Mengele, et alors là, attention, on est dans la crème de la crème du grand méchant loup. Je veux dire, okay, le nazi de base n'est déjà pas jouasse : c'est le genre de mec qui remplit des charniers en sifflotant "ehoh ! ehoh ! On rentre du boulot !" et qui mange des tartes à la crème devant des enfants juifs faméliques et grelottants. Mais Mengele, c'est la quintessence du nazi, c'est du jus de nazi concentré, c'est de la cellule-souche nazie. C'est le médecin d'Auschwitz qui faisait des expériences bien déontologiques sur les déportés, vérifiant le théorème de Pythagore avec une piscine d'eau glacée et un prisonnier russe, et réduisant les coûts de chirurgie des enfants siamois grâce à l'usage de la scie à guichet. Le problème est que, là encore, tout a déjà été dit et répété cent fois sur ce genre d'archétype façon croque-mitaine et que la photocopie a ses couleurs tellement délavées qu'on imagine plutôt Mengele dans un jeu vidéo comme Wolfenstein, que dans un prix littéraire.

D'où vient alors cette longévité surprenante du nazisme ? Comment ce Reich de douze ans ne s'effondre-t-il pas mais, au contraire, se consolide d'année en année par des œuvres et travaux à la production exponentielle ? Doit-on croire qu'il s'agit d'un travail de vigilance face à la menace fasciste toujours prête à bondir ? J'ai des doutes. Le réseau ODESSA se fait vieux et les collabos cachés dans les monastères savoyards aussi. En revanche, on constate que le nazisme occupe une fonction de plus en plus religieuse dans notre société athée. Il est le péché originel de l'homme blanc, le diable incarné sur lequel nous devons sans cesse méditer, en nous livrant à un scrupuleux examen de conscience, afin de déterminer si notre ventre n'est pas porteur d'un fœtus de bête immonde. Il suffit de se rendre au rayon deuxième guerre mondiale d'une librairie pour voir à quel point les titres relèvent davantage de la nécromancie que de l'histoire : "La naissance du Mal", "L'Ordre Noir", "Les légions maudites du IIIème Reich". Cette hypothèse psychologique peut expliquer en partie la planche à billet nazie, la répétition incessante des mêmes formules faisant partie du cursus classique de toute religion.

L'Histoire sérieuse.

Mais surtout, le nazisme crée de l'emploi. Imaginez un peu combien d'universitaires véreux, de mauvais dessinateurs, de réalisateurs minables, de sociologues poussifs ne doivent leur succès, leur carrière et leur fortune qu'au nazisme ? On peut le dire, la croix gammée permet de relancer la croissance ou du moins, de limiter le chômage des médiocres. Que se passerait-il si on venait à découvrir que tout cela n'est qu'une farce grotesque, qu'il n'y a pas plus de menace nazie que de beurre en broche, qu'il n'y a pas de nazi sous le lit des gosses et, qu'en somme, le roi nazi est nu ? Ce serait prendre le risque de voir de grandes manifestations de mauvais auteurs, exigeant un quota de nazi dans l'exception culturelle française, l'Assemblée Nationale voterait "le droit au nazi pour tous" et Bruno Roger-Petit en serait réduit à agresser les passants affublé d'un déguisement SS et d'un masque d'Hitler, histoire de relancer la crainte dans le cœur des petites gens. Y’a pas à dire, la bureaucratie nazie ne nous aura jamais autant fait chier qu'en 2017.

KPDP

3 commentaires:

  1. Et d'ailleurs, mon banquier est nazi.
    Quelqu'un peut me dire sur quel # je peux le balancer, en l'absence de main au cul ?

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  2. danse avec les nazis , c'est un très bon titre de film,je trouve
    on a reproché à la si charmante Marine de l'avoir fait , à Vienne , y a pas si longtemps que ça
    gageons qu'on va faire pareil avec sa nièce
    avec moi ,on peut pas
    je sais pas danser

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    1. Il y a encore mieux comme titre de film :
      prenez 1 kilo de "Dancing with wolves", ajoutez une grosse pincée de "Dirty dancing", saupoudrez avec les nazis (indispensables à la réussite de toute bonne recette politiquement correcte), mettez à cuire au four (désolée) pendant le temps d'une grosse guerre mondiale.

      Vous obtiendrez un succulent "Dirty dancing with nazis"!!!


      OK c'est nul, je sors...

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