"J'ai joui public." |
L’affaire
Théo a défrayé la chronique. Mis le feu l’actualité. Et à quelques bagnoles. Et
ce n’est pas fini.
En cette
période prémenstruelle de la République, où les présidentielles seront une
nouvelle fois de ces liquides stériles chers à Henry Miller, ceux qui emportent les oeufs non fécondés, les théories du
complot dansent dans les flammèches jolies. Les écrans de fumée en volutes. Mort mentale par asphyxie.
French
Tabloïd rules !
Le jeu du FN, un jeu truqué par Bisounounours !
Abaissons votre niveau de paranoïa. Comprenez : la situation
est bien pire que vous ne l’imaginez.
Play.
Le premier
article consacré à l’affaire Théo tombé sous nos yeux nyctalopes était
signé du Parisien. Son titre approchait peu ou prou celui-ci, sorti deux
ou trois jours après l’incident : 4 policiers accusés de viol : la vidéo de l’interpellation.
A la lecture
d’un tel titre, le quidam lamba pense aussitôt à un viol proprement dit. Il imagine,
reconstitue la scène de crime dans sa tête : les 4 policiers attrapent leur
esclave sexuel, notre jeune victime invincible de banlieue, sans défense car
issu de la diversité nonobstant un physique de bestiau. Ils l’attirent dans un
sous-bois, un passage souterrain mal éclairé des 3000. Un lieu frange. Ils le menottent. Le jeu sexuel peut commencer.
Ils lui susurrent des mots doux aux oreilles : Bamboula, l’Ami Chocolat. Ah,
les joies du tourisme sexuel à domicile ! Ils le pénètrent de leurs verges. A tour de rôle. Les 4 Fantastiques cavaliers de l’apocalypse ! A la grande jouissance du jeune, pénétré par
l’instant, ils ont même des godemichés par destination : des tonfas, et
autres matraques télescopiques. Et pourquoi pas un coup de taser pour
rigoler au moment de l’éjac?
Contrôle d’identité modulé gangbang.
Clap.
De fin de film.
Fantasm is everything.
"-Vous resterez aussi dans les annales Président. -Les anus Théo, les anus." |
L’image
mentale d’un viol est violente, classée ultra sur l’échelle de
l’OrangeMécanique.
Elle l’est
d’autant plus dans l’inconscient collectif alors que la victime outragée est un
homme. Le viol d’un mâle n’est pas la norme dans l’abjecte nuit de la
pénétration sans consentement.
Les cognes,
schmitts, keufs, n’avaient déjà pas bonne presse depuis Proudhon et Brassens,
les voici dans leur intégralité, soupçonnés, c’est-à-dire accusés de
perversion. Il n’y a pas de fumée sans flic.
Les flics,
coupables du déclenchement de l’incident, à la limite pourquoi pas, accordons
cela aux thuriféraires de cet enterrement de la République qui traine en
longueur. Mais l’incendie ?
Le feu de
l’arbre qui cache la forêt part de l’emploi du mot viol par les scribrouillards
de l’abattement fiscal (7500 euros par an). Un mot
chambré d’une définition juridique. C’est dans ce sens que s’explique le
titre. Nous évoquions récemment l’utilisation du terme urgence absolue dans la presse, illustration de la propension des journalistes à
s’arroger des jargons techniques d'univers spécialisés, qui leur sont étrangers.
Le viol est
défini par l’article 222-23 du Code Pénal :
Tout acte de pénétration sexuelle, de quelque nature qu'il soit, commis sur la personne d'autrui par violence, contrainte, menace ou surprise. C'est un crime passible de la cour d'assises.On distingue le viol des autres agressions sexuelles à travers l'existence d'un acte de pénétration qui peut être vaginale, anale ou buccale. Cet acte peut être réalisé aussi bien avec une partie du corps (sexe, doigt, ...) qu'avec un objet.La peine encourue par l'auteur d'un viol est de 15 ans de prison.
Problème : par le
simple emploi du mot viol, entendu dans sa réalité juridique, les journalistes ont
d’emblée attesté de la réalité d’un viol, entendu dans sa dimension fantasmatique. Affaire préjugée en pilote automatique. Clic ! Effet cliquet dans
l’opinion. Plus question de remettre en cause cette vérité sous peine de
théorie du complot. Car qu’est-ce qu’un viol par accident ? Ça n’existe
tout simplement pas.
Et c’est
parti pour le story telling à dormir debout. Escalade d’engagement. Fuite en avant. Cochon d'Inde qui s'en dédirait. Il était évident que les quartiers n’encaisseraient pas le choc du mot. La préméditation est-elle constituée quand on enclenche le détonateur ?
Objection ! Le souci
d’objectivité. Les journalistes tenaient à se tenir au
plus près de la réalité en usant de la définition technique du mot, qui
semblait parfaitement recouper, pour ne pas dire suturer, les faits.
La vérité,
coûte que coûte. Une vision romantique qui est une cécité.
La sextape de Théo |
Car dès le visionnage de la vidéo de l'interpellation, c'est la
déception! D'emblée le décalage entre l’image mentale née du titre
et la réalité captée focale du fait divers. La thèse de l'accident mise
en avant par l'IGPN paraît moins improbable qu’un viol qui n'était même
pas un viol, et soi-disant perpétré là, sous les mille
fenêtres aux yeux rec d’une des cités du Panopticon généralisé.
Le feu de l’action.
Des
journalistes scrupuleux de l’éthique et conscients de leur responsabilité, auraient
pu se montrer prudents, titrant par exemple : violences policières
présumées à Aulnay-sous-bois, la vidéo de l’interpellation.
Car l’objectivité,
la réelle, c’est là qu’elle est, se niche : dans la retenue, la patience,
les pincettes. Le temps de l’enquête. La subjectivité du bon sens. Ne pas être
le premier loup à hurler. La première pierre à lapider. La première allumette à craquer. La parole
des journalistes est éminemment performative chez les normopensants. La suite
des événements s’est montrée formelle sur ce point, avec le déclenchement
d’émeutes à Aulnay, en Seine-Saint-Denis, dans l’Essonne, le Val-d’Oise, et
en vérité, ça s'est tendu un peu partout en France. La France est raciste. Elle a colonisé.
Elle a collaboré. La police est ciste-ra. La voilà leur vérité. Le voilà le grand frisson de la sensation sensationnelle !
Conférence de rédaction |
Nous n’avons
nulle intention de stigmatiser le Parisien, en le clouant au pilori croix. Bien
au contraire, car tous les médias de masse ont relayé l’information à
l’identique, comme une seule et même perruche, hystérique de pépier, pérorer,
pour ne pas dire bignoler.
Pourquoi ?
Les journalistes sont des tapins avides à barbeaux. Putes à clic.fr Ils cherchent l'émotion pour les truffes.
L’indignation pour les truies. Le scandale pour jambons. La masse. Il n’y a pas plus
vendeur dans une société de porcs ! Blockbuster assuré. Scoope-toi les veines pour un buzzz !
Pourquoi ?
Car les journalistes
sont eux-mêmes des truffes, des truies, des jambons. On en sent de nombreux proches de la débilité. Certains ont clairement des groins.
Leur inégalable connerie est l'aiguillon à carambolages rocambolesques sur l'autoroute de l'information. Adeptes de la précipitation plutôt que de la vitesse de réaction, leurs contre-sens-et-vérités sont des grosses
cylindrées qui fusent comme des balles à contre sens unique.
Aucun journaliste ne devrait user d'un jargon dont la technicité lui échappe.
Les mots techniques sont des dragsters dans leurs mains de pilotes de draisiennes.
Le manquement
à l’objectivité et la mission d’information a métastasé par la connerie et l'avarice. Le journalisme tabloïd et le
journalisme d’opinion, tombés au champ de l'honneur. Ils se
répandent et font glisser les pieds de l'opinion dans le sang. La flaque des flux menstruels qui charrient les oeufs non fécondés...
Ils sont décalottés.
Nous sommes déculottés. Avec eux, on l’a toujours dans le cul. Le viol des
masses est permanent.
Un accident ?
En faisant ton boulot ? |
Quelques
jours après, la Saint-Valentin, le Parisien titrait, à propos de
l’embrasement des quartiers consécutif à l’affaire Théo : « Comment
éteindre le feu ? »
Les pompiers
pyromanes !
Descartes : « car on voit que
les pies et les perroquets peuvent proférer des paroles ainsi que nous, et
toutefois ne peuvent parler ainsi que nous, c’est-à-dire en témoignant qu’ils
pensent ».
Descartes a-t-il déjà essayé de faire compter un perroquet?
Con ou intéressé ? Un noeud gordien.
La stat est un vampire entretenu. Par les cons.
C'est finement analysé, et méchamment envoyé! Pur style
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