19 novembre 2015

Votre animal porteur de force

Observez le merveilleux tour de passe-passe. Observez car dans quelques jours tout cela aura disparu, tout cela aura été remplacé, réagencé, repeint. Jusqu’au prochain carnage.

Lundi, le tout petit journal de Yann Barthès faisait son ouverture sur une séquence d’images de Paris intra-muros rappelant comme la ville était belle. Un peu après il lançait, en guise de boutade, quelque chose comme : « On va continuer à aller boire des verres, dans le 10ème, dans le 11ème… et dans le 16ème même si ça nous enchante moins ! ». Un bon révélateur du processus de gentrification des attentats – un processus qui n’a pas eu besoin d’une semaine pour se réaliser.

Nous sommes rapidement passés de la thèse d’une tuerie aveugle visant les gens qui étaient là, à celle de l’attaque d’un mode de vie, d'un symbole incarné par la jeunesse des 10 et 11èmes arrondissements de Paris. Quête de sens a posteriori. Besoin de transcender la menace. Besoin de ne pas voir que c’est sa peau qui est visée.

pinguin
« J’essaie de ne pas penser au mot morsure. Au mot chair ».

Au départ, sous le coup de l’action, c’est « la France » qui était attaquée. Tout ce que l’on voyait, c’était cent cadavres sur le bitume, frappés aveuglément, tirés au hasard dans la foule. Ç’aurait pu être vous, ç’aurait pu être moi… Puis au fil des heures, glissement de sens. Ce n’était plus « la France » mais « Paris » qu’on attaquait. Paris et ses terrasses, ses monuments, ses lieux de fête… ParisTM quoi. C’était mieux pour le logo. Le hashtag avait plus de gueule comme ça. Le reste de la France, les « provinciaux », n’avaient plus à se sentir atteints autrement que par une invitation à compatir avec les Parisiens, aux côtés des Japonais, des New-Yorkais, des Allemands…

Quelques heures encore et l’attaque de Paris devenait l’attaque des 10 et 11ème arrondissements. Soudain, on croyait savoir que les terroristes n’avaient pas frappé au hasard. Qu’ils avaient sciemment cherché, non pas à dégommer du Français au kilo, mais à s’en prendre aux arrondissements 10 et 11 en tant que tels. Plus exactement à la jeunesse de ces arrondissements et au mode de vie qu’ils représentent. Quelques heures, quelques jours, et les 150 macchabées étaient effacés, substitués en tant que victimes, transcendés par le « mode de vie ».

Le Mode de vie, version reloaded de la Liberté d’expression de janvier. Cache-violence. Cache-menace. Cache-boyaux. Le coq. Le seul animal qui chante alors qu'il est dans la merde jusqu'au cou.

« Ne pas penser que je saigne. Trouver mon animal porteur de force : la Liberté d’expression. Trouver mon animal porteur de force : mon mode de vie glandu. Trouver mon animal porteur de force : mon demi de Leffe à 5 € en terrasse. Mon animal porteur de force : la baguette et le camembert. Le pain au chocolat. Euh… non, pas le pain au chocolat ».

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"Glisse !"

La voilà ta souffrance. La voilà ta brûlure. Tu dois admettre qu'il est possible qu'on ne t'aime pas du tout.


5 commentaires:

  1. putain non, pas le pain au chocolat...

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  2. Attendez, le «power animal» devient vraiment l'«animal porteur de force» dans la VF ? Ça a été traduit par des Québécois ?

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  3. 5 euros pour le demi de leffe , même en terrasse , c'est de l'escroquerie
    si encore il s'agissait d'une bière bio à tarif préférentiel .....mais la leffe ( qui est l'anagramme de felle , lui même le diminutif de fellation ) , merde , la leffe , de la pisse sous les habits de la tradition , le truc qui se vend le mieux !

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  4. quel serait mon animal fétiche?
    heu.......
    je passe
    celui de flamby ? le ténia ( saginata d'après mes souvenirs des cours de parasito , y a longtemps ) , mais ce serait celui de tous les hommes politiques....
    celui des journaloppes ce serait le bousier qui roule sa boule de merde devant lui
    ça pourrait aussi être celui des usuriers qui detiennent les dettes des pays et ,pire encore, des individus
    devinez qui aurait la mangogne comme animal fétiche ?

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