23 septembre 2013

EPCOT : le totalitarisme à oreilles de Mickey

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EPCOT est le nom d’un parc d’attractions Disney parmi d’autres, situé en Floride et créé dans les années 80. Mais à l’origine, c’était le nom d'un projet relativement sérieux de ville utopique voire de modèle de société, élaboré par Walt Disney dans ses dernières années : Experimental Prototype Community of Tommorrow.

Je reproduis ici des extraits du dossier qui en parle dans le numéro 6 de France Culture Papiers :

« C'était pour Walt Disney un projet complètement neuf, celui d'une cité du futur dans laquelle une communauté de quelques dizaines de milliers de personnes pourrait vivre avec des règles assez strictes. Il s'agissait plutôt d'un projet d'urbaniste que de promoteur de parcs d'attractions. On y retrouve un peu tout à la fois : le plan de ville radioconcentrique, la ville climatisée, la ville parc d'attractions, la ville centre commercial, tout cela se mélange dans une sorte de bouillie conceptuelle peu digeste. Disney, en vérité, ne souhaitait pas seulement maîtriser l'environnement urbain, il souhaitait également infléchir, de façon assez profonde, l'organisation sociale de la ville même, et ce sous trois aspects.
  • Pour commencer, il tenait à ne laisser accéder à EPCOT que des personnes employées. Les 20 000 habitants se devaient de tous occuper un emploi, cela signifiait que chômeurs et retraités seraient contraints de quitter la ville. Une idée qui, d'après Walt Disney, devait assurer le renouvèlement perpétuel de la population.
  • Deuxième condition, tous les habitants d’EPCOT devaient être locataires, de façon à laisser la propriété à la seule Walt Disney Company. Cela devait les priver du droit de vote, réservé aux seuls propriétaires et laisser à la Walt Disney Company toute latitude pour gérer et entretenir EPCOT.
  • Dernière condition, Disney avait prévu de faire de la ville d’EPCOT une espèce de grand parc industriel conçu en partenariat avec les grands conglomérats et les grandes industries américaines de l'époque, tels IBM , US Steel, etc. Ces grandes entreprises devaient également utiliser la communauté d’EPCOT comme un gigantesque marché-test où seraient mis directement en vente les produits développés sur place, lesquels seraient donc achetés, puis testés par les habitants de la ville.
Walt Disney destine principalement EPCOT à ses employés et il veut que cette ville soit conçue comme un parc d'attractions où l'on viendrait visiter le mode d'habitat idéal des personnes qui travaillent pour lui. Il pousse le concept des company towns (ces villes faites par des industriels pour leurs employés) encore beaucoup plus loin, notamment avec le projet de faire visiter la ville : c'est l'idée que les gens eux-mêmes vont constituer l’attraction. Au point que Walt Disney imagine (même si l’idée est finalement abandonnée) de leur faire porter des costumes particuliers ou de légiférer sur les comportements, de sorte qu'ils apparaissent comme des êtres humains idéalisés se mouvant dans un parc d'attractions habitable»
« Nous pensons qu'il nous faut commencer à zéro sur une terre vierge pour construire un nouveau type de communauté. EPCOT, c'est cela, un nouveau type de communauté expérimentale qui sera toujours en devenir. Elle ne cessera jamais d'être un modèle de l'avenir où les gens mènent une vie qu'ils ne peuvent trouver nulle part ailleurs. Tout, à EPCOT, sera destiné aux gens qui vivront, travailleront et joueront ici et à ceux qui, du monde entier, viendront les voir ». - Walt Disney
Cette lubie de doux dingue ainsi exposée permet d'entrevoir l'idéologie capitaliste d'alors comme une véritable rivale du totalitarisme socialiste, tant dans ses moyens que dans ses ambitions. Il est dit dans le dossier de France Culture que le projet EPCOT « ne sera pas réalisé sous cette forme » après le décès de Walt Disney ; et on peut se demander : sous quelle autre forme a-t-il donc été effectivement réalisé ? EPCOT n'existe-t-il pas aujourd'hui de manière plus subtile, plus vaste, plus profonde, que sous la forme du parc d’attractions floridien qui porte son nom ? Et comme je n'aime pas les articles qui finissent par une question, je dirais : "si".

17 commentaires:

  1. http://www.youtube.com/watch?v=Q-ZN4k3NrzE

    Tout simplement le meilleur comique du moment

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    1. Elle est terrible cette vidéo !

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    2. TOUTES ses vidéos sont terribles

      Depuis que je regarde les vids de Moualek(aller sur son compte!) j'ai des abdos de ouf...

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    3. Celle postée par Para est drôle, encore qu'il joue assez mal le fou rire. Les autres ont le côté grotesque des vidéos de Jean Robin. Robin se filme des heures entières pour raconter que Soral lui a piqué un Folio. Lui, le Moualek, prend 40 minutes de leur temps à des inconnus pour leur expliquer que Soral n'est pas gentil, ou pour se vanter d'avoir soufflé telle vanne anecdotique à Dieudonné... A aucun moment ils ne se sentent cons ou ridicules d'étaler leurs jalousies et leurs règlements de compte. C'est merveilleux.

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    4. « Robin se filme des heures entières »

      Tu n'as pas regardé ça en entier, j'espère ?

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    5. Si. Quand j'ai le bourdon je retourne les voir.

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    6. C'est quoi, c'est l'effet rigolade devant le Dîner de cons ?

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    7. Oui, mais Moualek a le mérite d'avoir compris que E&R fonctionne comme une secte et que Soral est un pervers narcissique. Ensuite les paranoïas de Moualek sur le " tout le monde est pas beau, tout le monde est raciste " est ridicule.
      Robin fonctionne comme ceux qu'ils dénoncent : en curé. C'est le curé qui dénonce d'autres curés d'une autre église, tout en se défendant d'être un curé qui appartient à une église. Typique de certains libéraux.

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    8. Un curé qui aurait lu la Bible sur Evene.fr.

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    9. Certes. Mais il y a trop de ressentiment dans sa démarche pour que ce soit honnête.

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  2. Le plan d'ensemble ressemble méchamment à un appareil reproducteur féminin, je trouve.

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    1. Alors pour le coup, l'image montrée dans l'article est le plan du parc en Floride. Le plan de la ville utopique ressemble plutôt à la chatte de la mère de Léstat, jugez-en par vous-même : http://www.troiscouleurs.fr/wp-content/uploads/2013/05/epcot-1.jpg

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    2. c'est beau comme le samsara...
      CONNARD !

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    3. Messieurs, Messieurs !

      @ Xix : oui, c'est vrai que tu as parlé d'un plan radio-concentrique.

      Mais le plan du parc et non de la ville donc est assez révélateur, un peu comme celui de Washington, DC.

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  3. Si je puis me permettre : mouarf !
    Epcot, n'en déplaise à l'auteur du discours cité, n'est absolument rien d'autre qu'un putain de parc d'attractions. Un endroit où tu mets des couillons pour les amuser. C'est certes bien fait, techniquement parlant, comme une Mercedes est bien faite tout en restant rien d'autre qu'un moyen de se transporter d'un endroit A à un endroit B. Le reste, c'est du blabla.
    Les reconstitutions de Venise, de Paris, de Londres qu'on trouve à Epcot sont au niveau des gens qu'elles épatent : lamentable. Quant aux employés du lieu, exploités comme seuls les américains savent le faire, ils ont donné un surnom à Mickey, qu'ils se disent entre eux, et qui résume bien le caractère du système qu'ils subissent : le rat.

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    1. Ça me rappelle votre article sur les « théories du complot » il y a quelque temps.

      « C'est juste un parc d'attractions »... pourquoi des concepteurs n'auraient pas aussi une idéologie à faire passer ? On ne parle pas de conspiration, là, juste de propos publics qui dévoilent une vision du monde se retrouvant dans ce qu'est Disney. Les hommes ne vivent pas que pour l'argent, contrairement à une idée fort répandue... et ceux qui en font beaucoup ont des idées à propager.

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    2. "Epcot, n'en déplaise à l'auteur du discours cité, n'est absolument rien d'autre qu'un putain de parc d'attractions" => Ben si justement : on te dit que c'était antérieurement une ébauche "sérieuse" de concept urbain et social pensé dans les années 60 puis abandonné, avant qu'on ne reprenne le nom pour le donner à un parc Disney classique. Alors certes, cette réflexion urbaniste n'est rien d'autre qu'un parc d'attractions grandeur nature, mais il est assez révélateur qu'un entrepreneur comme Walt Disney, l'un des symboles les plus substantiels du capitalisme américain, ait nourri ce type de rêve de société. A l'époque où d'autres écrivaient 1984, lui tripait sur ce idéal très particulier.

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