19 juin 2012

Et adidas inventa les chaussures racistes.

Je vais mettre quoi  moi maintenant avec mon pyjama rayé, hein ?


Grotesques et horriblement laides ne suffisaient visiblement pas à décrire les dernières nées d'Adidas, il aura fallu les décréter racistes pour éviter de les voir déferler dans nos rues ou dans les magazines aux pieds de Kanye West qui doit être tout chagrin à l'idée de rater cette faute de goût ultime à l'heure où j'écris cette bafouille.
Tout fier de sa connerie, Jeremy Scott ("couturier" chez Adidas) n'a pas cru bon de produire du contenu rédactionnel pour expliquer sa démarche, de ces placards psychologisants où se côtoient les plus grands mots et les concepts les plus forts comme dans les expos d'art moderne où il faut bien une cinquantaine de lignes boursouflées pour réussir à persuader le chaland qu'il n'est pas du tout en train de regarder une merde insignifiante mais une œuvre d'art révolutionnaire. Et mal lui en pris car le voilà maintenant raciste.
Alors que s'il avait fait shooter ses pompes par le vendeur de polos fabriqués en Chine qui refilent des MST : Oliviero Toscani, ou plus simplement s'il avait fait appel à CGB Global Communication (devis sur simple demande), c'était les hourras de la presse, les pompes aux pieds des plus grandes stars et la Une des Inrocks à tarif préférentiel.
Car que voyons nous là chez CGB Global Communication (-25% aux 10 premiers appels) ?
"Une démarche artistique novatrice qui bouscule tous les clichés et détourne habilement les codes de l'industrie vestimentaire. Une fine critique de la tyrannie des marques qui rêvent d'un consommateur captif, une délicate métaphore de l'emprisonnement consumériste de notre société. En 250 grammes de cuir et de plastique, Jeremy Scott résume le No Logo de Naomie Klein, la bible de la critique anticapitaliste et le rend accessible à l'ensemble de la société. Un pamphlet éminemment politique, une œuvre de salubrité publique."
 Et ouais, ma gueule, c'est ça les professionnels du concept. Résultat des courses, Adidas va devoir au minimum créer toute une gamme de vêtements signés "Jesse Jackson", racheter Fubu et garnir considérablement le compte en banque de la campagne d'Obama et le faire savoir.
Le vénérable Jesse Jackson préfère y voir que :
"La tentative de commercialiser et de rendre populaire plus de deux cents ans de mépris, au cours desquels les Noirs étaient considérés comme humains seulement aux trois cinquièmes dans la Constitution, est offensante, épouvantable et insensible".
 Étonnant de réussir à voir un rappel de l'esclavage dans ces chaussures débiles alors que depuis 30 ans les lignes de sportswear n'ont que deux sources d'inspiration : le ghetto et l'univers carcéral qui lui est accolé. L'uniforme sportswear porté par vos chers enfants (au CGB on est interdit de procréation par décret ministériel) vient de l'univers carcéral américain, l'ignoble mode du bas de pantalon retroussé avec chaussette en coton épais (déjà siglé par adidas) apparent sur canne de serin lui aussi vient de là, à la base cette mode lancée par les rappeurs était censée rappeler l'habitude de devoir laisser la place aux fameuses entraves de pieds qui sont monnaie courante dans les prisons US. Les écrase-merdes de Jeremy Scott rendant enfin apparente les chaines n'étaient que le dernier étage de la fusée rappelant ce douteux fantasme de la prison promis à bientôt la moitié de la population américaine.
Bien sûr Jesse Jackson aurait pu s'inquiéter de la carceralisation outrancière que connait la société US, de son impact jusque dans la société civile, du fait que cette menace constante de la détention touche d'ailleurs très fortement la communauté dont il se fait le représentant depuis une cinquantaine d'années et ses début aux cotés de Martin Luther King.
Il aurait pu pousser l'idée jusqu'aux conditions de fabrication des dites chaussures, proches de la servitude avec des ouvriers corvéables à merci et quasi enchainés à leur chaine de production. Mais une telle prise de position demande de faire un petit peu de politique, d'agir et de dénoncer un problème concret et très actuel. Investir le domaine du symbole, des horreurs passées, de réalité d'il y a plusieurs siècles, se poser en grand père moralisateur est une situation plus confortable assurant une rente quasiment à vie et une bonne exposition médiatique, ça mange pas de pain, ça remet pas grand chose et ça donne ce petit supplément d'âme sur lequel on aime bien terminer un JT. C'est la voie qu'a préféré emprunter le révérend Jackson. Cette voie si irritante qu'elle finit par en être improductive.

21 commentaires:

  1. Elles sont laides ces pompes ! Je ne porte plus de baskets depuis au moins quinze années de fidélité à Timberland.

    RépondreSupprimer
  2. Je suis absolument révolté par votre texte. Comment ne pas voir que ces écrase-merde sont non seulement le fruit d'une démarche raciste, mais, cela ne dupe personne, une apologie de l'antisémitisme le plus nauséabond. La proximité troublante ente le orange choisi pour les menottes et le jaune d'une certaine étoile © pourrait il être fortuit?
    Faire semblant de le prétendre est condamnable et je lis clair en vous.
    Je ne vous salue pas.

    RépondreSupprimer
  3. Moi je m'imagine le charabia que le gugusse a employé pour justifier sa démarche.

    -"interroger les relations produit-consommateur"
    -"trouver un nouveau langage plastique au service de la radicalité" (mais laquelle?)
    -"aspect machinique de la production, dans le sens deleuzien du terme"
    -"déconstruire la pensée et le propos pour construire une nouvelle forme de subversion"

    Sans oublier les références prestigieuses: Foucault, Bourdieu... et pourquoi pas Althusser (à rien)!

    Tout ça pour, au final, justifier une merde pseudo-transgressive, une démarche de subversion par la hype et pour la hype.

    RépondreSupprimer
  4. "La proximité troublante ente le orange choisi pour les menottes et le jaune d'une certaine étoile © pourrait il être fortuit?"

    Si l'auteur de cet article fort pertinent lit encore ses commentaires, cette réplique a probablement du le faire bien marrer.

    Cette tendance de la société actuelle à traquer la référence nazie ou raciste devient si envahissante qu'on arrive systématiquement au point Godwin dès le deuxième commentaire, ça devient impressionnant.

    Sinon, pour essayer de répondre même si cela ne sert probablement à rien, plus personne ou presque ne fait "l'apologie de l'antisémitisme le plus nauséabond" aujourd'hui à part quelques néo-nazi décérébrés ou quelques extrémistes en retard sur leur temps.
    Et certainement pas dans le marketing, où le but reste de faire vendre (surtout une grosse marque comme ça). Or, avec un minimum de jugeotte, on se rend compte qu'être antisémite n'est pas une bonne stratégie commerciale pour toucher la plus grande cible possible, donc qu'une marque comme Adidas n'a pas voulu être antisémite, CQFD.
    En revanche, qu'un taré de marketeux totalement déconnecté de la réalité à force de gagner trop de pognon pour ce qu'il fait et de ne traîner qu'avec ses copains dégénérés soit parti en vrille en voulant se la péter "créatif" avec ses potes, ça c'est fort probable.

    La seule et unique raison de jeter ces pompes, c'est que c'est très laid. Point.

    RépondreSupprimer
  5. Oui c'est la seule raison valable, c'est avant tout très laid.
    Mais y a aussi cette fascination malsaine chez les ricains pour la prison, peut-être parce qu'il savent qu'ils peuvent tous y atterrir assez rapidement, ils font des films sur la prison, des séries, des emissions de tv realité, la prison influence la mode, les textes des chanteurs, jusqu'aux tatouages de bagnards dont les stars et le public se couvrent etc.
    C'est je crois l'axe le plus intéressant de cette affaire et en même temps celui qui saute le moins aux yeux des gens (voir les milliers de réactions scandalisées que cette affaire a engendrées qui ont de suite pointé un rappel à l'esclavage d'il y a 2-3 siècles).

    RépondreSupprimer
  6. Ce sont des chaussures particulières où il faut obligatoirement avoir son pantalon remonté au dessus des genoux, pour avoir ses chaines en plastoc bien visibles, comme ça vous passez deux fois pour un con,

    ou alors vous allez au boulot en short, si vous bossez dans une banque ce n'est pas le top, en revanche si vous êtes foutebaleure ça passe, on vous prendra moins pour un con vu que vous l'êtes déjà.

    RépondreSupprimer
  7. Un adulte normatif éduqué portant n'importe quelle marque prestigieuse de manière visible ne fait guère mieux, qu'un adolescent s'affichant avec des baskets aussi ridicules.Si l'on prolonge ce propos, disons que l'adulte bourgeois pour schématiser a seulement acquis, par le mérite de l'âge, d'une certaine intelligence sociale ou de la naissance, le bon le goût de ne pas trop afficher sa crédulité dans l'efficacité des symboles exploités par les marques (réels ou copiés, plein tarif ou soldés). La communication des marques sur les produits ne fait en fait que confirmer les stratifications ethniques ou sociales. Ce qu'il faut appeler "branding" en nouveau français et qu'on nommait autrefois attrape-gogos ne crée rien, il avalise ce qui existe cherchant à coller au mieux à l'imaginaire qui tient lieu de réalité pour les populations de consommateurs. Ainsi sur certaines personnes une montre coûteuse n'est pas une manifestation de bêtise moins vulgaire par l'essence du geste qu'une paire de basket si ridicule soit-elle. En soulignant le caractère rassurant par la fonction de thésaurisation d'un objet cher sur une personne qui ne devrait pas avoir besoin d'être rassurée, la montre de marque est un autre exemple d'une même illusion, où la bêtise serait d'une autre nature certes, mais pas moins flagrante, vous en conviendrez j'espère. Non l'insulte à l'intelligence n'est pas moindre qu'il s'agisse d'une montre Rolex sur un bourgeois ou d'une paire de basket sur un enfant des ghettos. Force est de constater que les gens de tous horizons croient encore et toujours, à tord ou à raison en la validité des même ressorts d'attractivité en particulier concernant leur "travail" de séduction du sexe opposé, cela semble-t-il depuis la préhistoire. Laissant certains penser que le primat de l'apparence de santé, dans ce cas en l'occurrence économique, serait un des moteurs de la civilisation, permettant de tricher sur les signaux génétiques vitaux liés à l'instinct, activés dans les contextes sexuels, pendant lesquels les femelles détentrices du sésame, appliquent encore et toujours des règles instinctives issues des contingences de la réussite reproductive. Les marques prestigieuses ou bourgeoises ne se différencient donc en fait, que par la sophistication discutable et la subtilité réelle de leurs messages publicitaires respectifs, certainement pas par les principes déterminant leur action, autrement dit la recherche du profit, autrement dit l'exploitation par le mensonge et la tromperie de la crédulité des masses. En tous cas pour terminer sur une note positive et apporter un peu d'espoir, rappelons que le seul principe vraiment défendable (philosophiquement et moralement) de communication sur les produits ou les marques, est celui mettant en avant l'utilité du produit ou la pérennité de la marque, en mesure de justifier le coût, ceci n'a pas totalement disparu de la sphère de communication consumériste. Il est donc encore raisonnable de formuler l'espoir sinon d'un monde meilleur, du moins d'un shopping intelligent.
    Merci pour votre article brillant et autant qu'il me soit possible d'en juger fort bien documenter, comme souvent ici, j'ai appris beaucoup de choses.

    RépondreSupprimer
  8. Bon , faut reconnaître que comme idée à la con on peut difficilement trouver mieux ...mais faut dire aussi que plus c'est con , plus c'est lourdingue et plus la mayonnaise a des chance de prendre , rappelons nous le sketch de Coluche sur les lessives : plus blanc que le blanc , Persil anti-redéposition etc.
    Je suis persuadé que si les paranos du racisme ne s'étaient pas déchaînés sur ces groles le succès aurait été fulgurant , comme pour toutes les idées à la con
    devinette : quelle différence entre les pompes Adidas et un noir ?
    Les pompes , quand tu leur met des chaînes elles ne chantent pas OLD MAN RIVER

    RépondreSupprimer
  9. C'est à se demander qui est le plus con : le créateur de ces grolles affreuses, ou l'anti-raciste de service qui voit le mal partout.

    RépondreSupprimer
  10. La décision de retirer ces chaussures du marché est tout simplement ignoble. Elle nous prive du spectacle de ces foules décérébrées qui se massent dès potron minet devant les magasins de sport dès qu'une marque cotée lance un nouveau modèle.
    Les dernières Nike à 200$ avaient donné lieu à de réjouissantes bastons. Rixes impliquant majoritairement la fine fleur des ghettos, censée être à la ramasse la plus totale.

    RépondreSupprimer
  11. @ Koudiat :
    "Je suis persuadé que si les paranos du racisme ne s'étaient pas déchaînés sur ces groles le succès aurait été fulgurant"

    ««« Oh, oh... méfiance, il se pourrait très bien que le discours, la polémique, soit récupéré par la rue, (nos racailles dinguent de sapes) affichant ainsi haut et fort leur appartenance à un peuple qui a trop souffert. C'est justement le cas avec les fameux frocs depuis vingt ans.

    Le produit serait alors fabriqué (copié) en loucedé en Chine, reviendrait en force et les âmes sensibles réadapteraient leurs discours, nous expliquant que : "ben oui ces chaussures symbolisent parfaitement ce que les descendants d'esclavages ont vécu...»»»

    Tout a été récupéré, le jazz, le rock, le punk, le hard rock, la new wave, le rap. C'est justement ce qui rend la société de consommation redoutablement efficace. Esthétiquement elles ont un côté Toys"R"us je trouve.

    PS : merci Paracelse, plusieurs jours à la une du C.G.B ! ça confirmerait la phrase d'Andy Warhol :)

    RépondreSupprimer
  12. Andrea "Si l'auteur de cet article fort pertinent lit encore ses commentaires, cette réplique a probablement du le faire bien marrer."

    I.R.O.N.I.E ça vous dis quelque chose?

    Merci pour cet excellent article

    RépondreSupprimer
  13. Un petit HS.:

    Savez vous la signification du pantalon relevé laissant voir le mollet ? Droite ou gauche cela n'a pas d'importance.

    C'est pour montrer que les chaines ont disparu, et quant un français ou arabe le fait, c'est soit qu'il n'a rien compris, ou qu'il marque sa solidarité. 40 ans de vie dans un bouge de banlieue au milieu des pires racailles décérébrés et débiles congénitaux, bulletin de vote socialiste, font de moi un expert.

    RépondreSupprimer
  14. Deuxième H.S.: je crois que le pantalon baissé façon "baggy qui laisse voir ton slip" est employé dans les prisons américaines par les prisonniers voulant offrir leur postérieur à leur co-détenu.

    RépondreSupprimer
  15. Deux vidéos

    http://www.dailymotion.com/video/x19fsg_snoop-dogg-wigout_fun

    http://www.dailymotion.com/video/x19fzu_snoop-dogg-wigout-2_fun

    RépondreSupprimer
  16. Léon le pantalon baissé dans les prisons c'est surtout parce qu'ils n'ont pas le droit d'avoir de ceinture en fait.

    RépondreSupprimer
  17. Zy va tarass, tu kritik pas mes Adidas Fisher Price batar !

    RépondreSupprimer
  18. Il semble que nous ayons tous les deux raisons anonyme:

    http://dellys.forumactif.com/t831-la-mode-des-pantalons-taille-basse-generation-y

    http://jj-tryskel.hautetfort.com/media/02/00/844762816.jpg

    RépondreSupprimer
  19. Non, les baggys en taille basse ça vient des cramés américains (qui à la base étaient plus souvent des White Trashs skaters débiles qu'autre chose) qui se faisaient retirer leurs lacets, chaines de portefeuille et ceinture à chaque arrivée en cellule de dégrisement (ca se fait encore même en France hein, suffit de sortir et pas passer tout son temps à se masturber devant son écran et à gober la première connerie postée un forum).

    Souvent la police ne rendait pas les lacets ni les ceintures de nos joyeux couillons bagarreurs pour se foutre un peu de leur gueules et donc par provoc', tout le joli monde "de la rue" portait ses jeans en ultra taille basse pour se la raconter "je sors d'une nuit en cellule"...

    Sinon comme d'hab, CGB est au top!

    RépondreSupprimer
  20. Mes hypothèses concernant l'origine des slims et les pattes d'eph' :

    Dans les années 2000, les prisons américaines n'étaient pas équipées de bonnes machines à laver. Ainsi le monde de la rue se mit à porter des jeans moulants pour se la jouer gangsta, d'où le hit "t'es trop moulant, t'est trop vénère" de MC Faggy.

    Pour les pattes d'eph' c'est simple, en pleine période hippie il convenait de se droguer un maximum et de coudre soi-même ses vêtements. Ainsi plus on portait le patte d'eph' large en bas et serré en haut, plus on passait pour un mec trop cool qui avait complètement foiré son patron sous l'emprise du lsd.

    Si vous êtes sages je vous raconterai l'histoire (porno) du pull à col roulé la semaine prochaine, ainsi que l'intriguante transformation de la canne de combat en canne blanche au cours des terribles répressions anti-aveugles des années 10.

    RépondreSupprimer
  21. @françois amsalem

    en fait, je porte une patek au poignet mais je la cache bien

    je crois surtout que les grolles en question ont été critiquées car le port desdites grolles par nos mélaninés aurait achevé de convaincre le plus antiwaciste des plus antiwaciste , le moins patewnaliste des antipatewnaliste ( special contribute to houria bou-de-machin)que le porteur de ces horreurs était un singe attiré par le clinquent et la cliquaille

    genre verroterie, voyez ?

    RépondreSupprimer