12 mars 2012

The Wire



J’ai fini au bout de deux mois les cinq saisons de The Wire (sur écoute).
C’est simple, c’est la meilleure série policière que j’ai pu voir et une des meilleures séries tout court, parce qu'avant tout réaliste, social, politique, existentialiste. Elle est un bijou narratif.
Je connaissais sa réputation et son aura « culte », mais je ne pensais pas être autant captivé. Les personnages sont d’une grande complexité et sont traités avec un sens du réalisme rarement atteint. The Wire est par moment presque documentaire, évite de se noyer dans l’adrénaline (ce qui est le défaut de The Shield) et n’a jamais cherché à booster l’audience.
Certains personnages, comme cet Omar Little, braqueur homosexuel de gangster au code de conduite éthique et au charisme hors du commun deviennent carrément mythique et sa fin se terminera en tragédie grecque (comme beaucoup de personnages tout au long des saisons).
Toutes les forces en présence, policiers bloqués par les quotas ou l’ambition de la hiérarchie, dealeurs sans pitié et dealeurs qui ne sont pas faits pour ça, tueurs, magistrats, avocats cyniques, politiciens idéalistes vite désenchantés ou véreux, toxicos indicateurs, civils apeurés ou courageux et éducateurs sont souvent rattrapés par la réalité et sont obligés de s’y soumettre, pour mieux se refaire après, quand le vent tournera en leur faveur, ou pas selon une tragique nécessité.
L’histoire se déroule à Baltimore, un personnage en elle-même, une des villes les plus ravagées par le trafic d’héroïne. On y suit une brigade des homicides qui tente de faire tomber, par les écoutes, les enquêtes et la pression sur le terrain, les gangs de dealeurs des ghettos noirs ou le syndicat des dockers du port de Baltimore pour la saison 2 en cheville avec une mafia européenne slave pour importer l’héroïne sur la ville. Le communautarisme électoral est aussi un des thèmes récurrents de la série, ainsi que la frustration des enquêteurs de ne pouvoir suivre l'argent sale entre des "mains propres" face au blackout de leurs supérieurs et de politiciens ambitieux.
FUCK ! FUCK ! FUCK ! MOTHERFUCKER !
The Wire exclut à la fois tout point de vue moral, les facilités narratives et superficielles pour le grand public (sensationnalisme, sentimentalisme, parti pris idéologique) et toutes formes de poncifs. Personne n’est jugé, c’est au soin du téléspectateur de le faire et chaque personnage est dévoilé dans toute sa profondeur. La série par delà bien et mal par excellence et d’une intelligence rare.
Je la range au côté de « Le prisonnier », « Six Feet Under » et « Les sopranos » comme séries les séparant d’un gouffre béant des autres.

20 commentaires:

  1. tu m'étonnes Para!!The wire c'est de la bombe, c'est même incroyable... j'essaye de l'oublier pour me la refaire bientôt mais je n'y arrive pas..

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  2. Dans un autre genre, "the schield" c'était grandiose

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  3. Sans oublier l'excellente distribution, "shiiiiiiiiiiit !".

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  4. Stringer Bell était un personnage incroyable dans cette série et la saison 4 axée sur le système éducatif américain était d'un très bon niveau.

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  5. Je conseille à tous Boardwalk Empire, c'est pas mal du tout.

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  6. Découverte aussi grace au CGB, je n'arrive pas à trouver une autre série du meme niveau qui me la fasse oublier! des propositions?

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  7. Stringer Bell était un personnage incroyable dans cette série et la saison 4 axée sur le système éducatif américain était d'un très bon niveau.

    J'ai trouvé ça sur la page wiki de The Wire

    La série a reçu d'excellentes critiques et elle est même considérée par plusieurs journaux (Time Magazine, The Chicago Tribune, Newsday, The San Francisco Chronicle, Variety, The New York Post, Entertainment Weekly et The San Jose Mercury News) comme la meilleure série de toute l'histoire de la télévision américaine.

    Elle est aussi reconnue pour son réalisme proche du documentaire, ses ambitions artistiques, son approche anti-manichéenne, le travail et l'évolution de ses personnages et son exploration profonde de divers thèmes sociaux.

    Metacritic, qui regroupe les diverses chroniques officielles publiées dans la presse ou sur Internet pour les transformer sous forme d'un score en pourcentage, a assigné la note moyenne de 98% pour la saison 4, ce qui est le plus grand score jamais réalisé par une série télévisuelle.

    L'écrivain Stephen King a déclaré que la série était définitivement rangée dans « les grands classiques » de la télévision aux côtés de The Sopranos et du Prisonnier. Pour sa part, Barack Obama déclare que cette série est sa préférée et qu'il trouve le personnage d'Omar fascinant.

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  8. Franchement mieux que plus belle la vie ça existe pas

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  9. Omar Little, il a furieusement la classe. Merci de me l'avoir rappelé.
    Sinon j'ai lu dans un numéro de Esprit qu'un colloque de socio sur the Wire a eu lieu quelque part en Angleterre ou aux USA (un gros truc sur plusieurs jours). A priori y'a un petit qqch à Nanterre http://bibliobs.nouvelobs.com/agenda/20120104.OBS8069/du-13-janvier-au-1er-juin-the-wire-a-la-fac-de-nanterre.html

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  10. Je sais qu'il y a eu des conférences à Harvard sur la dimension sociologique de la série.
    Et gage de qualité, David Simon, le créateur, lors d'interviews, a souvent considéré Balzac comme son plus grand inspirateur.

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  11. Pas encore vu The Wire mais ça va pas tarder aux vus des critiques plus haut.

    Mais dans le genre The Shield, il y a Southland qui claque bien aussi. Ca se passe aussi à Los Angeles, mais les personnages centraux sont des flics en uniformes.

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  12. Top Boy est réussi aussi, dans le genre je-suis-Noir-et-je-vends-de-la-drogue. Sans les flics en revanche.

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  13. Souvent je passe à vous madame16 mars 2012 à 17:18

    Pour ma part, je suis tombé amoureux d'Omar et je voue un culte aux Grecs (le boss et son son second). Sans oublier le syndicaliste Sobotka. Et le flegmatique Chris. Bon, en fait, tous les personnages sont réussis excepté le dandy musulman -dont j'ai oublié le nom- fort peu crédible.
    Imaginez un instant un Sur écoute hexagonal où l'on troquerait Baltimore pour Marseille...Mais non, ici on évacue le réel et ça donne Plus belle la vie.

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    1. Brother Mouzone, le grand foirage de la série (avec le début de la saison 3 que je trouvais plus que caricatural avant que tout ne rentre dans l'ordre)

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  14. Une série de la qualité des séries de la chaine cablée HBO serait impossible en France. Canal + tente de se la jouer HBO Français, mais toute les séries qu'elle finance sont des caricatures, mal écrites et mal jouées.

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  15. Paracelse > Oui les scénaristes de Canal +, soit disant créatifs, ont tous l'air d'être des sous-traitants du cinéma hollywoodien. Aucune originalité, juste la volonté de transposer des codes de culture américains dans un cadre français.

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  16. Pour ma part, je suis tombé amoureux d'Omar et je voue un culte aux Grecs (le boss et son son second). Sans oublier le syndicaliste Sobotka. Et le flegmatique Chris. Bon, en fait, tous les personnages sont réussis excepté le dandy musulman -dont j'ai oublié le nom- fort peu crédible.
    Imaginez un instant un Sur écoute hexagonal où l'on troquerait Baltimore pour Marseille...Mais non, ici on évacue le réel et ça donne Plus belle la vie.


    C’est surtout « Cheese » le personnage joué par le rapper Method Man que j’ai trouvé caricatural. Excepté lui, les autres sont bons.

    Oui les scénaristes de Canal +, soit disant créatifs, ont tous l'air d'être des sous-traitants du cinéma hollywoodien. Aucune originalité, juste la volonté de transposer des codes de culture américains dans un cadre français.

    Et qu’on ne me dise pas qu’on n’a pas les mêmes moyens que les ricains. Une série comme « In Treatment » (En analyse) où chaque épisode consiste à deux personnages dans la même pièce coute bien moins chers que cette merde de « Mafiosa ».

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  17. Baltimore, la ville à majorité noire.

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  18. La télé c'est mieux que le ciné : http://www.vanityfair.com/hollywood/2012/05/wolcott-television-better-than-movies

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