26 janvier 2012

Les Liaisons dangereuses Mise en scène John Malkovitch : une pièce pour nous les hommes

Je suis du genre à faire la tronche, quand ma femme me force à aller au théâtre… Je suis du genre à faire la gueule, quand en plus, j’apprends que c’est à l’occasion de l’anniversaire de sa mère. Soirée tenaille en perspective… « On va voir quoi bordel de merde ? Qu’est ce que j’ai fait pour mériter ça ? » Ça y est, elle aussi maintenant, elle fait la gueule… « Les Liaisons dangereuses connard ! Mise en scène de John Malkovitch, je te l’ai déjà dit y’a un mois ! » Direction le théâtre de l’Atelier. Il pleut. Et en plus, faut qu’on prenne ce putain de métro…

Arrivés au théâtre, je me fige devant l’affiche du spectacle : une nana dénudée consulte son smart phone, un mec flou torse poils en jean à l’arrière plan, portable à la main. « Putain, c’est un putain de traquenard ! C'est quoi cette merde où y s'envoient des SMS ! J’espère que c’est pas une saloperie de comédie musicale, ou une version genre nivelée par le bas, un sitcom, une putain d'expérience pédagogique pour les putains de djeuns » Ma meuf répond pas. Elle ne parle déjà plus qu’à sa mère…
On prend place. Le rideau de l’Atelier, c’est trois espèces de planches en bois. Pas totalement baissé, on voit les comédiens se préparer à monter au feu des tirades. Y’a notamment un jeune en costume XVIIIème sur scène, qui joue les rappeurs, mp3 dans les oreilles. « C’est quoi ce connard merde ? Il est tellement complexé d’être en bas qu’il joue les gangsta West Coast style ! » Ma belle mère demande à ma femme ce que je raconte. Elle répond : « Rien, il dit qu’il est opprimé et oppressé, car c’est une œuvre féministe. » L’un des comédiens s’avance ; la laquais de service, qui fera également office de chœur antique à lui tout seul ; il nous rappelle que la troupe souhaiterait l’extinction complète des portables. On y reviendra, mais chut, déjà ça commence…

Sur scène, personne en coulisses ; tous les comédiens sont là, assis sur des chaises, ménageant un demi-cercle pour l’action. Scène d’ouverture, deux femmes, dont l’une porte pantalon. Forcément Merteuil… L’autre, c’est Madame de Volanges, la mère de la jeune Cécile, cette innocente oie blanche qui fera les joies de nos champions de la vengeance sur canapé ; « totalement dénuée de personnalité et de moralité », à ce titre absolument « délicieuse » pour Madame la marquise… Valmont débarque, en jean et redingote. Beau gosse à double mèche, bel âtre pour midinettes, du genre gendre idéal, l’attrape belle mère idéal, et du genre à avoir suivi Mesguich en master classe… Je sens que je vais souffrir la comparaison, je connais même pas Mesguich… Mais je remarque de suite sa voix aux faux airs de Pierre Palmade ; je ne me rendrai pas sans combattre, sans quelque coup d’éclat ni botte secrète.
Coups de regard aux comédiens qui attendent leur tour de rôle. Une rouquine de feu nous explose le fond de l’œil. Habillée légèrement, qui porte lunettes comme une secrétaire, un je ne sais quoi qui vous donne l'intuition que vous l'appelleriez "Maîtresse !" dans l'intimité. Mon cerveau reptilien prend le relai. Après tout, au pied de la Butte, c'est Pigallos. Les comédiens se chauffent. Un peu froids à l’allumage, ça bafouille le texte, ça pose pas forcément bien sa voix. Mais ça passe. Bon. Le temps aussi. Philosophe, je m’y fais…

Dans culture il y a cul
Sur scène, ça sort des tablettes numériques, des smart phones. L’anachronisme jure pas. Nous sommes la société de l'épistolR. Et y'a du corset. Du rythme. Le texte, parfaitement jouissif. Valmont photographie sous les jupes de la Volage, non pas elle, la mère, la Volanges. Voyeur, je ricane dans mon coin, dans la pénombre, à mon siège. La cruauté des maîtres du jeu, Merteuil et Valmont, mélange de raffinement et d’une jubilante légèreté, produit son effet : comique. J’ai une pensée pour Sade, alors que Valmont se met au lit avec la petite rouquine maintenant en déshabillé transparent. La paire est belle, sans P.I.P. ajouté ; des vraies hanches de reproductrice, et une toison qui vous révèle que non, ceci est bien sa couleur naturelle. Elle a eu accès au prés. ça a gambadé dans les prairies. Valmont la taquine en levrette tandis qu’il lui dicte sa première lettre d’amour à l’attention de la jeune Cécile ; la ponctuation à grand renfort de coups de boutoir au sein d'elle… Valmont la met face public ; touché mammaire. Il la flatte, la pelote, la lutine. Elle aime ça. Une récompense. Une soirée délectable, en rythme de croisière. On tourne avec délice les pages de ce livre de cul à ciel ouvert. C’est vraiment chouette la cul-ture. J’ai l’œil qui frise…

Valmont, fléau à gonzesses, frénétique, un forcené, LE queutard. Foutre de Dieu ! Carnage, carnassier, carnivore, faiseur de carcasses prises de passion. Éprises, prises et reprises... Cécile passe pas à l'as. A la casserole. Pas de quartier, l'éducation sentimentale au kama sutra. Plus deux ou trois mots de latin, cum lingus.
Les gambettes des actrices volent de partout. Madame de Tourvel se fait encore prier, agrippée qu'elle est à sa ceinture de chasteté. Elle nous envoie balader en entracte après une belle envolée lyrique. Cette pièce, c’est pas du ciné, mais y’a une BO. Haendel for ever.

Quand j'entends le mot culture, je bande
Reprise. Belles neuves. Non, mais Jina Djemba, russo camerounaise à tomber qui campe notre Madame de Tourterelle, finit par relever ses jupons. La jambe est mate, belle, bien galbée. Valmont au 7ème ciel, nous, on chante dans le chœur des anges… Au moment de la rupture, Valmont la malmène, la violente. Tourvel gise en bustier rose, ses tétons, à moitié de sortie.
Après la nudité, le dénuement ; dénouement. Valmont a juté dans tous les cons présents. A Danceny de céder. La séduction gay, mais virile ; on va croiser le phallus. Après la jute, la joute. Cascade. Théâtre cape et d’épée. Valmont bande mou, puis plus. A vécu par le vît, périt du phallus de fer d’un rival. Justice immanente et épilogue.
Le laquais s’emploie à la tirade de conclusion. On en pleurerait pas, mais, un portable sonne, là, dans le public. Super connasse refuse l’appel, hyper gênée. Le répondeur rappelle. Le cauchemar de connerie remet une minute à retrouver son portable qu’elle venait de mettre une bonne minute à trouver, y’a pas trente secondes… La connerie prend parfois des airs d’absolu.
Fin de la pièce. Salut au public. Malkovitch se joint aux comédiens. La petite troupe toute riquiqui. John c'est du ceinture noire en vicomte de Valmont.

Au resto, ma belle mère me demande si j’ai aimé la pièce. « J’ai adoré. » Les Liaisons dangereuses mises en scène par John Malkovitch, on ne saurait trop conseiller à tous les mecs d'emmener leur femme au théâtre.
Retour maison : « On baise chérie ?

3 commentaires:

  1. SevereRectalTrauma27 janvier 2012 à 02:58

    Ton taux de phéromones est en chute libre? change de partenaire! tu t'es attaché? lit du beigbeder...

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  2. quel salaud a dit, on a les lecteurs qu'on mérite...?

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  3. Mohammed Larbi Slimane28 octobre 2013 à 08:58

    ON VOIT VRAIMENT DES ZEZETTES DE ROUSSES ?

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