30 novembre 2011

Prophétie

Que l’on appelle « civilisation » ou « humanisation » ou « progrès » le trait pour lequel on cherche aujourd’hui à distinguer les Européens; qu’on appelle simplement, sans éloge et sans blâme, d’une formule politique, le mouvement démocratique de l’Europe: derrière toutes ces caractéristique morales et politiques de surface, auxquelles renvoient de telles formules, s’accomplit un formidable processus physiologique qui ne cesse de s’amplifier, – le processus qui rend les Européens semblables, leur autonomie croissante à l’égard de tout milieu déterminé qui aimerait s’exprimer au fil des siècles dans l’âme et dans le corps sous forme d’exigences identiques, – donc la lente apparition d’une espèce d’homme essentiellement surpranationale et nomade qui, pour parler en termes physiologiques, possède pour trait distinctif typique un art et une faculté d’adaptation maximalisée. Ce processus propre à l’Européen en devenir peut voir son tempo ralenti par de grandes rechutes, mais peut-être gagnera-t-il et croîtra-t-il de ce fait en véhémence et en profondeur – le déchaînement et la poussée de « sentiment national » qui continuent de faire rage aujourd’hui entrent dans ce cadre, tout comme l’anarchisme qui commence à se lever – : ce processus entraînera vraisemblablement des résultats que ses promoteurs et apologistes naïfs, les apôtres des « idées modernes », pourraient bien ne pas escompter le moins du monde. Ces mêmes conditions nouvelles à la faveur desquelles se développera, en moyenne, une égalisation et une médiocratisation de l’homme – un homme animal de troupeau, utile, dur à la tâche, utilisable et compétent dans des domaines variés -, sont au plus haut degré propice à faire apparaitre des hommes d’exception possédant cette qualité d’être suprêmement dangereux et suprêmement attirants. Alors en effet que cette capacité d’adaptation, qui fait l’épreuve de conditions variant continuellement et commence un nouveau travail à chaque génération, presque à chaque décennie, ne rend absolument pas possible la puissance du type; alors que ces Européens à venir donneront probablement l’impression générale d’ouvriers variés, volubiles, pauvres en volonté et offrant de larges possibilités d’utilisation, qui ont besoin du maître, de celui qui commande comme de leur pain quotidien: alors que, par conséquent, la démocratisation de l’Europe aboutira à la production d’un type préparé à l’esclavage au sens le plus subtil du terme: dans des cas particuliers et exceptionnels, l’homme fort deviendra nécessairement plus fort et plus riche qu’il ne l’a peut-être jamais été jusqu’à présent, – du fait de son éducation dénuée de préjugés, du fait de sa formidable diversité de pratique, d’art et de masque. Je voulais dire: la démocratisation de l’Europe est du même coup une organisation travaillant involontairement à l’élevage de tyrans, – à tous les sens du terme, y compris le plus spirituel.

Par delà bien et mal, Nietzsche, 1886

9 commentaires:

  1. Très pertinent, la Probité intellectuelle de Nietzsche est
    précieuse! Par curiosité Quelqu'un aurais un exemple de ces "hommes d’exception possédant cette qualité d’être suprêmement dangereux et suprêmement attirants." ?

    RépondreSupprimer
  2. OUI .

    Les civilisations n’ont pas « leurs destinées propres ». Elles sont soumises, comme toute chose dans l’univers, à l’ordre originel établi par le Père de tous.

    D’abord, viennent les Barbares – énergie, pensée magique et loi naturelle : c’est le matin, le printemps, la jeunesse de la Nation.

    L’énergie du Barbare, son imagination créatrice, font éclore la Civilisation proprement dite : lois, culture, organisation sociale.

    Lorsque cet élan premier, que canalise la vision civilisatrice, atteint le sommet de sa course, la Nation connait son orgasme, son solstice de juin : elle entre dans son après-midi, son été radieux, son âge adulte – c'est-à-dire, sans le savoir, dans son déclin…

    Les mœurs policées font, progressivement, oublier la Loi naturelle – et, par conséquent, oublier la guerre… L’abondance, la paix, l’Etat paternaliste font de l’énergie quelque chose de rustique… de « plouc »… de païen… Le scepticisme, le rationalisme, le positivisme, toutes les théories fumeuses, humanitaires et contre-nature des « intellectuels » se répandent chez les désœuvrés… N’étant plus confronté directement aux réalités de la vie, de l’amour et de la mort, l’homme délaisse peu à peu la pensée magique, qu’il juge « infantile »… C’est alors, pour la Nation, l’équinoxe de septembre : le début de la décadence – le soir, l’automne, l’âge mûr…

    De même que l’automne a des couleurs exquises, les périodes de décadence ont des aspects rigolos ; car, dans l’espoir de raviver la flamme déclinante, on est capable d’à peu prés toutes les perversions, ce qui est très amusant… Voilà pourquoi Baudelaire saluait, dans le dandysme, un « soleil couchant » : le dandysme du XIXème siècle était, pour la jeunesse blanche, une tentative désespérée de faire revivre l’énergie, le panache, les couleurs barbares dans l’ennui mercantile et les valeurs homaisques de la société industrielle décadente. Mais pour chatoyant qu’il soit, l’éclat crépusculaire de l’automne mène droit au Scorpion, c'est-à-dire à la putréfaction, aux marécages et à la mort…

    RépondreSupprimer
  3. Bientôt, le soleil est englouti par la terre (les dernières forces nobles de la Nation sont happées par le matérialisme), et les insectes nocturnes, grouillants, lucifuges, sortent des recoins obscurs : les Juifs, les Nègres, toute la racaille non-blanche se faufile dans la Cité – laquelle entre dans sa nuit, son hiver, sa décrépitude – monde de cauchemars grotesques et de ténèbres impénétrables… on y voit des romanichels difformes et psychotiques remplacer la caste sacerdotale… des invertis dégénérés remplacer l’aristocratie… un ramassis de nègres inertes, si limités à la matière qu’il leur arrive de se faire tatouer des billets de banque sur le corps, remplacer le peuple… Quant aux membres légitimes de la Nation, – chez qui le dandysme est devenu snobisme, puis le snobisme affectation (pas vraiment différente de celle du parvenu juif « acheteur compulsif » ou du nègre tendance ghetto à tatouage Vuitton raté), puis l’affectation simple vue de l’esprit (des binoclards en blue-jeans se réclament du dandysme) – quant aux Blancs, dis-je, « ils tuent les bébés dans le ventre de leurs mères »… « les hommes épousent des hommes, les femmes épousent des femmes »… c’est minuit, que la sagesse populaire appelle l’heure du crime…

    On donne, en ce moment, le titre de « Barbares », c'est-à-dire celui des forces de l’Aube et du Matin, aux goules venues pomper les derniers millilitres de sang de la Nation blanche à l’agonie – c’est très exactement un contresens… mais l’époque est aux contresens… Les Juifs, de leur côté, n’ont pas tort de feindre (comme ils peuvent) l’arrogance qui leur semble être celle des Jarls (qu’ils n’ont pas connus) : les Juifs sont la vermine qui accompagne toujours l’obscurité et la mort : ils seraient donc en droit de se prétendre l’aboutissement de tous le processus – si seulement le processus n’était pas circulaire…

    Nous devons préserver l'existence de notre peuple et l'avenir des enfants blancs.


    http://shumulewashere.blogspot.com/2011/12/classic-shumule-des-civilisations.html

    RépondreSupprimer
  4. On te remercie pour tes commentaires, Raël.

    RépondreSupprimer
  5. "On" vous êtes combien dans ta tête ?

    RépondreSupprimer
  6. Merci Para. Grâce à ton judicieux commentaire j'ai pu éviter de passer plus de temps sur les mots d'un fou que sur un texte de Nietzsche (donc sur un bon texte)

    RépondreSupprimer
  7. Vercassivellaunos5 décembre 2011 à 04:33

    C'est très amusant que ce merveilleux billet de Sir Shumule soit posté en-dessous du texte de Nietzsche - car Sir Shumule est précisément cet "homme fort[...] plus fort et plus riche qu’il ne l’a peut-être jamais été jusqu’à présent", qui est à lui seul un fulgurant anachronisme dont la morosité judémocratique va bientôt souffrir.

    RépondreSupprimer