7 octobre 2011

Steve Jobs : mort d’une iCône


Hier, un commercial est mort… « Trois pommes ont changé le monde : la première a séduit Eve, la seconde a réveillé Newton et la troisième, croquée, a été offerte au monde par Steve Jobs. »
Il s’appelait travail en plus, enfin travaux : jobs. L’entreprise Kapital et Frères est en émoi, le témoignage du roi des poke-mon Mark Zuckerberg sur le mur Facebook de Steve en atteste : « Steve, merci d'avoir été un mentor et un ami. Merci d'avoir montré que ce que tu as construit pouvait changer le monde. Tu vas me manquer. » Quelque chose de grave semble être arrivé. Aujourd’hui, le monde se réveille manifestement orphelin.
Victor Robert sur Itélé, une chaîne qu’a jamais pu être autant dans l’actu (iTélé), n’a pas eu peur de sortir les mouchoirs : « La planète est en deuil » ; le journaliste s’exprimait hier en direct depuis une planète Terre inconnue, submergée par un déluge de « torrents de larmes. » On nous dit que l’humanité entière veille Steve Jobs.
Sur Internet, on est « iSade ». La biographie de Monsieur est avancée. Déjà best seller. Cette mort est un buzz qui fait clic et clic encore. Chaque Apple store est aujourd'hui une chapelle ardente.
« Repose en paix Steve Jobs. » C’est pas l’oraison funéraire d’un mec du ghetto, c’est Barack mec ; et on n’est pas loin d’un P. Diddy : « RIP Steve Jobs. » Schwarzie, lui, a tweeté ses condoléances depuis son iPhone. Touchant. Sarko a aussi sorti le mulot sur son FB pour l’occasion : « Aussi inspiré qu’inspirant, Steve Jobs restera comme l’une des grandes figures de notre temps, dont le courage dans la vie personnelle et professionnelle aura égalé l’imagination et la force de travail, et dont l’incroyable popularité aura témoigné de la nécessité de reconnaître les grands inventeurs de l’économie de la connaissance. » Quant à Martine Aubry, elle y est allée de son panégyrique, un grand moment de contrefaçon, de vrai moment du faux socialo : « Chapeau bas à Steve Jobs, créateur de génie qui a révolutionné notre vie quotidienne, notre façon d'être informés, de communiquer, d'écouter de la musique, de partager. »
Toute la planète médiatique (boss des multinationales, politiques, journalistes, peoples) se prosterne et fantasme devant la dépouille de Steve Jobs qui, n’en déplaise à Martine et aux autres, n’a jamais rien inventé. Hier un directeur artistique est mort, et on a envie de dire et alors ? Apple aurait changé le monde (sans exploiter de petits nenfants bridés ?) ? La crise d'hystérie est sévère : on nage en plein fanatisme illuminé...


Good Jobs


Pour tous ces bobos et autres lili sortis du bois, aux applications plein les doigts, avec Apple on croque la vie à pleine dent, on mord cash dans le fruit de la connaissance, on est dans un monde meilleur, Le meilleur des mondes, où tout est blanc, immaculé, design, joli, où tout est paisible, un monde loin des virus, loin de l’insécurité du Réel, un monde de recherche et de développement, un monde qui crée en continu, un monde de belles icônes, où tout est à portée de doigt divin, quand on en a les moyens… La Chute en dérision aseptisée, c'est l'ère de l'ascension bababa-baba-Babel !
Hier un gourou est mort et les petits insectes accrocs à la pomme révèlent toute la réalité sectaire du marketing made in Steve Jobs. Car là était tout son génie : d’avoir appliqué les méthodes d’un Raël à son business et de l'avoir vérouillé (des problèmes de compatibilité avec votre Mac ? Des problèmes d'ouverture sur ce monde changé en mieux ?). S’acheter un Macbook, un iMac, un iPod, un iTouch, un iPad, c’est basculer dans une sur-réalité ludique où on Think different. Chez Apple, même le carton d’emballage est clean, pensé de telle manière, qu’on l’ouvre à la pincette. Une véritable expérience sensorielle ; une petite enveloppe noire dans le carton abritant la riche, chère, mais quasi divine technologie, comme si Steve lui-même vous avait personnellement adressé un petit mot. La classe d'aller plus loin, de connecter les peoples en simulant l'intime.
Steve avait tout compris au business et chaque ordinateur dégainé au ciné ou à la télé était frappé du sceau de la pomme. Steve avait Mac-é le monde pro des médias, devenu branchouille au fil du temps. Et le branchouille a été alimenté en branchouille, en innovations savamment distillées pour créer une dépendance, un manque, un nouveau Mac mec. Le Mac, c'est la Ferrari de l'ordinateur : souris baquée, ordi testé en soufflerie, un Mac c'est du Philippe Starck en tube. Car Steve Jobs, c’est aussi la stricte application de la philosophie pseudo hippie d’un Pirsig : faisons du beau, privilégions la qualité, éclairons le monde par la simplicité, faisons de l’instinct de l'homme et de ses désirs, une volonté boostée à l'instantanéité. Un Mac, c'est avant tout un ordinateur qu'on n'éteint pas en passant par le menu démarrer tu vois ?...

"Le Père Noël est mort" , nous confiait un Xix aux abois lors de la conférence de rédaction du matin. Le Culturalgangbang se met au diapason de tous les vers du fruit et salue religieusement le génie : Pomme C Pomme V à toi Steve. L'Histoire honorera un jour de nouveau les véritables inventeurs. Steve Jobs restera à jamais le simulacre le plus abouti de l'imagination au pouvoir. Dans ton Kulte Mac.

8 commentaires:

  1. "Un mac, c'est avant tout un ordninateur qu'on n'éteint pas en passant par le menu démarrer tu vois ?"

    A ça, je réponds, citant Alexis de Tocqueville, qui lui-même pensait à Xénophon de Samosate, lointain disciple de Gruck l'ancien, shaman indo-européen :

    "STFU No0B !"

    RépondreSupprimer
  2. Prête allégeance au plus grand des gourous que le Grand Kapital ait jamais connu chien de lapinou ! Convertis toi ! Regarde, même Martine, une socialiste n'y voit que du feu !

    RépondreSupprimer
  3. Mac/Apple, c'est un peu le mainstream alternatif. C'est comme Windows/Microsoft, mais en cool, design, hype. Windows, c'est pour les secrétaires semi-analphabètes, Mac, c'est pour les architectes et les publicitaires qui rejettent l'uniformisation de ce monde, tu vois. Bon, tant pis si tout est propriétaire de manière encore plus inquiétante et dictatoriale que chez Bill, si le développement libre est exclu, si tout est tenu secret et révélé au compte-goutte à la masse des adorateurs comme le Cohen Gadol, une fois l'an, prononçait le nom de Dieu devant les portes du Temple de Salomon. L'important, c'est qu'il y ait deux camps: Windows/Microsoft contre Mac/Apple, pour faire oublier l'immense variété et ouverture du monde du logiciel libre et de l'open source, à commencer par les diverses distributions de Linux.

    Steve Jobs était un connard avide, mais un génie du marketing, et ses ingénieurs sont bons. C'est ainsi que l'on devient un saint à la mort duquel tous, jusqu'au président des Etats-Unis, se prosternent. Triste époque.

    RépondreSupprimer
  4. Héhé. Bon, je sais pas s'il faut négliger son oeuvre, c'est vrai que certaines de ses innovations techno ont entraîné des "révolutions" dans les comportements (mais bon, est-ce un progrès d'écouter des tubes à la chaîne sur un iPod plutôt que des albums, tels que les ont conçus les artistes ? Faut-il se réjouir de la génération de crétins électroniques qu'il a fait naïtre ?) mais ça va, faut arrêter le délire. Comment ne pas vomir en voyant l'annonce de cette mort en boucle sur CNN...

    RépondreSupprimer
  5. Bravo les gars ça c'est envoyé. J'admire le style, mais chapelle ça prend un p et savamment ça s'écrit comme ça... Morel

    RépondreSupprimer
  6. Putain, Morel a une méga application dico !

    RépondreSupprimer
  7. pourquoi le monde est en deuil?
    mais , putain , parceque les medias n'avaient rien d'autre à nous tartiner sous la main !
    alors faut vendre du papier , de l'info, de la pub , des liens !
    et on achète !
    cher
    très cher , même
    par exemple , cette semaine , j'ai passé deux jours à lutèce chez mes vieux parents
    plonk !
    ils ont la télé , les bibelots
    ça leur arrive de la regarder lorsque je suis là ("on va prendre les informations , si tu veux ..." non , je veux pas , mais pour une visite courtoise , je vais pas faire mon ayatolla , et puis ce verbe "prendre les informations" ,la france pompidolienne !bref )et là , la mort de steeve djobs en long en large et en travers !
    réagissez , merde !
    lettres classiques tous les deux , un doctorat pour l'un , des années de dévouement à l'esprit critique , et ils se laissent emmerder à domicile par la mort de l'ultra capitaliste ?
    merde !
    tout ça parceque le mégasystème DOIT VENDRE du papier , des liens , de la pub ?
    éteignez la télé , allumez les tarés !
    les tarés qui nous pompent le volume !
    qui nous polluent la proximité !
    et le pire ( ou le meilleur , ça dépend du coté , bref) c'est les zommpolitiks qui viennent déposer leur gougoutte , comme le clébard , pas qu'on oublie qu'ils existent , ho , non , mon garçû , ça risque pas !
    omniprésents, omniscients, omnipotents ces cons là , un avis sur tout , tout le monde , tout le temps , et leurs relais , donc !
    machin a dit ci , machine a dit ça, trouduc pense que ceci , pudubec soutient que ça.....
    la gerbe !
    une incommensurable nausée , à les voir , les entendre , les savoir , là , près de nous , prenant nos pouls , sondant ( c'est le mot , ces cons là nous sondent ) nos esprits , nos pensées ....
    bref , steeve djobs , je m'en cague !
    sa vie sa mort son oeuvre , pareil
    la décence ordinaire qui fait dire "de mortuis , nihil ! sini bene " , rien à carrer
    les chroniques des journalopes et autres intervenants des grands merdias audiovisuels , pareil , au trou !
    ça fait penser à la mort de michel pettrucianni il y a 10 ans (mais peut être 15)que chirac avait commentée d'un "la perte d'un très grand pianiste" , le mec mesurait un mètre dix ! ( maladie osseuse genre albers-schonberg) , et il jouait exclusivement du jazz ! ( et je doute que le rad soc chirac ait écouté du jazz plus d'une fois dans sa vie )
    tiens à propos de rad-soc , je voulais aller voter pour ce rad soc emblématique de baylet , bien rompu à toutes les manoeuvres putrides du sud ouest ( entre autre la fabuleuse campagne de presse dans "la dépèche du midi" lors du tueur en série qui avait liquidé un max de femmes à toulouse , contre l'ancien maire dont le nom m'échappe mais qui fut ensuite -ou pendant - président du csa)
    mais une gerbe telle m'a pris envers cette politicaille ....
    enfin , c'est pas une voix de moins pour le conservateur des conservateurs qui fera plus sombrer leur mascarade dans le ridicule....

    RépondreSupprimer
  8. c'était le prophete de la religion du progrès, chaque religion a sa pomme ou ses poires ...

    RépondreSupprimer