13 août 2011

Madmen


Les émeutiers ne sont porteurs d’aucun message politique. C’est ce qu’en pense Andrew Gilligan, journaliste au Telegraph. Revival Soral 2005. « Pure criminalité ». Certes. Mais « matérialisme et argent facile » (reportage Itélé). Les émeutiers n’ont pas attaqué de symbole du pouvoir ? Juste l’ordre public de tout le pays. C’est pas la Grèce c’est sûr. C’est pas latin. Manque de romantisme. Les brits, fils d’utilitariste. Zont fait les magasins, se sont défoulés sur des passants… Par opportuniste, par racisme. Parce que c’était Carnaval ! Les rôles inversés, la plèbe veut du KO. Elle veut en rajouter. Danser pendant qu’ça craque, qu’ça crise. Vite fait ! En pays hooligan... Aucune conscience politique, on croise un maître, on l’humilie. Aucune conscience politique, Andrew est formel : juste un instinct animal débridé sauvage, une violence toute reptilienne. Comme des bans de vélociraptors t’vois ? Et gratuite ! A l’arraché c’est sûr, ça va être gratos. Donc apolitique ? La politique et les animaux, tu vois… Rien qu’un tsunami de psychopathes qui a dégueulé sur Londres. Rien de politique là dedans. Les émeutiers londoniens, mancuniens et autres ne sont porteurs d’aucun message politique. D’où sont tombés ? De quel branche de l’évolution ? L’homme est un animal politique hein ? C’est quoi cette bête Aristote ? Agression en bande organisée de leurs concitoyens, de leur société, de ses flics, son économie, sa crédibilité, son vivre ensemble d’opérette. Les émeutiers de Londres ne sont porteurs d’aucun message politique ? Quoi, outre celui de l’échec de la brit politique ? De la nôtre ? Outre celui de la convoitise, de la prédation, de l’ultralibéralisme ? Outre celui du symptôme qui trahit le cancer ? « Matérialisme et argent facile. » Le chaos est pour ces enfants de la société de consommation une fête qui se suffit à elle-même… Manière de souffler… sur les braises. Chaque tension appelle une résistance, chaque résistance, une tension. Aujourd’hui, c’est l’Angleterre qui compte ses enfants en marge, légitimes, naturels, d’adoption, tous transgéniques. Dans Molotov, il y a les mots cocktail explosif…


Le feu ça défoule


La dépouille d’un Footlocker répond à une motivation simple, primaire, enfantine : je veux une nouvelle paire de Nike rigth here right now ! Cette motivation est un message. Dans une société qui évalue le moral de ses ménages selon leur consommation, voler une paire de Nike devrait apparaître comme un mal pour un bien, une sorte de remède, d’antidépresseur, isn’t it ? Le pillage gueule la frustration du manque. Le registre des doléances a pas suivi ou bien. Just do it mec ! Right here, right now. C’est l’ère de l’instantané, de l’efficience. Défonce pour enfin libérer l’accès au bonheur par le produit vendu par la pub à longueur d’ondes. « Quand je regarde mon nouvel écran plat mec, je regrette pas ! »(Itélé). Le pillage exécute haut et clair les injonctions publicitaires hédonistes et érotomanes. Et Nike, font quoi comme marge sur une paire de Jordan cousue par des ti nenfants bridés ? Si on n’y pense pas, ça n’existe pas. La violence est partout, latente, à basse intensité avant surgissement éclair et calorique. Les hordes ont accumulé. Elles ont vomi l’entropie. Guérilla urbaine sur ton Blackberry. The initials BB. Rassemblement, blitz, diversion, dispersion, harcèlement. Rien de politique. Rien de personnel. Ils ressemblent au fond tant à leurs pères, pasteurs de peuples bétails…


Les télétebê sont dans la rue


Les gueux changeront jamais. De l’abondance sous les yeux et hop, c’est la Terreur. La Terreur, non : ils ne sont porteurs d’aucun message politique. Et « Y’a pas mort d’homme », comme dirait Lang bien pendue. Selon la pub, l’abondance est un devoir. Les gueux donnent tant de leur temps de cerveau disponible. Le moment de capitaliser. Tout le monde debout pour son droit à l’abondance. Les freins, les serrures, les plafonds de verre. Tout à la batte alu ! Et sous l’œil voyeur des caméras de surveillance (effet dissuasif nul ; parfait pour faire de la délation une authentique valeur post moderne). Les lendemains vont balancer ! Tilt. Fallait pas provoquer le schizo-système obsédé par la thune, Arpagon mondialisé complètement parano.
N’est pas Tantale qui veut. Il a suffi qu’ils l’aient voulu, d’un rien : un échange de tirs. La liberté, retournée. En levrette ! Les mâchoires vont serrer : l’anarchie est barbare ! La société doit être encadrée et conditionnée plus rigoureusement. « On est libres, on fait ce qu’on veut ! » (TF1 JT mercredi soir). C’était la fête ! Sans char ni plume dans le cul. L’insécurité sera-t-elle un thème de campagne en 2012 ? Les innocents aux mains pleines veulent une révolution par les urnes : pas de révolution du tout. Du secoué non agité. Du statu quo, du statut coi même, de la statue de sel... Le message politique admis est inoffensif, c’est à ça qu’on le reconnaît. Aux marges, on a décidé « tout, tout de suite » (vu à la télé). Y’a des assurances pour ça, et Londres c’est pas Paris ! See u aux JO.


Balle perdue : la revolucion tranquilo


L’émeute consumériste, c’est pas les indignados madrilènes, fils d’Hessel, sages comme des images. Marxo-bisounours à tentes Quechua, luttant par le squat, le siting, la baballe et la bibliothèque improvisée néanmoins citoyenne. C’est pas politique ces pillages ! C’est pas politique : ils sont pas là pour faire la révolution ! Tout juste. C’est tout le contraire. Ils ont temporairement aboli le système policier pour mieux profiter de leur société de consommation. Aucune intention politique donc ? On aime, on veut, on prend. J’ai donc je suis. C’est tout. Simple comme un coup de tric. On l'aime notre société ! Un couperet tombe. Bling bling. Le bonheur est à portée de vitrine descendue et de privatisation. C’est pas de la politique ça ? On se croirait un jour d’OPA, c’est de l’économie ? What the fuck ? What else ?


Marronnier de l'été : rencontre du 3ème type à Londres


« Il ne s'agit pas de politique, ni de manifestation mais de vol », a écumé Cameron devant la chambre des représentants. Les dettes des Etats ? Pas le même level. Le surendettement, la banqueroute, la dépouille publique, c’était pour l’intérêt général, rien que de très politique. Les gueux sont pas prêts de s’amender avec leurs cours de bonne gestion et de tenue correcte exigée. Cameron a trouvé sa Sarah Connard… On a les Terminators au cul. Aus-té-ri-té.


Un été vraiment pourri


Le pillage célèbre l’abondance. L’émeute consumériste est une fête. Politique. La société de consommation est adorée et adulée. La schizo machine ne se répand jamais mieux que lorsqu’on la répand. Elle remercie les norvégiens blonds amateurs de shoot them up et les petites frappes des bas fonds londoniens. Les Chinois comptent sur leurs calculettes.
De ce côté de la Manche, y’a un cinquième as dans le jeu depuis le début de l’été et l’adoption par le parlement français du décret n° 2011-795 relatif aux armes à feu susceptibles d’être utilisées par les forces de l’ordre pour le maintien de l’ordre public (publié au JORF n°0151 du 1 juillet 2011 page 11269). Manifestement, nos gouvernants s’attendent à se faire tirer dessus très prochainement… Ils ont pour eux de savoir que la production de psychopathes à la chaîne n’est pas près d’être délocalisée, surtout à la veille d’une liquidation judiciaire étatique généralisée. Enfin, un bon plan d’aus-té-ri-té… On aurait voulu un peu de rigueur avant. Les mandataires, tous coupables. C'est la nef des fous. Le meilleur des mondes : tout sauf un long fleuve tranquille. Coule.

6 commentaires:

  1. "Revendication politique"
    http://rutube.ru/tracks
    /4717309.html?v=7eb5aefe719465e6256c41acab32fca2

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  2. Terrible !!!!...et pourtant , rien à objecter ....
    La paire de Nike made in China est en train de devenir l' embleme des sociétés ...euh, pardon....des troupeaux de zébus ...lachés dans les rues de l' Europe ...

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  3. Au moment de Watts (65) et de Los Angoles (92), c'était déjà le même topo. On ne veut voir les les choses par le petit bout de la lorgnette en montant tel ou tel fait en épingle.

    Si l'on en croit Mike Davis, ces gens-là, c'est monsieur tout le monde. Pas plus consumériste ou schizo-machin-chose que n'importe qui, juste pris dans l'embrasement et se démerdant au mieux avec leur conscience. Bref, tout sauf des Zébus. Si certains se retrouvent à éteindre le feu, d'autres à le rallumer, le lendemain les mêmes qui étaient incendiaires la veille se retrouvent parfois à seconder les pompiers. A moins que ce ne soit l'inverse...

    Après, on peut tout faire dire à une émeute : quelle est le symbole du déclin et la chute de l’économie spectaculaire-marchande ou l'inverse. On eut même changer d'avis en fonction des circonstances et des envies de l'époque. Sur cette question comme en tout, tout est permis, rien n'est possible. Surtout quand on réagit à chaud.

    http://www.librairie-gallimard.com/9782844852045-au-dela-de-blade-runner-los-angeles-et-l-imagination-du-desastre-mike-davis/

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  4. De Mike Davis, je ne l'ai lu que " le pire des mondes possibles ; de l'explosion urbaine au bidonville global " qui m'a laissé un bon souvenir, si l'on peut dire cela sur ce bouquin.
    Désolé lestat, pas encore lu.

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  5. "Si certains se retrouvent à éteindre le feu, d'autres à le rallumer, le lendemain les mêmes qui étaient incendiaires la veille se retrouvent parfois à seconder les pompiers."

    C'est beau comme une voix off d'arte se paluchant sur la poésie gestuelle des récolteurs de bananes au Troudukuistan.

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  6. Pfou...Faut arréter avec ce décret exposé par les gauchistes ignares. De tout temps il y avait des armes longue et des tireurs de précisions dans les compagnies, quelles soient gm ou crs pour neutraliser un taré armé en face. Le dernier pondu est pour légaliser les nouveaux matériels remplaçant les vieillissants. Il n'y pas de mot d'ordre, de préparatif particulier, d'entrainement dans ce sens. Même un mec qui se balade avec un RPG sur les toits de grenoble après une perte au casino, çà shoote pas. Donc on pose son red-bull/exstasy et ça va bien se passer.
    Vesper.

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