28 août 2011

Les lectures de l'été - Voltaire : Dialogues philosophiques - Relation du bannissement des Jésuites de la Chine ou l'Empereur de la chine et le frère Rigolet

VOLTAIRE

Dialogues Philosophiques

RELATION DU BANNISSEMENT DES JÉSUITES DE LA CHINE

ou l’Empereur de la Chine et le Frère Rigolet.


LA Chine, autrefois entièrement ignorée, longtemps ensuite défigurée à nos yeux, et enfin mieux connue de nous que plusieurs provinces d’Europe, est l’empire le plus peuplé, le plus florissant et le plus antique de l’univers : on sait que, par le dernier dénombrement fait sous l’empereur Kang-hi, dans les seules quinze provinces de la Chine proprement dite, on trouva soixante millions d’hommes capables d’aller à la guerre, en ne comptant ni les soldats vétérans, ni les vieillards au-dessus de soixante ans, ni les jeunes gens au-dessous de vingt, ni les mandarins, ni les lettrés, encore moins les femmes : à ce compte, il paraît difficile qu’il y ait moins de cent cinquante millions d’âmes, ou soi-disant telles, à la Chine.

Les revenus ordinaires de l’empereur sont deux cents millions d’onces d’argent fin, ce qui revient à douze cent cinquante millions de la monnaie de France, ou cent vingt-cinq millions de ducats d’or.

Les forces de l’État consistent, nous dit-on, dans une milice d’environ huit cent mille soldats. L’empereur a cinq cent soixante et dix mille chevaux, soit pour monter les gens de guerre, soit pour les voyages de la cour, soit pour les courriers publics.

On nous assure encore que cette vaste étendue de pays n’est point gouvernée despotiquement, mais par six tribunaux principaux qui servent de frein à tous les tribunaux inférieurs.

La religion y est simple, et c’est une preuve incontestable de son antiquité. Il y a plus de quatre mille ans que les empereurs de la Chine sont les premiers pontifes de l’empire ; ils adorent un Dieu unique, ils lui offrent les prémices d’un champ qu’ils ont labouré de leurs mains. L’empereur Kang-hi écrivit et fit graver dans le frontispice de son temple ces propres mots : « Le Chang-ti est sans commencement et sans fin ; il a tout produit ; il gouverne tout ; il est infiniment bon et infiniment juste. »

Yong-tching, fils et successeur de Kang-hi, fit publier dans tout l’empire un édit qui commence par ces mots : « Il y a entre le Tien et l’homme une correspondance sûre, infaillible, pour les récompenses et les châtiments. »

Cette religion de l’empereur, de tous les colaos, de tous les lettrés, est d’autant plus belle qu’elle n’est souillée par aucune superstition.

Toute la sagesse du gouvernement n’a pu empêcher que les bonzes ne se soient introduits dans l’empire, de même que toute l’attention du maître-d’hôtel ne peut empêcher que les rats ne se glissent dans les caves et dans les greniers.

L’esprit de tolérance, qui faisait le caractère de toutes les nations asiatiques, laissa les bonzes séduire le peuple ; mais, en s’emparant de la canaille, on les empêcha de la gouverner. On les a traités comme on traite les charlatans : on les laisse débiter leur orviétan dans les places publiques ; mais s’ils ameutent le peuple, ils sont pendus. Les bonzes ont été tolérés et réprimés.

L’empereur Kang-hi avait accueilli avec une bonté singulière les bonzes jésuites ; ceux-ci, à la faveur de quelques sphères armillaires, des baromètres, des thermomètres, des lunettes, qu’ils avaient apportés d’Europe, obtinrent de Kang-hi la tolérance publique de la religion chrétienne.

On doit observer que cet empereur fut obligé de consulter les tribunaux, de les solliciter lui-même, et de dresser de sa main la requête des bonzes jésuites pour leur obtenir la permission d’exercer leur religion : ce qui prouve évidemment que l’empereur n’est point despotique, comme tant d’auteurs mal instruits l’ont prétendu, et que les lois sont plus fortes que lui.

Les querelles élevées entre les missionnaires rendirent bientôt la nouvelle secte odieuse. Les Chinois, qui sont gens sensés, furent étonnés et indignés que des bonzes d’Europe osassent établir dans leur empire des opinions dont eux-mêmes n’étaient pas d’accord ; les tribunaux présentèrent à l’empereur des mémoires contre tous ces bonzes d’Europe et surtout contre les jésuites, ainsi que nous avons vu depuis peu les parlements de France requérir et ensuite ordonner l’abolition de cette société.

Ce procès n’était pas encore jugé à la Chine, lorsque l’empereur Kang-hi mourut le 20 décembre 1722. Un de ses fils, nommé Yong-tching, lui succéda ; c’était un des meilleurs princes que Dieu ait jamais accordés aux hommes. Il avait toute la bonté de son père, avec plus de fermeté et plus de justesse dans l’esprit. Dès qu’il fut sur le trône, il reçut de toutes les villes de l’empire des requêtes contre les jésuites. On l’avertissait que ces bonzes, sous prétexte de religion, faisaient un commerce immense, qu’ils prêchaient une doctrine intolérante ; qu’ils avaient été l’unique cause d’une guerre civile au Japon, dans laquelle il était péri plus de quatre cent mille âmes ; qu’ils étaient les soldats et les espions d’un prêtre d’Occident, réputé souverain de tous les royaumes de la terre ; que ce prêtre avait divisé le royaume de la Chine en évêchés ; qu’il avait rendu des sentences à Rome contre les anciens rites de la nation, et qu’enfin, si l’on ne réprimait pas au plus tôt ces entreprises inouïes, une révolution était à craindre.

L’empereur Yong-tching, avant de se décider, voulut s’instruire par lui-même de l’étrange religion de ces bonzes ; il sut qu’il y en avait un, nommé le frère Rigolet, qui avait converti quelques enfants des crocheteurs et des lavandières du palais ; il ordonna qu’on le fît paraître devant lui.

Ce frère Rigolet n’était pas un homme de cour comme les frères Parennin et Verbiest. Il avait toute la simplicité et l’enthousiasme d’un persuadé. Il y a de ces gens-là dans toutes les sociétés religieuses ; ils sont nécessaires à leur ordre. On demandait un jour à Oliva, général des jésuites, comme il se pouvait faire qu’il y eût tant de sots dans une société qui passait pour éclairée ; il répondit : Il nous faut des saints. Ainsi donc saint Rigolet comparut devant l’empereur de la Chine.

Il était tout glorieux, et ne doutait pas qu’il n’eût l’honneur de baptiser l’empereur dans deux jours au plus tard. Après qu’il eût fait les génuflexions ordinaires, et frappé neuf fois la terre de son front, l’empereur lui fit apporter du thé et des biscuits, et lui dit : Frère Rigolet, dites-moi en conscience ce que c’est que cette religion que vous prêchez aux lavandières et aux crocheteurs de mon palais.


FRÈRE RIGOLET. — Auguste souverain des quinze provinces anciennes de la Chine et des quarante-deux provinces tartares, ma religion est la seule véritable, comme me l’a dit mon préfet, le frère Bouvet, qui le tenait de sa nourrice. Les Chinois, les Japonais, les Coréens, les Tartares, les Indiens, les Persans, les Turcs, les Arabes, les Africains et les Américains, seront tous damnés. On ne peut plaire à Dieu que dans une partie de l’Europe, et ma secte s’appelle la religion catholique, ce qui veut dire universelle.


L’EMPEREUR. — Fort bien, frère Rigolet. Votre secte est confinée dans un petit coin de l’Europe, et vous l’appelez universelle ! apparemment que vous espérez de l’étendre dans tout l’univers.


FRÈRE RIGOLET. — Sire, votre majesté a mis le doigt dessus ; c’est comme nous l’entendons. Dès que nous sommes envoyés dans un pays par le révérend frère général, au nom du pape qui est vice-dieu en terre, nous catéchisons les esprits qui ne sont point encore pervertis par l’usage dangereux de penser. Les enfants du bas peuple étant les plus dignes de notre doctrine, nous commençons par eux ; ensuite nous allons aux femmes, bientôt elles nous donnent leurs maris ; et dès que nous avons un nombre suffisant de prosélytes, nous devenons assez puissants pour forcer le souverain à gagner la vie éternelle en se faisant sujet du pape.


L’EMPEREUR. — On ne peut mieux, frère Rigolet ; les souverains vous sont fort obligés. Montrez-moi un peu sur cette carte géographique où demeure votre pape.


FRÈRE RIGOLET. — Sacrée majesté impériale, il demeure au bout du monde dans ce petit angle que vous voyez, et c’est de là qu’il damne ou qu’il sauve à son gré tous les rois de la terre : il est vice-dieu, vice-Chang-ti, vice-Tien ; il doit gouverner la terre au nom de Dieu, et notre frère général doit gouverner sous lui.


L’EMPEREUR. — Mes compliments au vice-dieu et au frère général. Mais votre Dieu, quel est-il ? dites-moi un peu de ses nouvelles.


FRÈRE RIGOLET. — Notre Dieu naquit dans une écurie, il y a quelque dix-sept cent vingt-trois ans, entre un bœuf et un âne ; et trois rois, qui étaient apparemment de votre pays, conduits par une étoile nouvelle, vinrent au plus vite l’adorer dans sa mangeoire.


L’EMPEREUR. — Vraiment, frère Rigolet, si j’avais été là, je n’aurais pas manqué de faire le quatrième.


FRÈRE RIGOLET. — Je le crois bien, sire ; mais si vous êtes curieux de faire un petit voyage, il ne tiendra qu’à vous de voir sa mère. Elle demeure ici dans ce petit coin que vous voyez sur le bord de la mer Adriatique, dans la même maison où elle accoucha de Dieu. Cette maison, à la vérité, n’était pas d’abord dans cet endroit-là. Voici, sur la carte, le lieu qu’elle occupait dans un petit village juif ; mais, au bout de treize cents ans, les esprits célestes la transportèrent où vous la voyez. La mère de Dieu n’y est pas, à la vérité, en chair et en os, mais en bois. C’est une statue que quelques-uns de nos frères pensent avoir été faite par le Dieu son fils, qui était un très bon charpentier.


L’EMPEREUR. — Un Dieu charpentier ! un Dieu né d’une femme ! tout ce que vous me dites est admirable.


FRÈRE RIGOLET. — Oh ! sire, elle n’était point femme, elle était fille. Il est vrai qu’elle était mariée, et qu’elle avait eu deux autres enfants, nommés Jacques, comme le disent de vieux Évangiles ; mais elle n’en était pas moins pucelle.


L’EMPEREUR. — Quoi ! elle était pucelle, et elle avait des enfants !


FRÈRE RIGOLET. — Vraiment oui. C’est là le bon de l’affaire : ce fut Dieu qui fit un enfant à cette fille.


L’EMPEREUR. — Je ne vous entends point. Vous me disiez tout à l’heure qu’elle était mère de Dieu. Dieu coucha donc avec sa mère pour naître ensuite d’elle ?


FRÈRE RIGOLET. — Vous y êtes, sacrée majesté ; la grâce opère déjà. Vous y êtes, dis-je ; Dieu se changea en pigeon pour faire un enfant à la femme d’un charpentier, et cet enfant fut Dieu lui-même.


L’EMPEREUR. — Mais voilà donc deux dieux de compte fait, un charpentier et un pigeon.


FRÈRE RIGOLET. — Sans doute, sire ; mais il y en a encore un troisième qui est le père de ces deux-là, et que nous peignons toujours avec une barbe majestueuse ; c’est ce dieu-là qui ordonna au pigeon de faire un enfant à la charpentière, dont naquit le dieu charpentier ; mais, au fond, ces trois dieux n’en font qu’un. Le père a engendré le fils avant qu’il fût au monde, le fils a été ensuite engendré par le pigeon, et les pigeon procède du père et du fils. Or, vous voyez bien que le pigeon qui procède, le charpentier qui est né du pigeon, et le père qui a engendré le fils du pigeon, ne peuvent être qu’un seul Dieu, et qu’un homme qui ne croirait pas cette histoire doit être brûlé dans ce monde-ci et dans l’autre.


L’EMPEREUR. — Cela est clair comme le jour. Un dieu né dans une étable, il y a dix-sept cent vingt- trois ans, entre un bœuf et un âne ; un autre dieu dans un colombier ; un troisième dieu, de qui viennent les deux autres, et qui n’est pas plus ancien qu’eux, malgré sa barbe blanche ; une mère pucelle ; il n’est rien de plus simple et de plus sage. Eh ! dis-moi un peu, frère Rigolet, si ton dieu est né, il est sans doute mort ?


FRÈRE RIGOLET. — S’il est mort, sacrée majesté, je vous en réponds, et cela pour nous faire plaisir. Il déguisa si bien sa divinité qu’il se laissa fouetter et pendre malgré ses miracles ; mais aussi il ressuscita deux jours après sans que personne le vît, et s’en retourna au ciel, après avoir solennellement promis « qu’il reviendrait incessamment dans une nuée, avec une grande puissance et une grande majesté, » comme le dit, dans son vingt et unième chapitre, Luc, le plus savant historien qui ait jamais été. Le malheur est qu’il ne revint point.


L’EMPEREUR. — Viens, frère Rigolet, que je t’embrasse ; va, tu ne feras jamais de révolution dans mon empire. Ta religion est charmante ; tu épanouiras la rate de tous mes sujets ; mais il faut que tu me dises tout. Voilà ton dieu né, fessé, pendu et enterré. Avant lui, n’en avais-tu pas un autre ?


FRÈRE RIGOLET. — Oui, vraiment, il y en avait un dans le même petit pays, qui s’appelait le Seigneur, tout court. Celui-là ne se laissait pas pendre comme l’autre ; c’était un Dieu à qui il ne fallait pas se jouer : il s’avisa de prendre sous sa protection une horde de voleurs et de meurtriers, en faveur de laquelle il égorgea, un beau matin, tous les bestiaux et tous les fils aînés des familles d’Égypte. Après quoi il ordonna expressément à son cher peuple de voler tout ce qu’ils trouveraient sous leurs mains, et de s’enfuir sans combattre, attendu qu’il était le Dieu des armées. Il leur ouvrit ensuite le fond de la mer, suspendit les eaux à droite et à gauche pour les faire passer à pied sec, faute de bateaux. Il les conduisit ensuite dans un désert où ils moururent tous ; mais il eut grand soin de la seconde génération. C’est pour elle qu’il faisait tomber les murs des villes au son d’un cornet à bouquin, et par le ministère d’une cabaretière. C’est pour ses chers Juifs qu’il arrêtait le soleil et la lune en plein midi, afin de leur donner le temps d’égorger leurs ennemis plus à leur aise. Il aimait tant ce cher peuple qu’il le rendit esclave des autres peuples, qu’il l’est même encore aujourd’hui. Mais, voyez-vous, tout cela n’est qu’un type, une ombre, une figure, une prophétie, qui annonçait les aventures de notre Seigneur Jésus, Dieu juif, fils de Dieu le père, fils de Marie, fils de Dieu pigeon qui procède de lui, et de plus ayant un père putatif.

Admirez, sacrée majesté, la profondeur de notre divine religion. Notre Dieu pendu, étant juif, a été prédit par tous les prophètes juifs.

Votre sacrée majesté doit savoir que, chez ce peuple divin, il y avait des hommes divins qui connaissaient l’avenir mieux que vous ne savez ce qui se passe dans Pékin. Ces gens-là n’avaient qu’à jouer de la harpe, et aussitôt tous les futurs contingents se présentaient à leur yeux. Un prophète, nommé Isaïe, coucha, par l’ordre du Seigneur, avec une femme : il en eut un fils, et ce fils était notre Seigneur Jésus-Christ ; car il s’appelait Maher Sahal-has-bas, partagez vite les dépouilles. Un autre prophète, nommé Ézéchiel, se couchait sur le côté gauche trois cent quatre-vingt-dix jours, et quarante sur le côté droit, et cela signifiait Jésus-Christ. Si votre sacrée majesté me permet de le dire, cet Ézéchiel mangeait de la merde sur son pain, comme il le dit dans son chapitre iv, et cela signifiait Jésus-Christ.

Un autre prophète, nommé Osée, couchait, par ordre de Dieu, avec une fille de joie, nommée Gomer, fille de Debelaïm ; il en avait trois enfants ; et cela signifiait non seulement Jésus-Christ, mais encore ses deux frères aînés Jacques-le-Majeur et Jacques-le-Mineur, selon l’interprétation des plus savants Pères de notre sainte Église.

Un autre prophète, nommé Jonas, est avalé par un chien marin, et demeure trois jours et trois nuits dans son ventre ; c’est visiblement encore Jésus-Christ, qui fut enterré trois jours et trois nuits, en retranchant une nuit et deux jours pour faire le compte juste. Les deux sœurs Oolla et Ooliba ouvrent leurs cuisses à tout venant, font bâtir un b…, et donnent la préférence à ceux qui ont le membre d’un âne ou d’un cheval, selon les propres expressions de la sainte Écriture ; cela signifie l’Église de Jésus-Christ.

C’est ainsi que tout a été prédit dans les livres des Juifs. Votre sacrée majesté a été prédite. J’ai été prédit, moi qui vous parle ; car il est écrit : Je les appellerai des extrémités de l’Orient ; et c’est frère Rigolet qui vient vous appeler pour vous donner à Jésus-Christ mon sauveur.


L’EMPEREUR. — Dans quel temps ces belles prédictions ont-elles été écrites ?


FRÈRE RIGOLET. — Je ne le sais pas bien précisément ; mais je sais que les prophéties prouvent les miracles de Jésus mon sauveur, et ces miracles de Jésus prouvent à leur tour les prophéties. C’est un argument auquel on n’a jamais répondu, et c’est ce qui établira sans doute notre secte dans toute la terre, si nous avons beaucoup de dévotes, de soldats et d’argent comptant.


L’EMPEREUR. — Je le crois, et on m’en a déjà averti : on va loin avec de l’argent et des prophéties : mais tu ne m’as point encore parlé des miracles de ton Dieu ; tu m’as dit seulement qu’il fut fessé et pendu.


FRÈRE RIGOLET. — Eh ! sire, n’est-ce pas là déjà un très grand miracle ? mais il en a fait bien d’autres. Premièrement, le diable l’emporta sur une petite montagne, d’où l’on découvrait tous les royaumes de la terre, et lui dit : « Je te donnerai tous ces royaumes, si tu veux m’adorer ; » mais Dieu se moqua du diable. Ensuite on pria notre Seigneur Jésus à une noce de village, et les garçons de la noce étant ivres et manquant de vin, notre Seigneur Jésus-Christ changea l’eau en vin sur-le-champ, après avoir dit des injures à sa mère. Quelque temps après, s’étant trouvé dans Gadara, ou Gésara, au bord du petit lac de Génézareth, il rencontra des diables dans le corps de deux possédés ; il les chassa au plus vite, et les envoya dans un troupeau de deux mille cochons, qui allèrent en grognant se jeter dans le lac, et s’y noyer : et ce qui constate encore la grandeur et la vérité de ce miracle, c’est qu’il n’y avait point de cochons dans ce pays-là.


L’EMPEREUR. — Je suis fâché, frère Rigolet, que ton dieu ait fait un tel tour. Le maître des cochons ne dut pas trouver cela bon. Sais-tu bien que deux mille cochons gras valent de l’argent ? Voilà un homme ruiné sans ressource. Je ne m’étonne plus qu’on ait pendu ton dieu. Le possesseur des cochons dut présenter requête contre lui, et je t’assure que si, dans mon pays, un pareil dieu venait faire un pareil miracle, il ne le porterait pas loin. Tu me donnes une grande envie de voir les livres qu’écrivit le Seigneur Jésus, et comment il s’y prit pour justifier des miracles d’une si étrange espèce.


FRÈRE RIGOLET. — Sacrée majesté, il n’a jamais fait de livres ; il ne savait ni lire ni écrire.


L’EMPEREUR. — Ah ! ah ! voici qui est digne de tout le reste. Un législateur qui n’a jamais écrit aucune loi !


FRÈRE RIGOLET. — Fi donc ! sire, quand un Dieu vient se faire pendre, il ne s’amuse pas à de pareilles bagatelles : il fait écrire ses secrétaires. Il y en eut une quarantaine qui prirent la peine, cent ans après, de mettre par écrit toutes ces vérités. Il est vrai qu’ils se contredisent tous ; mais c’est en cela même que la vérité consiste ; et dans ces quarante histoires, nous en avons à la fin choisi quatre, qui sont précisément celles qui se contredisent le plus, afin que la vérité paraisse avec plus d’évidence.

Tous ses disciples firent encore plus de miracles que lui ; nous en faisons encore tous les jours. Nous avons parmi nous le dieu saint François Xavier, qui ressuscita neuf morts de compte fait dans l’Inde : personne à la vérité n’a vu ces résurrections ; mais nous les avons célébrées d’un bout du monde à l’autre, et nous avons été crus. Croyez-moi, sire, faites-vous jésuite ; et je vous suis caution que nous ferons imprimer la liste de vos miracles avant qu’il soit deux ans ; nous ferons un saint de vous, on fêtera votre fête à Rome, et on vous appellera saint Yong-tching après votre mort.


L’EMPEREUR. — Je ne suis pas pressé, frère Rigolet ; cela pourra venir avec le temps. Tout ce que je demande, c’est que je ne sois pas pendu comme ton Dieu l’a été ; car il me semble que c’est acheter la divinité un peu cher.


FRÈRE RIGOLET. — Ah ! sire, c’est que vous n’avez pas encore la foi ; mais quand vous aurez été baptisé, vous serez enchanté d’être pendu pour l’amour de Jésus-Christ notre sauveur. Quel plaisir vous auriez de le voir à la messe, de lui parler, de le manger !


L’EMPEREUR. — Comment, mort de ma vie ! vous mangez votre dieu, vous autres ?


FRÈRE RIGOLET. — Oui, sire, je le fais et je le mange ; j’en ai préparé ce matin quatre douzaines ; et je vais vous les chercher tout à l’heure, si votre sacrée majesté l’ordonne.


L’EMPEREUR. — Tu me feras grand plaisir, mon ami. Va-t-en vite chercher tes dieux. Je vais en attendant faire ordonner à mes cuisiniers de se tenir prêts pour les faire cuire ; tu leur diras à quelle sauce il faut les mettre : je m’imagine qu’un plat de dieux est une chose excellente, et que je n’aurais jamais fait meilleure chère.


FRÈRE RIGOLET. — Sacrée majesté, j’obéis à vos ordres suprêmes, et je reviens dans le moment. Dieu soit béni ! voilà un empereur dont je vais faire un chrétien, sur ma parole.




Pendant que frère Rigolet allait chercher son déjeuner, l’empereur resta avec son secrétaire d’État Ouang-Tsé : tous deux étaient saisis de la plus grande surprise et de la plus vive indignation.

Les autres jésuites, dit l’empereur, comme Parennin, Verbiest, Péreira, Bouvet, et les autres, ne m’avaient jamais avoué aucune de ces abominables extravagances. Je vois trop bien que ces missionnaires sont des fripons qui ont à leur suite des imbéciles. Les fripons ont réussi auprès de mon père en faisant devant lui des expériences de physique qui l’amusaient, et les imbéciles réussissent auprès de la populace : ils sont persuadés, et ils persuadent ; cela peut devenir très pernicieux. Je vois que les tribunaux ont eu grande raison de présenter des requêtes contre ces perturbateurs du repos public. Dites-moi, je vous prie, vous qui avez étudié l’histoire de l’Europe, comment il s’est pu faire qu’une religion si absurde, si blasphématoire, se soit introduite chez tant de petites nations ?


LE SECRÉTAIRE D’ÉTAT. — Hélas ! sire, tout comme la secte du dieu Fo s’est introduite dans votre empire, par des charlatans qui ont séduit la populace. Votre majesté ne pourrait croire quels effets prodigieux ont faits les charlatans d’Europe dans leur pays. Ce misérable qui vient de vous parler vous a lui-même avoué que ses pareils, après avoir enseigné à la canaille des dogmes qui sont faits pour elle, la soulèvent ensuite contre le gouvernement : ils ont détruit un grand empire qu’on appelait l’empire romain, qui s’étendait d’Europe en Asie, et le sang a coulé pendant plus de quatorze siècles par les divisions de ces sycophantes, qui ont voulu se rendre les maîtres de l’esprit des hommes ; ils firent d’abord accroire aux princes qu’ils ne pouvaient régner sans les prêtres, et bientôt ils s’élevèrent contre les princes. J’ai lu qu’ils détrônèrent un empereur nommé Débonnaire, un Henri IV, un Frédéric, plus de trente rois, et qu’ils en assassinèrent plus de vingt.

Si la sagesse du gouvernement chinois a contenu jusqu’ici les bonzes qui déshonorent vos provinces, elle ne pourra jamais prévenir les maux que feraient les bonzes d’Europe. Ces gens-là ont un esprit cent fois plus ardent, un plus violent enthousiasme, et une fureur plus raisonnée dans leur démence, que ne l’est le fanatisme de tous les bonzes du Japon, de Siam, et de tous ceux qu’on tolère à la Chine.

Les sots prêchent parmi eux, et les fripons intriguent ; ils subjuguent les hommes par les femmes, et les femmes par la confession. Maîtres des secrets de toutes les familles, dont ils rendent compte à leurs supérieurs, ils sont bientôt les maîtres d’un État, sans même paraître l’être encore, d’autant plus sûrs de parvenir à leurs fins qu’ils semblent n’en avoir aucune. Ils vont à la puissance par l’humilité, à la richesse par la pauvreté, et à la cruauté par la douceur.

Vous vous souvenez, sire, de la fable des dragons qui se métamorphosaient en moutons pour dévorer plus sûrement les hommes : voilà leur caractère ; il n’y a jamais eu sur le terre de monstres plus dangereux ; et Dieu n’a jamais eu d’ennemis plus funestes.


L’EMPEREUR. — Taisez-vous ; voici frère Rigolet qui arrive avec son déjeuner. Il est bon de s’en divertir un peu.




Frère Rigolet arrivait, en effet, tenant à la main une grande boîte de fer-blanc, qui ressemblait à une boîte de tabac.




Voyons, lui dit l’empereur, ton Dieu qui est dans ta boîte.




Frère Rigolet en tira aussitôt une douzaine de petits morceaux de pâte ronds et plats comme du papier.




Ma foi, notre ami, lui dit l’empereur, si nous n’avons que cela à notre déjeuner, nous ferons très maigre chère : un dieu, à mon sens, devrait être un peu plus dodu ; que veux-tu que je fasse de ces petits morceaux de colle ?

— Sire, dit Rigolet, que votre majesté fasse seulement apporter une chopine de vin rouge ; et vous verrez beau jeu.




L’empereur lui demanda pourquoi il préférait le vin rouge au vin blanc, qui est meilleur à déjeuner. Rigolet lui répondit qu’il allait changer le vin en sang et qu’il était bien plus aisé de faire du sang avec du vin rouge qu’avec du vin paillet. Sa majesté trouva cette raison excellente, et ordonna qu’on fît venir une bouteille de vin rouge. En attendant, il s’amusa à considérer les dieux que frère Rigolet avait apportés dans la poche de sa culotte. Il fut tout étonné de trouver sur ces morceaux de pâte la figure empreinte d’un patibulaire et d’un pauvre diable qui y était attaché.




Eh ! sire, lui dit Rigolet, ne vous souvenez-vous pas que je vous ai dit que notre dieu avait été pendu ? Nous gravons toujours sa potence sur ces petits pains que nous changeons en dieux. Nous mettons partout des potences dans nos temples, dans nos maisons, dans nos carrefours, dans nos grands chemins ; nous chantons : Bonjour, notre unique espérance. Nous avalons Dieu avec sa potence.

— C’est fort bien, dit l’empereur : tout ce que je vous souhaite, c’est de ne pas finir comme lui.




Cependant on apporta la bouteille de vin rouge : frère Rigolet la posa sur la table avec sa boîte de fer-blanc ; et tirant de sa poche un livre tout gras, il le plaça à sa main droite ; puis se tournant vers l’empereur, il lui dit :

Sire, j’ai l’honneur d’être portier, lecteur, conjureur, acolyte, sous-diacre, diacre et prêtre. Notre saint père le pape, le grand Innocent III, dans son premier livre des Mystères de la messe, a décidé que notre Dieu avait été portier, quand il chassa à coups de fouet de bons marchands qui avaient la permission de vendre des tourterelles à ceux qui venaient sacrifier dans le temple. Il fut lecteur, quand, selon saint Luc, il prit le livre dans la synagogue, quoiqu’il ne sût ni lire ni écrire ; il fut conjureur, quand il envoya des diables dans des cochons; il fut acolyte, parce que le prophète juif Jérémie avait dit : Je suis la lumière du monde, et que les acolytes portent des chandelles ; il fut sous-diacre, quand il changea l’eau en vin, parce que les sous-diacres servent à table ; il fut diacre, quand il nourrit quatre mille hommes, sans compter les femmes et les petits enfants, avec sept petits pains et quelques goujons, dans le pays de Magédan, connu de toute la terre, selon saint Mathieu ; ou bien quand il nourrit cinq mille hommes, avec cinq pains et deux goujons, près de Betzaïda, comme le dit saint Luc : enfin il fut prêtre selon l’ordre de Melchisédech, quand il dit à ses disciples qu’il allait leur donner son corps à manger. Étant donc prêtre comme lui, je vais changer ces pains en dieux : chaque miette de ce pain sera un dieu en corps et en âme ; vous croirez voir du pain, manger du pain, et vous mangerez Dieu.

Enfin, quoique le sang de ce Dieu soit dans le corps que j’aurai créé avec des paroles, je changerai votre vin rouge dans le sang de ce dieu même ; pour surabondance de droit, je le boirai ; il ne tiendra qu’à votre majesté d’en faire autant. Je n’ai qu’à vous jeter de l’eau au visage ; je vous ferai ensuite portier, lecteur, conjureur, acolyte, sous-diacre, diacre et prêtre : vous ferez avec moi une chère divine.

Aussitôt voilà le frère Rigolet qui se met à prononcer des paroles en latin, avale deux douzaines d’hosties, boit chopine, et dit grâces très dévotement.

— Mais, mon cher ami, lui dit l’empereur, tu as mangé et bu ton dieu : que deviendra-t-il quand tu auras besoin d’un pot de chambre ?

— Sire, dit frère Rigolet, il deviendra ce qu’il pourra, c’est son affaire. Quelques-uns de nos docteurs disent qu’on le rend à la garde-robe ; d’autres qu’il s’échappe par insensible transpiration ; quelques-uns prétendent qu’il s’en retourne au ciel ; pour moi, j’ai fait mon devoir de prêtre, cela me suffit ; et pourvu qu’après ce déjeuner on me donne un bon dîner avec quelque argent pour ma peine, je suis content.

— Or çà, dit l’empereur à frère Rigolet, ce n’est pas tout, je sais qu’il y a aussi dans mon empire d’autres missionnaires qui ne sont pas jésuites, et qu’on appelle dominicains, cordeliers, capucins ; dis-moi en conscience s’ils mangent Dieu comme toi.

— Ils le mangent, sire, dit le bonhomme ; mais c’est pour leur condamnation. Ce sont tous des coquins et nos plus grands ennemis ; ils veulent nous couper l’herbe sous le pied. Ils nous accusent sans cesse auprès de notre saint père le pape. Votre majesté ferait fort bien de les chasser tous, et de ne conserver que les jésuites : ce serait un vrai moyen de gagner la vie éternelle, quand même vous ne seriez pas chrétien.

L’empereur lui jura qu’il n’y manquerait pas. Il fit donner quelques écus à frère Rigolet, qui courut sur-le-champ annoncer cette bonne nouvelle à ses confrères.

Le lendemain, l’empereur tint sa parole : il fit assembler tous les missionnaires, soit ceux qu’on appelle séculiers, soit ceux qu’on nomme, très irrégulièrement, réguliers ou prêtres de la propagande, ou vicaires apostoliques, évêques in partibus, prêtres des missions étrangères, capucins, cordeliers, dominicains, hiéronymites et jésuites. Il leur parla en ces termes, en présence de trois cents colaos :

— La tolérance m’a toujours paru le premier lien des hommes, et le premier devoir des souverains. S’il était dans le monde une religion qui pût s’arroger un droit exclusif, ce serait assurément la nôtre. Vous avouez tous que nous rendions à l’être suprême un culte pur et sans mélange avant qu’aucun des pays d’où vous venez fût seulement connu de ses voisins, avant qu’aucune de vos contrées occidentales eût seulement l’usage de l’écriture. Vous n’existiez pas quand nous formions déjà un puissant empire. Notre antique religion, toujours inaltérable dans nos tribunaux, s’étant corrompue chez le peuple, nous avons souffert les bonzes de Fo, les talapoins de Siam, les lamas de Tartarie, les sectaires Loakium ; et, regardant tous les hommes comme nos frères, nous ne les avons jamais punis de s’être égarés. L’erreur n’est point un crime. Dieu n’est point offensé qu’on l’adore d’une manière ridicule : un père ne chasse point ceux de ses enfants qui le saluent en faisant mal la révérence ; pourvu qu’il en soit aimé et respecté, il est satisfait. Les tribunaux de mon empire ne vous reprochent point vos absurdités ; ils vous plaignent d’être infatués du plus détestable ramas de fables que la folie humaine ait jamais accumulées ; ils plaignent encore plus le malheureux usage que vous faites du peu de raison qui vous reste pour justifier ces fables.

Mais ce qu’ils ne vous pardonnent pas, c’est de venir du bout du monde pour nous ôter la paix. Vous êtes les instruments aveugles de l’ambition d’un petit lama italien, qui, après avoir détrôné quelques régules, ses voisins, voudrait disposer des plus vastes empires de nos régions orientales.

Nous ne savons que trop les maux horribles que vous avez causés au Japon. Douze religions y florissaient avec le commerce, sous les auspices d’un gouvernement sage et modéré ; une concorde fraternelle régnait entre ces douze sectes : vous parûtes, et la discorde bouleversa le Japon ; le sang coula de tous côtés ; vous en fîtes autant à Siam et aux Manilles ; je dois préserver mon empire d’un fléau si dangereux, Je suis tolérant, et je vous chasse tous, parce que vous êtes intolérants. Je vous chasse, parce qu’étant divisés entre vous, et vous détestant les uns les autres, vous êtes prêts d’infecter mon peuple du poison qui vous dévore. Je ne vous plongerai point dans les cachots, comme vous y faites languir en Europe ceux qui ne sont pas de votre opinion. Je suis encore plus éloigné de vous faire condamner au supplice, comme vous y envoyez en Europe ceux que vous nommez les hérétiques. Nous ne soutenons point ici notre religion par des bourreaux ; nous ne disputons point avec de tels arguments. Partez, portez ailleurs vos folies atroces, et puissiez-vous devenir sages ! Les voitures qui vous doivent conduire à Macao sont prêtes. Je vous donne des habits et de l’argent : des soldats veilleront en route à votre sûreté. Je ne veux pas que le peuple vous insulte ; allez, soyez dans votre Europe un témoignage de ma justice et de ma clémence.


Ils partirent ; le christianisme fut entièrement aboli à la Chine, ainsi qu’en Perse, en Tartarie, au Japon, dans l’Inde, dans la Turquie, dans toute l’Afrique : c’est grand dommage ; mais voilà ce que c’est que d’être infaillibles.

12 commentaires:

  1. c'est rigolo...
    il est ironique qu'en France, l'on voue un culte à voltaire. Mais il est plus ironique qu'encore que ce culte de voltaire n'ait permis l'émergence d'un épigone contemporain taillant en pièces la religion d'aujourd'hui: droit de l'hommiste, derridienne, jeuniste...

    Il ne reste de voltarien qu'un l'anti-catholicisme de forme et haineux. Le fond irrévérencieux à l'égard de toute bigoterie a déserté les foules.

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  2. Tu as raison, mais tu oublies Muray (même si le genre humoristique est différend).

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  3. Lol. Muray est à Voltaire ce que Cauet est à La Boétie.

    Merci quand même de m'avoir fait connaître cet excellent texte.

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  4. oui, j'ai eu la flemme de le mentionner, on ne m'a pas attendu pour parler de muray sur ce blog, j'aurais l'impression de faire de l'écho.

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  5. Ah, les Lumières... quand des crétins bien ras de plafond, bombardés "philosophes" par leurs pairs aux dentelles développées et aux ongles manucurés, ont prétendu débusquer chez les autres une hypocrisie dont ils sont le pinacle.

    Le poudré se serait trouvé bien malheureux au milieu des peuples germaniques antiques, bons sauvages pré-chrétiens. Détroussé et poignardé au fond d'une ruelle obscure dans la Chine impériale n'aurait, du reste, pas été un sort beaucoup plus enviable. Au Japon, on lui aurait peut-être fait l'honneur de servir dans la tas de corps de test pour une lame de katana, mêlant ses entrailles de péteux parasite à celles de condamnés de droit commun.

    Sa langue bien pendue lui aurait valu la corde dans bien des endroits et des époques du monde. Ou peut-être pire encore: de simplement finir dans la boue, à devoir vivre de son travail ou de la mendicité. Pour un de ces poudrés, la mort est douce en comparaison de ce châtiment.

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  6. J'ai rarement lu un sophisme aussi complet, aussi massif, que celui de Gottfried.

    Chapeau Gottfried !

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  7. On peut juger perverse et insidieuse, voire idéologiquement orientée, ma manière de voir les choses, mais le sophiste, dans le tas, c'est bien Voltaire.

    Relisez simplement ce texte à la lumière d'un catéchisme de qualité (celui de Saint Pie X me paraît être une bonne référence, même s'il est postérieur aux écrits de Voltaire, la doctrine est de même esprit, et dans la lettre les ajouts ne sont pas excessivement notables), vous verrez comme tout y est exposé de manière décalée et fallacieuse.

    Le plus risible, c'est le coup de l'hostie, où il laisse entendre à demi-mot que le chrétien finit par digérer Dieu pour le chier. Pour déconstruire ce sophisme, il faut avoir vifs en mémoire les enseignements du catéchisme à ce sujet. Il est dit que lors du Saint Sacrifice, le prêtre opère la transsubstantiation du pain et du vin en corps et sang du Christ, c'est certes vrai, mais que les espèces du pain et du vin se conservent, et que seule l'essence est changée. Notre corps va digérer du pain et du vin, et les excréter par les voies naturelles, mais le sang et le corps du Christ sont "digérés" par notre âme (à la condition de n'être pas en état de péché mortel).

    Ceci est un sophisme. Accuser Voltaire d'avoir toute sa vie n' été qu'un nanti et un parasite est, au pire, une vision marxisante et matérialiste, mais c'est un fait. Cependant, l'aigrefin a du style et de l'esprit, et il est indéniable qu'il reste une immense figure de notre littérature nationale.

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  8. Voltaire, en vrai c'est tout pourri. Diderot et Rousseau c'est autre chose.

    le ricanement,l'ironie bidon , l'intelligence sans coeur tout ça, trop français.

    Henri Roorda.

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  9. l'aigrefin a du style et de l'esprit,

    Tu mets le doigt dessus. C'était tout le sens de son combat à Voltaire. La légèreté de l'esprit contre la pesanteur du dogme.

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  10. Voltaire est le penseur de la droite libérale, Rousseau celui de la Gauche.
    Le vrai venin, c'est la Gauche et le Rousseauisme.C'est lui qui a pourri l'idéologie française et a véhiculé cet égalitarisme qui continue à nous faire du mal.

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  11. Oui c'est vrai, et ainsi que le tout économique de la droite néolibérale.

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  12. Les nénés dans le ruisseau5 septembre 2011 à 18:04

    http://socserv.mcmaster.ca/econ/ugcm/3ll3/rousseau/rousseau.htm

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