11 août 2011

La guerre du froc


Il y a eu le Déluge. Il y a eu Gengis Khan et la Peste Noire. Il y a eu les trompettes de Jéricho. Il y a eu Stalingrad. Il y a eu la Bérézina, l’éruption de la Montagne Pelée, la grippe espagnole. Il y a eu les yéyés. Il y a eu l’incendie de Rome et l’effondrement de Lisbonne. Il y a eu Verdun. Il y a eu Auschwitz et la Révolution Culturelle. L’humanité a souffert, elle a pris des coups et a connu des drames épiques. Puis, il y a eu le pantacourt.

En ce moment même, les amusants idéologues des gender studies tentent de faire croire que l’identité sexuelle est une question de choix (une option performative), que le fait d’être un homme ou une femme n’est qu’une option socialement admise, parmi d’autres, et que la nature n’y a qu’un rôle secondaire. C’est évidemment un tissu d’âneries, mais ces faussaires étant à la mode, il nous faudra quelques décennies pour l’admettre. Il y a pourtant un moyen très simple pour démontrer que l’identité sexuelle est donnée, et non acquise : « la preuve du mollet ».
Observez deux mollets humains, l’un masculin, l’autre féminin. Ils remplissent théoriquement les mêmes fonctions et sont situés aux mêmes endroits. Ils sont pourtant radicalement différents, par un décret souverain de la nature, auquel on ne peut rien. Le mollet féminin est doux, fuselé ou potelé, mince sans être grêle, il enrobe la cheville pour en ôter les nervures, absorbe les malléoles dans un velouté exquis, il rebondit sous l’effet des vibrations, même les plus légères. Il est gai et insouciant. Il ne saurait faire de mal à une mouche. Il est si tendre qu’on en mangerait.
Le mollet masculin, c’est tout l’inverse. Si l’on excepte le phacochère malade et une variété pustuleuse de hyènes hirsutes, la nature n’offre pas de spectacle aussi laid qu’un mollet de mec. Il est velu, anguleux, il laisse saillir des os, il roule sous une peau mince des muscles noueux comme des ceps à piquette, il est plein de nerfs, il est plein de poils, il est dur comme une inutile bite disposée derrière un genou ! Quand il est maigre, il est affreux. Quand il est gros, il est grotesque. Dans les deux cas, il est suprêmement laid. Contrairement au rire, que d’autres mammifères partagent avec nous, le mollet humain est le propre de l’homme : personne d’autre n’en voudrait.
Et c’est à la gloire et pour l’exhibition de cette merde qu’on a conçu et répandu partout le pantacourt !
(En conséquence de ce qui précède, je précise que mes considérations scientifiques à suivre ne concernent pas les femmes. N’en déplaise aux partisans de la parité, sur le point de la laideur, les hommes ont une supériorité indiscutable.)

Qu’est-ce qu’un pantacourt ? Quand on décide d’en immoler un par le feu, comment peut-on être sûr de ne pas sacrifier par erreur un inoffensif bermuda ? C’est simple : un short s’arrête en haut de la cuisse. C’est un ustensile pratique pour courir ou faire le tapin. Un bermuda descend au-dessus du genou : on a rallongé le tissu dans l’espoir sincère, mais vain, de donner de la distinction au porteur de short. Un pantalon un peu trop juste, quant à lui, laisse voir la cheville, c'est-à-dire la chaussette : effet comique garanti, Bourvil lui doit tout. Le pantacourt, enfin, hybride monstrueux que l’avenir jugera, pendouille incompréhensiblement au milieu du mollet, ce muscle idiot. Et, par une cruauté de la nature que rien n’explique, le pantacourt est principalement porté par des hommes bedonnants dont les pans de chemises pendillent eux-aussi, détail qui renforce la mocheté du tableau au-delà du croyable.

La laideur du pantacourt est aussi d’ordre psychologique : c’est l’habit du parfait glandeur. C’est d’ailleurs devenu, en quelques années, l’uniforme du touriste occidental, cet inutile encombreur de ruines antiques. Dans tous les pays assez cons pour l’accueillir, l’homo-pantacouris s’affiche donc tel qu’il est : moche et content de l’être. Ce qui gêne le plus, c’est qu’en effet, le disgracieux s’affirme désormais comme une référence et s’avance en bataillons serrés. On les voit, ces légions à faire peur, marcher du pas nonchalant du congés-payé, mélange de lenteur et d’apathie, tripotant leurs téléphones mobiles d’un pouce mou tandis que quarante siècles les contemplent. Le traîneur de tongs ne s’excuse même plus de dépareiller le genre humain, il se fagote d’un pantacourt bien bariolé, histoire d’offenser l’indigène sans distinction, jusqu’au plus distrait, jusqu’au plus myope ! Armé d’une conscience parfaite de son bon droit, il se pavane avec ostentation, sous le regard affligé de l’hémisphère sud.
Quand il ne part pas en vacances de l’autre côté du globe, l’homo-pantacouris exhibe sa goujaterie en zone tempérée. C’est évidemment là qu’il est le plus atroce, renforcé par la loi du nombre. Si encore il se contentait d’errer à sa place, dans les centres commerciaux, les rues piétonnes et les parcs à schtroumpfs ! Mais non, il s’infiltre dans touts les secteurs, il pollue tout l’espace, il fait de tout recoin sa niche. On le trouve au concert, dans les squares, dans les églises et même, parfois, dans les bibliothèques ! Et partout, comme si ça ne suffisait pas, pour le plus grand malheur de la décence, il ajoute à son accoutrement le détail fatal : la sacoche en bandoulière.
La sacoche-minuscule-portée-en-bandoulière sert souvent de coordonnée au pantacourt. Elle est pour lui ce que l’escarpin est à la jupe. En Europe occidentale, depuis la disparition du catogan, il n’y a pas moyen d’avoir l’air plus con que de porter une sacoche en bandoulière. Et certains s’y adonnent en pantacourt !!

Depuis la Révolution française, il est acquis que les peuples ont vocation à l’émancipation. Le joug le plus méthodique ne saurait plus s’exercer trop longtemps. La liberté (y compris la liberté de s'habiller comme une bouse) guide l'Histoire. Les Russes sont venus à bout de leur esclavage collectiviste et militaire. Les Arabes eux-mêmes sont en train d’abandonner leur fascination pour la tyrannie paternalisto-moustachue. Il y a donc fort à parier que l’humanité, après en avoir beaucoup souffert, se révoltera bientôt contre cette torture vestimentaire, qu’elle inflige à ses membres les plus sensibles. Tant mieux.

18 commentaires:

  1. Mouaif. Le mollet, ça va encore.

    Non, le vrai crime de notre époque, c'est le pied. Le petit pied de sédentaire, qu'on expose sans honte ni gène. Avec ses cales, ses oignons, ses poils, ses mycoses. Rien ne coupe plus l'appétit qu'un pied. Hormis quelques rares exceptions, un pied c'est moche, c'est même déguelasse.

    Et pourtant, aujourd'hui plus que jamais, prennant pour excuse la chaleur qui "ferait gonfler les pieds" (prend des godasses plus grandes, salipiaud!), l'homme dévoile ses plus bas instincts, et ne pouvant dévoiler la noirceur de son âme, soumet chacun au traumatisme de la vue de son pied, ce qui vaut bien antichambre à l'Enfer.

    En vertu de quoi, soucieux du bien public et du Salut des âmes, il convient de faire interdire toute chaussure qui laisse voir le talon et les orteils, et plus de la moitier du dessus du pied. Des brigades citoyennes, formées auprès de la police des moeurs iranienne, devront être constituées, s'assurant que les chaussures sont décentes, et les bords de pantalon à la bonne longueur (les pantalons trainant jusque sous la chaussure, et ramassant flotte, boue et chewing-gums sont une insulte à l'idée de civilisation toute entière). Il convient d'instaurer une juridiction d'exception pour les porteurs de tongs, avec jugement acceléré et facturation de la balle et de la main d'oeuvre à la famille.

    Si vous voulez, ils pourront veiller aussi à la correction des pantalons.

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  2. je ne peux partager votre haine du pantacourt fondée sur le rejet du mollet. Les miens sont d'une beauté toute masculine et praxitèlienne, et de plus, ils sont naturellement glabres. De sorte que je ne peux faire d'exercice physique que dans des coins reculés, loin des yeux indignes d'une telle vision.

    Hélas, chaque innovation vestimentaire qui dévoile la laideur du mortel entrée de gamme me conforte dans mon sentiment d'élection.

    C'est pas une vie.

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  3. //Et partout, comme si ça ne suffisait pas, pour le plus grand malheur de la décence, il ajoute à son accoutrement le détail fatal : la sacoche en bandoulière. //

    C'est ça, le sens du détail de l'homme moderne.
    Je préfère encore les uniformes Hugo Boss.

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  4. Désolé monsieur mais un mollet d'homme c'est poilu beaucoup, passionnémment ou à la folie, un point c'est tout.

    C'est ce qui nous permet de garder les pattes blanches en plein soleil bon dieu !!!

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  5. moi j'aime bien l'homo-pantacouris avec une ceinture banane , ça dénote quand même une velléité de se démarquer ...

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  6. Beboper nous dévoile ici, en creux et en exclusivité, sa préférence pour les petits shorts sexy (parfois même à franges).
    Une sincérité et un courage qu'on ne peut que saluer.
    (tire la langue)

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  7. Et ce mot: "pantacourt" ! Putain ! Le mot "pantacourt" !
    Je m'écorcherais la trogne à coups de seringue pour ne plus avoir avoir à supporter le mot "pantacourt". Le terme est atrocement pratique. Je l'entends prononcé par ce bonhomme, petite crevure touristique, persuadé d'allier la mode à l'utilitaire, et ravi du cordon qu'il a placé aux branches de ses lunettes:
    "c'est plus pratique. Je ne les fait plus tomber"
    Dans "pantacourt", il y a toute la langue qui fuit. Et la pensée avec. Par la jambe du "pantacourt". Foutre, j'en ai la nausée.

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  8. Alors que pantalon c'est le génie français, c'est toute la langue qui s'avance et se rétracte. Foutre, j'en est la trique.

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  9. Conar le Barban12 août 2011 à 11:09

    Et pourtant le pantacourt en vacances ne présente pas que des inconvénients! Il te permet de visiter les églises et les mosquées à l'étranger sans mourir de chaud dans ton pantalon. Il t'évite d'enfiler ces charmantes jupettes grises qui nous rappellent les théories du gender les plus avancées dans les pays arabes. Il cache les cicatrices d'une vilaine chute en moto (très personnel je l'avoue)

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  10. Une société qui engendre le "pantacourt" (sic et gerbe) est plus malsaine, morbide, dégénérée, nihiliste et barbare que n'importe quel régime nazi.
    Le "pantacourt" (sice et regerbe) c'est Treblinka x 10.000.000, c'est Hiroshima 120 fois par jour, c'est le signe indéniable que Dieu nous a abandonné, que l'Apocalyspe est pour demain, et que nous irons tous en enfer.

    C'est fini.

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  11. C’est le Général de Gaulle, je crois, qui lors d’une réunion en Algérie en plein été, à laquelle un responsable français local était venu en bermuda, lui avait asséné qu’il ne lui manquait plus qu’un cerceau et un bâton…

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  12. Oser porter un short - à part dans l'Afrikakorps bien entendu - est un signe de débilité et d'arriération mentale. Il faudrait gazer les porteurs de short - mot anglais évidemment, le français n'ayant pas de locution propre pour cette immondice de dégénéré en phase terminale. Dans un monde normal, le short serait un motif de lapidation et de lynchage direct.

    Tout ceci confirme Guénon, Evola et Bayrou.

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  13. Skinass for ever12 août 2011 à 19:34

    Pourquoi la soutane ? Il écrira sur quoi Bebop ? Le string. C'est ça qu'il nous faut. Pour qu'on ait de nouveau un beau tableau de la situation. Parce que les mollets c'est bien en apéritif, mais «la preuve par les fesses» c'est quand même plus consistant.

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  14. Je vois que mes obsessions détestatoires sont largement partagées... ça fait plaisir, on se sent moins seul.
    Imaginez, mes frères, imaginez qu'un leader se lève d'entre nous, et rassemble sous son ombre la fine fleur des porteurs de vrais pantalons (je rappelle que ce mot n'a rien à voir avec le fait d'être "long", et qu'en contrepartie, "pantacourt" est un jeu de mot ultramerdique, fait par un ignare, ce que chacun a déjà compris) pour organiser des performances anti pantacourt, des rassemblements spontanés à grand coup de Twiter, où les militants fraterniseraient autour d'un pantalon "taille haute", sous les regards hébétés de la France court vêtue...
    Suivant Octavius, je me demande si le pantacourt en lui-même n'est pas moins laid que son nom. ce nom m'obsède comme un barbarisme que chacun est FORCEMENT obligé de prononcer s'il veut évoquer l'objet en se faisant comprendre. On l'a obligatoirement dans l'os avec ce genre de mot, c'est la quadrature du fion !

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  15. Moi je trouve ça plutôt sain d'être obsédé par le pantacourt. C'est mieux que de se torturer l'esprit pour savoir qui des juifs, euh pardon des sionistes, ou des arabos-musulmans sont les plus vilains.

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  16. Sous l'ancien régime on appelait les pantacourt des culottes, et comme elles n'étaient pas fabriquées en Chine, elles étaient bien plus seyantes et moule-bittes.

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  17. kobus van cleef19 août 2011 à 19:37

    je le confesse j'ai porté des bénouzes taillés sous le genou cet été
    comme c'était des vacances élististes , j'étais pas le seul , car les progressistes se déplacent en escouades , que dis je , en escadrons , en centuries , en légions
    si vous m'indiquez où me fournir en grattes couilles taillés court pour guerriers teutons en afrique ( habile périphrase évitant les mots "shorts" et "afrikakorps") , je suis preneur
    il faudra aussi m'indiquer où me procurer les croquenots et les grosses chaussettes afférentes

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