6 juillet 2011

Mon empreinte écologique dans ta gueule

« V'là mon empreinte écologique ! »

Notre époque lance deux injonctions contradictoires :
  • d’un côté, elle nous invite à nous effacer, à gommer notre empreinte, à ne pas laisser trace de notre passage. Laisser la planète dans l’état où nous l’avons trouvée. Se faire petit. Pour chacun de nos gestes, chacune de nos actions, chacune de nos respirations, on nous présente la facture de ce que nous coûtons en fait de défiguration de l’environnement et de dégâts sur la couche d’ozone,
  • de l’autre, elle nous encourage à nous exprimer, nous affirmer, crier notre individualité sur les murs… Par la création et la consommation, se démarquer, laisser un souvenir, marquer les esprits, être célèbre un quart d’heure ou deux, donner son avis, participer, s’habiller pas comme les autres, assumer sa différence et son originalité…


En somme, on peut marquer notre empreinte, mais à l’encre effaçable. Des traces oui, mais sur le sable. Si affirmation il doit y avoir, c’est par le lifestyle, les choix de vie, les looks, les produits… A la rigueur un tatouage d’elfe au bas des reins. Mais de grâce, pas de construction en dur. Pas de traînée indélébile. Pas de geste trop grandiose apte à rester dans les mémoires. Que du recyclable, et de l’incinéré ! Nous coûtons suffisamment à la Terre en eau et en air pour ne pas les consommer en vain !

Cet état d’esprit, fort heureusement, n’est pas celui qui a toujours régné. Le bon Gustave Eiffel, lui, ne s’est pas soucié de son empreinte écologique lorqu’il a laissé sa grosse trace de doigts au milieu de la figure de Paris.

6 commentaires:

  1. et les voyages ? Hein, les fameux voyages en avion ?!

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  2. ...mais a supprimer d'urgence évidemment, leurs bilan écologique est catastrophique: ce sont eux qui ont formés la jeunesse!

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  3. Ce qu'il faut voir, c'est qu'on a franchi un pas supplémentaire : avant on nous disait de prendre le vélo plutôt que la voiture, maintenant on nous dit ce qu'a coûté à l'environnement de produire les pneus du vélo...

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  4. Le pas supplémentaire c'est tous le jours qu'on le franchi et depuis belle lurette. La tour Eiffel était un temps le symbole de la toute puissante calculatrice, industrielle et marchande (324 mètres au dessu de niveau de la mer, c'était pas rien pardi !).

    Aujourd'hui on fait du beurre et on planifie le cycle production-consommation en dévoyant le supposé bon sens paysan. On recycle, on fait gaffe à tout pour que la mégamachine complexe puisse continuer de tourner sans trop de dégâts. Y en a pour quelques dizaines d'années comme ça au moins.

    Après on franchira un palier supplémentaire dans le post-post-moderne. Toujours plus BIo mais très techno quand même.

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  5. et encore....vous avez pas la chance de vivre dans un quartché de bobos , où ces valeurs ( flicage de la déviance par rapport à mère nature et destinations exotiques mais loin du populo - en ruskoff "byldo" - ) , en principe antagonistes , sont conciliées avec allégresse et quasi obligatoires
    et c'est le mec qui te bassine avec ses voyages sur les autres continents en mattant d'un sale oeil ta caisse pourave qui fume , et c'est une autre qui te vante les plateaux kirghizes ( et comment elle y est allée ? à pied ?)au printemps et qui te suggère de faire réparer tes fenêtres ( "ta facture énergétique...tu comprends...sans compter que tu contribues au réchauffement climatique...")
    bon , comme je bosse beaucoup et tard , je peut m'abstraire de tout ça
    puis faut dire que j'ai un rapport social particulier , un peu comme le fantôme de l'opéra , je passe , je suis passé , et personne ne s'en aperçoit , des jours , je me dit que j'étais fait pour être cambrioleur...

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  6. Plutôt vivre dans un quartché de bobos et d'entendre leurs plates considérations que de subir un tel fantôme. Niveau moi-je on fait pas mieux.

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